Message du Maître
Pour la réalisation du Soi il n’est pas nécessaire de faire des études. L’Âme est au-dedans de vous. Vous êtes essentiellement l’Âme, le pouvoir de Dieu. Que vous ayez fait des études ou pas n’a aucune d’importance. Votre désir de réalisation divine, la compagnie du Maître et votre sincérité dans la pratique vous aideront à progresser spirituellement.
Sri Ramakrishna Paramahamsa et Sri Ram Thakur sont deux des plus brillants parmi les grands Maîtres Spirituels Réalisés et Enivrés du Divin que l’Inde ait connus. Quel était leur niveau d’éducation? Ils avaient du mal à écrire ne serait-ce que leur nom! Quels livres sacrés avaient-ils lus? Ils se contentaient de suivre la Vérité. Ils demeuraient dans la Vérité. Ils méditaient. Ils demeuraient conscients de l’Âme jour et nuit. Ils étaient et sont toujours une lumière qui guide les chercheurs spirituels.
De nos jours, faire des études est devenu normal mais l’éducation spirituelle ne l’est pas. L’éducation spirituelle consiste à connaître son propre Soi. L’éducation spirituelle rend la vie complète. Pour cela vous devez méditer. Méditez donc et réalisez-vous.
“ A chaque instant nous devrions demander à notre conscience si nous progressons vers le but divin”
Retour au SommaireGouttes de nectar
Tous les jours je répète: Seigneur, je te connais
Je suis toujours vivant et toujours en bonne santé.
Je ne sais pas combien de temps tu me garderas ainsi.
Je m’incline devant Toi, je T’aime.
Si vous pratiquez la conscience constante de l’Âme
Alors, tout le jour durant, vous serez libéré.
Un extrait du livre Gouttes de Nectar de Paramahamsa Hariharananda recueillies par Paramahamsa Prajnanananda
Retour au SommaireFleuve de compassion
Extrait d’une biographie de Paramahamsa Hariharananda par Paramahamsa Prajnanananda.
Chapitre 3
Séjour Permanent au Karar Ashram
“J’ai décidé de rentrer demain au Karar Ashram et je ne viendrai donc plus au Club.” Rabi venait juste de faire cette annonce au club des officiers et des riches de Puri. Tout le monde le regarda avec surprise. Ils disaient: “Quoi! Vous, vivre dans un ashram!” Ils n’avaient vu qu’un aspect de sa vie, celui d’un jeune Bengali riche, à la mode, cultivé, plein d’humour, charitable et prêt à aider quiconque dans le besoin, bon chanteur et artiste, actif dans divers domaines culturels. Ils n’avaient pas vu l’autre aspect, celui du chercheur sincère. Ils n’avaient pas vu le sadhaka en lui.
“La vie d’ashram est une vie de stricte discipline, de pénitence, c’est un mode de vie rigoureux. Ce n’est pas pour un jeune homme riche et plein d’entrain comme vous. Est-ce que vous pensez sérieusement à la vie d’ashram ou est-ce une plaisanterie?” Tel était le sujet de conversation au club ce soir là.
Ces riches aristocrates avaient peut-être oublié la vie de Bouddha et de Mahavira. La vie ne consiste pas simplement à faire la noce et à s’amuser. Elle a un but qui doit être atteint. Rabi était maintenant déterminé. Il avait déjà eu un entretien avec Swami Sevanandaji qui était chargé du Karar Ashram et avait sa permission de vivre à l’Ashram en réclusion et en silence. Grâce à ses visites régulières et son aimable comportement, Rabi était le bienvenu à l’Ashram et Swamiji était très heureux de l’y accueillir.
Rabi s’installa à l’ashram au début de 1938. Ce fut non seulement un jour marquant dans sa vie mais dut être aussi un jour de joie intense pour le grand Gourou Shriyukteswarji qui voyait ses paroles s’accomplir.
Au début, Rabi vécut à l’Ashram comme un pensionnaire payant. Plus tard il décida de mener la vie de strict brahmachari, un ashramite laissant derrière lui son mode de vie de riche aristocrate à la mode. Il abandonna tous ses vêtements à la mode, costumes, vestes et chapeaux. Il pensa tout d’abord les donner aux pauvres. Mais il en décida ensuite autrement, pensant que cela pourrait créer en eux le désir pour ce genre de luxe et les rendre malheureux. Il entassa toutes ses possessions matérielles, ses objets de luxe ou artistiques dans le coin sud-ouest de l’Ashram et y mit le feu. A partir de ce jour il vécut la vie rigoureuse de brahmachari, passant son temps en réclusion et contemplation.
Dès lors il fut connu sous le nom de Brahmachari Rabinarayan ou Rabin Brahmachari. Son vêtement était blanc, sa nourriture était la simple nourriture de l’Ashram. La majeure partie de son temps s’écoulait en méditation mais il ne négligea jamais d’apporter son aide aux activités de l’Ashram.
A l’époque, l’Ashram n’avait pas de mur d’enceinte ni de jardins comme aujourd’hui. Dans un angle se trouvait le bâtiment réservé à l’habitation et le bâtiment scolaire comprenant une salle de méditation appelée Vidya peeth et dans un autre la chaumière du Samadhi de Shriyukteswar qui n’était qu’un piédestal de sable et de terre avec quelques fleurs offertes par des visiteurs occasionnels ou des ashramites. Il y avait une école primaire à l’Ashram fréquentée par quelques enfants des environs. La propriété était couverte de buissons sauvages, de ronces et de quelques grands arbres appelés ‘Jhamu’ dans le langage local.
Pendant les premiers jours de son séjour à l’Ashram, avec la permission du Swamiji, Rabi construisit avec ses fonds personnels des toilettes pour les ashramites et débroussailla la propriété avec l’aide de travailleurs qu’il avait embauchés. Si l’on ne fait que méditer, le corps ralentit et devient léthargique et paresseux. Si l’on ne fait que travailler, la vie devient mécanique et agitée. Mais la méditation associée au travail physique rend la vie harmonieuse.
Il n’y avait rien de prévu pour le petit déjeuner à l’Ashram à cette époque, seulement deux repas par jour. L’Ashram et l’école fonctionnaient avec peu d’argent. Rabi était généreux et demanda au Swamiji de prévoir un petit déjeuner à ses frais.
Puis Brahmachari Rabinarayan fit le vœu de silence. A l’exception d’une ou deux occasions où il brisa le silence pendant quelques minutes, il resta confiné dans le silence et la réclusion pour progresser sur la voie de la méditation et de la réalisation.
Brahmachari Rabinarayan gagna l’affection de tous les ashramites par l’amour et le service. En plus de la pratique régulière de la méditation, il ne manqua jamais une occasion d’aller au temple du Seigneur Jagannath et parfois au fameux temple Lockanath dédié à Shiva et situé à la périphérie de la ville.
Grâce à sa mémoire remarquable et sa vive intelligence il apprit très rapidement à parler l’Oriya, la langue locale. Un jour, au début de son séjour à Puri, il se dirigeait vers le temple Lokanath et se perdit. Il demanda son chemin à une vieille dame mais elle ne comprenait pas le bengali. Il en conclut que lorsqu’on s’installe quelque part pour y vivre, il faut apprendre la langue locale pour communiquer avec les autres.
Pendant cette période de mauna (silence), seva (service) et sadhana (pratique spirituelle) il bénéficia des merveilleux conseils de Swami Satyanandaji, Shrimat Bhupendra Nath Sanyal Mahasaya, Ananda Moyee Ma et de nombreuses autres personnalités divines.
KALI ET SARASWATI
Dans la spiritualité indienne, Dieu est conçu sans forme et absolu mais, comme il est difficile de faire l’expérience d’un Dieu sans forme, on établit une relation spirituelle personnelle avec l’un des aspects de Dieu tels que celui de Mère, Père, Sauveur, Protecteur etc… Ainsi les gens vénèrent Dieu sous différents noms et différentes formes. La mythologie indienne est remplie d’histoires et de prières de toute beauté au sujet des dieux et des déesses chargées d’une profonde signification métaphorique et métaphysique.
La Déesse Kali est vénérée sous son aspect de Divine Mère penchée sur la poitrine de Shiva, son époux, tenant dans ses mains une épée et une tête humaine. La divinité personnelle choisie par Brahmachari Rabinarayan comme son ishta devi (divinité personnelle) était Kali. Étant un excellent artiste, il fit une très belle statue d’environ 60cm. de haut représentant Kali, sa divinité bien aimée, avec de l’argile et d’autres matériaux, et il la peignit et l’installa dans une petite pièce pour le puja, le culte formel et méditation. Cette belle et tendre forme de la Mère Divine attirait tous ceux qui venaient à l’Ashram et elle resta dans la même pièce pendant longtemps.
Les élèves de l’école de l’Ashram rendaient un culte à Saraswati, la déesse de l’érudition et de la musique. Brahmachari Rabinarayan créa de ses propres mains une belle statue de Saraswati et elle fut utilisée pour la célébration rituelle annuelle de l’école. Le reste du temps Bramachariji la gardait dans sa propre chambre. Chaque année, avant la Kali puja célébré en octobre/novembre et la Saraswati puja de janvier/février, il repeignait les statues et sous sa touche magique elles redevenaient vivantes et divines.
Peu à peu sa méditation devint plus profonde et plus vibrante. Son esprit était de plus en plus absorbé dans l’état de superconscience et de conscience cosmique. Une belle aura émanait de lui et la paix se lisait sur son visage aux yeux brillant d’un éclat yogique. Son vêtement blanc, sa barbe et ses cheveux longs, ses sandales de bois renforçaient sa stature de chaste brahmachari.
Pendant cette période de silence il sortait de temps en temps et travaillait dans le jardin où il construisit les allées de l’Ashram en brique montées au ciment. Il était un bon paysagiste et un travailleur silencieux. Sa présence, bien que silencieuse, ajoutait à la beauté et aux vibrations spirituelles de l’Ashram. C’est la présence de véritables chercheurs et leur pratique spirituelle qui donnent à un Ashram sa distinction et son atmosphère divine.
Swami Sevanandaji qui avait la charge de l’Ashram le supervisait d’une manière stricte pendant sa période de silence. Un jour, alors que l’Ashram n’avait pas encore de jardin ni de mur d’enceinte et que le terrain était couvert de plantes épineuses sauvages, une aire de jeux pour singes, flanquée de deux grands arbres, brahmachari coupa l’un de ces arbres pour l’aménagement paysager sans demander la permission au Swami. Swamiji en fut mécontent et demanda à brahmachari Rabinarayan d’aller à la pépinière la plus proche, distante d’environ trois kilomètres, d’en ramener un jeune arbre de la même espèce et de le replanter au même endroit après quoi seulement il pourrait prendre son déjeuner. Sans protester, l’humble brahmachari obéit et accomplit son travail en silence.
LA SAINTE MERE SHRI ANANDAMOYEE MA
Anandamoyee était assise dans son ashram en bord de mer entourée par quelques douzaines de disciples, des femmes pour la plupart. De la salle où elle se tenait on pouvait voir la mer d’un côté et la route d’accès à l’Ashram de l’autre. Un jeune homme vêtu à l’occidentale portant des lunettes et couvert d’un chapeau s’approchait lentement de l’Ashram. Sous les rayons du soleil son teint avait l’éclat de l’or en fusion. Il avait l’air d’un jeune et bel européen.
“Regardez, regardez mon Sahib Baba arrive!” s’écria la mère. Tous les regards se tournèrent vers lui. Le jeune homme retira ses chaussures et son chapeau. Plein d’amour et de dévotion il s’inclina devant elle. Elle était l’incarnation de l’amour et de la compassion. Ce jeune homme attira l’attention de tous. Tout le monde fut surpris d’apprendre qu’il n’était pas un gentleman européen mais un jeune Bengali nommé Rabi.
Dès lors il devint l’enfant chéri de la sainte mère qui le surnomma “Sahib Baba”. Chaque fois qu’elle allait à Puri elle venait prendre des nouvelles de “Sahib Baba”. Elle encouragea même Rabi à s’installer dans l’un de ses ashrams, au choix. Sahib Baba était son fils et elle était sa mère.
Plus d’une année s’était écoulée. Anandamoyee Ma se rendit à Puri avec ses fidèles pour y séjourner dans son Ashram et recevoir le darshan du Seigneur Jaganath. Comme d’habitude elle pensait à son Sahib Baba. Elle s’enquit de Rabi auprès de plusieurs personnes qui le connaissaient. A l’époque Puri était une très petite ville, et la localité de Swargadwar encore plus. Quelqu’un informa la mère que Rabi avait fait le vœu de silence, et qu’il résidait à l’Ashram de son gourou pour y méditer. Il vivait en séclusion et ne sortait pas de l’Ashram.
La mère avait l’intense désir d’être proche de son enfant bien-aimé Sahib Baba qui essayait sincèrement de se fondre dans les bras divins de la Mère Cosmique. Finalement elle exprima le désir de se rendre au Karar Ashram pour y rendre visite à son enfant.
Elle arriva au Karar Ashram dans l’après-midi, ouvrit le portail et entra. Elle portait une robe très simple et elle n’était pas coiffée. Quelques femmes parmi ses fidèles la suivaient à distance.
“Où est mon enfant Sahib Baba?” s’écria-t-elle.
Entendant ces cris, le chargé d’Ashram Swami Sevananda sortit. Il n’avait jamais vu la mère auparavant.
“Où est Sahib Baba?” demanda-t-elle encore.
Sevanandaji ne comprenait ni qui elle était ni qui elle cherchait. Il pensa que c’était une folle et essaya de la faire sortir de l’Ashram.
“Qui est votre Sahib Baba? Il n’y a personne qui s’appelle comme ça” répondit Sevananda.
“Sahib Baba, mon Rabi” dit-elle.
“Ne criez pas comme ça. Vous ne pouvez pas le voir. Il médite en silence et séclusion” dit Sevananda.
“La méditation sur qui pratique-t-il? Il médite sur moi.” Elle prononçait ces mots dans un état de transe. “Sahib Baba! Sahib Baba!”
Entendant la voix de Ma Anandamoyee, Brahmachari Rabinarayan ouvrit sa porte, sortit et se prosterna au pied de la sainte mère. Elle le redressa et le prit dans ses bras comme une mère avec son enfant. Sevananda était surpris et il apprit qu’elle n’était autre qu’Anandamoyee Ma.
L’enfant et sa mère entourés des fidèles entrèrent dans la chambre retirée du jeune sadhak. Elle lui posa de nombreuses questions sur les expériences de sa méditation. Après lui avoir donné quelques instructions pratiques elle se sépara de son fils bien-aimé. Sevanandaji s’approcha et s’inclina à ses pieds en s’excusant de son comportement.
Anandamoyee Ma était la sainte dame mystique. Elle était une personnification de l’amour divin, considérée comme une incarnation de la Mère Divine, qui passa plus de quatre-vingt ans de sa vie parmi nous. Née en 1896 dans une famille Brahmane de l’Est du Bengale, Mère Anandamoyee est connue en Orient et en Occident pour sa simplicité, son amour et sa béatitude divine. Son nom d’enfance était Nirmala Sundari (qui signifie la beauté de la pureté). Ses parents vivaient la vie des anciens saints et sages. Nirmala Sundari fut consciente de sa vie dès la naissance. Elle se souvenait de tous les incidents de sa vie. Dès l’enfance elle avait toujours été consciente de l’âme.
Elle avait toujours foi en la providence divine. Son amour de Dieu fut unique dès l’enfance. Elle répétait constamment et vivait selon la maxime: “Jo ho jaye” (Laisse venir ce qui se présente). L’abandon à Dieu était l’unique loi de sa vie.
A environ treize ans elle fut mariée. Après son mariage elle resta une année chez ses parents et quatre ans chez son beau-frère. Elle faisait tout le travail domestique sans rechigner. Lorsqu’elle eut 18 ans, elle alla vivre avec son mari. Elle l’appela “Bholanah”- l’insouciant ou “Pitaji”- le père bien-aimé. Il découvrit en elle une grande personnalité divine et vit une aura divine émanant de son corps. Bien que mariés, ils n’eurent pas de relations maritales. Pendant un peu plus de six ans elle pratiqua un certain nombre de disciplines spirituelles par elle-même.
En 1922, alors qu’elle avait 26 ans, son mari devint son premier disciple. Il accepta une vie de renoncement monastique jusqu’au moment de quitter son corps en 1938. Grâce à sa pratique spirituelle et l’amour et la grâce de sa femme, il atteignit un haut niveau d’illumination. Après la mort de son mari elle porta une robe de veuve.
En 1932 elle quitta le Bengale de l’Est, maintenant appelé Bangladesh, pour toujours, et s’installa à l’Ashram de Dehradun où elle se rendait régulièrement. Pendant cinquante ans elle parcourut l’Inde en tous sens et des millions de gens bénéficièrent de sa présence et de ses conseils. Elle aimait le Kirtan – chants pieux chantés en chœur à voix forte. Dès son enfance, lorsqu’elle écoutait ces chants, elle entrait en “Bhava Samadhi”- un état de conscience divine produit par un amour extrême de Dieu. Parfois elle chantait les noms de Dieu et des chants spirituels de sa douce voix mélodieuse. Sa voix faisait frémir le cœur de ses auditeurs.
Par son amour divin elle attirait des moines, des philosophes, des érudits renommés, des hommes d’état, ambassadeurs, rois, reines, écrivains, artistes, docteurs, hommes d’affaires, des gens de toutes sortes. Elle répondait spontanément aux questions de tout le monde de sa façon merveilleusement inimitable. Elle se qualifiait elle-même de petit enfant illettré.
Elle était si complètement dénuée d’ego qu’elle touchait le cœur de tous ceux qui venaient à elle. Lorsque Paramahamsa Yogananda revint en Inde en 1935, il fut ravi de rencontrer cette merveilleuse mère divine, une sainte femme du monde moderne. Grâce à son “Autobiographie d’un Yogi” les Occidentaux réalisèrent l’existence de cette grande âme vivant dans une enveloppe mortelle.
Beaucoup d’Occidentaux vinrent la voir pour lui présenter leurs respects et s’abandonner à ses pieds. Durant les 50 ans qu’elle passa à voyager en Inde, plus de 25 ashrams furent édifiés dans différentes régions, en particulier dans les villes saintes. Bien que l’Ashram de Puri fut modeste, elle s’y rendit presque chaque année jusqu’à sa mort.
Elle était constamment entourée de femmes fidèles qui s’occupaient d’elle avec grand soin dans un esprit de service. Elle se comportait tout le temps comme une petite fille aussi bien dans sa façon de parler que dans son attitude et ses activités.
Chaque fois qu’elle passa à Puri, elle se souvint de son “Sahib Baba” qu’elle aimait tendrement. Elle lui envoyait un message pour qu’ils puissent passer quelque temps ensemble. Un jour qu’elle passait à Puri avec plus de deux douzaines de disciples, tous les billets de train se trouvèrent perdus. Ses fidèles n’avaient pas assez d’argent pour acheter d’autres tickets. Lorsqu’elles expliquèrent le problème à la mère elle se souvint immédiatement de son fils spirituel Rabinarayan et dit à ses fidèles: “Allez chez mon père Sahib Baba au Karar Ashram. Il vous donnera tout ce dont nous avons besoin.” Brahmachari Rabinarayan vint immédiatement à la gare et fit le nécessaire pour qu’elles puissent rentrer confortablement.
Elle se trouvait à Patna quelques temps avant le départ final de sa demeure corporelle. Sa santé était faible. Rabinarayan maintenant connu sous le nom de Hariharananda se trouvait également à Patna dans le cadre de son tour de l’Inde pour l’enseignement du Kriya et il alla lui rendre visite. Ce fut leur dernière entrevue. La mère ne parlait pas beaucoup. Posant les yeux sur son Sahib Baba elle lui dit quelques mots pleins d’amour et d’humour et l’avertit qu’elle s’apprêtait à partir.
En 1982 elle quitta son corps au Dheradun Ashram mais son corps fut incinéré à Cancal, dans l’état d’Haridwar, sur les bords du Gange.
La mémoire de cette grande sainte est toujours vibrante pour son “Sahib Baba”. Pour lui elle fut l’amour divin, la pureté et l’état sans ego par excellence. Elle soutint fermement l’héritage spirituel de l’Inde, la tradition des Rishis. Elle représentait l’idéal de la maîtrise de soi pour les moines, l’idéal du service pour maris et femmes.
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Extrait du livre de Paramahamsa Prajnanananda
Chapitre 4 – Le Yoga et La Vie de Famille
Pratiquer La Modération
Le mental humain n’est jamais satisfait par le seul plaisir des sens. Repensez à tous les plaisirs sensuels que vous avez eus. Le mental court d’un objet à l’autre. Dans les écritures, les objets des sens sont considérés comme le combustible du mental et des sens. Plus vous y jetez d’essence, plus le feu s’enflamme.
kamarupena kaunteya dusphurena analena ca
(Bhagavad Gita 3-39)
Le désir est comme le feu ou l’océan. Quelle que soit la quantité de combustible que vous y ajoutez, le feu le consume et ne dit jamais non. Malgré toute l’eau qu’il reçoit des fleuves, l’océan ne dit jamais que c’est assez. Contrôlez la quantité de combustible. Vivez avec modération. La seule façon d’atteindre le bonheur est d’introvertir le mental et de le connecter au divin. Beaucoup de gens se plaignent de ne pas avoir le temps ou que leur mari ou leur femme ne coopèrent pas. Mais le fait de se plaindre ne résout pas le problème. Prenez le problème à la racine, méditez et trouvez la solution. L’agitation et l’excitation du mental accroissent le problème.
Dans la Baghavad Gita, Krishna dit:
yuktahara viharasya yukta cestasya karmasu/
yukta svapnavabodhasya yogo bhavati duhkhaha//
(Bhagavad Gita 6-17)
“Associé à la modération dans la nourriture, les activités, tous les efforts, le sommeil et l’état d’éveil, le yoga fera disparaître toutes les souffrances de votre vie.”
Les chefs de famille devraient pratiquer la modération dans tous les plaisirs des sens. Vous ne pouvez pas vous en abstenir totalement lorsque vous vivez en société.
Gardez l’équilibre intérieur par la méditation. N’abusons de la langue ni à table ni en conversations inutiles. Gardez la langue roulée en arrière: cela aide à s’améliorer sur le plan physique, social et spirituel. Nous vivons dans une société pressée et extravertie. Même dans l’Inde ancienne, ceux qui se retiraient dans les forêts pour méditer étaient dérangés par les belles demoiselles célestes qui venaient pour les tenter. Vivant en société vous aurez à faire face à toutes sortes de tentations. Elles servent à tester votre force.
Le Kriya Yoga nous enseigne la modération. Le Kriya Yoga est une bénédiction. Comme le fleuve engloutit au passage tous les obstacles dressés sur son chemin vers l’océan, de même, lorsqu’un problème se présente, priez, méditez et vous obtiendrez la réponse. Vivez en famille. N’imposez pas vos idées aux autres. Tel est le message du Kriya Yoga pour tous. De nombreux chefs de famille disciples de Lahiri Mahasaya et de Shriyukteswar ont atteint les sommets de la spiritualité. C’est peut être difficile, mais mener une vie de chef de famille idéale est possible.
Lorsqu’un bébé essaye de marcher, il tombe souvent et pleure. Pour réussir quoique ce soit, il faut se battre des mois ou des années. Etablissez une routine régulière. Méditez tous les jours mais ne négligez pas vos responsabilités domestiques. Soyez une meilleure épouse, un meilleur mari, une meilleure mère, un meilleur père. Le véritable amour peut tout changer. C’est l’ego qui crée les problèmes. Suivez le plan du jeu divin et jouez votre rôle.
Avoir Un But
Fixez votre but. Le but est l’amour, la paix et la joie. Chaque fois que vous vous heurtez à un problème sur la voie qui mène à ce but, négociez-le avec patience et indulgence. Envisagez-vous comme un moine vivant en famille. Vous devez apporter la paix et la joie aux autres membres de votre famille. Souvenez-vous que le malaise et la dépression sont contagieux dans une famille. Chacun déverse ses frustrations sur les autres. Si vous êtes joyeux et forts vous pouvez rendre les autres heureux. Vivez une vie de compréhension. Préparez et servez les repas comme si vous faisiez la cuisine pour Dieu et le serviez. La nourriture préparée dans l’agitation transporte ces vibrations et affecte ceux qui la mangent.
N’oubliez pas d’observer votre souffle même lorsque vous êtes à l’écoute. De même que la colère est contagieuse, l’amour est contagieux. En vous observant les gens s’amélioreront.
Une dame vint à Vienne pour être initiée et suivit le programme du week-end. De retour à son travail, ses collègues ne pouvaient comprendre pourquoi elle avait l’air si heureuse. Puis ils apprirent qu’elle était allée à Vienne pour méditer. La méditation a un effet sur le visage et le comportement.
Deux personnes qui ne se connaissaient pas et qui étaient venues m’attendre à l’aéroport de Francfort se reconnurent comme étant toutes deux venues à ma rencontre rien que par l’apparence calme et paisible qui se lisait sur leur visage. Pratiquez de telle façon qu’en vous voyant, les autres sauront que vous êtes une nouvelle personne, dotée d’une nouvelle compréhension et de davantage d’amour. Si vous essayez, ce sera possible.
Om tat sat om
Retour au SommaireQuestions et réponses
1. Pourriez-vous s’il vous plaît nous parler du pardon et comment régler différentes situations?
L’amour donne et pardonne. L’égoïsme reçoit et oublie. L’amour est le fondement du pardon. Pensez à un enfant et sa mère. La mère pardonne l’enfant quoiqu’il ait fait.
Lorsque j’étais enfant il y avait une chose qui me dérangeait. Je me demandais pourquoi Dieu ne punissait pas immédiatement celui qui faisait quelque chose de mal. Je pensais que si quelqu’un disait un mensonge, Dieu aurait dû le rendre muet pour qu’il se rende compte qu’il avait fait une erreur. Tel était le reproche que je faisais à la création de Dieu. Un jour, alors que je m’inclinais devant Dieu dans un temple, la réponse m’arriva: “Mon enfant, si je punissais tout le monde immédiatement, qu’arriverait-il à ma création? Elle serait pleine d’handicapés et d’impotents. Je vous aime tous. Je respire en tous, même ceux qui font des erreurs, et je donne à tous le temps de se corriger.” Voilà ce qu’est l’amour et le pardon.
Lorsque quelqu’un commet une faute envers vous, vous pouvez soit réagir, soit en analyser les causes et les solutions. Si vous n’avez pas la force nécessaire pour trouver la solution par la prière ou la compréhension positive, éloignez-vous de ce problème ou de cette personne pendant quelques temps. Ne réagissez pas immédiatement. Une réaction instantanée n’est jamais rationnelle. Si vous laissez passer un peu de temps, l’autre personne a le temps d’y réfléchir et peut être de venir s’excuser. Le pardon est une force. Seuls les forts peuvent pardonner. Il faut parfois être fort.
Dans la mythologie indienne, la Mère Divine est dépeinte soit calme et tranquille comme Lakshimi ou Saraswathi, soit forte comme Durga ou Kali, mais toujours pleine d’amour.
2. En quoi la plante du pied est-elle significative? Je vous ai entendu dire qu’elle représente la création toute entière?
Le corps a deux pôles, Nord et Sud. On peut dire qu’il représente la terre ou l’univers. Par la méditation le corps est polarisé et devient un aimant. Le Pôle Nord est la manifestation divine et le Pôle Sud est la manifestation physique. Le pied représente le corps tout entier. Dans les orteils, la plante et le talon vous avez l’épine dorsale, le cerveau, la vue et tout le reste représenté. Lorsque vous massez la plante du pied, en réalité vous massez le corps tout entier. Les mains ont un énorme pouvoir de guérison. Pendant la méditation, lorsque vous pratiquez le massage, vous restaurez la santé de votre corps.
3. Expliquez-nous la différence entre l’amour ordinaire et l’amour divin.
Tout amour est éternel, pur, divin et n’attend rien en retour. L’amour n’a pour but que l’amour. Ce que vous appelez l’amour ordinaire n’est pas de l’amour. C’est du commerce. Vous investissez pour le profit.
4. Parlez-nous des Avatara-s (incarnations). Qu’est-ce qu’un Avatar à part entière et un Avatar partiel?
Dans la mythologie indienne, il y a la description de vingt-quatre Avatara-s, divines incarnations manifestant leur divinité pleinement ou partiellement. Lorsque des incarnations divines comme Rama ou Krishna étaient sur terre, seul un petit nombre de gens les reconnurent comme incarnations. Lorsque Jésus était vivant, il fut critiqué, humilié et ridiculisé. Lorsque le pouvoir divin se manifeste dans une personne à un plus haut degré, il s’agit d’un Avatara. Nous sommes tous avatara-s. La différence entre nous et eux est qu’un Avatar sait pourquoi il est venu et nous ne le savons pas. Babaji était appelé Mahavatara ou le Grand Avatar, Lahiri Mahasaya était appelé Yogavatara (incarnation du Yoga), Shriyukteswar était appelé Jnanavatara (incarnation de la connaissance) et Yogananda Premavatara (incarnation de l’amour). Méditez et réalisez que nous sommes tous Avatars.
5. Quelle est la différence entre affection, gentillesse et amour?
Quelle est la différence entre le chocolat et le caramel? Ils sont tous les deux sucrés. On utilise le mot affection pour désigner l’amour envers les enfants. C’est de l’amour mais il contient de l’égoïsme. La gentillesse s’adresse généralement à quelqu’un qui a une position inférieure. Vous êtes gentils envers quelqu’un qui est pauvre, malade, handicapé ou a perdu un proche. C’est aussi une expression d’amour mais avec le sentiment que l’autre est inférieur.
L’amour est la perception de l’épanouissement intérieur et le partage de cet épanouissement avec les autres sans rien en attendre en retour.
6. Comment mieux communiquer avec les enfants?
Disciplinez les enfants avec amour. Faites-le répétitivement avec amour. N’essayez pas de leur imposer vos idées. Ne communiquez pas avec eux avec agitation. Le silence est la meilleure façon de communiquer. Ne froncez pas les sourcils, les enfants vous éviteraient. Notre affection envers eux contient l’attente de quelque chose. La méthode yogique consiste à faire au mieux pour vos enfants et à accepter le résultat. Lorsqu’on reproche continuellement ses défauts à un enfant, il ne peut pas s’épanouir.
7. Commentez s’il vous plaît -les quatre étapes de la vie.
- Première étape: étude, maîtrise de soi, discipline morale.
- Deuxième étape: mariage, vie sociale, travail, enfants.
- Troisième étape: lorsque les enfants atteignent l’âge de vingt ans, soyez plus détachés: travaillez pour le bien de l’humanité avec vos dons et vos talents et pour votre croissance spirituelle, au lieu de ne travailler que pour l’argent.
- Quatrième étape: consacrez davantage de temps à la méditation, vivez dans un ermitage ou un monastère si possible et vivez une vie de renoncement.
8. Que peut-on enseigner aux enfants qui ne sont pas en âge d’être initiés?
Si vous pensez que ça peut les aider, enseignez leur la respiration profonde. Vous pouvez leur enseigner à s’incliner devant Dieu le matin et le soir. S’incliner et toucher les pieds en s’agenouillant ou en se prosternant complètement est un bon principe à suivre. Lorsque vous touchez les pieds d’une personne spirituelle, vous recevez son énergie spirituelle. Apprenez leur à s’incliner devant Dieu, leurs parents et les personnes âgées à la maison. Faites une minute de prière avant les repas. Vous pouvez leur en expliquer les raisons.
9. Comment peut-on équilibrer la vie familiale et la vie spirituelle?
Examinons d’abord les mots vie spirituelle et vie familiale. Les gens ordinaires pensent que la vie familiale consiste à se marier, avoir des enfants, des amis et des obligations sociales, tandis que la vie spirituelle consiste à aller au temple, rendre un culte à Dieu, méditer ou aller à une retraite.
Ne divisez pas la vie en vie spirituelle et vie familiale. Lorsque vous avez un enfant, c’est une cérémonie religieuse. Qu’est-ce qui n’est pas spirituel? Notre vie toute entière est spirituelle. Le mot esprit (spiritus) a de nombreuses significations. Spiritus veut dire alcool, mental, fantôme, force, souffle et Dieu. Ce ne sont que quelques significations du mot. Lorsque vous parlez de spiritualité vous prenez trois mots: souffle, âme et Dieu. La spiritualité est une vie d’amour. Tout d’abord aimez-vous vous-mêmes et sachez ce qu’est le soi ou l’âme. Aimez votre souffle. Si vous ne savez pas vous aimer vous-mêmes, vous ne pouvez pas aimer les autres. S’il n’y a pas d’amour en vous, vous ne pouvez pas en donner aux autres. Aimez votre souffle, le souffle est votre vie, est tout. Tout en vivant une vie de famille avec votre femme, vos enfants, tout en travaillant au bureau, restez conscients de votre souffle. C’est faisable. Si vous le faites, vous pourrez atteindre l’inébranlable état de paix et de joie.
Parfois vous devez être forts et faire respecter la discipline. Si c’est nécessaire, montrez votre colère mais ne soyez pas en colère. Dans la Bible, Jésus se mit à crier après des gens qui sacrifiaient des animaux et il les chassa. Etait-il vraiment en colère? Jouez le rôle de celui qui est en colère mais ne soyez pas en colère.
Om tat sat Om
Retour au SommaireLa vie de Jésus
Deuxième d’une série de quatre conférences de Paramahamsa Prajnanananda à l’ashram de Miami à l’occasion du Vendredi Saint, le 9 Avril 2004
Ô Dieu accorde-nous d’être à chaque instant, à chaque souffle, dans l’amour, dans la conscience divine, de t’aimer et d’aimer ta création, d’aimer ta présence dans chaque souffle, à chaque instant. Ô Dieu bénis-nous et guide-nous dans notre vie quotidienne.
Om amen.
La Question du Jugement
Dans la vie quotidienne, quelle est l’attitude dans laquelle nous nous maintenons du matin au soir? Vous mangez et vous trouvez que ça manque de sel. Que faites-vous? Vous répondez au téléphone et vous apprenez une mauvaise nouvelle. Qu’allez-vous faire? Analysez ce qui se passe en vous ou autour de vous et vous verrez que, consciemment ou inconsciemment, vous passez votre vie à porter des jugements. Par exemple lorsque vous avez perçu qu’il n’y avait pas beaucoup de sel dans votre nourriture, vous avez immédiatement jugé que ce n’était pas assez salé et pris la décision d’ajouter du sel. Certains vont jusqu’à ajouter du sel inconsciemment sans même goûter. Lorsqu’on apprend une mauvaise nouvelle, immédiatement l’émotion nous envahit et nous nous sentons triste. Nous jugeons intérieurement; nous jugeons aussi les gens et les événements autour de nous.
Mais, lorsqu’on veut grandir sur la voie spirituelle, cette attitude qui consiste à porter un jugement sur tout est-elle appropriée? Se juger intérieurement est bon, s’auto-analyser est bon: “J’ai fait une erreur et ce n’est pas bien. Je ne le ferai plus”. Mais lorsqu’on vit avec les autres, on porte souvent des jugements sur eux, leurs activités, leur comportement, leurs actions, leurs réactions. Ces idées influencent notre comportement envers eux, qu’on se sente agacé et mal à l’aise ou au contraire enthousiaste. Juger les autres n’est pas bon signe. Jésus dit dans la Bible: “Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés.” Ne jugez pas les autres.
Qui donc peut juger? Jésus suggéra que seuls ceux qui ne font pas d’erreur peuvent juger. Vous vous souvenez peut-être de l’histoire où la foule était prête à lapider une femme et où Jésus dit: “Que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre.” Mais qui peut dire qu’une erreur a été commise? Lorsqu’on commet des erreurs, on a des faiblesses et on se met à juger les autres, à les critiquer, à les analyser et à dire du mal à leur sujet.
Jésus Est Jugé.
En ce jour spécial que nous nous remémorons en contemplant sa vie et ses enseignements, Jésus fut traîné en jugement bien qu’il fut innocent. Ils l’emmenèrent devant Pilate, le gouverneur romain. Les quatre évangiles nous en donnent différentes versions. L’un des évangiles raconte que les gens qui l’accompagnaient n’entrèrent pas dans le palais du gouverneur. Ils restèrent dehors et demandèrent à Pilate de persécuter Jésus, de le juger, de le condamner et ils avaient les idées bien arrêtées sur ce qu’il fallait faire. Là, on s’interroge: pourquoi restèrent-ils dehors? L’évangile répond qu’ils ne se sentaient pas propres et ne voulaient donc pas entrer. C’était le Vendredi, très tôt le matin. Pilate sortit donc et demanda ce qui se passait. Ils répondirent que Jésus était un agitateur et qu’il fallait le punir.
Il écouta alors les accusations portées contre Jésus par ceux qui l’avaient amené. Puis on trouve deux versions différentes dans deux évangiles. Les évangiles de Luc et de Jean contiennent une conversation directe entre Jésus et le gouverneur. Dans l’évangile de Luc, Pilate conclut que Jésus n’était pas sous sa juridiction. Il y avait un doute concernant son origine: venait-il de Galilée, de Judée ou de Nazareth? Pilate pensait que ce n’était pas son intérêt de juger ou de condamner Jésus. Il l’envoya donc au roi Hérode pour prendre une décision. Vous vous souvenez qu’Hérode avait fait décapiter Jean Baptiste et que la naissance de Jésus l’avait mis dans un état de peur panique. Il savait qu’il s’agissait de la naissance du roi des Juifs et pour essayer de le supprimer il avait fait tuer un grand nombre d’enfants. A l’époque, Hérode avait eu peur de Jésus mais il était maintenant content de le rencontrer car il espérait voir un miracle.
Miracles – Mahomet et la Montagne
Le mental humain ordinaire est toujours en quête de miracles, d’événements. Je me souviens qu’un jour où j’étais allé voir un moine bien connu dans l’Himalaya quelqu’un vint lui demander: “Pourriez-vous nous dire quelque chose ou nous faire un miracle?” Il répondit: “Tout le monde accomplit le miracle de se tenir sur deux jambes.” En soi, de se tenir debout sur deux jambes est un miracle. On fit la même requête au prophète Mahomet. Quelqu’un lui demanda: “Lorsque Jésus était là il faisait beaucoup de miracles. Pourriez-vous nous en faire un?” Mahomet répondit: “Allez voir la montagne et dites-lui que Mahomet lui demande de venir à lui.” C’est ce qu’ils firent mais la montagne ne les écouta pas. Ils retournèrent à Mahomet déçus que rien ne se soit produit. Ils repartirent tous ensemble vers la montagne et Mahomet leur demanda de s’asseoir. Tout le monde était curieux de voir quel miracle allait se produire. Ils pensaient que Mahomet allait réduire la montagne en poudre. Mais il dit: “Vous voyez, si la montagne ne vient pas à Mahomet, Mahomet va à la montagne. C’est ça le miracle” Ils ne comprirent pas. C’était une déclaration trop simple: si la montagne ne vient pas à Mahomet, Mahomet va à la montagne. Mais la véritable signification était subtile: lorsque nous ne tournons pas nos facultés mentales vers Dieu, Dieu vient à nous. Krishna vint à nous, Moïse vint à nous, Mahomet vint à nous.
La Parabole de la Brebis Égarée
Lorsque nous n’allons pas vers Dieu, Il vient nous aider. Vous avez lu la parabole de la brebis égarée. Dans la Bible, Jésus parle d’un berger qui a cent brebis. Le soir, lorsqu’il ramena les brebis à la bergerie, il se rendit compte qu’il en manquait une. Il était contrarié d’avoir perdu une brebis et il se mit donc à sa recherche. Cela signifie que lorsque nous sommes égarés dans le monde, que nous oublions Dieu, Dieu vient nous chercher. Il demande: “Où est mon enfant?”
Il y a une très belle conversation entre Dieu et le fidèle dans une chanson du Bengale. Lorsque le fidèle dit: “Je suis si heureux d’être en ta présence.” Dieu répond: “Je t’ai attendu à travers les âges. Tu ne peux pas imaginer le bonheur que j’éprouve de voir que tu es avec moi. Tu m’as oublié, tu t’es amusé dans le monde, accaparé par la vie terre à terre, la colère, l’ego, la jalousie, la possessivité et tu m’as oublié. Je t’ai attendu pendant des vies.” Lorsque les gens ne se rapprochent pas de Dieu, Dieu va vers eux. Dieu est avec nous, en nous, il attend que nous tournions notre mental et nos pensées vers Lui, même dans nos activités quotidiennes. Mais n’oubliez pas qu’il ne s’agit pas de quitter quoi que ce soit pour se mettre ensuite à penser à Dieu.
Hérode espérait voir un miracle, mais Jésus refusa. Et il trouva Jésus innocent. Il se rendit compte que les accusations qu’ils portaient contre lui n’étaient pas fondées. On pourrait donc dire que ce fut une chance pour Hérode d’avoir rencontré Jésus, d’avoir passé ces quelques instants en sa compagnie et d’avoir perçu son innocence. Cela lui a peut-être permis de se remémorer la peur qu’il avait ressentie à la naissance de Jésus et il s’est peut-être même repenti. Hérode renvoya Jésus à Pilate.
Que fit alors Pilate? Dans l’évangile de Jean on trouve ce très bel échange entre Pilate et Jésus. Pilate rentra dans son palais et demanda à Jésus de le suivre et une conversation privée s’ensuivit. “Es-tu vraiment le roi des rois, le roi des Juifs?” Jésus répondit: “Tu l’as dit, je le suis.” Alors Pilate demanda où se trouvait le royaume de Jésus. Jésus expliqua que son royaume n’était pas de ce monde. C’est une très belle affirmation. C’est son enseignement. Où est ce royaume? Nous avons souvent parlé du royaume des cieux. Soyons rois et non mendiants, soyons rois de notre propre vie. Jésus dit aussi: “Je ne suis pas un roi qui recherche le pouvoir.” Les rois sont vraiment de pauvres gens.
Le Roi Mendiant
Il y a l’histoire d’un roi qui alla chasser dans la forêt, s’y perdit, tourna en rond sur le dos de son cheval et finalement fatigué, épuisé et assoiffé se retrouva devant la maisonnette d’un ermite. Il descendit de cheval, alla vers l’ermite et s’inclina devant lui. L’ermite lui souhaita la bienvenue et lui servit à manger et à boire. Le roi était charmé de son hospitalité. Il dit à l’ermite que s’il avait besoin de quoi que ce soit, il pouvait venir au palais et il ferait tout son possible pour l’aider. Un jour l’ermite décida d’aller voir le roi parce qu’il avait quelque chose à lui dire. Lorsqu’il se présenta à la porte du roi, personne ne l’arrêta parce qu’il était moine et qu’à l’époque on se faisait une haute opinion des moines. Il entra donc et trouva le roi priant silencieusement. Il demandait: “Ô Dieu, donne-moi davantage de forces pour conquérir le royaume voisin. Son roi crée des problèmes mais je ne suis pas aussi fort que lui. J’ai besoin de davantage de moyens pour renforcer mon armée, davantage d’argent.” Le moine percevait la prière et savait ce que le roi avait à l’esprit. (Lorsque Pierre trahit Jésus trois fois, Jésus jeta de loin un regard sur Pierre et sourit. Il connaissait le passé, le présent et l’avenir.) Il était prêt à s’en aller lorsque le roi vit l’ermite, s’inclina devant lui et lui dit: “Puis-je vous être de quelque service?” Le moine répondit: “Je ne fais pas la mendicité à un mendiant.” Le roi ne comprenait pas. Le moine continua: “Je suis venu avec une requête il est vrai, mais je viens de me rendre compte que vous êtes un mendiant. Vous faites la mendicité à Dieu pour essayer d’obtenir quelque chose. Pourquoi ne ferais-je pas aussi la mendicité à Dieu lorsque j’ai besoin de quelque chose? Pourquoi irais-je mendier auprès de vous?”
La Confiance de Yogananda
Lorsqu’il acheta l’ashram de Mont Washington, Paramahamsa Yoganandaji devait faire un versement initial. S’il n’arrivait pas à produire le reste de la somme convenue dans une période déterminée, le propriétaire récupérait sa propriété et le versement initial était perdu. Yoganadaji disait qu’à l’origine la propriété lui était apparue dans une vision. Mais les jours s’égrenaient et il manquait toujours une large somme d’argent. Le dernier jour, les gens vinrent le voir et lui demandèrent ce qu’il allait faire. Il leur dit de ne pas s’inquiéter. “Pourquoi êtes-vous si attachés à cette propriété?” D’après ce qu’on raconte il leur aurait même dit de s’en aller et il ajouta: “Vous êtes fous.” Ils dirent tous à Yoganandaji que c’était lui qui était fou et qu’il pouvait bien rester et ils s’en allèrent.
L’agent immobilier arriva et s’assit dans l’entrée au rez-de-chaussée attendant de voir si Yoganandaji allait payer. Sur ces entrefaites, un homme se présenta pour voir Yoganandaji. Il resta quelques temps avec lui pour méditer. C’était la première fois qu’il rencontrait Yoganandaji. Après la méditation il se sentit si paisible et si heureux d’avoir rencontré un tel homme, d’avoir médité et d’avoir trouvé tant de paix et de calme au-dedans de lui. Il dit “Puis-je vous poser une question? J’ai vu un homme assis en bas et je le connais. C’est un agent immobilier. Avez-vous un prêt ou une dette envers quelqu’un?” Yoganandaji lui dit de ne pas s’en inquiéter, d’être simplement heureux et de s’en aller. Mais l’homme insista: “Non, sérieusement, si vous devez de l’argent à quelqu’un et que vous devez payer maintenant, je vous fais un chèque en blanc, vous mettez la somme que vous voulez et vous lui donnez.” Yoganandaji avait fait preuve de confiance en Dieu. Nous mendions tant parce que notre confiance en Dieu est si faible.
Ce que Jésus nous dit c’est que nous sommes réellement rois. Il répondit à Pilate: “Tu l’as dit, c’est la vérité. Mais mon royaume n’est pas de ce monde.” Comment? Nous devrions être rois de nous-mêmes, régner sur nos faiblesses, ordonner à nos bonnes qualités de se multiplier, essayer d’éliminer nos qualités négatives et nos vices.
Nous avons tous des faiblesses, sans aucun doute, mais ne nous attardons pas dessus. Nous avons suffisamment de force et de talents si nous redémarrons dans la vie en priant Dieu, en aimant Dieu et en essayant encore, encore et encore en dépit de nos échecs. Oui, j’ai échoué tant de fois! Mais comme me le disait un moine: “Lorsqu’on échoue à répétition, on acquiert de l’expérience et on se fait une meilleure idée des causes de ces échecs. Je dis cela pour que tu essayes encore car c’est ainsi que tu réussiras.” C’est pourquoi on a ce proverbe en Anglais selon lequel l’échec est le pilier du succès. Pour réussir il faut accepter l’échec. “Echec! je sais que tu reviens encore à moi, mais le succès vient aussi. Je ne m’inquiéterai pas de cet échec. J’ai échoué mais j’essayerai encore. J’essayerai encore et encore.” Commençons maintenant avec notre propre vie, changeons notre vie par l’amour de Dieu, par l’amour du Christ, par l’amour des Maîtres.
Le Dilemme de Pilate
Pilate demanda à Jésus s’il n’avait rien d’autre à dire sur les accusations portées contre lui. Différents évangiles donnent différentes versions de l’histoire, certains disant qu’il ne dit rien, qu’il garda le silence et qu’il n’essaya pas de se défendre. Une rose ne dit jamais: “Je suis belle, je suis douce et parfumée” mais elle a malgré tout toutes ces qualités. Une rose est ce qu’elle est. C’est pourquoi dans la Bible, dans la Torah, Dieu dit: “Je suis ce que je suis”. Vous ne pouvez pas me donner un certificat pour me certifier qui je suis. C’est pourquoi on dit que le soi est auto-lumineux. Lorsqu’une lampe brûle, qui lui donne sa lumière? La lampe s’éclaire elle-même. La lumière de la lampe dans l’obscurité prouve l’existence de la lampe. Si la pièce est dans l’obscurité et la lampe est éteinte, vous ne pouvez pas la voir. Mais la lumière de la lampe démontre l’existence de la lampe. L’âme est auto-lumineuse. Jésus ne voulait pas démontrer qu’il était quelque chose. Il ne dit rien. C’était un problème pour Pilate. La plupart des évangiles disent qu’il se rendait compte que Jésus était innocent et que les gens l’enviaient. Dans l’un des évangiles il est écrit que la femme du gouverneur lui fit porter un message. Elle lui demandait d’épargner Jésus car il était innocent. Elle avait en effet fait de nombreux rêves à son sujet. Analysons la situation de Pilate un peu plus en détail.
L’envie, la jalousie, l’intolérance sont des signes d’ego. L’ego et l’envie sont très proches l’un de l’autre. Lorsque nous voyons quelqu’un réussir, nous l’envions. Certains sont envieux lorsqu’ils voient que quelqu’un est heureux et joyeux. D’autres sont même envieux de la croissance spirituelle des autres. Si vous lisez la mythologie Hindoue, vous y verrez que le maître du royaume des cieux devient envieux de ceux qui méditent davantage. Pourquoi? Parce qu’il pense que si quelqu’un médite davantage il risque de perdre son pouvoir.
Nous sommes envieux à cause de la faiblesse de nos cœurs. Si vous mettez plusieurs crabes dans un panier, lorsque l’un d’entre eux essaye de grimper pour s’échapper un autre le tire par la patte pour le faire retomber. Ce n’est pas une invention. Je l’ai personnellement observé. C’est l’envie. L’envie c’est: si je souffre pourquoi seriez-vous heureux? Si je ne réussis pas, pourquoi réussiriez-vous davantage? C’est l’envie. Les gens vont au temple pour prier. Combien viennent s’incliner devant le prêtre? Très peu. Mais ils iront s’incliner devant un saint. Le prêtre sera naturellement envieux. “Je suis tout le temps au temple et ils ne viennent pas s’incliner devant moi. Ils voient un moine et ils vont s’incliner devant lui.” Les gens ne tolèrent pas le succès ou la prospérité des autres. Pilate vit que les gens enviaient Jésus.
Alors Pilate alla leur dire que Jésus était innocent mais que s’ils le voulaient il lui ferait infliger une punition et le laisserait aller. Il ne méritait pas la peine capitale. Maintenant, dans le drame de la vie, si vous prenez l’univers entier comme un jeu, chacun d’entre nous a un rôle à y jouer. Il y a une histoire dans le Ramayana qui le montre clairement. Rama fut envoyé en exile juste au moment où il devait être couronné roi. Sa belle-mère était la cause de cet exile. Avant de partir pour l’exil, il alla recevoir les bénédictions de tout le monde. Il alla même s’incliner devant sa belle-mère et lui dit: “Je vous dois tous mes remerciements. C’est grâce à vous que cette opportunité d’aller passer quatorze ans dans la forêt m’est offerte. J’avais depuis longtemps ce profond désir d’aller passer quelques temps en la compagnie de saints hommes vivant au sein de la nature et d’ainsi pouvoir mieux étudier la vie qu’en exerçant le pouvoir et en régnant sur un royaume. Ce désir est exaucé grâce à vous. Je vous en suis vraiment reconnaissant.” Les autres accusaient sa belle mère de méchanceté pour envoyer un beau jeune homme comme lui dans la forêt. Mais Rama exprima au contraire sa gratitude. Il indiqua également qu’il serait heureux de voir son frère Bharata accéder au trône. L’histoire raconte que lorsqu’il jouait avec ses frères il faisait exprès de les laissait gagner. Pourquoi? Pour qu’ils en ressentent la joie. Rama aurait pu gagner mais il préférait perdre pour donner de la joie aux autres. Pour en revenir au drame de la vie, au drame cosmique, relisez le passage de l’Ancien Testament où il est dit qu’une vierge devait enfanter. Tout ce qui s’est produit dans le Nouveau Testament, dans la vie de Jésus, avait été prophétisé depuis longtemps. Quelqu’un devait jouer ce rôle.
Pilate déclara donc que Jésus était innocent et qu’après lui avoir fait subir un châtiment il le relâcherait et qu’il ne serait pas crucifié. Puis il réalisa que c’était la fête de Pâques. La tradition voulait qu’on relâche un prisonnier. L’un d’entre eux, Barabas, avait été condamné pour meurtre. Pilate demanda à la foule qui il devait relâcher. La foule répondit en criant de crucifier Jésus et de libérer Barabas. La foule était déchaînée et Pilate dit: “Qu’il en soit ainsi” et il alla s’en laver les mains. C’était le matin du Vendredi Saint. Un grand nombre étaient fous de joie et ils emmenèrent Jésus.
Cela nous amène à la question suivante: que faites-vous lorsque le danger survient? Vous vous enfuyez. Gouroudev disait: “When dangers try it is better to fly” (lorsque le danger se présente, il vaut mieux déguerpir). Jésus savait tout cela à l’avance. Pourquoi ne s’est-il pas enfui? S’il savait qu’un de ses disciples allait le trahir, s’il savait que ces gens allaient essayer de le crucifier, pourquoi n’est-il pas allé ailleurs? Pour le mental ordinaire, lorsqu’il y a une difficulté quelque part, il suffit d’aller ailleurs. Pourquoi rester au milieu des difficultés? Jésus a permis qu’on l’arrête non seulement pour réaliser la prophétie mais aussi pour montrer qu’il était l’enfant immortel de Dieu. “Je suis immortel. Vous détruirez ce temple et en trois jours je le reconstruirai.” Il voulait prouver que ses enseignements n’étaient pas que des mots. C’était la vérité.
Qu’est-ce que la Vérité?
Au cours de l’entretien qu’il avait eu avec Pilate dans son palais, Jésus lui avait parlé de son royaume. Il lui avait dit que ceux qui sont dans la vérité seront à ses côtés. Examinons donc ce qu’est la vérité. Il y a trois pots d’eau, l’un contient de l’eau froide, un autre de l’eau à température ambiante et le troisième de l’eau chaude. Si vous mettez votre main dans l’eau chaude, que ressentez-vous? De la chaleur. Maintenant mettez votre main dans l’eau tiède. Qu’allez-vous ressentir? Vous allez ressentir du froid parce qu’en faisant passer votre main de l’eau chaude à l’eau tiède, vous ressentez un refroidissement. Maintenant vous mettez votre autre main dans l’eau froide. Qu’allez-vous ressentir? Puis vous la mettez dans l’eau à température ambiante. Qu’allez-vous ressentir? Elle va vous paraître plus chaude. Quelle est la vérité?
Nous vivons dans ce monde de dualité, dans un monde relatif, et nous cherchons constamment à trouver la vérité et à juger les autres. J’ai raison, ce que je dis est vrai, les autres ont tort. Mais qu’est-ce que la vérité? Pilate pose la question: qu’est-ce que la vérité? Posons-nous la question: qu’est-ce que la vérité? L’eau tiède est-elle chaude ou froide? Nous vivons dans ce monde relatif. Parfois je pose la question: “Quel temps fait-il aujourd’hui?” Aujourd’hui il fait chaud. “A partir de quand fait-il chaud?” est ma question suivante. Peut-on dire que la température qu’il fait est chaude? On peut dire qu’il fait plus chaud qu’hier ou plus froid qu’hier mais il n’y a pas de point de référence pour différencier ce qui est chaud de ce qui est froid. Ce qui vous paraît chaud ne l’est pas pour moi. Les gens mangent. Si vous demandez à un disciple indien de faire la cuisine, il va la faire très épicée mais pour lui elle n’est pas trop épicée. Si vous la servez à des Américains ou des Européens ils vont dire que c’est trop épicé, trop relevé. Mais pour les Indiens ce n’est pas trop épicé. Nous vivons donc dans un monde de relativité. Nous jugeons les gens d’après ma propre conception de ce qui est vrai.
Alors Pilate demanda: qu’est-ce que la vérité? L’histoire s’arrête là, aucune description ne s’ensuit. Mais si vous relisez la Bible vous y trouverez: “Il faut connaître la vérité et cette vérité vous libérera.” Souvenez-vous: savoir que vous éprouvez la joie de la liberté est la vérité. Cette joie n’est pas limitée dans le temps. Tous les plaisirs du monde sont limités dans le temps. Vous avez vu votre ami et vous étiez heureux. Pour combien de temps? Pour un certain temps. C’est limité dans le temps. Vous avez mangé un bon petit plat. C’était délicieux, vous étiez heureux. Pour combien de temps? C’est limité dans le temps. Tout ce qui se produit dans nos vies est limité dans le temps. Même notre joie est éphémère. Mais nous devons éprouver ce bonheur, cette joie et cette paix sans limite. C’est possible par la connaissance de la vérité. Jésus est la personnification de la vérité, de l’amour, de la compassion et nous devrions essayer d’introduire dans nos vies ses enseignements, ses valeurs, son amour en le contemplant, lui, sa vie et son message. Transformons notre vie avec davantage d’amour, de joie et de bonheur.
Nous avons tendance à vivre en jugeant. Lorsque cette tendance s’exprime dans le monde de la relativité, il n’y a rien de mal: ce repas est très bon par exemple. Mais l’excitation intérieure n’est pas bonne. On peut apprécier les gens et leurs qualités mais nous ne devrions pas trop critiquer ou blesser les autres. Il faut être à la fois intelligent et spirituel. Pourquoi juger les autres? Dieu est le vrai juge. Dieu sait tout de nos vies. Je ne jugerai personne et je vais essayer de développer mes qualités de pardon et d’indulgence. Je ne laisserai pas l’envie s’installer dans ma vie. Je serai heureux du succès des autres de leur joie, de partager leur joie, de leur apporter davantage de joie par ma joie. Et si quelqu’un a des ennuis, j’en partagerai la souffrance, la porterai en moi. L’éclat de l’or apparaît lorsqu’il fond dans le feu et qu’on en fait un bel ornement. Dans la vie, l’accroissement de la souffrance, des problèmes et des difficultés révèlent notre éclat intérieur et notre force divine.
Prions Dieu en ce jour tout spécial. Prions le Christ en ce jour tout spécial. Donne-nous la force; donne-nous l’amour qui nous permette d’être dans la vérité, d’être dans l’amour, de nous libérer de cette attitude qui consiste à juger les autres, à les critiquer. Au lieu de cela, je vais me juger moi-même. Ô Dieu!, Oh Christ! Oh maîtres! Accordez-moi de devenir le roi de ma propre vie. Je vais être le monarque de ma propre vie, l’architecte de ma propre vie. Je vais essayer d’éliminer progressivement les qualités négatives qui tendent à créer la révolte au sein de ma vie par la tentation, l’ego, la colère et la jalousie. Je vais les détruire peu à peu. En tant que roi de ma propre vie je vais y apporter davantage de lumière, davantage d’amour, davantage de divinité. Ô Dieu, Ô Gourous, donnez-moi la force d’être le roi de ma propre vie. Pensez à Dieu, pensez au Christ avec une dévotion et un amour profonds. Ô Dieu, Ô Christ, Ô Gourous, bénissez-nous. En ce jour tout spécial, pensez à Lui avec un profond amour. Que les bénédictions de Dieu, du Christ et des Maîtres reposent sur nous tous.
Om amen.
Retour au SommaireLes Yoga Sutras de Patanjali
Commentaires de Yogiraj Shri Shri Lahiri Mahasaya – Interprétation Métaphorique de Paramahamsa Prajnanananda
Sutra 32
Tat pratisedhartham ekatattva abhyasah
tat = leur, cela
pratisedhartham = pour éviter, pour contrôler quelqu’un
eka tattvam = une seule vérité
abhyasah = pratique, application répétée
Traduction:
En vue de l’élimination / de la prévention de ces (obstacles), (il faut) s’adonner à la pratique intense d’une seule vérité ou principe.
Commentaires de Lahiri Mahasaya:
Pour éliminer tout cela, on doit suivre la voie de la pratique avec une attention concentrée (ekagracitta).
Interprétation Métaphorique:
La vie humaine offre un champ de possibilités idéal pour éliminer ses faiblesses et cultiver le divin. La divinité est la nature inhérente de tous mais, cette divinité en puissance ne se manifeste dans toute sa gloire qu’en éliminant les obstacles dressés sur la voie de l’évolution personnelle. Dans les deux sutras précédents se trouvait une liste complète des 13 obstacles inhérents à la vie du chercheur. Le soldat rempli de bravoure est prêt au combat et ne se démoralise jamais en face de ces tyrans qui oppressent l’état de vie béatifique.
La pratique de l’obtention de la concentration constitue le premier pas. Le mental agité ne peut pas refléter la beauté du divin comme la tempête ne permet pas au lac de refléter la beauté de la lune. En plus de la pratique de la concentration, on devrait en même temps essayer de vivre sa propre vérité et d’en rester conscient en permanence.
Le concept de la pratique a été expliqué précédemment (sutra 13). Par la pratique, on devient compétent dans n’importe quel aspect de la vie. La pratique rend parfait. On peut aussi l’appeler l’effort personnel. En dépit d’échecs répétés, celui qui recherche la vérité ne perd jamais espoir.
Eka Tattva, la Vérité Unique est la réalité de la création, la réalité de la vie. Dans la Bible, Jésus dit: “Et vous connaîtrez la vérité et la vérité vous libérera.” La vérité de la vie est le souffle. La vérité derrière chaque souffle est la divinité cachée, non-manifestée, présente partout. C’est la nature de chaque personne. Essayer d’éprouver “qui je suis” d’une façon contemplative et concentrée, et associer la pratique d’une discipline spirituelle à une vie d’individu normal est l’élément essentiel du succès.
Oh chercheur! ne te décourage pas devant la faiblesse de ton état mental. La grâce de Dieu est avec toi. Redresse-toi et combats. Va de l’avant. Rassemble tes forces. Suis les pas des maîtres. Souviens-toi de leurs conseils. Pratique et pratique encore. Chaque échec est le pilier de la réussite. Tu seras établi dans la Vérité. Chaque souffle chantera la chanson de la Vérité et la musique de la victoire. Aucun obstacle ni aucune faiblesse n’y survivront.
De même que Jésus disait “le Royaume de Dieu est à portée de la main,” la clé du succès est à la portée de ta main.
Retour au SommaireLa Bhagavad Gita
Interprétation Métaphorique de Paramahamsa Hariharananda
Chapitre 17, Versets 10 et 11
Verset 10:
yatayamam gatarasam
puti paryusitam ca yat
ucchistam api ca medhyam
bhojanam tamasapriyam
Traduction:
La nourriture gâtée, insipide, pourrie, impure et bonne aux ordures est chère au tamasique (le médiocre).
Interprétation Métaphorique:
Dans ce verset, le Seigneur décrit la nourriture qu’aiment les gens de nature tamasique qui sont ennuyeux, fainéants, paresseux, léthargiques, remettant toujours au lendemain, passant leur temps en bavardages inutiles ou à rêvasser, à somnoler, à s’enivrer, à se droguer etc… Il leur reste de ce fait peu de temps pour s’occuper d’eux-mêmes. Ils mangent ce qui leur tombe sous la main quelle que soit l’heure. Ils n’usent ni de modération ni de discernement au niveau de leur nourriture.
La personne de nature tamasique peut par exemple manger un plat refroidi et malsain préparé depuis longtemps, même s’il a été cuisiné il y a plus de dix ou douze heures. Lorsqu’une telle nourriture n’a pas été conservée de façon hygiénique, des germes et des bactéries peuvent s’y être développés. Elle peut aussi manger des aliments pas encore mûrs, trop mûrs ou trop secs qui n’ont pas de véritable valeur nutritive, qui n’ont pas de goût ni de saveur. La troisième catégorie d’aliments tamasiques est la nourriture pourrie qui dégage une mauvaise odeur.
Paryusitam veut dire qu’il y a des gens qui ne cuisinent qu’une fois de temps en temps, conservent leur nourriture dans de l’eau et mangent la même chose pendant trois jours. C’est une pratique très malsaine.
Uchista désigne des aliments qui ont été servis, qui ont touché ou ont été laissés sur l’assiette de quelqu’un. De même, lorsqu’on a mis un couvert dans sa bouche, on ne devrait pas le remettre dans le plat qui contient la nourriture de tout le monde. On ne devrait pas non plus remettre les restes de son assiette dans les restes du plat, ceci pour des considérations hygiéniques. Quelqu’un peut avoir une maladie. Il peut y avoir des germes ou des bactéries. Beaucoup de maladies se transmettent d’une personne à l’autre par contamination.
La nourriture qui n’est pas propre, pure et saine est la nourriture des tamasiques. Les paresseux de nature tamasique mangent ce genre de nourriture avec un plaisir évident parce qu’ils ne veulent pas travailler. Ils mangent et ils dorment. Leur santé est très mauvaise et ils sont émaciés. De plus ils ne lavent ni leur corps ni leurs vêtements et attrapent de nombreuses maladies.
Verset 11:
aphalakanksibhir yajno
vidhidrsto ta ijyate
yastavyam eve ti manah
samadhaya sa sattvikah
Traduction:
Le sacrifice (la cérémonie du feu) offert selon les prescriptions des écritures par ceux qui ne désirent pas en retirer les fruits et qui se concentrent simplement sur la pensée “ce sacrifice doit être accompli” est de caractère sattvique (spirituel).
Interprétation Métaphorique:
Bien que le sacrifice soit généralement compris comme une offrande faite au feu sacré accompagnée du chant de mantras, il a également une signification métaphorique suprême et sublime. Dans ce verset, le Seigneur décrit le véritable sacrifice spirituel accompli uniquement pour la réalisation de Dieu.
Dans le Jnana Shankalini Tantra, il est écrit:
na homa noman ityahua
samadhan tattu bhuyate
brahmagnau huyate pranam
homakarma taducyate.
“La voie d’accès au samadhi ne passe pas par le yajna ou le homa où l’oblation se fait dans le feu mais plutôt par la manière par laquelle la force vitale ou le souffle (prana) est donné en oblation à Brahmagni, le Dieu du feu.”
Ceux qui recherchent la spiritualité doivent savoir que le souffle de tous les êtres vivants est le souffle de Dieu (voir la Genèse chapitre 1, verset 27). Dieu n’a cessé d’insuffler la vie dans chaque être vivant depuis sa naissance jusqu’au moment présent. Sans souffle, on meurt. Tant que le souffle subsiste, chacun devrait essayer de réaliser le Soi au-dedans de lui.
Pour y parvenir, il faut s’asseoir dans un endroit calme et prendre contrôle du souffle et du mental à l’aide d’un souffle très lent et très faible. L’attention doit être concentrée à la glande pituitaire et à la fontanelle sans ambition ni désir pour le fruit d’une telle action suprêmement spirituelle. Le souffle doit exercer la même pression dans les deux narines. L’inspir et l’expir doivent être de même durée. Ceci s’apprend directement du Maître. Par la pratique assidue, on oubliera la sensation du monde. On se fondra complètement dans la conscience divine. C’est la véritable oblation, le véritable sacrifice et la véritable cérémonie du feu, l’offrande du souffle au Dieu du feu.
Tout le monde doit comprendre le feu du corps. Dans le Mundaka Upanishad (chapitre 2, verset 1 à 8) il est dit:
sapta praoaa prabhavanti tasmat
saptarciaaa samidhaa sapta homaa
sapta ime loka yeau caranti praoa
guhacaya nihitaa sapta sapta
“De Lui sont nés les sept pranas et les sept flammes (feux). Il y a sept oblations (de bois à brûler) et sept cérémonies du feu. On peut aller de l’un à l’autre de ces sept feux dans les sept lokas (champs d’activité de la vie) en suivant le prana et percevoir le Soi intérieur qui demeure dans la grotte (la boîte crânienne).”
De ces sept feux dans les sept centres (chakras) de l’épine dorsale, le feu situé au sommet est dans la boîte crânienne et même au-dessus. Chaque souffle y monte et entre en contact avec ce feu ce qui produit la chaleur du corps. La chaleur du corps est entretenue comme une bougie qui brûle au contact de l’oxygène. Si vous recouvrez la bougie avec un verre, sa lumière disparaîtra en quelques secondes. Le souffle, le courant vital, maintient le corps en vie. L’oxygène est l’oblation au Dieu du feu. Si vous observez le souffle qui pénètre et ressort et aimez et remerciez Dieu, alors chaque souffle sera la véritable oblation faite au feu.
C’est le yajna, la cérémonie sacrificielle du feu qui s’opère dans tous les êtres humains. On ne se réalise pas, on ne se libère pas simplement en versant du ghee (beurre clarifié) dans le feu en accomplissant les cérémonies védiques du feu. Il faut apprendre la véritable cérémonie du feu, la façon de pratiquer correctement le prana karma (homa karma ou yajna) auprès d’un maître réalisé du Kriya Yoga. Lorsqu’on pratique ainsi avec amour, alors toute agitation disparaît. En magnétisant l’épine dorsale et en fixant son attention à la fontanelle et au-dessus, dans l’état de superconscience, on perçoit constamment la cérémonie du feu qui s’opère tout au long de sa vie. Grâce à cela, on entrera dans l’état de samadhi (la sagesse) que l’on peut atteindre en se maintenant au point atomique.
Lorsqu’on est conscient de son souffle et qu’on aime Dieu dans chaque souffle sans rien en attendre, alors seulement on sera réellement libéré de la sensation du corps, de toute sensation du monde, libéré du mental, de la pensée, de l’intellect et de l’ego. Cette cérémonie du feu doit être accomplie constamment et continuellement. C’est l’oblation spirituelle au feu divin. On ne peut y parvenir par aucun rite ou rituel externe ou extraverti, ni par l’adoration des idoles ou en chantant des mantras (par les cinq organes des sens).
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