Réalisation Divine Vol 12.2

Paramahamsa Hariharananda fait un signe de salut de la main
Paramahamsa Hariharananda

Sommaire

Lettre de Baba à Terry L.

Pour atteindre la réalisation divine le meilleur endroit est votre propre maison.
Il est inutile d’aller d’un lieu à un autre.
Se rendre d’un endroit à l’autre est extrêmement destructif.
Chez vous, asseyez-vous dans le calme et cherchez-Le tranquillement dans la tête, à l’intérieur de la fontanelle, avec le souffle le plus court. Cela vous apportera la réalité.

Dieu est unique. Mais les religions sont nombreuses. Il y a 50 types de souffles et de tendances.
Quarante-neuf de ces tendances vous mettront dans l’agitation. Il n’y a qu’un seul souffle léger; Dieu inspire.
Si vous fixez calmement votre attention à la fontanelle, vous verrez l’illumination, l’illumination, l’illumination, partout, tout autour.

Dieu n’est pas en Inde, allant de rue en rue. Si vous y allez-vous n’en retirerez que des frustrations, des problèmes, des inquiétudes, des angoisses et toutes sortes de tendances. Vous gaspillerez votre argent. Posez-vous donc la question de savoir si vous préférez rester assis dans votre propre chambre, à la fontanelle, ou aller d’un endroit à l’autre en dépensant d’énormes sommes d’argent. Dix mois en Inde n’est pas une plaisanterie. Cela demande énormément d’argent et suppose que vous le gagnez. En Inde vous ne pourrez pas gagner d’argent.

Ne perdez votre temps avec personne d’autre que Dieu et votre temps ne sera pas perdu.

Méfiez-vous de distractions trop nombreuses. Chez vous, dans votre chambre, ne perdez de temps qu’avec Dieu.

Je m’incline devant vous un million de fois.
Que Dieu vous bénisse.

Dieu ne se promène pas dans les rues de l’Inde.
Merci beaucoup.
Bénédictions avec mes remerciements.
Vous ne pouvez peut-être pas y aller, mais vous pouvez obtenir la réalité.

Humblement,
Hariharananda

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Discours de Swami Prajnanananda au Guru Purnima 2000

Deuxième partie: Vairagya

A chaque souffle, la vie est écourtée. La force et la vitalité ne sont pas permanentes. La prospérité matérielle est passagère. Le souffle peut s’arrêter à tout moment. Oh Dieu, lorsque je vois ma vie, je vois que tout est transitoire. Oh Dieu, je m’incline devant Toi. Accorde-moi la vraie compréhension, la force intérieure et la dévotion. Om. Amen.

L’Anglais est une très belle langue mais lorsque je la compare au Sanscrit, elle me paraît insuffisante. Une mère prend son enfant dans ses bras et prend soin de lui. La mère aime l’enfant. La mère et le père, en tant que mari et femme ont une relation particulière. La femme et le mari s’aiment. Le mot aimer est utilisé dans les deux cas. La mère aime l’enfant, la mère aime le père et la femme aime le mari. Nous avons une maison, une voiture et d’autres possessions matérielles. Nous pouvons aussi aimer notre maison et notre voiture. Bien que nous utilisons le même mot aimer, la nature de cet amour varie.

En Sanscrit il y a quatre mots différents pour quatre types d’attirances différentes. Pour la mère qui aime et s’occupe de son enfant on dit snaha. Pour l’amour entre la femme et le mari on dit rehma. On respecte et on aime ses parents et ce genre d’amour se dit srogta. On aime sa maison et ses biens matériels et ce genre d’amour se dit asopti.

L’Attachement

Il y a un mot en commun avec le Sanscrit qui est raga ou attachement. Nous sommes attachés au choses matérielles. Nous sommes attachés aux animaux domestiques. Nous sommes attachés aux gens.

L’un de nos plus grands attachements matériels est notre corps. Nous aimons ce corps. La plupart des gens ne peuvent pas imaginer qu’ils puissent exister sans corps. Lorsqu’ils se demandent qui ils sont, ils pensent: « Je suis Monsieur Untel ».

Un jour je demandais à une toute petite fille si elle était un garçon ou une fille. Elle répondit qu’elle était une fille. Je lui demandai qui lui avait dit qu’elle était une fille et je lui dis que je pensais qu’elle était un garçon.

Elle restait catégorique sur le fait qu’elle était une fille, mais après l’avoir questionnée à plusieurs reprises, elle répondit finalement que c’était sa mère qui lui avait dit qu’elle était une fille.

Nous y sommes si attachés que nous ne pouvons pas imaginer que nous ne sommes pas ce corps. Il y avait autrefois un esclave. Il était boiteux. Ses jambes étaient difformes. Un homme l’interpella: « Hé, le boiteux, regarde! »
Il s’arrêta immédiatement et dit: « Mes jambes boitent mais je ne suis pas boiteux. » Vers la fin de sa vie, cet esclave devint un grand philosophe.

Les mystiques et les philosophes sont très semblables: ils essayent de découvrir la Vérité. Celui qui essaye de se poser la question: « Qui suis-je? » est un philosophe. Mais on ne peut pas réaliser la vérité en lisant la réponse dans des livres ou en écoutant des discours.

La première qualité que nous avons examinée dans le dernier numéro de  » Réalisation Divine  » était le discernement. L’étudiant doit se maintenir dans un état de discernement. Nous devrions faire la différence entre le bien et le mal, le réel et l’irréel, la vérité et l’erreur. Nous devrions essayer de savoir ce qui est réel et ce qui est irréel. Mais nous ne devrions pas nous arrêter là car nous devrions aussi essayer de comprendre quel genre de relations nous devrions entretenir avec ce monde. Quel que soit l’endroit où nous nous trouvons, quel que soit ce que nous faisons, nous devrions nous demander « quel genre de rapports ai-je avec le monde? »

Comment Contrôler le Mental

La seconde qualité qu’un étudiant doit cultiver est connue sous le nom de vairagya dont la racine est raga qui signifie attachement, passion, amour et a qui indique l’absence de. Vairagya veut donc dire dénué d’attachement, de passion ou objectivité. La beauté de vairagya peut être découverte dans la Baghavad Gita ainsi que dans les Yoga Sutras de Patanjali. J’aime ces deux livres car ils sont des vrais guides spirituels pour le chercheur. Les Yoga Sutras de Patanjali décrivent comment se libérer vraiment du désarroi du mental et comment le maîtriser. Au sixième chapitre de la Baghavad Gita, Arjuna dit à Krishna qu’il en est arrivé à la conclusion que le mental ne peut pas être maîtrisé: « Essayer de contrôler mon mental, c’est comme essayer d’attraper de l’air dans ma main. Lorsque j’essaye d’attraper de l’air dans ma main, il n’y a plus d’air dans ma main. Il disparaît. De même lorsque j’essaye de maîtriser mon mental, je vois bien qu’il n’est pas sous mon contrôle. Je m’assois, ferme les yeux et j’essaye de méditer. Quelques minutes plus tard je me rends compte que je ne suis pas dans l’état de méditation. Mon mental est ailleurs. Mon mental est dans les choses matérielles, dans les affaires familiales ou s’occupe d’autre chose. Je ne suis pas à l’épicentre de la réalité, la fontanelle, le souffle. » Alors Krishna répond aux préoccupations d’Arjuna en disant: « Sans aucun doute le mental est agité. Sans aucun doute, il est difficile à maîtriser. Mais ne perd pas de vue que c’est possible. Ce n’est pas impossible. » Pour maîtriser le mental, deux choses sont nécessaires comme le dit Krishna dans la Baghavad Gita: l’une est abhyasa et l’autre est vairagya. On trouve la même chose dans les Yoga Sutras de Patanjali: abhyasa vairagya pryam tat niyarota, qu’on peut traduire par « Pour maîtriser le mental la pratique répétée et le détachement ou objectivité sont nécessaires. Abhyasa veut dire pratique répétée et Vairagya, comme nous l’avons déjà vu, veut dire détachement ou objectivité.

Qu’est-ce que Vairagya?

Approfondissons un peu plus notre compréhension de ce vairagya. Qu’est-ce que le détachement, qu’est-ce que l’objectivité? Si nous ne développons pas ce vairagya en nous-mêmes, nous ne pouvons pas réellement grandir spirituellement.

Imaginons que vous allez acheter un magnétophone et que le vendeur vous montre différents modèles. L’un d’entre eux lui échappe et tombe par terre. Comment réagiriez-vous à cet incident? Maintenant imaginons que vous avez examiné différents modèles et que vous en choisissez un. Vous décidez de l’acheter et passez à la caisse. Lorsque vous arrivez à votre voiture, il vous glisse des mains et tombe par terre. Quelle serait votre réaction?

Dans le premier cas, vous auriez peut-être une vague réaction du genre: « Ah, zut! » Mais dans le deuxième, vous sentiriez probablement votre cœur se serrer. Vous vous demanderiez ce qui s’est passé, si le magnétophone est cassé. L’angoisse ou le sentiment d’avoir perdu quelque chose pourrait vous saisir. Cette sensation vient de ce que vous considérez le magnétophone comme vôtre. Le magnétophone qui était tombé des mains du vendeur ne contenait aucun sens de « moi », « mon » ou d’appartenance. Dès que vous attachez un sens d’appartenance à un objet, vous êtes attachés à cet objet.

Il y avait un officier de police Anglais en Inde qui n’avait pas d’enfants mais il avait un chien qu’il aimait beaucoup. Il avait installé un lit pour son chien, complet avec la moustiquaire. Il passait des heures à jouer avec son chien, à parler à son chien. Lorsqu’il était de service de nuit, à 40 ou 50 kilomètres de son domicile, il téléphonait et demandait si le chien avait bien mangé. Si on lui disait que le chien n’avait pas mangé, il demandait qu’on lui mette l’écouteur à l’oreille pour qu’il puisse lui parler au téléphone. D’un côté, c’était une expression d’amour, et d’un autre une expression d’attachement. Les animaux s’attachent à nous et nous nous attachons à eux. Nous oublions qui nous sommes réellement et, à cause de cet attachement, il est très difficile de maîtriser l’émotion.

Je me souviens d’une étudiante qui méditait devant une photo de son chien. Je lui demandai pourquoi elle avait cette photo et elle répondit que c’était parce qu’il était malade. Quelques jours plus tard le chien mourut. Elle était si perturbée qu’elle vint me voir en pleurs et me demanda ce qu’il allait arriver au chien.

La vie spirituelle est une vie rationnelle : c’est aller de l’émotion à la raison, de la raison à l’intuition, de l’intuition à la réalisation. Mais la plupart des gens restent à l’état émotionnel. Ils n’essayent pas d’aller plus loin. Avec l’émotion, on ne peut pas grandir. Vairagya est donc le sens de détachement et d’objectivité que tout chercheur devrait essayer de développer.

Ne Désirez pas le Paradis

Nous voulons beaucoup de choses en cette vie. Nous voulons une maison. Nous voulons une famille. Nos voulons un enfant ou des enfants. Nous voulons davantage d’argent et un bon compte en banque. Pourquoi voulons-nous tout cela? Nous voulons les plaisirs de la vie. L’état de vairagya pourrait se caractériser par l’abandon mental du désir de jouir des choses de cette vie ou d’une réussite dans l’autre vie. Par exemple, beaucoup de gens veulent aller au ciel. Les textes Védiques nous exhortent à ne pas désirer le paradis. Ils disent qu’aller au ciel n’est pas l’état de libération. Beaucoup de religions considèrent le paradis comme le but final, mais dans les écritures Hindoues il est dit que pouvez éventuellement aller au paradis mais que vous vous en fatiguerez et que vous devrez revenir. Prenons l’exemple des vacances: on a une certaine somme d’argent et quelques jours de congé. Lorsqu’on a tout dépensé ou que la période de congé est finie, on doit retourner au travail. Sur le plan spirituel, d’après la Baghavad Gita, lorsqu’on va au paradis le séjour n’est pas permanent. Nous avons fait quelques bonnes actions et acquis un certain mérite grâce auquel l’accès au paradis peut nous être accordé. Mais lorsqu’on a épuisé son mérite, comme l’argent de poche en vacances, il faut retourner au travail. Ainsi, le paradis n’est pas le véritable état de libération. C’est pourquoi il est dit dans les textes Védiques et les Yoga Sutras, lorsqu’ils décrivent la notion de vairagya, qu’il ne faut aspirer aux plaisirs limités ni dans cette vie ni dans l’autre. Essayez d’atteindre l’état de béatitude infinie, de véritable bonheur qui ne vous échappera pas des mains. Nous devrions concentrer nos efforts sur le véritable bonheur et non le bonheur éphémère.

Vairagya peut nous aider à atteindre le bonheur permanent, sans condition de temps, de personne ou d’objet. Vairagya nous aide à comprendre pleinement la vie. Lorsqu’on sait que toutes ces choses ne sont pas réelles, on n’établit pas de relation avec les choses limitées mais les choses illimitées. N’établissant pas de relation avec le chien, on peut s’occuper du chien en gardant à l’esprit qu’il est la présence de Dieu. On peut aimer sa femme ou son mari en restant conscient que ce n’est pas le corps qu’on aime. Nous devrions au contraire nous demander « qui est celui que j’aime vraiment? » C’est l’âme demeurant au-dedans que nous aimons vraiment. On ne devrait pas aimer ses enfants avec une attitude possessive ou en pensant « mes enfants devraient faire comme moi », mais en acceptant son devoir de responsabilité envers ses enfants tout en les aimant comme la manifestation de Dieu.

Nous devons développer cette attitude de vairagya dans notre vie quotidienne. Nous vivons dans le monde mais nous ne devrions pas nous sentir concernés par toutes ces choses limitées. Nous devrions essayer de changer notre propre vie. Nous devrions essayer de nous transformer nous-mêmes. Nous devrions maîtriser les habitudes négatives qui sont en nous. Alors notre vie sera plus belle.

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Une lettre de Swami Prajnananandaji sur son voyage en Inde

Harih Om.
Que Dieu vous bénisse.
Je m’incline devant vous.

Je suis arrivé à Vienne le 30 janvier au matin après un voyage en Inde bien rempli du premier au 29 janvier. Je suis arrivé à Delhi le Jour de l’An. Le 2 janvier j’ai fait un saut à Rishikesh et j’étais de retour à Delhi le soir même. Le 3 j’étais à Calcutta où nous avons inauguré notre nouveau Dhyana Mandir. C’est petit mais très beau. Il y avait aussi une conférence à Calcutta à l’université de Jadabpur qui eut beaucoup de succès. Elle se termina par un exposé sur le Yoga et le Yuga Dharma que je fis en Bengali au nom de l’université.

Entre le 7 et le 9 Janvier 2002 je fis deux conférences sur la Baghavad Gita au Rabindra Mandap de Bhubaneswar auxquelles plus de 500 personnes assistèrent chaque jour. Le 8 fut l’inauguration du service d’ambulances du Centre Charitable de Santé Hariharananda à Balighai et au Collège voisin, la pose de la première pierre de la Bibliothèque Hariharananda. Sa Sainteté le Shankaracharya de Puri nous honora de sa présence à ces deux cérémonies. Puis j’ai passé trois jours au Sahid Bhavan à Cuttack auquel assistèrent plus de 1200 personnes.

J’ai ensuite passé 8 jours à Balighai où plus de 89 personnes reçurent l’initiation. Puis Swami Brahmananadaji et moi-même nous rendirent à Nagpur pour quatre soirées où il y eut aussi de très belles conférences. Le 27 nous nous retrouvâmes, les quatre moines Shuddhanandaji, Vidyadhishanandaji, Brahmanandaji et moi-même, à Delhi et nous passâmes deux soirées à Rishikesh. Ce fut merveilleux pour moi. Un bain froid dans le Gange est toujours un événement mémorable. Je suis maintenant de retour à Vienne et une nouvelle série de conférences commence aujourd’hui.

Je pense à vous tous et prie pour vous tous.
Avec amour,
Prajnanananda

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La voie de la prière contemplative

D’après un exposé de Swami Sarveshwarananda Giri

Être Activement Calme et Calmement Actif

L’Évangile de Luc, au chapitre 10, versets 38 à 43, nous raconte l’histoire de Jésus rendant visite à une famille de disciples, Lazare, Marthe et Marie, qu’il aimait beaucoup. Marthe est très occupée à la préparation du repas, à mettre la table, faire la cuisine, faire le ménage et tout ce qui est nécessaire pour rendre honneur à leur invité divin. Sa sœur, Marie, est simplement assise aux pieds de Jésus, les yeux fixés sur Lui. Au bout d’un moment, Marthe commence à montrer son impatience et dit à Jésus : « N’est-il pas répréhensible de la part de ma sœur Marie de ne pas m’aider à Vous accueillir dans notre maison? »

Le Seigneur Jésus répond : « Marthe, Marthe, ta sœur a choisi la meilleure place et elle ne lui sera jamais enlevée. »

Ce bref épisode qui n’est rapporté que dans l’Évangile de Luc est une indication que l’église originelle pratiquait la contemplation en accord avec les enseignements de Jésus. (Dans la tradition Chrétienne, « contemplation » veut dire atteindre l’état de libération de la pensée que les yogis appellent « méditation »)

La méditation est la voie choisie par Marie. En chacun de nous, les chercheurs spirituels, il y a une Marthe et une Marie. La transformation de Marthe en Marie symbolise le but que nous nous sommes fixé, de nous éloigner de notre étalage extérieur, de notre travail spirituel extérieur et de trouver le repos dans notre vie intérieure. Les Upanishads décrivent le yogi dans l’état de béatitude comme « celui qui demeure dans le Soi ». Demeurer dans le soi signifie laisser Dieu, le Soi, faire le travail, tout en demeurant au repos, en témoin de la Volonté Divine. Yoganandaji disait: « Soyez toujours activement calme et calmement actif. » C’est Marie. Être Marie ne veut pas dire être passif et ne rien faire. Marie était assise à la source de la connaissance, assise aux pieds de Jésus et le regardant, comme nous les kriyavans, assis à la fontanelle, la source de la connaissance elle-même, et intériorisant avec une foi totale que le Seigneur accomplit son œuvre à travers nous.

De même qu’il y a une tension dynamique entre Marie et Marthe, il y avait aussi une dichotomie spirituelle entre Jean et Pierre. Pierre était l’action orientée et Jean était davantage un mystique, le seul qui comprit vraiment Jésus. Les évangiles se réfèrent à lui à plusieurs reprises comme « celui que Jésus aimait ». Il avait une personnalité très introvertie et suivait son maître en toute tranquillité alors que Pierre avait toujours une épée à la main, était souvent agressif et quelque peu vantard.

La Contemplation chez les Premiers Chrétiens

Se fondant sur les enseignements contenus dans les évangiles, les premiers pères de l’église développèrent une forme de méditation connue sous des noms différents. On l’appelait « Le Travail d’Amour », « La Vie Intérieure » ou « La Prière Contemplative ». Elle était enseignée principalement par les pères du désert, un groupe qui entretenait soigneusement et développait les racines authentiques de la chrétienté. Les pères de l’église furent forcés de se retirer dans les déserts de Syrie, d’Égypte et de Libye aux environs du troisième et quatrième siècle. Cette retraite fut causée par un renversement de la situation des Chrétiens au troisième siècle. Pour la première fois dans leur histoire, les Chrétiens n’étaient plus persécutés car le nouvel empereur, Constantin (et tout l’Empire Romain avec lui) s’était converti au Christianisme. Au lieu de les persécuter et de les jeter aux lions, l’empereur fit de leur foi une religion d’état. Le Christianisme se répandit rapidement à travers l’Empire Romain et le royaume Byzantin. La chance avait tourné si vite que cela devint bientôt trop confortable et trop institutionnalisé. Dans certains cas, malheureusement, les persécutés devinrent les persécuteurs et essayèrent d’éliminer tout ce qui n’était pas considéré orthodoxe. La religion se mêla à la politique.

Un groupe de jeunes hommes et femmes pleins de dévotion et de pureté se retirèrent dans le désert. Ils fondèrent quelques communautés ou ermitages où ils s’immergèrent en profondeur dans le monde des évangiles et la pratique de cette vie Christique. Les demeures des pères du désert étaient comme un laboratoire spirituel de recherche sur la façon d’atteindre le mode de vie de Marie, la sœur tranquille, ou de Jean le Bien-Aimé.

Le Nuage de l’Inconnu

Les pères du désert pratiquèrent et enseignèrent une méthode de méditation appelée Travail d’Amour. Un moine du nom d’Abba Isaac ou Père Isaac (abba veut dire père en Araméen) transmit son enseignement à un grand nombre d’autres moines et en particulier à un moine Français du nom de Jean Cassian qui plus tard rentra en France et écrivit un manuel de pratiques spirituelles et de techniques de méditation appelé  » Les Conférences « . C’est un ouvrage énorme et l’un des manuels de méditation Chrétienne les plus pratiques. Il fut enseigné pendant longtemps dans les monastères et aussi aux profanes mais était conçu plus particulièrement pour la vie monastique. On y lisait les écritures mais, en plus, on y pratiquait la technique qui enseignait comment atteindre la tranquillité, comment libérer le mental de toute pensée et recevoir la Présence Sacrée.

Malheureusement, de nouveau à cause de la politique de l’Église et parce que l’Église devenait de plus en plus orientée vers l’esprit missionnaire au lieu de l’esprit contemplatif, ce mouvement contemplatif tomba dans l’oubli. Au quinzième ou seizième siècle, plus personne ne pratiquait l’enseignement. C’est un ouvrage spirituel classique qu’on peut trouver dans n’importe quelle librairie sauf, comme par hasard, dans une librairie Chrétienne. Je vais vous raconter une petite anecdote pour illustrer cette situation. Il y a quelques années, une disciple de Cleveland me demanda quel ouvrage pourrait l’aider à en apprendre davantage sur les aspects mystiques et contemplatifs de la tradition Chrétienne. Je lui donnai une liste d’une dizaine de livres parmi lesquels se trouvait Le Nuage de l’Inconnu. Elle alla dans l’une des plus grosses librairies Chrétiennes au monde, de la taille d’un centre commercial, et n’y trouva aucun de ces livres, pas un seul. Elle alla alors dans un petit magasin des librairies Border et les y trouva tous! Malheureusement le courant dominant de la Chrétienté d’aujourd’hui ne s’intéresse pas au développement d’une compréhension intérieure, d’une vie intérieure Chrétienne. Il ne s’agit que de sermons, que d’un culte extérieur, que de la vie des grands saints et le développement de la vie intérieure est complètement ignoré.

Le Renouveau Moderne De La Contemplation Chrétienne

Le Nuage de l’Inconnu contribue aujourd’hui au renouveau de la tradition contemplative au sein de l’église Chrétienne. Dans les années 70, un groupe de moines du monastère Bénédictin St Joseph entreprit l’étude détaillée de ce livre. Il décrit pas à pas une technique de méditation: « vous vous asseyez comme ça, vous vous concentrez sur ce mot, si des pensées vous viennent vous utilisez telle technique pour éliminer ces pensées et essayer de vous fondre en Dieu. » Dieu est connu comme « Le Nuage de l’Inconnu », l’élévation totale du mental dans un nuage d’inconnu. C’est ce qu’on appelle paravastha. Ce groupe de monastiques, Père Thomas Keating, Père William Meninger et Père Basil Pennington, vivaient ensemble lorsqu’ils étaient jeunes gens. Ils commencèrent par apprendre ces techniques par eux-mêmes puis à les enseigner aux membres de leur communauté monastique. C’était comme apporter de l’eau fraîche à des gens mourant de soif, perdus dans le désert. Les moines qui éprouvaient tant de difficultés étaient soulagés par ces techniques d’apaisement du mental, d’harmonisation de la conscience avec Dieu dans le cadre de leur propre tradition. Ils se mirent à les enseigner dans de nombreux autres monastères et quelques années plus tard, la demande était devenue si forte qu’ils se mirent à les enseigner aux laïques. Ils pensaient que la réception ne serait pas très bonne car c’était si différent du courant de pensée que l’église traditionnelle enseignait, si radicalement différent. Mais la réponse fut au delà de toute espérance. Il y a maintenant des centres qui enseignent ces techniques tout autour du monde et un grand nombre sont aux États-Unis. Mais ce n’est encore qu’un mouvement marginal et n’est ni reconnu ni enseigné comme faisant partie des enseignements traditionnels de l’Église.

Si vous lisez ce livre vous y verrez d’étranges ressemblances avec la description de la méditation telle que nous la pratiquons. Il contient aussi des conseils spirituels très pratiques. Il propose plusieurs stratégies à adopter lorsque le mental est complètement harcelé par les pensées, une difficulté que toute personne qui pratique la méditation doit affronter. L’utilisation de mantras y est recommandée. Le mot mantra n’y est pas utilisé mais simplement « mot » ou « prière ». Les premiers pères de l’église appelaient cette prière monologion, un mot Grec qui signifie monosyllabe ou un seul mot. Ils utilisaient « grâce », mais vous pouviez aussi utiliser « Dieu » ou « amour ». Vous auriez pu aussi dire « Abba » ou « Jésus » ou « Sainte Marie ». Chaque fois que le mental se mettait à vagabonder ou à errer, ils le ramenait à ce mot, exactement comme ce qui est pratiqué en Inde avec le mantra yoga.

Le but de cette technique de contemplation n’est pas simplement de s’absorber dans ce mot mais c’est de se débarrasser graduellement de l’agitation mentale, d’éloigner le mental des pensées mondaines jusqu’à pouvoir enfin se reposer dans le Soi où même ce mot disparaît. On entrera alors dans la tranquillité complète : paravastha. Tel est le but de la vraie méditation et de la vraie prière contemplative.

L’Abandon

Ce très beau livre recommande une autre stratégie lorsque les pensées sont trop agitées et trop obsédantes et que la pratique du « Mot » ne semble pas marcher. Il suggère que lorsque que vous atteignez le point où vous n’en pouvez plus de vous battre avec vos pensées et que vous devenez de plus en plus agité, de simplement dire: « C’est inutile de se battre ». Rendez les armes, gisez au sol comme un captif ou même un lâche, et dites: « Dieu, s’il vous plaît, prenez l’affaire en main. Je ne peux pas y arriver. C’est inutile. Je me bats et je me bats mais ça ne me mène nulle part. » Cette attitude est l’attitude de totale dépendance de Dieu, de l’abandon et de la réalisation que mes efforts personnels, sans la grâce de Dieu, ne me mèneront pas au but. Laissez Dieu faire les choses à travers vous.

C’est ce que nous faisons avec le Kriya. Nous devons en arriver au point ou l’on sent que Dieu nous médite, que nous ne méditons pas sur Dieu. Qui médite sur qui? Rendez vous comme un captif devant l’ennemi (l’ennemi ce sont vos pensées) et priez: « Dieu, je ne dépends que de Toi. Je ne peux pas me sauver moi-même. Il n’y a pas d’autre solution. » Si vous faites cela dans le plus total abandon de vous-même, vous verrez alors la différence. La chose la pire que nous puissions faire lorsque nous essayons de nous libérer de nos pensées est de se battre contre elles. Cela crée une réaction en chaîne : une pensée en remplace une autre, puis se transforme en pensées coléreuses, en pensées vertueuses, en pensées impatientes.

Le Père Thomas Keating explique merveilleusement comment ce mantra, « le Mot » est si efficace en utilisant la comparaison avec la vie de bureau. Imaginez que vous êtes un homme ou une femme d’affaire très occupé et que vous avez une réceptionniste qui essaye de maintenir les importuns à l’écart. La réceptionniste empêche les vendeurs, journalistes ou collègues de faire irruption dans votre bureau. La réceptionniste est là pour maintenir le calme et la tranquillité autour de vous. Elle ne vous dérange que pour les choses importantes et vous pouvez ainsi vous concentrer sur votre tâche. Les vendeurs sont vos pensées, cherchant constamment à attirer votre attention. Le patron est le chercheur spirituel qui essaye de retourner à l’essence pure. La réceptionniste est l’inconscient. Elle filtre un grand nombre de ces stimulis dans l’inconscient de telle sorte que vous n’êtes pas constamment consciemment bombardés par des messages, des demandes, des informations. Chaque minute est remplie de millions de stimulis mais la plupart restent inconscients. Malgré tout, cela n’est pas suffisant car il y a toujours des vendeurs ou des journalistes agressifs qui réussissent à s’infiltrer lorsque la réceptionniste fait une pause café (lorsque nous ne nous tenons pas sur nos gardes). Parfois l’inconscient émerge dans le conscient. Lorsque vous pratiquez « Le Mot » comme l’explique le Père Keating, c’est comme ouvrir une porte secrète par laquelle le patron peut se dérober. Même lorsque qu’un vendeur, un journaliste ou un collègue arrive à s’infiltrer dans son bureau (le conscient), il n’y trouve personne. Tel est le pouvoir du « Mot ». C’est se reposer dans la tranquillité du Soi. Vous êtes complètement détaché et l’agitation créée par le vendeur ne vous dérange pas. Dans la tradition du Kriya Yoga nous utilisons le souffle au lieu du « Mot ». Le souffle est notre porte dérobée.

Si vous lisez des écrits sur la spiritualité des débuts de la chrétienté, comme La voie du Pélerin ou Le Philokalia ou les écrits de la branche orthodoxe du christianisme, vous y trouvez souvent le concept de la répétition d’un monologion, ou la prière à Jésus: « Seigneur Jésus, aie pitié de moi. » Ces mantras habituent le mental à se reposer sur ce rythme intérieur de telle sorte qu’il s’enclenche spontanément. Il n’est plus nécessaire au practicien de penser aux mots car ils se synchronisent avec le souffle. Chaque souffle ou chaque battement de cœur, comme il est dit dans Le Philokalia, engendre automatiquement cette prière intérieure. Pour le ramener au contexte du Kriya, il suffit de substituer « mot » ou « prière » par « souffle » et vous avez la même technique.

La Source de Tous les Mantras

Dans le Kriya Yoga nous n’utilisons pas de mantras parce que nous sommes déjà constamment conscient du plus grand des mantras : le Son Divin. C’est la source de tous les mantras. C’est la mère de tous les mantras. Il n’y a pas besoin d’articuler de prière ou de mot particulier parce qu’on retourne à la source simplement en écoutant. Observez le souffle, concentrez-vous sur le son et au dedans du son vous verrez alors la lumière et dans la lumière il y aura la pulsation, la vibration. La fontanelle est l’accès à votre porte dérobée.

La Paix Mondiale Commence par la Paix Intérieure

Cette année et l’année précédente, l’ONU organisa un sommet pour la promotion de la paix mondiale à travers toutes les religions. L’organisateur écrivit récemment qu’il apprit beaucoup des participants mais qu’il était malgré tout déçu. Il avait consacré tant d’efforts, de travail et d’énergie pour rassembler un grand nombre de chefs religieux dans l’espoir d’essayer de résoudre les problèmes du monde en montrant que la coopération entre religions était possible (80 % des guerres et des conflits sur terre naissent de considérations religieuses). Mais au cours de la réunion, tous les chefs religieux commencèrent à débattre de la supériorité de leur propre religion. Ils avaient convenu de laisser cela de côté pour pouvoir travailler sur ce qu’ils avaient en commun et non sur leurs différences. Ce n’est pas ce qui se produisit. La conférence n’aboutit à rien parce qu’un des chefs religieux insista sur le fait que sa religion était la vraie et qu’il ne pouvait laisser les autres en paix car c’était la volonté de Dieu que tous les autres se convertissent. Ils ne purent même pas signer un document commun à la fin de la conférence.

Si l’unité entre toutes les religion devait un jour se faire, ce ne pourrait être qu’à travers l’aspect contemplatif. Ce ne sera jamais fondé sur le dogme, l’argumentation ou la rédaction de proclamations.

Mais il y a une très grande peur de la vie contemplative au sein des religions organisées. J’ai souvent vu des gens qui venaient me voir à la fin d’une conférence en disant: « Oh, ça a l’air vraiment merveilleux, mais j’ai peur de m’aliéner mon rabbi, mon curé ou ma communauté, ma famille religieuse, si je me mets à pratiquer cela. Puis-je venir en secret? Mon curé dit que la méditation est l’œuvre du diable. »

Ce n’est pas étonnant que nous ne puissions jamais avoir la paix dans le monde. La paix mondiale commence par la paix intérieure. C’est la seule façon de la promouvoir. Qu’une seule personne dans la communauté s’asseye et apprenne à devenir tranquille, à devenir paisible, à aimer, à aimer avec respect, tranquillement, sans condition. Ça va sûrement avoir un effet sur les autres membres et ils vont en voir les avantages et comprendre qu’il ne s’agit pas de l’œuvre du démon.

Ce n’est que par le silence que vous pouvez convaincre les gens. St. Jean de la Croix dit un jour:  » De toute éternité, le Père n’a prononcé qu’un mot et ce mot est le silence. » C’est ce que le mot prière veut réellement dire. Prière veut dire que vous vous asseyez comme un petit enfant, vous devenez humble, vous vous asseyez aux pieds de Jésus, comme Marie, et vous écoutez, vous écoutez vraiment, sans faire de plans, sans faire de suppositions, d’investigation. Simplement s’asseoir et être.

Il y avait un grand Maître en Inde du nom de Poonjaji. A quiconque venait le voir il dit Summa iru! « tais-toi », c’est à dire sois tranquille, immobile, arrête. Il n’enseignait rien d’autre mais il admettait qu’il a de nombreuses stratégies pour faire taire les gens. Il disait à certains, en particulier aux occidentaux, qu’il allait leur donner un mantra secret, mais seulement lorsqu’ils se seront mis en sirshasana, une posture de hata yoga, la tête en bas et les pieds en l’air. Il les laissait alors se démener un moment pour se mettre dans la position du sirshasana, puis il se penchait vers leur oreille et disait: « et maintenant je vais vous dire ce mantra tout spécial. Faites très attention et soyez vigilant » et il murmure « tais-toi. »

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Les quatre clés de la pratique spirituelle

Edition d’une conférence de Swami Shuddhananda Giri donnée au Kriya Yoga Institute le 13 Octobre 2000.

Je m’incline encore et encore devant les Maîtres.

Tout au long de votre vie spirituelle, il y a une pensée qui doit rester claire: « Je veux savoir Cela. Je veux être conscient de Cela et je sais que j’en suis incapable. Je ne peux pas le faire mais j’essaye. Je ne connais pas encore l’existence de Dieu. Je suis inconscient, mais j’essaye ». Il faut garder cette idée présente à l’esprit.

Il y a deux types de pratiques spirituelles. L’une repose sur votre propre effort et vos capacités. L’autre sur la grâce de Dieu et des gourous. Dans le premier cas vous pratiquez des techniques en pensant que vous avez un certain pouvoir et certaines aptitudes, c’est à dire que vous faites quelque chose par vous-même: c’est l’effort personnel. Puis la grâce de Dieu et des gourous entre dans votre vie. A partir de là et jusqu’à la réalisation ce que vous pratiquez s’appelle « pratique par la grâce. »

Avancez avec la Grâce de Dieu

Imaginez le courant d’une rivière. L’effort dans la vie Spirituelle c’est comme ramer à contre courant. C’est dur et plein d’embûches. Mais vous allez vers la source de la rivière, vers la source de la vie. Lorsque vous croyez être arrivé à la source, vous ne voyez toujours pas d’où vient l’eau. Vous ne voyez rien. C’est le résultat de la pratique spirituelle basée sur l’effort personnel. On peut pratiquer tous les jours sans rien trouver. Le véritable abandon naît de ce qu’on ne trouve rien et qu’on réalise qu’on ne peut pas y arriver par un effort personnel. Alors la grâce de Dieu et des gourous s’insinue dans votre vie et l’effort disparaît de la pratique. Votre barque remontait le courant, mais avec la grâce elle fait demi-tour et se met à suivre le courant. Quand la barque descend le courant, bien qu’elle ne soit plus à la source, elle est toujours dans la rivière et l’effort disparaît de la pratique. Sans la grâce de Dieu, vous ne pouvez pas avancer. Lorsque vous essayez d’avancer et ne trouvez pas la source, vous vous abandonnez et reconnaissez votre impuissance.

Avec la grâce de Dieu, la barque peut atteindre l’océan. Pour obtenir cette grâce il faut tout d’abord pratiquer par l’effort personnel et user de toutes ses forces car les sens et les désirs vont vous tirer en arrière jusqu’à ce que vous réalisiez que vous ne trouvez rien. Avant d’en arriver là, nous devons diriger nous-mêmes notre barque spirituelle. Il est important de garder à l’esprit que, tant que vous n’avez pas réalisé que vous ne trouvez rien et que l’abandon suivi de la grâce ne se sont pas manifestés, l’effort personnel est nécessaire. Lorsque vous êtes enfin capable d’abandon, alors vous commencez à percevoir et à aimer Dieu davantage. Alors, peu à peu, votre canot de sauvetage va se mettre à naviguer sans effort. Telles sont les deux étapes de la pratique spirituelle.

Il faut donc poursuivre la pratique par l’effort personnel jusqu’à atteindre l’état de néant. Lorsque vous en avez fini avec vos efforts, alors Dieu peut prendre la relève. Pour le succès spirituel, la grâce de Dieu, la grâce du Maître et la grâce de votre propre Soi sont essentielles (33,3% chacune). Mais pour obtenir les 66% de grâce de Dieu et des gourous vous devez vous faire grâce à vous-même. Vous devez allez à la banque pour retirer votre argent. Le directeur vous donnera alors la clé de votre coffre. De même, la grâce est déjà là. Tous les trésors spirituels sont dans le coffre. Si vous parvenez à cet état, vous recevrez la clé des mains de Dieu.

Qu’est-ce Qui Est Réel et Qu’est-ce Qui Est Irréel?

Shankaracharya dit qu’il faut quatre choses dans la vie spirituelle. Tout d’abord nous devons apprendre à faire la différence entre ce qui est éternel et ce qui est éphémère. Si vous analysez la question de savoir ce qui est éternel et ce qui ne l’est pas, vous découvrirez que Dieu seul est éternel. Tout les reste est anitya, irréel. La réalité est ce qui existe tout le temps et partout, ce qui est au delà du temps et de l’espace. Tout le reste est changeant. Ce que nous percevons à travers les organes des sens et le mental est impermanent. La nature changeante de la création est appelée maya ou avidya, l’ignorance.

La réalité existe tout le temps et cette réalité présente en vous est votre âme. Il faut être conscient de votre identité, nitya-vastu. Vous devez essayer d’être conscient de la présence de Dieu partout. La connaissance de cette vérité s’appelle sat-vastu.

Deuxièmement, nous devons rester détachés des plaisirs matériels. Si vous avez un million de dollars vous n’allez pas courir après de la menue monnaie. De même ce bonheur matériel n’est rien par rapport à la joie divine. Ce plaisir temporaire et limité que vous ne pouvez avoir tout le temps et partout s’appelle anitya sukhah.

Le plaisir peut être divisé en deux catégories: l’un des types de plaisir naît immédiatement après une action tandis que l’autre type de bonheur n’apparaît qu’un certain temps après l’action. Faites votre devoir sans espérer de récompense, qu’elle soit immédiate ou reportée à plus tard.

Rester libre du monde matériel est facile. Beaucoup de gens ne sont pas attachés au monde objectif mais sont attachés au monde mental. Nous aimons par exemple que les gens pensent du bien de nous ou nous trouvent spirituels ou nous voudrions qu’ils nous aiment. Rester libre du monde mental est difficile. Il faut pratiquer de plus en plus et garder son équilibre. Vous ne devriez pas vous inquiéter de ce que les autres pensent de vous.

Tout le monde recherche le bien. Tout le monde veut être heureux et recherche la béatitude. Personne ne veut être malheureux. Le mental veut tirer son plaisir du monde matériel; il est aveugle et veut le bonheur mais il ne peut trouver que le plaisir à travers les organes des sens. Lorsque les organes des sens obtiennent les objets des sens, il y a plaisir. Le mental est alors heureux et nous nous sentons heureux. Cela vient de ce que nous sommes identifiés au mental. Dans le monde spirituel, nous devons rester détachés du mental. Alors, même lorsque le mental et les sens ressentent du plaisir, nous sommes détachés. Lorsque le mental et les sens ne ressentent pas de plaisir, ils se mettent à errer. Si l’on se laisse prendre à ce jeu, on est constamment en manque.

Il était une fois un roi qui avait de nombreux fils. Il fut maudit par un moine qui lui dit qu’il allait devenir très vieux immédiatement. Son corps devint fragile, ses cheveux d’un beau brun foncé, tournèrent gris, mais son mental n’était pas vieux. Le roi avait toujours le désir de rester dans le monde matériel et ses plaisirs. Il proposa donc un marché à ses fils. Celui qui accepterait de prendre sur lui sa vieillesse recevrait en échange son royaume lorsqu’il aurait fini de jouir du monde matériel. Les trois premiers refusèrent mais le dernier accepta de donner au roi sa jeunesse. Le roi en jouit pendant mille ans. Après tant de plaisirs il se rendit compte qu’il n’y avait pas de fin aux désirs créés par le mental et les sens. Plus il jouissait, plus le désir se multipliait. Finalement il abandonna la jeunesse et entra dans la vieillesse. Lorsque vous serez conscients que vous êtes l’âme, vous ressentirez sa béatitude. Dans l’état de béatitude, on ne ressent pas le besoin des plaisirs du corps ou du mental.

Nous recherchons le bonheur dans le monde matériel parce que nous n’avons pas encore goûté le nectar de la béatitude éternelle. Nous avons tous la béatitude infinie cachée au dedans de nous. Lorsque vous en aurez goûté un seule goutte, vous ne serez plus intéressé par le monde matériel.

Demandez-vous où vous en êtes. Vous avez peut-être un peu de vairagya mais vous avez toujours des désirs. Dans ce cas, essayez d’acquérir l’habitude de rester conscient de votre désir pour la béatitude éternelle en dépit des obstacles des sens. Sachez qu’ils ne vous satisferont pas.

Soyez Pur

Donc, nous devrions contrôler le mental et les organes des sens. Dans le monde spirituel, nous ne devrions pas essayer de contrôler par force parce que nous ne réussirions pas. Mais il y a une méthode à la fois très simple et très pratique pour contrôler le mental et les organes des sens: rester continuellement conscient, prier constamment. Priez Dieu de vous libérer et restez continuellement dans la conscience du souffle. Cela changera votre état d’esprit et vous calmera. Si vous restez au dessus du cinquième chakra, vishuddha, vous êtes pur, shuddha. Si vous restez en dessous du cinquième chakra, vous serez ashuddha, ou impur.

Ceux qui sont tamasiques vivent dans les trois centres inférieurs, les rajasiques dans les deux centres intermédiaires et les satviques vivent au dessus. L’aspirant spirituel doit vivre une vie satvique. Vous devez utiliser votre corps et votre mental mais tant que vous maintenez le lien intérieur, vous êtes libres du corps et du mental.

Acceptez les Fruits de Vos Actions Passées

Troisièmement, nous avons besoin de titiksha, d’endurance dans la vie spirituelle. Prenez toutes choses et leur contraire de la même façon: chaud et froid, attirance et répulsion, bonheur et tristesse… Lorsque vous percevez l’unité en tout, la question ou le sentiment d’opposition disparaît. Mais tant que vous vous identifiez au mental, vous vivez dans la dualité. C’est le jeu du mental et de la matière. Ces états ne sont pas permanents. Tout ce qui se présente à vous est la grâce de Dieu. Gardez cette attitude. Souvenez-vous, les fruits de vos actions reposent sur vos actions passées: acceptez-les. Vous avez planté l’arbre, mais si vous en refusez les fruits vous serez en déséquilibre. Tout ce qui se présente dans votre vie, acceptez-le. C’est ce qu’on appelle titiksha.

Se fixer au dedans est essentiel au progrès spirituel. Dirigez votre attention vers le haut et gardez l’état d’équilibre intérieur. Dans cet état, le déséquilibre extérieur ne dérangera pas votre équilibre interne.

Le Maître éprouve un Disciple

Shraddha veut dire avoir la foi avec amour. C’est ainsi que vous devriez aimer le Gourou et c’est la quatrième clé. Vous devez avoir une foi totale dans les écritures et le gourou. N’ayez pas l’ombre d’un doute. Acceptez à cœur ouvert ce que vous dit votre maître. Si vous restez dans l’état d’ashraddha, sans foi et sans amour, votre vie est gâchée. Si vous êtes un néophyte et que vous vous mettez à tout analyser, vous vous compliquez la vie, mais si vous vous offrez au Gourou, tout est facile. L’histoire d’un moine que je connais va illustrer le point. Il vivait près de chez nous. Lorsqu’il était jeune, il alla voir un grand saint pour devenir son disciple. Lorsqu’il arriva il était environ midi et le déjeuner était presque prêt. Le maître lui demanda de rendre quelques services (seva) comme c’était la coutume avant de participer au repas. (Quiconque venait à l’ashram de Gandhi devait accomplir un certain travail et prier avant les repas.) Le maître lui dit de prendre une hache et d’aller couper du bois mais ne précisa pas pendant combien de temps. Il coupa du bois pendant des heures. Malgré sa faim, il ne se plaignit pas. Il pensait qu’il faisait son devoir et ne s’arrêterait que lorsque le maître lui dirait. Ce genre de personne réussit dans la vie spirituelle. A 16 heures, le maître se leva et demanda si le jeune garçon était venu prendre son repas. Les autres disciples répondirent que non et qu’il était toujours en train de couper du bois. Le maître testait la qualité du disciple. Le disciple était prêt à accepter tout ce que le maître lui dirait.

Les Trois Laïques

Dans la vie, lorsque vous vous trouvez confronté à ce que vous percevez comme étant un problème, vous pourrez toujours trouver la solution grâce au yoga. Le problème vient de ce que vous vous identifiez avec le mental et le corps. Dans la vie spirituelle, au contraire, ce genre de problème n’existe pas. Il y avait trois laïques qui vivaient dans l’Inde occidentale (dans l’état de Maharashtra.) L’un d’entre eux était heureux en mariage. Un autre était célibataire. Le troisième était marié à une femme qui lui reprochait constamment de ne pas s’occuper comme il faut de son devoir familial. Tous les trois étaient très spirituels: Un jour ils échangeaient leurs impressions: le célibataire disait qu’il était très reconnaissant à Dieu de ne pas lui donner de femme avec toutes les responsabilités qui vont de pair avec le rôle de mari. Il se sentait libre de méditer et sans attache. Celui qui était heureux en mariage, disait que sa femme était belle et essayait toujours de l’aider au niveau spirituel. Il en remerciait Dieu. Le troisième dont la femme était querelleuse remerciait Dieu de lui avoir donné une femme comme ça car chaque fois qu’il la voyait, elle lui faisait penser à Dieu. Tous les trois étaient heureux malgré les circonstances si différentes dans lesquelles ils se trouvaient.

Une personne spirituelle qui a un désir extrême pour la réalisation divine n’a pas d’autre devoir que la réalisation de Dieu. C’est ce qu’enseigne Adi Shankacharya. Il écrivit de nombreux livres. Lorsque vous lisez ce genre d’écrits, que vous écoutez et contemplez, vous en tirez un grand nombre d’idées pratiques.

Bien que vous vous serviez de votre corps et de votre mental, ne laissez pas le monde matériel vous accaparer. A chaque action, tournez-vous au dedans. Soyez plus humble. Vous direz alors au Seigneur que vous ne savez rien et que vous n’êtes rien. Tout ce que vous voyez est Maya, mais tout est Dieu. Lorsque vous réalisez cela, vous pouvez être libre. Ce qui était une illusion devient Dieu. Lorsque vous réalisez que vous êtes l’âme, vous êtes un yogi. Lorsque vous ne voyez que de la matière, vous êtes dans l’illusion.

Abandonnez votre ego. Abandonnez vos liens avec le fini et réalisez que vous n’êtes rien. Lorsque vous réalisez que vous n’êtes rien, vous réalisez la grâce de Dieu. Avec la grâce de Dieu, votre pratique se fait sans effort.

Que Dieu vous bénisse tous.

Om. Amen.

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La Bhagavad Gita

Interprétation Métaphorique de Paramahamsa Hariharananda

Suite du numéro précédent de Réalisation Divine, extrait de La Bhagavad Gita à la Lumière du Kriya Yoga, Volume 3 par Paramahamsa Hariharananda.

Chapitre 16, Versets 10 à 12

Verset 10

kamam ashritya dushpuram
dambhamanamadanvitah
mohad grihitvs ‘sadgrahan
pravartante ‘shuchivratah

Traduction

Chérissant des désirs insatiables, pleins d’hypocrisie, d’arrogance et d’orgueil, ayant accepté de fausses notions à travers l’illusion, ils agissent avec une détermination perverse.

Interprétation Métaphorique

Les gens qui ont des habitudes démoniaques chérissent leurs désirs sans fin; ils veulent tout posséder et tout s’accaparer. Mais les ambitions et les désirs sont insatiables, surtout lorsqu’ils s’appliquent aux choses matérielles. Dès qu’un désir est assouvi, un autre survient. Satisfaire ses désirs c’est comme remettre du bois dans le feu.

Les gens qui ont des habitudes démoniaques sont pleins d’ego, de vanité et d’hypocrisie. Ils consacrent leur force, leur énergie et leur vie entière à l’assouvissement de leurs mauvais désirs qui sont des entraves sur la voie de la culture de l’âme et du progrès spirituel. Ces gens-là n’hésitent pas à commettre de mauvaises actions pour subvenir à leurs besoins matériels mesquins. Ils s’adonnent à des rites variés et vont même jusqu’à tuer d’autres gens. Leurs vies sont sans discipline et impures.

En Sanscrit vrata est le vœu de respecter une discipline morale et spirituelle en pensée, en parole et en action, mais ceux qui sont démoniaques par nature vivent leur vie sans aucun contrôle. Ils mangent toutes sortes de choses nocives. Leurs mauvaises actions les mettent dans un état où l’agitation et les tentations sont constantes et qui les mènent à la folie. Leur ego est leur force; ils ne peuvent même pas essayer de s’engager sur la voie de la vérité. Leurs aliments, leurs activités, et leur tempérament rajasiques et tamasiques les entraînent dans un tourbillon qui les enfonce vers la destruction, la décomposition, la maladie et la mort.

Verset 11 et 12

chintam aparimeyam cha
pralayantam upashritah
kamopabhogaparama
etavad iti nishchitah

ashapashashatair baddha
kamakrodhaparayanah
ihante kamabhogartham
anyayena ‘rthasamchayan

Traduction

Prisonniers d’angoisses incommensurables qui ne cessent qu’à la mort, ils poursuivent comme but ultime la satisfaction de leurs désirs, convaincus qu’il n’y a rien d’autre.

Asservis à des centaines d’aspirations, entièrement consacrés au désir violent et à la colère, ils cherchent à amasser des richesses par des moyens frauduleux pour se satisfaire dans les plaisirs sensuels.

Interprétation Métaphorique

Les gens dont les motivations sont tournées vers le mal conservent ces mauvaises qualités jusqu’à la mort. Ils sont les esclaves de leurs désirs passionnés. Comme la passion n’a pas de fin, leur vie est turbulente et dénuée de paix, de béatitude et de joie. Pour satisfaire leurs désirs suprêmes, ils ont besoin de grandes richesses. Les gens qui ne pensent qu’au mal n’ont pour but que l’argent, le sexe, l’alcool et les plaisirs sensuels. Ils ne peuvent se débarrasser des désirs sexuels jusqu’à la mort.

Le but ultime des gens qui sont spirituels est la libération. Autrefois les gens spirituels et vivant dans la maîtrise de soi avaient quatre buts:
1- Mener une vie fondée sur la moralité (dharma)
2- Acquérir des richesses d’une manière juste (artha)
3- Satisfaire la passion avec modération et discipline (kama)
4- Pratiquer une technique pour transcender les sens, pour atteindre la libération (moksha)

Mais les gens dont la nature est démoniaque oublient les doctrines capitales de moralité et de libération et préfèrent courir inlassablement après l’argent, le sexe, les bons repas et d’autres choses matérielles. Ils sont si brutaux, violents, cruels, semblables à la bête, que l’idée de la moralité ne les effleure même pas. La seule chose qui les intéresse c’est de satisfaire leurs mauvais désirs coûte que coûte. Mais on ne peut pas satisfaire les désirs. La passion et la colère sont deux sœurs jumelles, nées du plaisir des sens. Céder à l’un des sens accroît tous les autres désirs. C’est le feu dévorant de la passion. Lorsque les motifs sensuels ne sont pas satisfaits, la colère apparaît immédiatement.

Ces gens démoniaques sont extrêmement sexuels et arrogants. La satisfaction des désirs sexuels coûte beaucoup d’argent. Le désir sexuel est la cause de nombreux besoins : l’argent, les bons repas, les robes élégantes, etc…Ces ambitions créent l’habitude d’essayer de gagner et d’amasser de grandes quantités d’argent, même par des moyens illicites. Les compétences et les talents sont consacrés au gain et à l’accumulation de richesses. La vie devient misérable. Dans la Bible (Matthieu chapitre 6, versets 19 et 20) il est dit: « N’amassez pas de trésors sur la terre, où les mites et la rouille détruisent, où les voleurs percent les murs et dérobent. Amassez des trésors dans le ciel, où ni mites ni rouille ne détruisent, où les voleurs ne percent ni ne dérobent. »

Préoccupés par leur physique, sensuels et matérialistes à l’extrême, vivant une vie extravertie, immorale et agitée, ces gens dans l’erreur ne peuvent imaginer un but supérieur.

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Yoga Sutras de Patanjali

Commentaires de Yogiraj Shri Shri Lahiri Mahasaya – Interprétation Métaphorique de Paramahamsa Prajnanananda

(Suite du numéro précédent de Réalisation Divine et extrait du livre à paraître prochainement Yoga Sutra of Patanjali in the Light of Kriya Yoga (titre provisoire) par Lahiri Mayasaya , interprété par Paramahamsa Prajñanananda en consultation avec Paramahamsa Hariharananda.)

Sutra 32

Mridu-madhy-adhimatratvat-tato’pi visheshah
mridu = gentil ou lent
madhya = moyen ou modéré
adhimatra = extrême ou intense
tatah = par conséquent
api = aussi
visesah = spécialité ou remarquable

Traduction:

Le succès varie en fonction des moyens adoptés pour l’atteindre: lents, modérés ou intenses.

Commentaires de Shri Lahiri Mahasaya:

Il y a aussi une distinction à faire entre supérieur et inférieur telle que:

mridu tivra samvega = doux mais aussi intense
madhya tivra samvega = modéré mais aussi intense
adhimatra tivra samvega = remarquablement intense

Interprétation Métaphorique:

Le résultat dépend de l’intensité de la pratique. Aucun effort sincère n’est inutile. Cette samvega (accélération spirituelle) décrite dans le verset précédent est de trois types: doux, moyen ou intense.

La douleur de la séparation est la cause de la réunification. Lorsque la douleur de la séparation est intense, l’effet est également remarquable et le résultat est immédiat. Ici, la séparation est le sentiment qui nous rappelle notre ignorance du Seigneur. L’intensité de l’énergie déployée pour arriver à la réunification est fonction de l’intensité du désir.

En l’absence de su-samskara du passé (mérite accumulé dans le passé), on ne ressent pas le désir de suivre la voie de la méditation et de l’élévation spirituelle. On peut également observer que dans de nombreux cas le désir est présent mais pas les moyens appropriés. Les moyens appropriés à la méditation supposent une bonne santé, une vrai guide, le support familial, un endroit agréable, le temps nécessaire et un intellect suffisant pour comprendre la vie.

Dans la Bhagavad Gita, chapitre 7 verset 3, le Seigneur dit:

manushyanam sahasreshu kashchid yatati siddhaye
yatatam api siddhanam kashchin mam vetti tattvatah

Il n’y a qu’une seule rare personne sur des milliers qui cherche à atteindre la perfection (yoga siddhi).
Il faut d’innombrables de ces chercheurs pour en trouver un, peut-être, qui Me connaisse vraiment, c’est à dire qui ait atteint l’état de perfection.

Malgré cela, Oh chercheur, ne laisse pas le désespoir envahir ta vie! Tu as déjà accepté la voie du yoga. C’est la conséquence de tes bonnes actions passées. Maintenant, tu dois faire un effort sincère pour franchir tous les obstacles auxquels tu t’es heurté. Rien ne peut se mettre en travers de ta route. Suis la voie. Marche diligemment. Évite la léthargie et l’inaction. Les lâches et les faibles perdent espoir devant la distance et les difficultés qui les attendent. Mais tu n’en es pas un.

Écoute, le Seigneur lui-même a dit dans la Bhagavad Gita, chapitre 9 verset 30:

api chet suduracharo bhajate mam ananyabhak
sadhur eva sa mantavyah samyag vyavasito hi sah

Même celui dont la conduite est la plus vile doit être considéré noble s’il médite sur moi avec une dévotion totale car la décision qu’il a prise est la bonne.

Ne perds donc pas espoir, Oh chercheur, dans tes progrès spirituels! Pratique avec amour en suivant l’enseignement de ton guide.

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