Entrer dans le royaume de lumière
Dhanir antar gatam jyothi: si vous entendez le son divin vous allez voir la lumière divine.
jyotir antar gatam bana: lorsque vous voyez la lumière divine, toutes les sensations corporelles, le mental, les pensées, l’ego, l’intellect ont disparu.
tan mana vilaya jati: lorsque tout ego, mental, sensation corporelle et pensée ont disparu…
tad vishnu paramam padam: vous voyez Dieu partout. Il pénètre tout.
Cela n’est enseigné nulle part.
Dieu est unique. Les religions sont nombreuses et elles enseignent par les cinq organes des sens. Mais le Kriya Yoga n’enseigne que cela: bouchez-vous les oreilles. Calmement entendez le son. Alors vous verrez la lumière et puis vous sentirez la pulsation. Lorsque vous n’avez plus de mental, de pensées, de sensation corporelle, d’ego ni d’intellect vous méditez réellement.
A la dernière ligne, vishnu vient de vishnati qui veut dire Il pénètre partout dans tout votre système et dans le monde entier.
En une ou deux minutes vous entendrez le son divin et automatiquement vous verrez la lumière divine. Alors votre sens corporel, vos pensées, votre ego, votre intellect disparaissent. Alors vous êtes réalisés. Vous sentirez le Seigneur Suprême et Tout Puissant dans votre système tout entier et dans le monde entier. Alors vous atteignez l’état sans forme.
Je m’incline devant vous tous. Vous êtes le Dieu vivant. Merci.
Humblement,
Hariharananda.
Retour au SommaireL’histoire de Jésus
22 Décembre 2001
Mes Chères Âmes Affectueuses et Divines,
Le monde était plein de désordre, de mal, d’erreur, de débauche et de tant de mauvaises choses. En ce temps-là, Marie se promenait au jardin. Soudain l’ange Gabriel était là et dit à Marie: “Vous êtes très spirituelle, divine et vous cherchez Dieu. C’est pourquoi je suis venu à vous ici. Et je vous le dis: vous n’allez pas vous marier mais vous allez avoir un enfant, un enfant divin, l’enfant-Dieu. Il s’appellera Jésus. Vous pouvez donc aller voir votre tante Elisabeth. Elle demeure sur la haute colline. Allez-y. C’est une dame spirituelle.” Alors Marie s’y rendit. Elle passa en courant devant le mari de sa tante, Zacharie, sans même le saluer. Il demanda: “Pourquoi passes-tu devant moi sans m’adresser la parole?” Marie dit: “Je suis vraiment désolée de ne pas t’avoir adressé la parole. Mais j’ai une bonne nouvelle à annoncer à ma tante, la sœur de ma mère.” Alors Zacharie fut rempli de joie et Marie monta voir Elisabeth. Elisabeth était au lit. Elle était enceinte de cinq mois à 60 ans. A cet âge-là, aucune femme n’est enceinte.
Puis Marie présenta comme il convient ses respects à sa tante et lui dit: “J’étais à la recherche de Dieu. Je me promenais dans le jardin lorsqu’un ange apparut et me dit: ‘Vous n’allez pas vous marier. Vous êtes spirituelle et vous allez avoir un enfant.’ Je demandais: ‘Comment cela est-il possible?’ Alors l’ange me dit: ‘Va voir ta tante. Elle t’expliquera.’ C’est pourquoi je suis venue te voir.” Sa tante était très heureuse. Elle dit: “Viens vers moi. Je vais te toucher la tête.” Elle s’approcha et toucha la tête de Marie. Aussitôt la chambre fut remplie de lumière et Marie était extrêmement étonnée par le pouvoir divin et elle se prosterna au sol. Puis sa tante dit: “Maintenant, le bébé est en train de pénétrer en ton sein. C’est un bébé exceptionnel.” Toujours allongée sur le sol, Marie dit: “Je vois une lumière extrêmement divine dans mon corps tout entier et il n’y a aucun doute qu’un bébé divin va naître.” Marie était très heureuse. De sa main, sa tante toucha la tête de Marie.
Puis Marie rentra à la maison. C’était très loin. Lorsqu’elle arriva à la maison, Anne, sa mère lui demanda: “Pourquoi arrives-tu si tard?” Alors Marie raconta tout en détail, l’ange Gabriel, sa tante et le mari de sa tante, la lumière divine envahissant son sein tout entier et son état de grossesse. C’est pourquoi elle était arrivée si tard à la maison. Anne était très mécontente de ce qu’elle venait d’entendre mais Marie garda le silence. La mère de Marie fit les préparatifs pour le mariage de Marie avec Joseph, un homme de noble caractère. Mais Marie était très heureuse. Elle expliqua le fait en détail à sa mère et qu’en conséquence elle n’allait se marier avec personne d’autre au monde. C’est un fait étonnant.
Le temps s’écoula peu à peu et Marie donna naissance à un enfant et le nomma comme elle en avait été instruite par Gabriel. Elle appela son fils Jésus.
Le fait que Marie ne trouva pas de place pour accoucher est étonnant. Elle alla dans une étable et lorsqu’elle ressentit l’extrême douleur de l’accouchement, Joseph plaça soigneusement de la paille dans la mangeoire et Jésus naquit sans problème. Au moment de la naissance de Jésus des fleurs tombaient du ciel. Trois Sages vinrent s’enquérir de cette naissance sacrée car des éclairs et des fleurs tombaient du ciel. Les trois Sages arrivèrent à la mangeoire et virent l’enfant, l’enfant-Dieu. Ils étaient émerveillés de trouver Jésus à cet endroit.
Les trois Sages dirent que Marie, son bébé et Joseph ne devaient pas rester là, qu’ils devaient repartir dans le sens opposé. Alors, Marie, à dos d’âne, prit l’enfant Jésus sur ses genoux et s’en alla avec Joseph selon les instructions des trois Sages.
De nombreux problèmes s’ensuivirent. Jésus grandit au milieu de grandes difficultés. Il est Dieu sous forme humaine. Il fit tant de choses. Au cours de la vie de Jésus, beaucoup de miracles se produisirent.
Il y eut beaucoup d’incidents divins au cours de la vie de Jésus. Lorsqu’il n’y avait plus de pain, il en fit avec des pierres. Lorsqu’il n’y eut plus de vin, il toucha de l’eau et transforma l’eau en vin.
Donc, sous les auspices de cet anniversaire de la naissance de Jésus, nous devrions donner notre amour à tous et être divins comme Jésus.
Recevez tous mon affection la plus profonde et les bénédictions de Dieu et des Gourous.
Humblement,
Hariharananda.
Retour au SommaireLève-toi et réveille-toi!
Lève-toi et réveille-toi! Fais de ton mieux pour atteindre le but suprême de la vie. Progresser sur la voie de la spiritualité c’est comme marcher sur le tranchant d’un rasoir comme le dit le maître réalisé.
Katha Upanishad
Soi Divin,
En ce début de période prometteuse, je voudrais faire jaillir dans vos esprits et vos cœurs l’étincelle qui vous aidera sur la voie spirituelle.
Le sage Bhartuhari, un roi qui devint plus tard un ascète et un yogi bien connu en Inde, dit un jour: “Les moins évolués n’osent jamais entreprendre quoi que ce soit de nouveau car ils sont pleins d’appréhension en face des obstacles et des difficultés qui les attendent. Le médiocre ou l’homme ordinaire se contente de projets moyens car il voit qu’il y a des épreuves à surmonter. Seul le meilleur continue à lutter en dépit de circonstances défavorables, ne perdant jamais espoir, se développant de plus en plus. Celui-la porte la couronne du succès.”
Tout le monde veut réussir. Mais combien travaillent vraiment dur pour atteindre leur but? Réussir sa vie est le résultat d’un effort sincère et persistent. On dit que la réussite est un pourcent d’inspiration et quatre vingt dix neuf pourcent de transpiration.
Une année de plus s’éloigne et le nouvel an approche. Les gens sont pleins d’enthousiasme et sont ravis. Ils commencent généralement la nouvelle année dans un état d’esprit neuf, avec de nouveaux espoirs, une détermination nouvelle et des demi-résolutions. Mais rétrospectivement, combien parmi nous ont réellement été capables de tenir leur résolutions en gardant la même détermination jusqu’à la fin de l’année?
Le mental nous joue des tours constamment. Des tendances inférieures affaiblissent notre résolution d’atteindre le but supérieur de la vie. L’esprit frais dans lequel on démarre la nouvelle année se trouve rapidement obscurci par la léthargie, le laisser-aller, les atermoiements et la paresse. On retombe encore et encore dans les mêmes habitudes débilitantes.
Combien de temps permettrons-nous au cercle vicieux de la faiblesse de continuer?
Puisque nous avons nous-mêmes cultivé nos habitudes, nous avons aussi la capacité de les changer. Rien n’est impossible à celui qui est déterminé.
Debout et réveillez-vous. Réveillez-vous du sommeil de l’ignorance. Réveillez-vous et restez ancrés dans l’état d’amour et de divinité. La vie est un si beau cadeau: utilisez-le au maximum. Ne vous arrêtez pas en chemin, ne permettez pas au laisser-aller de vous en éloigner. La route est glissante mais grâce à la détermination et à la prière sincère, vous pouvez surmonter tous les obstacles.
L’homme a appris à se servir de son intelligence et a acquis les connaissances nécessaires pour se protéger des animaux sauvages, des calamités naturelles et même des maladies. Mais peu nombreux sont ceux qui savent se protéger des mauvaises habitudes et des mauvaises manières.
A partir de maintenant, commençons à vivre avec des buts clairs et précis, remplis de détermination et de dévotion. Réservons tous les jours le temps nécessaire à l’étude introspective. Lorsqu’on suit la voie de la maîtrise de soi, le but suprême de la vie est à portée de la main. Soyons fermes dans tous nos efforts et recevez les abondantes bénédictions de Dieu et des Maîtres en ce jour prometteur de la nouvelle année 2002.
Avec amour
Prajnanananda
Tattendorf, Décembre 2001.
Retour au SommaireMaternité Divine
Om sahanavavatu, sahanau bhunaktu, saha virya karavavahai, tejasvinavadhitamastu, ma vivisha vahai. Om shanti, shanti, shanti.
“Dieu, bénis-nous. Protège-nous. Aide-nous à croître. Puissions-nous devenir tout entiers connaissance. Que règnent la paix et l’harmonie. Om. Amen.”
L’état maternel ne se limite ni ne se réduit à la maternité physique. C’est un concept universel. Dans les chapitres précédents j’ai dit que cette terre est Mère, que les fleuves sont Mère. Si cette terre est Mère et si les fleuves sont Mère, alors nous avons des devoirs et des responsabilités envers la terre et les rivières et d’une façon plus simple, envers l’eau.
LES ÉCRITURES SONT VOTRE MÈRE
En Inde on considère que les écritures aussi sont notre Mère. Je ne sais pas si c’est le cas dans d’autres langues, mais en Allemand, die Bibel, la Bible, est féminin. Dans les Védas on dit shritu bhaghavati. Bhaghavati veut dire “la mère divine des Védas”. On se réfère aussi à La Bhagavad Gita comme à une Mère. Les écritures en général sont considérées comme une Mère.
Lorsque nous étions enfants on nous disait de nous incliner devant les écritures. C’est un livre, du papier, quelques versets, des choses écrites… Nos parents et nos professeurs nous disaient de nous incliner et de nous prosterner devant les écritures, devant le livre. Un esprit logique dirait: c’est du papier, pourquoi m’inclinerais-je? Mais si vous examinez les écritures de plus près vous verrez qu’il ne s’agit pas simplement d’un livre fait de papier ou de mots, comme un dictionnaire. Prenez un livre, quel qu’il soit. Ce n’est rien d’autre que quelques mots que vous pouvez trouver dans un dictionnaire. Quels que soient les mots utilisés dans ce livre, vous pourrez les trouver dans le dictionnaire. Mais si vous lisez le dictionnaire, vous n’aurez pas la même sensation, vous n’y trouverez pas la même sagesse. Dans le livre, les mots sont les mêmes mais ils se suivent d’une manière logique, systématique, pour créer et inspirer une pensée, une évolution mentale.
La mère aime l’enfant et veut que l’enfant grandisse et elle s’occupe généralement de l’aspect physique de son corps. Elle est, après tout, la mère physique, la mère qui donna naissance au corps. A cause de cette connexion physique, la mère est généralement contente de voir le corps physique grandir, mais cette croissance, la croissance du corps, n’est pas suffisante. La croissance humaine, l’évolution humaine, n’est possible que lorsqu’il y a croissance physique, mentale et intellectuelle simultanément. C’est ce qu’apportent les écritures. Les écritures nous aident à la croissance du mental, de l’intellect et finalement à la croissance spirituelle.
LES ÉCRITURES SONT UNE ARME
En Sanscrit les écritures se disent shastra. L’une des significations de shastra peut se comprendre en divisant le mot en sh + astra. Sh veut dire “avec” et astra veut dire “arme”. Comment peut-on considérer une écriture comme une arme? Cela semble contradictoire. Les écritures sont considérées comme une Mère et voilà maintenant qu’on les décrit par l’expression“avec une arme”. Si vous lisez le dernier verset du chapitre quatre de la Bhagavad Gita vous découvrirez quelle est cette arme dont on a besoin dans la vie. C’est l’épée de la connaissance.
tasmad ajnana sambutham hristham, jnanasina, ‘tmanah, chittvai ‘nam samsayam yogam atisho ttishma bharata
“Oh Arjuna (Bharata)! Avec l’épée de la connaissance tranche toute l’ignorance qui demeure en ton cœur. Libère-toi du doute et pratique le yoga de l’action et le yoga de la connaissance. N’aie pas le cœur brisé. Lève-toi et combat ton ignorance.”
Si vous vous rapportez à la Bible vous y verrez que Jésus nous dit d’acheter une épée. Au chapitre 22 verset 36 de St Luc il est écrit: “Que celui qui n’a pas d’épée vende son manteau pour en acheter une.” Certains l’interprètent littéralement et portent une épée. Mais si vous interprétez les écritures littéralement, vous n’y trouverez pas la vérité et vous aurez des problèmes.
Il est dit dans la Gita que toutes les émotions et l’ignorance viennent du cœur. La confusion commence par l’ignorance. Là où c’est bien éclairé, vous pouvez voir les choses clairement. Mais lorsqu’il n’y a pas de lumière ou lorsque c’est l’heure du crépuscule vous ne pouvez pas voir clairement ce qui crée des problèmes. Par exemple, au crépuscule, on peut prendre par erreur une corde pour un serpent.
Toute confusion vient de l’ignorance. Celui qui est dans la connaissance n’a pas de doute. Celui qui est dans la vérité est libre de toute confusion. L’épée de la connaissance tranche donc l’ignorance et la confusion de votre cœur. C’est difficile à saisir. Si vous examinez les représentations de la déesse Hindoue Durga ou Kali, vous verrez qu’elles ont une épée à la main alors qu’en même temps on se réfère à elles en tant que Mère. La mère a une épée à la main: quelle férocité! Comment peut-on appeler mère une personne qui a une épée à la main? C’est la mère qui est là pour éliminer notre ignorance, nos doutes et notre confusion. C’est l’épée de la connaissance.
Jnana Khadga kareryasya satrum tasya karet kim? “Qui peut toucher celui ou celle qui a l’épée de la connaissance à la main?”
Nous devrions tous avoir l’épée de la connaissance à la main.
Dans un autre passage de la Bhagavad Gita cette connaissance est également décrite comme un feu: Jnanagnih sarvakarmani, bhasmasat kurute tatha’ sat gurudev “Avec le feu de la connaissance vous pouvez brûler tous vos karmas et être libérés.”
LA CLÉ EST LA MAÎTRISÉ DE SOI
Revenons sur l’origine du mot shastra. Il a une autre signification: “ce qui nous discipline”. Sasanat shastrauchyate. Le nom donné aux écritures est: “ce qui nous discipline et nous régule.” Les écritures nous disciplinent exactement comme une mère. Nos mères nous disent qu’il est l’heure d’aller au lit ou de se lever ou de se préparer pour l’école. Elles nous disent ce qu’il faut manger ou nous rappellent de ne pas oublier nos livres pour aller à l’école. La mère guide, discipline et règle la vie de l’enfant. De même les écritures sont les mères qui règlent nos vies. La vie qui n’est pas régulée, qui n’est pas disciplinée, n’est pas la vie.
L’histoire suivante illustre bien comment la discipline peut rendre la vie utile.
Un sculpteur alla acheter une pierre pour en faire une statue. Dans un coin de la carrière, il vit une pierre qui avait été équarrie depuis déjà longtemps. Il en demanda le prix mais comme personne n’en voulait et qu’elle ne faisait que prendre de la place, le marchand lui en fit cadeau. Le sculpteur la prit et revint quelques temps plus tard avec une belle statue représentant un ange. Il la donna au marchand de pierre en lui disant: “prenez-la, c’est pour vous.”
Le marchand était surpris. Il demanda au sculpteur pourquoi il lui faisait ce cadeau. Le sculpteur expliqua que c’était le marchand qui lui avait donné la pierre et qu’il ne faisait que la lui rendre. Le marchand n’en revenait pas de voir que cette pierre qui était restée là, inutile, pendant si longtemps avait pu devenir une si belle statue.
Le sculpteur expliqua que lorsqu’il vit la pierre, ce qu’il vit n’était pas une pierre mais l’ange qui était dedans. Ce qu’un sculpteur voit, ce n’est pas un bloc de pierre mais la merveilleuse présence d’un ange ou la statue de Krishna ou de Jésus. La pierre représente la vie que Dieu vous donne. Le sculpteur, grâce à sa discipline, peut ciseler l’excès de pierre, la boue solidifiée de maya, jusqu’à ce qu’apparaisse l’ange qui, depuis toujours, était enfoui à l’intérieur.
Les écritures disciplinent notre vie. Si nous ne disciplinons pas notre vie nous ne pourrons échapper à la punition. Un simple exemple: Dieu nous a donné une bouche pour manger. Si nous ne mangeons pas d’une façon disciplinée, nous allons nous rendre malade. Nous devons donc discipliner notre vie, mais notez bien que la vie spirituelle n’est pas comme la discipline militaire où il y a toujours quelqu’un derrière vous pour vous forcer à faire les choses. Par contraste, la vie spirituelle est un processus d’autodiscipline. Qui va vous dire d’aller à une conférence? Qui va vous ordonner de vous lever avant six heure et demi pour faire votre méditation du matin? Si vous ne le faites pas, y aura-t’il quelqu’un pour vous créer des ennuis et vous punir? C’est vous qui avez accepté ce genre de vie. C’est vous qui voulez ce genre de vie.
Donc l’une des significations de shastra est “discipliner”. Il s’agit de la maîtrise de soi qui crée en nous le courage et la force et nous aide à atteindre le but.
Les écritures sont donc considérées comme notre mère. En Inde on célèbre l’anniversaire de la Gita et du Bhagavatam exactement comme on célèbre l’anniversaire de sa mère. Ce n’est pas vrai de tous les livres sacrés. Par exemple, on ne célèbre pas l’anniversaire des Védas parce qu’ils n’ont pas de commencement. Vous pouvez célébrer l’anniversaire de la naissance de Jésus ou de Krishna, mais pouvez-vous célébrer l’anniversaire de la naissance de Dieu? De même pour les Védas, il n’y a pas d’anniversaire parce que c’est la connaissance suprême, sans fin, infinie, sans commencement. Les gens célèbrent l’anniversaire de la Gita et du Bhagavatam d’une façon grandiose.
LES ÉCRITURES SONT LE LAIT MATERNEL
La vérité des écritures est le lait qui nourrit notre mental, notre intellect et notre vie spirituelle. Essayez d’en profiter pour grandir. Comme l’a dit Gandhi, son corps avait été nourri du lait de sa mère, sa vie était nourrie du lait de la vérité de la Gita et dans la Gita il allait chercher de l’aide lorsqu’un problème se présentait. Il l’ouvrait et y trouvait des solutions au problème de la vie. Les écritures sont des mères: elles nous aident à grandir. De même que notre corps s’est nourri du lait de notre mère, de même l’eau est le lait que nous donne maintenant notre mère la terre pour nourrir nos corps et fortifier nos vies et dont nous usons tout au cours de la vie.
POURQUOI LA VACHE EST-ELLE NOTRE MÈRE?
Un jour, j’étais dans la chambre de Baba et il me posa des questions sur le programme universitaire que je suivais et ce que j’enseignais aux étudiants.
Je lui dis que certains étudiants demandaient pourquoi la vache était considérée comme une mère et pourquoi les Indiens rendent un culte à la vache. Baba me demanda ce que je répondais. Parler en présence de Baba est vraiment très difficile. Je lui répétais donc la réponse que je donnais aux étudiants à savoir que, quoique la vache soit un animal, les Hindous ne s’arrêtent pas aux qualités animales de la vache mais voient en elle l’instinct maternel. La vache est un des animaux les plus simples, les plus calmes et tranquilles. J’ai vu par exemple un enfant attraper le pie d’une vache pour téter son lait. La vache restait là, immobile comme si de rien n’était. Alors Baba dit: “la prochaine fois vous pourrez aussi leur dire qu’une vache donne trente litres, quarante litres de lait. Combien de gens une vache peut-elle nourrir? C’est un cadeau de la nature, un cadeau divin. Une vache produit beaucoup plus de lait que le veau ne peut boire. Une chienne a un petit corps, moins de lait et elle a quatre ou cinq chiots. Une vache a un gros corps, un seul veau et beaucoup de lait, beaucoup plus que ce que le veau ne peut boire. C’est un cadeau de Dieu, une bonne source de nourriture et c’est sain.” C’est tout simplement cet aspect humanitaire qui a amené les Indiens à considérer la vache comme une mère.
De plus, le lait de vache et le lait humain sont très proches. Les vaches et les buffles sont les deux animaux qui donnent le plus de lait mais le lait de buffle a beaucoup de matière grasse ce qui n’est pas bon pour le bébé. Si la mère n’a pas assez de lait pour nourrir son enfant, le lait vache est le meilleur substitut. Comme nous avons bu le lait de notre mère, nous buvons maintenant du lait de vache et il nous nourrit. Nous mangeons du yaourt, du fromage, du beurre. Nous dépendons de cet animal beaucoup plus que de n’importe quel autre. On peut utiliser du lait de brebis ou du lait ou du fromage de chèvre, mais on dépend principalement de la vache. C’est pourquoi les Indiens considèrent la vache comme notre seconde mère nourricière.
La bouse de vache, comme me le rappela également Baba, est la meilleure des nourritures du sol, un engrais naturel. On admet maintenant que les engrais chimiques ne sont pas aussi bons car ils polluent le sol et la nourriture. La bouse de vache est le meilleur engrais organique et naturel pour le sol. Tout ce qui vient du corps de la vache est utile. Lorsqu’elle est vivante on boit son lait. Lorsqu’elle meurt on se sert de sa peau pour faire du cuir avec lequel on peut faire beaucoup de choses. Personne n’utilise la peau de chacal. On se sert aussi des os. Ils sont également utiles comme engrais et d’autres choses. Tout ce qui vient du corps de la vache est utile.
Le lait de vache joue un rôle dans les rites Hindous où l’on considère qu’il y a cinq nectars: pancha amrita. Vous avez peut e-être vu ces nectars au cours de certaines initiations. Trois de ces cinq nectars viennent de la vache. Il s’agit du lait, du yaourt et du beurre. Les deux autres sont le sucre brun et le miel. Ces cinq nectars sont très sains, très nourrissants et on appelle l’ensemble des cinq pancha amrita. Le Ghee (beurre clarifié) est utilisé dans la cérémonie du feu et constitue aussi la base de la plupart des remèdes Ayurvédiques. Presque tous les produits Ayurvédiques sont à base de crème ou d’huile végétale comme l’huile de noix de coco.
Cela va peut-être vous surprendre de savoir que même l’urine et la bouse de vache sont utilisées dans les rites de purification Hindous. Si vous allez en Inde, vous verrez que les pauvres nettoient leurs maisons avec de la bouse de vache fraîche. Il a été maintenant établi que, bien que la bouse de vache soit un excrément, elle tue les germes. La bouse de vache est donc utilisée comme une vieille recette traditionnelle pour nettoyer la maison. Même l’endroit où l’on fait la cérémonie du feu, est nettoyé avec de la bouse de vache.
LA MÈRE DIVINE
La Mère Divine prend de nombreux aspects. Dans la Chrétienté, les Catholiques et les Orthodoxes considèrent Marie comme la Mère Divine. La dernière fois que je suis allé en Pologne on m’a emmené à un endroit où l’on prie la Madonne Noire. Des milliers et des milliers de gens s’y rendent. C’est un merveilleux endroit plein de calme et de sérénité et j’ai beaucoup aimé. Dans la spiritualité Indienne, le concept de la Mère Divine se présente sous de nombreux aspects tels que Durga, Kali, Lakshimi, Sarasvati. Puis, lorsque le concept de l’incarnation se developpa, Radha, Sita et beaucoup d’autres furent considérées comme l’un des aspects de la Mère.
SARASVATI
Durga, Kali, Lakshimi, Sarasvati représentent le développement de la personnalité humaine. Je vais vous donner quelques exemples. Sarasvati est considérée comme la déesse de la parole. Si vous regardez une représentation de Sarasvati, elle se présente sous la forme d’une mère vêtue de blanc, avec une guirlande de fleurs blanches et un instrument à cordes, la vina, dans deux de ses mains. Dans une troisième elle tient les Védas et dans la quatrième un rosaire.
Sarasvati est appelée la déesse de la parole et sa représentation est symbolique. Considérez le processus mental de la parole. Il y a deux façons de parler. Ou bien vous parlez de ce que vous avez en mémoire, ou bien d’idées nouvelles qui se créent en vous. Si vous ne savez rien de quelque chose, vous ne pouvez pas en parler. Vous parlez donc de ce que vous avez en mémoire. Mais parfois une nouvelle idée se présente et vous pouvez en parler. Une nouvelle idée se crée lorsque votre mental est calme et tranquille. Cela se produit comme avec une feuille de papier blanc. C’est propre et il n’y a rien dessus. Lorsque le mental est plus paisible et plus tranquille, la vérité se révèle. Vous pouvez alors exprimer certains aspects de cette révélation. C’est pourquoi elle est vêtue de blanc.
L’instrument de musique représente la vocalisation de nos pensées. Dans une des prières adressées à Sarasvati, il est dit: “Oh Mère Divine, assieds-toi sur ma langue.” De toute évidence, il n’y a pas assez de place pour s’asseoir sur notre langue mais métaphoriquement elle s’assoira avec la vina et les écritures. La prière demande que chacun de nos mots soit rassurant et charmant pour les autres à l’image de l’instrument qui crée de la musique et enchante les gens. Les écritures sont là pour que nos paroles soient pleines de vérité et dénuées de mensonge, d’ego et de vanité. La prière demande: “Que chacune de mes paroles soit comme une musique, qu’elle soit comme un chant. Je m’incline devant toi, Oh Mère Divine!”
LAKSMI
Laksmi est la déesse de la richesse. Elle représente l’aspect maternel de la richesse. L’homme moderne est obsédé par l’argent et travaille nuit et jour pour de l’argent. L’argent nous donne une maison, des vêtements, de la nourriture, un véhicule et un mode de vie confortable. La mère rend notre vie confortable et l’argent rend notre vie confortable. Utilisez l’argent mais n’en abusez pas. Abuser de l’argent c’est le dépenser à des choses qui créent des problèmes dans notre vie. Nous devrions faire attention au genre de nourriture que nous achetons, quelle genre d’habitudes nous adoptons, et comment nous dépensons. Nous devrions utiliser l’argent sainement.
Si vous observez une image de Lakshmi vous verrez qu’elle est assise sur un lotus et qu’il y a un hibou perché près d’elle. Dans une de ses mains elle tient un pot, comme un pot qui contient la fortune et de l’autre main elle distribue la fortune. Le hibou ne dort jamais la nuit et il peut voir dans l’obscurité. Celui qui a beaucoup d’argent a tendance à dormir moins car soit il travaille davantage pour maintenir son niveau de vie ou il est nerveux par peur de perdre son argent et il en perd le sommeil.
LES MANTRAS ET LA MERE
Les Mantras aussi sont la Mère. Considérons le Gayatri, un mantra Védique:
om bhuh bhuvah svah
tat savitur varenyam
bhargo devasya dhimahi
dhiyo yo nah prachodayat
“Nous méditons sur l’être lumineux par nature qui a créé le monde et donne au soleil sa lumière. Puisse-t’il illuminer notre intellect pour atteindre le but divin.”
Le mantra purifie le mental et l’intellect. L’intellect et le mental humains ordinaires sont pollués. Lorsque notre mental nous fut donné, pendant notre enfance, il était pur. En cours de croissance, les nombreux souvenirs et impressions de la vie ont peu a peu taché ce vêtement mental. Ces impressions, ces souvenirs et ces pensées créent donc les problèmes de la vie dans notre cerveau. Les idées noires, les mauvais souvenirs nous font reculer et engendrent la dépression et le malaise. Les idées positives, les bonnes pensées engendrent l’inspiration. Le mental est la cause de l’asservissement et le mental est la cause de la libération. La libération est un état d’esprit pur, un état intellectuel pur. Ce mantra nettoie le mental et purifie l’intellect comme la mère qui fait la toilette de son enfant.
Beaucoup de gens chantent des mantras, beaucoup de gens méditent sur des mantras et beaucoup de gens essayent d’écouter des mantras comme on le fait en méditation (écouter le son divin continuellement est aussi un mantra). Le mental de ceux qui écoutent continuellement ce son, la voix de Dieu, devient intoxiqué par le divin. Leur mental se libère des pensées négatives et par là, il se sentent inspirés.
VOUS ÊTES VOTRE PROPRE MÈRE
Vous êtes vous-mêmes votre propre mère. Votre mère physique ne peut pas se tenir continuellement à vos côtés pour vous venir en aide, mais vous pouvez vous-mêmes être comme votre propre mère en prenant soin de votre corps, en prenant soin de votre mental et en prenant soin de votre vie.
Les mères sont excellentes quand il s’agit de s’occuper des autres. Lorsque j’étais petit garçon, je passais beaucoup de temps avec ma mère et je lui disais souvent qu’elle était un animal domestique. Elle me regardait en se demandant ce que je pouvais bien vouloir dire. Ce que je disais, les yeux fermés, c’est que ma mère était comme un animal domestique, comme une vache. La vache mange de l’herbe et en retour donne du lait. La mère endure tant de tortures de ses enfants et en retour elle donne son amour. Je le lui expliquais ainsi et cette réponse lui plut. Nous torturons nos mères mais elles nous aiment quand même et continuent à s’occuper de nous.
Nous devrions être maternels avec notre propre vie, prendre soin de notre corps, prendre soin de notre mental, prendre soin de notre propre intellect et de notre propre vie. Soyez une mère avec vous-mêmes. Vous êtes votre propre mère.
NOUS SOMMES A LA FOIS PÈRE ET MÈRE
Dans le système de la spiritualité Hindoue il y a une déité qui s’appelle Ardhanarishvara ce qui veut dire mi-homme, mi-femme, un autre nom pour Shiva. Ardha veut dire moitié, nari veut dire femme et ishvara veut dire Shiva. Tout le monde est moitié femme, moitié homme. Tout le monde a l’amour au dedans, une qualité maternelle. Tout le monde a aussi une force intérieure, une qualité paternelle. Tout un chacun, peu importe son corps, possède ces qualités. Faites bon usage de l’instinct maternel qui est en vous, développez et prenez soin de vous-mêmes. Prenez soin de votre corps. Donnez lui une nourriture convenable et ne mangez ni trop ni trop peu. Faites suffisamment d’exercice et prenez suffisamment de repos. Prenez soin de votre mental par svadhyaya, l’étude des écritures, des livres sacrés ou l’écoute de bonnes conversations. Prenez soin de votre intellect par la méditation et la prière. Prenez soin de votre vie par l’action appropriée. Une vie correcte, une activité correcte et la méditation entraînent la libération. Soyez une mère pour vous-mêmes.
Retour au SommaireL’art de donner
Par Swami Sarveshwarananda Giri
La caresse du vent était glacée. Le verglas luisait sous les lumières de la ville. La neige fondante cinglait quiconque s’aventurait dans les rues. Un petit garçon en haillons trop légers grelottait devant la vitrine d’un marchand de chaussures et la neige fondante le pénétrait jusqu’à la peau. Les cheveux collaient à sa tête et ses pieds nus étaient bleuâtres. En dépit du mauvais temps et des frissons qui secouaient son corps, il se tenait là, le regard fixé sur la vitrine de la boutique.
Une dame, très élégamment vêtue d’un manteau de grand prix, rentrait chez elle et passant près du garçon, se demanda pourquoi il restait ainsi dehors par ce temps de chien. “Pourquoi” lui demanda-t’elle “regardes-tu cette vitrine avec tant d’intérêt?”
Le petit garçon répondit: “Oh, je me demandais simplement si Dieu voudrait bien me donner une paire de chaussures.”
“Viens, donne-moi la main”. Elle l’entraîna à l’intérieur du magasin et demanda au vendeur de lui apporter une douzaine de ses meilleures chaussettes de laine. Le petit garçon choisit une paire aux couleurs vives de l’arc en ciel. La dame demanda ensuite au vendeur de lui apporter une bonne paire de chaussures, une cuvette d’eau chaude et une serviette de toilette. Elle prit le petit garçon dans un coin du magasin et, s’agenouillant, elle lui lava les pieds dans l’eau à la température idéale et maternellement essuya ses petits pieds. Puis elle lui enfila les chaussettes aux couleurs vives, le ramena vers le comptoir et l’aida à choisir une paire de chaussures. Puis elle noua toutes les autres paires de chaussettes ensemble et les mit sous son bras en disant: “C’est pour toi”
Le petit garçon était resté muet tout ce temps devant la gentillesse inattendue de la dame. Le petit garçon ne faisait que la regarder les larmes aux yeux et il lui demanda: “Hou la-la. Êtes-vous la femme de Dieu?”
COMMENT DONNER
Cette dame, par sa gentillesse, fit preuve de qualités divines. Dans son action spontanée elle était Dieu elle-même; elle était la Reine des Cieux, le Saint Esprit et elle était Jésus lavant les pieds de ses disciples.
Dans l’évangile de Jean, chapitre 13, versets 5 à 8, cette scène merveilleuse nous est rapportée: “Puis il (Jésus) verse de l’eau dans un bassin et se met à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. Il vient donc à Simon-Pierre qui lui dit: “Toi , Seigneur, me laver les pieds!” Jésus lui répondit: “Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant; tu le comprendras dans la suite”. Pierre lui dit: “Non, jamais tu ne me laveras les pieds!” Jésus lui répondit: “Si je ne te lave pas, tu n’auras point de part avec moi”.
Ces qualités sont ancrées en chacun de nous et aspirent à se manifester. Notre devoir divin est d’apprendre à donner. Sinon nous n’avons “point de part avec Lui”.
Mais il y a un art du don. Beaucoup de gens donnent d’un beau geste mais sans pure intention. Ils vont peut-être donner de l’argent, de la nourriture ou des vêtements, mais, si l’intention n’est pas pure, le côté gracieux de l’acte s’en trouve complètement annihilé. Pourquoi donnent-ils? Pour obtenir une récompense: pour se sentir apprécié, pour recevoir des remerciements, pour inspirer le respect, pour accroître leur prestige ou pour une déduction d’impôts. Derrière l’action apparemment désintéressée il y a toujours quelque part un avantage pour eux, le donneur. Cette attitude gâche le premier mouvement. Non seulement nous dégradons l’action de donner elle-même mais aussi celui qui reçoit le don parce que le geste est condescendant. Comme le disait Swami Vivekananda: “Ne vous mettez pas sur un piédestal avec cinq centimes à la main en disant: “Tiens, mon pauvre homme”, mais soyez pleins de gratitude pour la présence du pauvre homme grâce à laquelle vous pouvez lui faire un don et par-là vous aider vous-même. Ce n’est pas celui qui reçoit qui est béni mais celui qui donne. Soyez reconnaissant d’avoir l’opportunité d’exercer votre pouvoir de générosité et de clémence dans le monde et par-là de devenir pur et parfait.”
QUI DONNE A QUI?
Nous devrions essayer de pratiquer la prière et le don en même temps. Priez avant de donner pour rester complètement détaché de l’acte et n’en être qu’un témoin impassible. Khalil Gibran écrivit une ligne merveilleuse dans son fameux livre Le Prophète: “…Car en fait c’est la vie qui donne à la vie tandis que vous, qui vous prenez pour le donneur, n’êtes en fait rien d’autre qu’un témoin.”
L’action de donner est le miracle de Dieu se donnant à lui-même. Mais l’ego nous porte à penser à tort qu’il y a là trois éléments séparés: le donneur, le don et celui qui le reçoit. Alors qu’en réalité, tous les trois ne font qu’un: Dieu. Dans nos actes charitables nous devrions nous efforcer de développer notre conscience de cette unité, sinon nos actes corrompent tout.
LE DON DÉSINTÉRESSE OU ÉGOÏSTE?
Les statistiques ont démontré que les État Unis d’Amérique sont le pays le plus généreux du monde. C’était particulièrement vrai l’année dernière grâce à une bonne économie. Mais si l’on va au cœur de la question, ces donations pourraient bien avoir été plus égoïstes que désintéressées. Certains exemples sont plus extrêmes que d’autres, naturellement. Une histoire vraie va illustrer comment on peut donner beaucoup mais pour une mauvaise raison. En 1997, un couple très riche avait fait une promesse de don de trois millions de dollars pour la rénovation du zoo des enfants de New York. Le zoo accepta l’offre qu’il commença à recevoir progressivement et fit faire une plaque commémorative. Mais lorsque le couple vit la plaque, ils récusèrent leur offre immédiatement. La raison? Leur nom ne faisait que cinq centimètres de haut. Et très franchement, pour trois millions de dollars, ils s’attendaient à un peu plus de cinq centimètres de propriété foncière sur la plaque. Ils se plaignirent aussi des titres des journaux claironnant: “Cinq centimètres, pas assez pour trois millions de dollars.” Tout ce bruit pour cinq centimètres. C’est le jeu de l’ego; tout le temps il mesure, demande une récompense, veut être apprécié. Malgré tout quelque chose de bon sortit de leur geste égoïste: un autre philanthrope qui entendit parler de l’histoire donna deux millions de dollars au zoo, anonymement.
Parfois nous devrions nous arrêter et réfléchir avant de commettre un don pour déterminer si l’on n’est pas sur le point de donner pour une mauvaise raison. Nous devrions nous demander si nous ne sommes pas sur le point de créer une situation moins morale ou moins harmonieuse en donnant. Si c’était le cas, peut-être vaudrait-il mieux ne rien donner du tout. Nous devrions réfléchir aux raisons pour lesquelles nous ne donnons pas généreusement, avec la bonne attitude.
Un moyen très simple de savoir si notre action est entachée d’ego est d’essayer de donner anonymement. On peut le faire soit par un intermédiaire ou un compte en fidèle commis, et voir quelle est notre réaction. Nous devrions nous sentir au moins aussi joyeux sinon plus en donnant de cette façon, sachant que personne ne pourra nous remercier. Rare est celui qui en ressentira même davantage de joie. Cela pourrait constituer un moyen de mesurer si nous laissons Dieu donner à travers nous ou si nous nous bloquons encore devant ce mur d’ego en disant: “C’est moi qui agit et je devrais en recevoir le crédit.”
DONNER PLUS QUE DE L’ARGENT
D’innombrables opportunités de donner de façons différentes nous sont offertes, l’argent n’est pas la seule. Ça pourrait être un simple sourire. Tant de bien peut résulter du don d’un sourire fait au bon moment, au bon endroit, ou même au mauvais moment et au mauvais endroit, lorsque tout le monde autour de vous se renfrogne. Des perspectives incroyables peuvent s’ouvrir avec un simple sourire.
Il y a l’histoire de St Exupéry, l’auteur du Petit Prince. Il était l’un des premiers facteurs du ciel, lorsque l’Aéropostale commença à se développer. Les atterrissages forcés au milieu des pâquerettes n’étaient pas rares et il devait parfois se refaire une nouvelle hélice dans un tronc d’arbre pour pouvoir redécoller. Il prit aussi part au combat pendant la guerre d’indépendance Espagnole où son avion fut abattu et il fut fait prisonnier de guerre. Il fut condamné à mort parce qu’il était suspecté d’espionnage. C’était sa dernière soirée sur terre et il était assis dans sa prison, sachant qu’il se retrouverait le lendemain en face du peloton d’exécution. De l’autre côté des barreaux se trouvait le gardien qui le surveillait de près. Antoine parlait un peu d’espagnol et il demanda à son gardien: “Avez-vous une cigarette? J’aimerais en fumer une dernière”. Avec réticence, le gardien s’approcha de lui et lui tendit une cigarette. Et alors, Antoine ne comprit pas pourquoi, mais un grand sourire s’épanouit sur son visage lorsque le gardien lui tendit la cigarette. Les circonstances ne portaient pas vraiment à un large sourire heureux. Après tout, ce n’était qu’une misérable dernière cigarette. Mais le gardien le vit s’illuminer de ce sourire spontané et il posa son regard sur lui un peu plus longtemps. Il le regarda de plus près alors qu’il allumait sa cigarette et l’expression renfrognée et brutale de son visage s’adoucit. Le gardien demanda: “Tu as des enfants?”
Antoine répondit“Oui”. Il sortit son portefeuille où se trouvait une photo de sa femme et de ses deux enfants. Il la montra au gardien. Alors le gardien aussi sortit son portefeuille et montra des photos de ses enfants. Antoine se mit à pleurer. Il dit: “Je ne sais pas si je les reverrai un jour.”
Ils continuèrent à parler pendant quelques temps, et soudain, sans crier gare, le gardien ouvrit la porte de la prison. La nuit était avancée et il escorta Antoine à la porte de derrière, l’accompagna jusqu’à la sortie de la ville et lui dit de s’en aller. Puis le gardien s’en retourna seul pour affronter les conséquences de cette évasion. Comme l’explique Antoine de St Exupéry, sa vie fut épargnée par un sourire, un sourire spontané, complètement irrationnel et hors contexte. Mais c’est là que tout changea, avec ce sourire. Il donna simplement sans se dire: “Je vais peut-être réussir à gagner ceci ou cela…”
Tel est le pouvoir du don complet, spontané et joyeux, dénué de calcul. Il pourrait s’agir d’argent, il pourrait s’agir d’un sourire, il pourrait s’agir d’une embrassade, il pourrait s’agir d’une lettre, il pourrait s’agir de n’importe quoi. Il n’y a pas de limite à notre capacité de donner parce que le don est notre essence même. Notre nature est précisément de donner et si on la contredit, on en souffre. C’est comme essayer d’endiguer un torrent qui gronde au dedans de nous. Le pouvoir illimité de Dieu est en nous et ce pouvoir sans limite coule à flots en permanence; tout simplement pour assouvir un désir ardent de se donner à soi-même. C’est cela Dieu. Et si on l’entrave ou si on l’endigue, on en souffrira. Le monde entier souffrira de cette sécheresse. C’est ça la maladie. La maladie c’est empêcher une énergie particulière de s’écouler librement dans un système particulier. C’est ça le cancer ou n‘importe quelle autre maladie, lorsqu’on refuse d’entrer dans la danse, dans ce flot de dons. Il y a un barrage quelque part, au niveau émotionnel, physique, mental, spirituel ou à tout autre niveau.
LA FÊTE DU DON
Tout le monde recherche le bonheur. Il n’y a qu’une solution pour être vraiment heureux. C’est de donner constamment. Dieu vous comble plus vite que vous ne pouvez donner. Donnez donc, distribuez le plus vite possible ou vous allez vous noyer dans les dons de Dieu. Beaucoup de tribus d’Indiens d’Amérique ont une très belle cérémonie. J’y ai participé plusieurs fois. C’est la Fête du Don. Elle se présente sous différentes formes. Dans sa forme la plus belle, tous les cinq ans chaque famille décide de donner tout ce qu’elle possède. Absolument tout. Tous les objets qu’elle possède: vêtements, argent, casseroles…. Ils organisent simplement une grande cérémonie et invitent tous les membres de la tribu, tous leurs amis. Ils méditent profondément sur qui bénéficierait le plus de chaque objet. Ils le font avec beaucoup d’amour et de soin et ils vont donner l’objet à cette personne. Et le processus se poursuit avec toutes les familles et tout ce qu’elles possèdent. C’est une très belle cérémonie et leurs vies soient comblées de nouveaux cadeaux car tout le monde fait la même chose avec tout le monde. Vous ne pouvez pas vous retrouver les mains vides dans ce système car ils agissent constamment de cette façon les uns avec les autres. C’est un mode de vie merveilleux. Il enseigne l’abandon, la confiance et le détachement.
Lorsque je pris la décision d’entrer à l’Ashram, j’organisai une grande fête du don et je donnais tout sauf quelques objets dont je savais qu’ils pourraient être utiles à l’Ashram tels qu’un ordinateur, une imprimante et des fournitures de bureau. Je donnais tout le reste. Et j’essayais vraiment de déterminer à qui chaque objet conviendrait le mieux. Ce fut une très belle cérémonie. A ma plus grande surprise et pour mon plus grand bien, juste au moment où la cérémonie commençait, mon ancien tuteur, un chaman et ami qui avait organisé de nombreuses fêtes du don, passait justement dans la rue devant ma maison. C’était un fait remarquable car il vivait très loin de là, dans l’Orégon, et il se trouva justement dans cette rue, en ce jour-là, à ce moment précis.
Ce fut une excellente façon de clarifier la situation, de clarifier au niveau des émotions, de l’énergie, des objets et de s’en aller avec le cœur léger. Plus vous vous videz de vos attachements, plus vous vous remplissez d’espace. L’espace c’est Dieu.
Vous n’êtes pas obligés d’aller à l’extrême au point de donner tout ce que vous possédez. Votre conjoint, vos enfants ou la personne avec qui vous partagez votre appartement n’apprécieraient pas de rentrer le soir dans une maison complètement vide. Mais, même si l’on ne peut pas tout donner, il y a toujours quelque chose qu’on peut donner. Nos vies sont si encombrées. C’est de la que vient cette grande tradition du “Garage Sale” tous les dimanches (Il est très courant dans les zones pavillonnaires américaines de voir pendant les week-ends s’organiser devant les garages la vente d’objets qui les encombrent – note du traducteur). Mais dès que le “Garage Sale” est fini, on se précipite pour acheter autre chose, parfois même la même chose. Par dessus tout nous devrions essayer en permanence de nous vider de nos mauvais attachements. L’attachement c’est la peur de ne pas avoir ce dont nous aurons besoin. C’est l’un des plus grands obstacles à la découverte de Dieu en cette vie. Nous voulons notre petite sécurité. Nous voulons des garanties.
DRAPAUDI S’ABANDONNE A KRISHNA
Dans la Mahabharatha il y a aussi un bel exemple d’abandon et de confiance. Les cinq frères Pandava et leur épouse commune avaient été amenés par la ruse à accepter une partie de dés sans savoir que leur adversaire, un membre de la famille Kaurava, avait truqué les dés. Les enjeux augmentaient et leur adversaire gagnait à tous les coups. Finalement les paris devinrent si gros qu’ils jouèrent tout ce qu’ils possédaient, y compris leur propre corps et leur épouse. Ils perdirent tout. Étant de très noble caractère, ils acceptèrent leur destin sans se plaindre. Mais pour les humilier davantage, les horrible Kauravas, sous la direction de Duryodhana, décidèrent de déshabiller publiquement l’épouse des Pandavas, Drapaudi. Faire une chose pareille devant tous les anciens de la cour royale constituait une terrible insulte.
Duryodhana demanda à son frère cadet Dushshasana, dont le nom signifie “la concupiscence dans les yeux”, d’empoigner Drapaudi, de la traîner devant tout le monde et de la déshabiller complètement. Drapaudi retenait sa robe des deux mains et priait désespérément Krishna de venir la sauver. (Drapaudi est aussi connue sous le nom de Krishna. Krishna veut dire sombre ou bleu et elle avait une couleur de peau bleuâtre et était très proche de Krishna. Elle était elle-même une incarnation divine.) Elle continua à retenir sa robe des deux mains tandis que le mauvais Duhshasana la tirait. Adressant une fois de plus ses lamentations à Krishna elle dit: “Oh, Krishna, ne permets pas que je sois déshonorée devant tous les anciens. Je t’en prie, sauve-moi, protège-moi.” Krishna qui était très loin à ce moment-là, dans son propre royaume entouré de toutes ses femmes, ne répondit pas. Elle se sentit désespérée et leva une main en l’air pour exhorter Krisna plus véhémentement, retenant toujours sa robe avec l’autre. Et elle continua à appeler Krishna. Mais Krishna ne répondait toujours pas. Finalement, elle se trouva si absorbée dans ses prières qu’elle laissa aller complètement la robe et, les deux mains tendues en l’air, elle invoqua Krishna. Immédiatement Krishna intervint. Et ce qu’il fit, il n’apparut pas sur la scène, mais il rendit sa robe, son sari, illimité. Duhshasana avait beau tirer sur un bout, son sari réapparaissait sur son corps. Il tira et tira et tira jusqu’à ce que la salle se trouve couverte par des kilomètres de sari. Mais elle restait néanmoins couverte. Finalement il tomba au sol épuisé et l’honneur de Drapaudi fut sauvé.
Elle se mit alors à maudire le roi et tous les anciens en disant: “Vous avez permis que cet acte adharmic, cet acte mauvais, se produise au sein de votre cour en conséquence de quoi vous allez tous périr.” Les mots d’une chaste femme ne sont jamais en vain. Elles ont plus de force que les paroles du gourou, plus de force que les paroles de Dieu lui-même. Les Kauravas se mirent à trembler de peur. Ils la supplièrent de révoquer ses paroles en échange de quoi ils lui rendraient tout. Ils lui rendraient le royaume, l’or, la liberté, tout, mais ils la prièrent de révoquer sa malédiction. Elle accepta.
Métaphoriquement le sujet de cette histoire est l’abandon. Plus tard lorsqu’elle revit Krishna, elle n’était pas très contente de lui et lui demanda: “Pourquoi as-tu attendu si longtemps? Je te suppliais. J’étais vraiment dans une situation désespérée. Pourquoi n’es-tu pas venu à ma rescousse immédiatement?”
Krishna répondit: “Au début tu ne m’appelais à l’aide qu’avec la bouche, les deux mains toujours agrippées à tes possessions. Ce n’est pas de la confiance. Ce n’est pas de la prière. Puis tu as levé un bras et j’ai commencé à prêter attention. Finalement tu as levé les deux bras. C’est alors que je suis venu immédiatement.” La signification de cette histoire est que lorsque vous priez, que vos deux bras s’abandonnent. Ne priez pas “Oh Dieu! Je m’abandonne à toi, Je m’abandonne à toi.” en essayant en même temps de vous raccrocher à tout ce qui vous entoure.
LE DON DÉSINTÉRESSE EST-IL POSSIBLE?
Une autre très belle et très mystérieuse loi spirituelle au sujet du don c’est qu’en réalité nous sommes toujours le bénéficiaire de ce que nous donnons. En fait nous recevons bien plus que ce que nous donnons. Si nous essayons de donner du fond du cœur, avec le bon état d’esprit, nous ne pouvons échapper à une situation spirituelle intéressante. Quoi qu’on fasse, donner est toujours un acte égoïste car ce que nous donnons nous revient toujours. C’est pourquoi nous essayons de donner plus vite que nous recevons.
DONNER EST NATUREL
Donner est la base de toutes les lois de la nature. Si une partie quelconque de la création avait cette attitude humaine qui consiste à amasser, à se figer, à essayer de conserver et de contrôler, la création s’arrêterait. Tout repose sur le libre échange. Le nuage ne retient pas son eau pour la garder pour plus tard. La rivière n’amasse pas son évaporation par peur que le nuage ne fasse pas tomber la pluie. Si une partie de la nature se mettait à agir comme nous, tous les processus de la création s’en trouveraient perturbés. Il n’y a pas de différence entre les lois qui régissent la nature et l’univers et les lois qui gouvernent notre conscience. Nous faisons partie du tout. Chaque fois que nous nous renfermons sur nous-mêmes, nous détruisons donc automatiquement l’équilibre vital.
Évidemment, c’est facile à dire, mais lorsqu’il s’agit de le mettre en pratique, il y a quelques obstacles. Il y a toujours des peurs qui surgissent. On se demande ce qui va arriver si Dieu nous oublie ou si ça ne marche pas vraiment comme ça. On pourrait craindre de se faire avoir. C’est une peur présente à l’esprit de beaucoup. Ils voudraient bien être généreux mais ils ont peur que les autres profitent d’eux. L’aspect le plus paralysant pour notre vie spirituelle et son plus grand obstacle est la peur. Quelle est la solution?
Tout d’abord, interrogez-vous et analysez avec soin la question de savoir qui a peur. Si vous êtes capables de ramener toute situation problématique ou difficulté que vous rencontrez dans la vie à cette question fondamentale, vous l’avez déjà en partie résolue. Simplement demandez-vous: “Qui a peur, qui est en colère, qui est triste?” Cela produira vairagya, le détachement. Si vous analysez vraiment et sincèrement la question, vous en arriverez toujours inévitablement à la même réponse, à savoir: “Ce n’est pas moi, Oh Seigneur, qui ai peur. C’est l’ego. C’est une partie de moi qui a peur, qui a cette contraction, cette pulsion.” Si vous parvenez à commencer à créer une distance entre ce que vous êtes réellement et l’ego qui fait partie de vous mais n’est pas vous, la bataille est à moitié gagnée. Mais il faut être constamment vigilant. L’émotion grandit au point qu’elle nous submerge complètement et que nous en perdons notre pouvoir de discrimination. Nous avons beau l’avoir lu cent mille fois, ou même avoir fait des conférences sur le sujet, lorsque nous nous retrouvons dans les griffes de cette émotion, tout est oublié. C’est pourquoi on dit que les lettres qui composent le mot “fear” (peur), F.E.A.R. sont les initiales de “Forget Everything And Run” (oublie tout et sauve-toi). Oublie tout bon sens, oublie toute raison, toute ta pratique spirituelle, tout ce dont tu es capable, et simplement sauve-toi en courant.
SAUVE PAR LE SOUFFLE
Il y a une solution qui consiste à rester en permanence conscient du souffle. Lorsque la peur se présente, le souffle se met à changer. Si vous êtes capables de le détecter, c’est à dire si vous êtes constamment en harmonie avec le souffle, vous pouvez alors inverser le phénomène, arrêter cette modification du souffle et reprendre votre souffle doux, léger, humble, plein d’amour et de confiance, et l’émotion disparaîtra. Ça se produit en une fraction de seconde. Mais deux choses sont essentielles: rapidité et intensité.
Si vous ne prêtez pas attention à votre souffle et laissez l’émotion grandir et grandir, et elle peut grandir en quelques secondes ou même quelques fractions de secondes dans les cas extrêmes, il devient alors très difficile de revenir en arrière.
Il faut aussi réagir avec une extrême intensité, non pas avec l’attitude; “Oh! Peut-être que je devrais retourner à la fontanelle maintenant.” mais plutôt comme si votre vie elle-même était en péril. Comme si vous étiez en train de vous noyer et de vous débattre pour une bouffée d’air. Réagissez avec cette intensité. Dites: “Oh Dieu. Ne m’abandonne pas ici, en bas.” Et immédiatement remontez à la fontanelle. Alors la mauvaise tendance sera endiguée.
Vous pouvez en faire l’expérience dans des situations extrêmes comme un état de dépendance. Lorsque vous essayez de vous débarrasser d’une habitude négative et que le désir violent resurgit, vous savez à quel point cette résurgence peut être instantanée. Immédiatement revenez à la fontanelle, déterminés à y rester et ne vous laissez ébranler par aucune des émotions qui vont vous envahir. Affirmez intérieurement: “Ça va passer, ça va passer, ça va passer.” En quelques secondes ça passera. Mais si vous vous y attardez, et vous laissez emporter, des heures peuvent s’écouler avant que vous n’ayez récupéré votre équilibre. Cela peut même prendre des jours, des mois ou des années. Souvenez-vous, vous pouvez l’éviter en moins d’une seconde. Mais il faut être vigilants et vous pouvez créer ce réflexe comme n’importe quelle autre habitude: par la pratique. Nous avons nos petites habitudes. Tout ce que nous faisons dans la vie, nous le faisons parce que nous l’avons pratiqué, y compris nos habitudes négatives. Nous pratiquons le mal. Nous pratiquons les états négatifs. Le cerveau ne fait pas de différence entre ce qu’il doit ou ne doit pas apprendre. Il est complètement neutre. Le mental est une machine à enregistrer neutre. Il ne sait pas ce qui est bien ou mal. C’est sans importance. Il se contente d’enregistrer. Vous mettez l’aiguille dans le sillon et le faites tourner et le sillon s’approfondit et s’approfondit. Utilisez donc le même mécanisme pour mettre l’aiguille ailleurs et commencez à créer un sillon positif. Et lentement, le sillon négatif s’effacera.
On peut utiliser le mental pour le mal absolu ou le bien le plus élevé. C’est le même instrument. Le mental a besoin d’un entraîneur. Ou bien vous laissez l’ego jouer le rôle de patron du mental et vous continuez simplement à créer tous ces sillons négatifs ou vous laissez l’intellect éclairé prendre en charge le mental et en faire un beau jardin rempli de fruits. Le choix vous appartient. Ce n’est qu’une machine à enregistrer avec une touche coincée dans la position ‘enregistrement’ vie après vie. Lorsque vous aurez compris cela, vous aurez un certain contrôle de votre vie et par conséquent de votre destin. Faites très attention à la manière dont vous vous servez de vos perceptions et à ce sur quoi vous laissez votre mental s’attarder sachant que ce sera enregistré. Car plus vous vous y attardez, plus le sillon sera profond. C’est pourquoi on fait satsanga qui veut dire “bonne compagnie”. On parle de sujet qui élèvent, on lit les écritures, on étudie, on médite, on respire, on chante. On essaye de créer des sillons positifs dans le mental et on essaye en même temps d’éviter les mauvaises fréquentations.
Satsanga a une signification ésotérique. J’ai décrit l’ésotérique, l’aspect extérieur de la bonne et de la mauvaise compagnie. Mais il y a aussi un aspect intérieur, la bonne compagnie de votre âme. Recherchez toujours la compagnie de votre âme. Recherchez toujours la compagnie de votre souffle, de la lumière et de la vibration. Essayez de rester absorbés dans cette compagnie et évitez la compagnie négative de vos pensées négatives et de ce qu’on appelle nos démons: rage, orgueil, jalousie et désir d’avoir toujours raison. La liste est sans fin. Ne leur donnez pas le droit à la parole bien qu’ils essayent de se l’accaparer et se manifestent. Revenez au positif, brûlez-les dans la lumière et ils s’évanouiront tout simplement.
John Kennedy dit un jour: “Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous mais ce que vous pouvez faire pour votre pays.” C’est un principe spirituel éternel. Chaque jour, avec chaque personne et en toute circonstance, interrogez-vous: “Que puis-je faire pour eux? Que puis-je leur donner, maintenant?” Ceci vous éloignera de votre égoïsme. C’est une très profonde sadhana que d’essayer de se maintenir dans ce bhakti, ce désintéressement, tout le temps. Lorsque vous n’en avez pas envie ou s’il s’agit de quelqu’un que vous n’aimez pas, il est d’autant plus important de redoubler d’efforts. Cette attitude engendrera une transformation miraculeuse pour vous et ceux qui vous entourent. Il n’y a pas de limite au miracle du don. C’est la nature même de Dieu.
Retour au SommaireLettre de Noël
Swami Shuddhananda
Cher Soi Divin
Que les bénédictions de Dieu et des Gourous vous inondent. Nous sommes tous les enfants d’un même Père céleste. Nous sommes ici maintenant, en visite dans ce monde merveilleux, dans le seul but de réaliser notre véritable nature, notre éternelle parenté avec Dieu. C’est l’unique but de la vie.
Prenez soin de votre vie. Ce n’est pas votre vie, c’est la vie de Dieu. Dieu est si bon qu’Il respire continuellement à travers vous et vous donne continuellement Sa vie. La vérité c’est que la vie n’est pas votre vie. C’est la vie de Dieu. Vous devriez donc ne la vivre que pour Lui. C’est la vie spirituelle. Vous ne pouvez pas rendre votre vie divine. Vous devez réaliser que c’est la vie elle-même qui est divine. Restez toujours conscients de la Vérité dans toutes vos actions, à tout moment. Cette conscience continuelle engendrera l’amour de Dieu. Si vous dédiez votre vie à Dieu, la dévotion viendra. C’est la vie, une vie d’amour et de dévotion.
A la veille de Noël et de la nouvelle année 2002, je vous adresse ma considération et mon amour les plus profonds. Que votre vie s’épanouisse dans un amour grandissant, l’amour de Dieu, l’amour des autres l’amour pour tout.
Essayez de toujours garder un petit sourire sur votre visage. C’est l’expression de votre amour pour Dieu. C’est aussi l’expression de l’amour de Dieu pour vous.
Vivez une vie de simplicité et de pureté, comme un enfant qui a la sagesse de l’adulte. Vous verrez alors votre vie devenir naturellement spirituelle. Votre spiritualité progressera aussi naturellement que les feuilles poussent sur l’arbre. La vie est naturellement divine. Soyons conscients de notre vrai nature. Que notre vie s’améliore chaque jour. Vivons une vie d’amour et de coopération. Aimons et servons les autres pendant la courte de durée de la vie pour réaliser que la vie est éternellement connectée au Divin.
Avec le plus profond amour et la plus profonde considération de tout mon cœur et de toute mon âme.
Toujours aux pieds du Maître
Swami Shuddhananda,
Un humble enfant de Dieu
Questions et Réponses
AVEC SWAMI SHUDDHANANDA
Recueillies à L’ashram de Miami, le 12 Octobre 2001
Lorsqu’on s’incline devant quelqu’un, il y a trois façons de le faire. L’une consiste à joindre les mains et toucher la fontanelle, une autre à toucher entre les deux sourcils et la troisième à toucher le cœur. Normalement, lorsque des amis se saluent, on fait comme ça en touchant le point situé entre les deux sourcils.
Lorsqu’on s’incline devant Dieu ou les gourous, on fait sashtanga pranam c’est à dire qu’on s’incline en se prosternant au sol. Sa veut dire “avec”, ashta veut dire “huit” et amga veut dire “membres”. Dans cette position le visage et l’abdomen sont tournés vers le sol, les mains jointes dans la position de la prière. les bras tendus verticalement.
Tant que vous n’aurez pas atteint l’état d’équilibre intérieur, vous vous poserez des questions. Il y a deux types de questions. Le premier type se rapporte au désir d’apprendre quelque chose, au niveau mental. Le deuxième type est pour votre développement spirituel. L’un est pour apprendre quelque chose sur la spiritualité, l’autre vous aide à devenir spirituel.
Q. Il y a quelque chose en moi qui a peur d’abandonner ses attachements au monde matériel et à ce que je considère ma propre identité. Que faut-il faire?
Le développement spirituel est un processus progressif et ne peut pas être atteint du jour au lendemain. Dans la vie spirituelle nous devrions maintenir nos distances avec l’aspect négatif du mental. Les deux aspects du mental, positif et négatif, sont actifs en même temps. Parfois, tout en étant dans le domaine positif du mental avec le désir de faire du bon travail pour soi-même et les autres, on peut sentir aussi la présence d’une force qui nous tire vers le bas, dans le domaine négatif du mental. Lorsqu’on n’a pas encore assez de maîtrise de soi, même en sachant que ce n’est pas bon pour notre vie spirituelle, on se laisse entraîner.
Cela vient de ce que le pouvoir d’anta-karana, le pouvoir du mental, de l’intellect et de l’ego, est très grand et qu’il surpasse celui de notre propre identité. Il y a donc toujours un conflit intérieur. Que nous le sachions ou non, que nous en soyons conscients ou non, de nombreuses forces essayent de nous tirer vers le bas. C’est pourquoi Baba répète toujours: “C’est très difficile de monter. C’est très facile de descendre.” Lentement mais sûrement, vous pouvez réussir. Au début ne vous exténuez pas à combattre vos tendances inférieures. Il n’y a pas besoin de se battre. Simplement, observez-vous. Elles vont vous gêner pendant vote méditation. Contentez-vous d’observer constamment. Dans le Védanta, il est dit qu’il n’y a pas besoin de contrôler le mental. Simplement observez le mental. Lorsque des pensées se présentent dans le mental, observez simplement sans en être affectés. Lorsque vous observez votre mental, vous mettez en place la conscience. C’est la seule voie qui puisse vous mener à la réalité.
Mahajano yena gatah sa panthah – “C’est la voie que nous montre celui qui est réalisé.” Bien que les aspects négatifs essayent de vous entraîner vers le bas, vous restez avec les aspects positifs. Ne donnez pas trop d’importance aux aspects négatifs. Accordez davantage d’importance aux aspects supérieurs du mental. C’est ça la vie spirituelle. Observez constamment.
Q. L’une des difficultés les plus courantes dans la vie spirituelle est de se décider entre la vie monastique ou la vie familiale. Comment s’y prendre?
Il faut choisir votre position: vivez-vous une vie monastique ou une vie familiale? Il faut que ce soit clair. La plupart de ceux qui vivent dans un ashram ou dans une organisation spirituelle devraient vivre une vie de moine, mais beaucoup ont à l’esprit la vie matérielle. Parfois ils agissent d’une certaine façon sur le plan physique mais mentalement ils mènent toujours une vie familiale. Donc, en premier lieu, il faut que ce soit très clair. Vous ne pouvez pas naviguer sur deux bateaux à la fois. Si vous avez assez de vairagya ou détachement envers le monde matériel, alors quittez-le et entrez dans la vie monastique. Vivez comme un brahmachari, dans la maîtrise de soi.
Gardez très clairement à l’esprit le fait que dans la vie monastique, lorsqu‘on vit à l’ashram, deux choses se trouvent contrôlées: parler et parler. Dieu nous a donné deux yeux pour voir, deux oreilles pour entendre, deux narines pour respirer. Mais nous n’avons qu’une seule bouche avec deux fonctions: manger et parler. Ces deux choses doivent être maîtrisées. Lorsque vous parlez inutilement votre attention se relâche, vous gâchez inconsciemment beaucoup d’énergie. Le gaspillage d’énergie provoque le relâchement de l’attention.
Maintenant, vous vous posez peut-être la question de savoir s’il est possible de travailler tout en vivant à l’ashram. Oui, c’est possible, mais faites-le en restant attentif à tout moment. Lorsque vous sentez un déséquilibre, arrêtez votre travail et asseyez-vous pour méditer. Puis, avec la plus grande application, retournez à votre tâche. Vous êtes venus vivre à l’ashram pour acquérir la spiritualité. Posez vous la question de savoir si vous faites des progrès. Si vous ne progressez pas, il est inutile de rester à l’ashram.
Vous pouvez travailler mais vous devez vous demander où est votre développement. Si vous travaillez sans vous développer, ça ne sert à rien. Dès que vous sentez que vous n’êtes plus attentif, arrêtez votre travail et asseyez vous pour méditer cinq minutes. Pratiquez le salut et reprenez votre tâche. De toute évidence, le développement spirituel n’est pas facile.
Lorsque vous entrez dans la vie monastique, vous devez vivre comme un brahmachari. Contrôlez vos sens complètement sans quoi ce genre de vie n’est pas possible. Vous pouvez passer votre vie à l’ashram mais si vous n’avez pas de maîtrise de soi, ça ne sert à rien. C’est une perte de temps.
Sadhana et seva doivent être pratiqués de concert. Rendre service doit accompagner la pratique spirituelle. Cela vous apportera rapidement un peu de développement dans votre vie spirituelle. Vous devriez aussi avoir l’attitude mentale correcte de considérer que vous ne travaillez pas pour vous-mêmes mais pour votre purification. Tant que le corps est présent, il sera sous l’influence de la loi matérielle. Le corps et les sens auront envie d’action.
Yogam yogi karmam karma kuravanti atma vishidhaye. “Ceux qui sont des yogis accomplissent les actions pour la purification du Soi”. Yogi, dans ce contexte, a deux significations. La personne qui pratique le yoga est un yogi et la personne qui a atteint l’état de yoga est aussi un yogi. Nous pouvons donc nous dire yogis puisque nous pratiquons et sommes intéressés par la question de la spiritualité. “Karma kuravanti”, ces yogis qui pratiquent pour atteindre l’état de yoga, le font pour se purifier. Si vous n’activez pas cette énergie, vous serez agités. Les pensées négatives se mettent alors en ébullition dans le mental.
Donc, en premier lieu, il faut choisir clairement entre la vie de chef de famille ou la vie monastique. Au début, lorsque vous quittez la vie matérielle et embrassez la vie monastique, de nombreuses pensées vous viennent à l’esprit. Vos pensées tournent autour des expériences passées, des organes des sens et du mental. Si vous vivez une vie monastique, vous devez constamment garder à l’esprit que “je ne dois pas faire cela. Je vais rester au sommet. Je vais essayer. Je vais essayer.” Ne vous lamentez pas parce que vous continuez à avoir des idées négatives alors que vous êtes à l’ashram. Vous n’y pouvez rien. C’est le résultat des expériences passées. A partir de maintenant, essayez de changer votre façon de penser. N’agissez que sous l’impulsion de bonnes pensées. C’est comme dans une forêt où il y a beaucoup de champignons dont certains sont vénéneux. Les gens ne les mangent pas. Ils choisissent les bons champignons. Ils ne vont pas sciemment manger de mauvais champignons. Si par erreur, ils en mangent un, ça peut créer des problèmes. Mais, si vous savez que c’est un champignon vénéneux, vous ne le mangerez pas sachant que cela pourrait vous ruiner la santé. La même chose se produit au niveau mental si vous agissez sous l’impulsion de pensées négatives. Elles vont ruiner la santé de votre corps spirituel. Vous allez vous détruire. Gardez à l’esprit: “Je dois penser au Gourou, à Dieu, à la nature.” Dirigez votre mental vers des pensées positives.
Si vous avez faim, mangez. Ne mangez pas trop. Lorsque le désir de manger vient du mental, c’est de la gourmandise, pas de la faim. Faites attention, il y a un équilibre intérieur à respecter car, si vous mangez sans avoir faim, les nouveaux aliments se mélangent à des aliments pas encore complètement digérés dans le système intestinal et cela crée un déséquilibre. Ne mangez pas entre les repas. Vous savez quelle quantité de nourriture il vous faut et quand vous devez cesser de parler. Les sens de la vue et de l’ouïe sont difficiles à contrôler, mais vous pouvez contrôler la nourriture et la parole. Kechari mudra, rouler la langue en arrière, est bien utile en ce domaine. Vous devez aussi boire assez d’eau, un minimum de deux litres par jour, Trois litres est idéal. Buvez un litre d’eau plate le matin. En buvant davantage d’eau vous éliminez mieux et votre système reste propre. L’eau a des qualités plutôt sattviques. Les jus de fruits, le café et le vin réveillent davantage les gunas rajastiques et tamasiques. La guna sattvique engendre plus d’harmonie et rend capable de rester au sommet, d’atteindre sat, la Réalité. La guna rajastique rend plus agité et active les qualités négatives comme la colère, l’orgueil, la cruauté et la jalousie. La guna tamasique entraîne la léthargie et l’inertie. Davantage d’eau rend votre système plus frais. Swamiji, lorsqu’il était à l’université, pratiquait cela et se levait tous les jours à 4 heures du matin. De plus, lorsque vous buvez davantage d’eau, votre désir sexuel diminue. Lorsque vous vivez à l’ashram, vous devez maîtriser complètement votre vie sexuelle. Si vous préférez avoir une vie sexuelle, il vaut mieux vous marier. Le jeu sexuel est le jeu de l’eau. Il ne peut être équilibré qu’en buvant davantage d’eau. Mais ne forcez pas. Automatiquement, lorsque vous buvez davantage d’eau, le contrôle s’établit. Le corps sera plus pur. L’inattention est la mort de la vie spirituelle. Pratiquez de plus en plus. Gardez le silence intérieur.
Q: Quel conseil pratique pouvez-vous nous donner?
Buvez beaucoup d’eau, restez attentifs et essayez d’aimer les autres. Si vous n’avez pas de bonnes relations avec quelqu’un, essayez d’avoir davantage de contacts avec cette personne et essayez de l’aider. Cette personne doit sentir que vous l’aimez. C’est ça la vie pratique. Nous sommes ici pour vivre avec Dieu, et réaliser Dieu.
Lisez les écritures quotidiennement. Dans les ashrams, les seuls livres autorisés sont les écritures. La raison en est que si les nouveaux moines ou brahmacharis qui viennent juste d’arriver se mettent à lire beaucoup de livres, ils vont adopter les pensées qu’ils y trouvent au lieu de développer leur propre façon de penser. C’est une forme de déséquilibre. Dans la vie spirituelle on dit que , pour un certain temps, jusqu’à ce qu’on se soit débarrassé du déséquilibre, il faut s’arrêter de lire des livres et ne se concentrer que sur les écritures authentiques. Méditez sur une ligne ou sur ce que le Gourou vous a enseigné. Ça s’appelle “shruti vidya” c’est à dire apprendre par l’écoute (shruti – entendre, vidya, connaissance ou apprentissage). Lire une variété d’auteurs peut créer la confusion. Les livres écrits par des auteurs non- réalisés ne présentent que des analyses intellectuelles. Si vous voulez devenir spirituels intellectuellement, vous pouvez lire ces livres. Mais cela ne vous donnera pas la spiritualité pratique. Certains auteurs collectionnent des tas de livres, les lisent puis écrivent leur propres livres. Rien ne vient d’eux si ce n’est la rédaction des connaissances des autres. Ils peuvent être bons à lire mais ils n’apportent pas la réalité.
Pourquoi lisons nous beaucoup de livres? Parce que nous voulons savoir beaucoup de choses au sujet de la spiritualité mais nous ne voulons pas être spirituels. Ces livres ne font que créer de plus en plus de confusion. Lorsque vous lisez un livre, si quelque chose n’a aucun sens, laissez-le tomber pour toujours et n’y pensez plus. Vous éviterez ainsi la confusion. Les abeilles vont sur toutes les fleurs pour trouver du miel. Si vous êtes comme ça, demandez donc à n’importe quel enseignant de vous donner le nectar de la béatitude, et non pas seulement la connaissance. Mais. au lieu de cela, nous allons vers les fleurs sans savoir comment en obtenir le nectar et nous nous contentons d’admirer et d’observer tous les attributs physiques de la fleur, laissant-là le nectar. N’oubliez pas l’essence. La vie spirituelle ne consiste pas à savoir mais à être.
La vie spirituelle est pour les chefs de famille au même titre que pour les moines. Il n’y a pas de règle qui dise que si vous vivez une vie monastique ou une vie de chef de famille, vous atteindrez la réalisation divine plus rapidement. Beaucoup de chefs de famille sont si purs qu’ils sont réalisés. D’un autre côté il y a des moines dans les ashrams qui ne sont pas réalisés. C’est parce que vous devez entraîner votre mental. Accomplissez votre tâche mais, mentalement, vous devriez être connectés à Dieu et servir les autres. Un chef de famille est un brahmachari s’il est dans cet état mental. Ce que vous faites physiquement n’est pas aussi important que ce que vous faites mentalement.
Il était une fois deux brahmacharis. Le maître leur dit d’aller au marché pour faire quelques courses et de revenir. Ils avaient fini leurs emplettes et avaient encore un peu de temps avant l’heure du retour. L’un des brahmacharis pensa qu’il pourrait aller au temple. L’autre qu’il pourrait aller voir les prostituées. Le premier alla donc au temple et l’autre avec une prostituée. Celui qui était au temple pensait que pendant qu’il était là, l’autre s’amusait bien et il se mit à avoir envie d’être lui aussi avec une prostituée. Celui qui était avec la prostituée pensait qu’il faisait une bêtise et qu’il aurait dû aller au temple avec son ami. Pensez à ce que chacun d’entre eux est en train de faire au niveau physique et au niveau mental. Ce qu’ils sont en train de créer, c’est leur karma. Les actions physiques n’apportent pas de karma au delà du corps causal. Celui qui est avec la prostituée engendre un bon karma car ses pensées sont mentalement au temple, avec Dieu. Ce que vous faites mentalement, dans la vie spirituelle, est beaucoup plus important que ce que vous faites physiquement.
Nous avons une pensée mentale pour activer toute action physique. La pensée mentale produit le karma. On appelle “karya” ce que l’on fait avec le corps. Sans pensée mentale, on ne peut pas avoir d’action physique. Parfois on dit qu’il faut dire la vérité. Mais cela dépend de la situation. Vous ne devriez pas dire de vérité qui blesse les autres. Agissez en conséquence, en suivant la conscience que Dieu nous a donnée. Gardez votre équilibre intérieur et la réponse viendra d’elle-même. Si vous vous trouvez dans une situation où vous ne savez pas si une action est bonne ou mauvaise, évitez-la. Si la question de savoir si vous devez faire une chose ou pas devient conflictuelle, ne la faites pas. Ceci devrait être clair. Nous sommes attachés à des objets limités qui ne peuvent pas être rattachés à l’infini. Nous seuls pouvons nous rattacher nous-mêmes à l’infini.
Dès l’enfance je ressentis un intérêt pour les choses spirituelles. Puis, à cinq ou six ans, je vis des moines et j’eus envie de le devenir. Plus tard, à l’université, j’eus des relations directes avec des moines. Il me sembla alors que, pratiquement, leur vie n’etait pas si merveilleuse que ça. J’en déduis qu’il n’était pas impératif de devenir moine pour mener une vie spirituelle. Mon ego se flattait à la pensée que je pourrais gagner beaucoup d’argent pour aider les moines et les autres. Mais lorsque je rencontrais Baba ma vie changea et je devins moine. L’ironie du sort voulut que ce soit au moment ou je n’avais plus envie de devenir moine que je rencontrais Baba et le devins. Nous ne connaissons pas notre destin. Maintenant, je suis satisfait de ma vie. Lorsque j’écoutais d’autres moines, je ressentais un manque au niveau de la façon d’atteindre cet état intérieur. Probablement, Baba m’apporta ce qui manquait et combla le vide.
Maintenez constamment cet état de conscience. Seva et sadhana. Service et pratique spirituelle devraient aller de pair, côte à côte. Le service rendu aux autres apportera la purification du soi intérieur. Vous deviendrez alors de plus en plus conscients. Aimer tout le monde c’est aimer Dieu. Que Dieu vous bénisse tous, Om. Amen.
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Interprétation Métaphorique de Paramahamsa Hariharananda
Chapitre 16, Versets 8 et 9
Verset 8
asatyam apratishtam te
jagad ahur anishvaram
aparasparasambhutam
kim anyat kamahaitukam
Traduction
Ils disent qu’il n’y a pas de vérité dans l‘univers, qu’il ne repose sur rien et qu’il n’a pas de Maître, qu’il vient de l’union (entre mâles et femelles) et a donc été conçu dans la luxure. Qu’il y a-t’il en dehors de cela?
Interprétation Métaphorique
Les pensées, les paroles et les actions de ceux qui ont une nature démoniaque sont mal fondées, fausses et reposent sur l’erreur. Ils disent: “Il n’y a pas de vérité dans l’univers. Personne ne vit dans la vérité. Tout le monde ment.” Ils ne croient pas en l’existence de notre créateur, le Seigneur, le père suprême et tout puissant. Ils n’ont pas de foi en Dieu ni en Ses paroles telles qu’elles sont contenues dans les écritures et les livres spirituels. Ils détestent les discussions sur la moralité et sur Dieu. Ils ne savent qu’une chose: qu’ils sont nés pour manger, boire et faire la fête. Ils ne peuvent pas découvrir les fondements du monde. Ils sont plein d’hypocrisie, plongés dans l’erreur et ne croient pas à l’omniprésence, l’omniscience et l’omnipotence de Dieu.
Les gens de nature démoniaque n’ont aucun désir pour la culture spirituelle ni pour la vérité. Ils déclarent que Dieu n’existe pas. Pour eux, la cause de la création n’est que l’attirance entre les mâles et les femelles; il n’y a pas d’autre cause. Les mâles et les femelles jouissent sexuellement et engendrent des enfants. L’univers tout entier n’est qu’un effet secondaire de ce processus et ne recouvre aucun principe cosmique ou éternel. Les cinq organes des sens n’ont pour but que la jouissance et rien d’autre. La joie démoniaque consiste à fréquenter le sexe opposé, à faire des repas riches et délicieux, à gagner beaucoup d’argent et à le dépenser pour la gratification des sens: ce monde n’est qu’une aire de jeu pour la jouissance.
Ce genre de vie est basé sur l’incrédulité. Un mode de vie malsain et la jouissance sensuelle excessive exposent les gens à des maladies et des problèmes graves et à une mort prématurée. Ces gens sont aussi insatisfaits, furieux, orgueilleux, cruels et hypocrites, sans but supérieur dans la vie, sans but ultime à atteindre. Ils sont juste comme des insectes, soumis à la naissance, à la croissance, à la jouissance sexuelle et à la mort.
Verset 9
etam drishtim avashtabhya
nashtatmano ‘lpabuddhayah
prabhavanty ugrakarmanah
kshayaya jagato ‘hitah
Traduction
Fortes de cette fausse opinion, ces âmes perdues, douées de peu de talent ou de compréhension et agissant avec cruauté, se lèvent en ennemis du monde pour le détruire.
Interprétation Métaphorique
Dans ce verset, “ces âmes perdues” se réfère a ceux qui sont loin de la vérité et des qualités spirituelles (sattva), ceux qui sont absorbés à l’extrême dans les activités matérielles (rajas), et dans la paresse et le doute (tamas), engagés dans des activités des centres inférieurs. L’extrême état d’illusion et d’attachement au mensonge et aux ténèbres dans dans lequel ils se trouvent empêche la lumière de l’âme de briller en eux. “Ces âmes perdues” fait également allusion à ceux qui sont complètement absorbés dans la conscience corporelle, croyant qu’ils sont le corps et non pas l’âme.
Dans la Bible (Matthieu chapitre 10, verset 28) il est dit: “Ne craignez rien de ceux qui tuent le corps mais ne peuvent pas tuer l’âme. Craignez bien plutôt celui qui peut faire périr corps et âme dans la géhenne.” La parabole de la brebis perdue dans la Bible fait également allusion indirectement aux âmes perdues.
Les âmes perdues sont pleines de tendances démoniaques, errant constamment d’ida en pingala. Elles ne croient pas aux maîtres réalisés et ne recherchent pas leur contact par lequel leur sushumna (canal spirituel) pourrait s‘ouvrir. N’ayant pas d’éducation, elles sont incultes et grossières. A cause de leur ignorance, elles sont constamment d’une humeur négative. Elles utilisent leurs capacités mentales négativement, commettent de nombreuses erreurs, se laissent aller à des drogues qui les font divaguer et s’adonnent à des tâches en grande partie négatives. Elles aiment l’erreur, le mensonge et l’hypocrisie. Elles ont une grande passion pour l’argent et commettent d’innombrables mauvaises actions pour satisfaire ce désir comme des cambrioleurs, des voleurs, des pickpockets, des adultères. Remplis de passion et recherchant le plaisir des sens, elles n’hésitent pas à commettre des actes cruels, y compris à tuer, pour atteindre leur but.
Ceux dont la compréhension est si étroite, qui ne croient pas en Dieu, sont loin de la vérité et n’essayent pas de la percevoir. Leurs vies immorales, dépourvues de Dieu, créent le chaos dans le principe divin du monde. Toutes leurs activités sont égocentriques, antisociales, et destructrices pour l’humanité. Courant constamment à la mort, ils essayent de détruire le corps mondial par leurs actions négatives et nocives.
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Commentaires de Yogiraj Shri Shri Lahiri Mahasaya – Interprétation Métaphorique de Paramahamsa Prajnanananda
Sutra 21
Tivra-samveganam asannah
tivra = intense
samveganam = grande vitesse
asannah = prêt à se produire
Traduction
Le succès dans le yoga (samadhi) est très vite atteint pour ceux dont la sincérité est intense.
Commentaires de Shri Lahiri Mahasaya:
Par la pratique intense on atteint le samadhi.
Interprétation Métaphorique:
Pour manifester sa perfection la vie a besoin d’un but et d’une direction. La voie spirituelle est indubitablement glissante mais on peut la rendre plus rapide par l’effort sincère associé à la grâce et les conseils d’un tuteur.
Dans cette sutra, le sage expose les facteurs qui influencent l’évolution. Samvega vient des mots samyak (complet ou total) et vega (rapidité, mouvement). La voie du yoga est le périple intérieur à travers le sushumna en partant du muladhara (le bas de l’épine dorsale) jusqu’au sahasrara (le sommet de la tête). Le chercheur ou l’adepte du yoga doit donc aller de l’avant sincèrement pour atteindre le sahasrara et faire l’expérience de la béatitude divine.
Samvega veut dire zèle, énergie ou yogalipsa (le désir d’atteindre l’état de yoga). Tivra veut dire extrême ou intense. Lorsque le zèle est extrême et le désir de progresser très fort, l’évolution spirituelle rapide est inévitable.
Une autre signification de samvega est samskara, une tendance latente. La cause première de tout effort ou de toute entreprise est samskara: l’impression du passé. Celui qui a une forte tendance peut travailler avec une plus grande sincérité.
En résumé, celui qui ressent d’une façon extrême la douleur de la séparation d’avec le Seigneur Bien-aimé et ne peut plus la supporter va employer tout son zèle et son énergie pour aller de l’avant et être réuni avec Lui dans le sahasrara.
C’est l’attainement du samadhi.