Éditorial
Il y a quatre vingt quinze ans, le 27 Mai 1907, un bébé naissait dans une famille de la caste supérieure des brahmanes. Il s’appelait Rabindranath et son père savait qu’il allait devenir un enseignant de grande stature, un saint et l’un des plus grands cadeaux de l’Inde à l’humanité. Dès 1948 il avait réalisé son destin et la prophétie de son père en atteignant l’état sans souffle et sans pouls du Nirvikalpa Samadhi. En 1959 il fut initié au sannyas sous le nom de Swami Hariharananda Giri. En 1974, à l’âge où la plupart des gens pensent à la retraite, Swamiji entreprit de répandre la technique du Kriya Yoga en Occident. Sa vie est celle de l’abandon total à la volonté divine et du don total de lui-même à ses disciples. Dans ce numéro de Soul Culture, nous célébrons le quatre vingt quinzième anniversaire de Baba et le remercions humblement d’être ici présent avec nous dans son corps. De plus, Baba nous rappelle dans sa lettre d’anniversaire à ses disciples qu’il est aussi présent spirituellement avec chacun d’entre nous, peu importe où nous nous trouvons, peu importe ce que nous faisons, et des disciples du monde entier confirmerons qu’effectivement c’est bien le cas. C’est une bénédiction pour nous que de pouvoir nous incliner aux pieds de Baba et de sentir son amour purifier et sanctifier nos vies.
La vie de Baba est un guide, une carte routière pour la libération. Ce que ses moines enseignent, ils l’ont appris de lui. Dans ce numéro, Swami Sarveshwaranandaji nous rappelle que la voie du bonheur passe par le service rendu. Lorsqu’on donne aux autres, si l’on sait que ce n’est pas nous qui donnons mais que c’est Dieu qui donne à travers nous, nous ne serons jamais à court d’énergie et de charité envers les autres. Baba en est un exemple vivant. Il a donné sa vie toute entière, chacun de ses souffles, à ses enfants et sa joie et son amour sont toujours débordants.
Swami Shuddhanandaji nous parle de la droiture de l’action, du silence et de la liberté et nous rappelle de rester constamment conscients de nos pensées car l’attitude mentale sous-jacente à l’action est plus importante que l’action elle-même. Encore une fois, Baba nous en fait la démonstration dans sa vie. Chacune de ses actions, de ses mouvements, de ses mots viennent d’une conscience extrême et de l’amour le plus profond.
Ce numéro contient aussi une série de questions et de réponses avec Paramahamsa Prajnananandaji, une rare conférence donnée par Baba en 1978 sur l’arbre-corps humain et une lettre célébrant la fête des mères. Nous offrons également plusieurs poèmes et lettres adressées à Baba par ses disciples et comme à l’accoutumé des extraits de commentaires spirituels sur la Baghavad Gita .
Nous offrons humblement ce numéro de Soul Culture aux pieds sacrés de notre Gurudev divin et plein d’amour.
Retour au SommaireRapport spécial Sur Le 95ème anniversaire de Baba (24 au 28 mai 2002)
Des kriyavans venus de tous les coins de la terre se rassemblèrent pour célébrer l’extraordinaire occasion du 95ème anniversaire de Baba. Baba présida à toutes les festivités et nous fumes bénis de la présence de ses moines d’Inde, d’Europe et d’Amérique. Les Yogacharyas de Baba des État Unis et d’Europe vinrent aussi se joindre à cette joyeuse célébration. Parmi ceux qui étaient présents on pouvait noter Paramahamsa Prajnanananda, Swami Shuddhananda, Swami Brahmananada, Swami Vidyadhishananda, Swami Sarveshwarananda, Swami Mangalananda, Rajarshi Peterananda, Gonesh Baba, Bhadrayu Pandya, Suresh Kodolikar, Elizabeth Tackenberg, Don Abrams, Christine Jacobsen, Durga Chunduri et Miguel Bermudez.
Quelle chance de se trouver au sein d’une telle assemblée.
Après plusieurs jours passés à accueillir les kriyavans, les festivités commencèrent vraiment le Vendredi 24 Mai à environ 9 heures 30. Baba entra dans la salle au son des conques et d’une touchante exécution par les kriyavans en liesse du chant “Jai Guru” (Victoire au Gourou).
Baba ouvrit la cérémonie avec l’une de ses bénédictions traditionnelles:
Shatam jivet
chiram jivet
sukham jivet
Puis Baba traduisit en donnant à l’auditoire l’essence de ce verset
“Vivez 100 ans
Soyez immortels
Vivez heureux”
Alors, il se met à chanter spontanément accompagné par les moines. Soudain Baba déclare: “Soyez très attentifs, à tout moment. Essayez d’atteindre l’état d’où la mort est absente, l’état d’immortalité, méditez, méditez et méditez.”
De nouveau Baba se met à chanter, cette fois sa fameuse chanson sur le Kriya Yoga:
“Prenez un tout petit souffle,
Cherchez-Le dans la tête.
Vous verrez alors la lumière d’un blanc de lait
Recouvrir le monde entier d’une vision divine.
Calmement, cherchez Dieu dans la fontanelle
A coup sur vous obtiendrez la réalisation Divine, pratiquez bien le Kriya.”
Baba créa ce chant spontanément en Hindi lorsque, il y a de nombreuses années, il était chez des disciples en Inde. Il le traduisit en Anglais et le répandit parmi les kriyavans tout autour du monde.
Le lendemain, Samedi, Baba entra de nouveau dans la salle au son du chant de Jai Guru et il demanda: “Pourquoi Jai Guru? Sans le gourou, les étudiants ne peuvent pas devenir gourou. Le gourou enseigne et les étudiants apprennent. Ainsi, les étudiants vont devenir gourous. Vous devez donc apprendre… étudiants. La technique du Kriya Yoga repose sur le souffle court. Lorsque le souffle n’est pas court, vous ne pouvez pas atteindre le calme, vous ne pouvez alors pas atteindre la réalité, vous ne pouvez alors pas atteindre la divinité, vous ne pouvez alors pas atteindre la pureté, la perfection et la libération. C’est clair?”
Retour au SommaireHistoire sur Baba
26 Mai 2002
Le dimanche matin, tandis que les kriyavans attendaient impatiemment l’arrivée de Baba, les Yogacharyas eurent la gentillesse de raconter quelques histoires de premier choix à son sujet.
Yogacharya Gonesh Baba
La Barbe Blanche
Au mois de Février de cette année, Gonesh Baba dirigeait un séminaire au Brésil. Il raconta l’histoire d’une disciple qui n’avait jamais rencontré Baba mais qui avait en lui une foi immense.
La disciple demanda à Baba en prière d’aider à la guérison de sa mère affligée d’une maladie qui la faisait beaucoup souffrir. Les docteurs lui avaient dit qu’il s’agissait d’une maladie incurable. Quelques temps plus tard, la mère de cette disciple raconta à sa fille qu’elle avait rencontré chez l’épicier un homme très gentil portant une barbe blanche. Il lui avait dit d’aller à la pharmacie et d’acheter une lotion particulière. Après l’avoir utilisée, elle se trouva guérie.
Se rendant plus tard chez sa fille, la mère vit une photo de Baba. Elle dit: “il ressemble exactement à l’homme que j’ai rencontré chez l’épicier.”
Ayez donc foi en Dieu et dans les Gourous
Yogacharya Elizabeth Tackenberg
Larmes Versées pour le Gourou
Un jour Baba devait venir à un programme à New York, mais il changea son itinéraire et il n’était maintenant plus question qu’il y vienne du tout. Les organisateurs du programme contactèrent donc Elizabeth et lui demandèrent d’écrire à Baba pour essayer de le persuader de venir.
Elizabeth décida de méditer d’abord et d’écrire la lettre ensuite. Elle décida également de limiter sa lettre à une seule page. Elle médita donc et lorsqu’elle se sentit suffisamment inspirée, elle prit la plume pour écrire à Baba. Elle se mit alors à penser à tout ce que Baba représentait pour elle. Finalement, l’idée de ne pas voir Baba lui devint si insupportable qu’elle éclata en sanglots. Après avoir pleuré pendant longtemps, elle plaça la lettre sur une étagère et alla se coucher.
Baba se trouvait alors chez un disciple, un ami d’Elizabeth, en Californie. Baba lui dit d’appeler Elizabeth immédiatement. Le disciple répondit: “mais, Baba, elle doit dormir.”
Baba répondit: “Appelez-la tout de suite et dites lui que je viens à New York.”
A minuit, le téléphone se mit à sonner. C’était son ami de Californie: “Elizabeth, je sais que je te réveille et j’en suis désolé. Excuse-moi…”
“Les Larmes Marchent!” Si vous voulez l’aide du Gourou, vous n’avez qu’à pleurer… avec amour.
Rajarshi Peterananda
Sans un Sou a Puri
En 1974, Rajarshi Peterananda voyageait pour la deuxième fois en Inde, à la rencontre de nombreux saints et sadhus. Il alla à la Kumbha Mela d’Haridwar, un grand rassemblement sacré de yogis, de sadhus et de sages venus de tous les coins de l’Inde. C’était lors d’un de ces rassemblements que Shriyukteswar rencontra Babaji. Peter Baba dit: “je cherchais quelque chose mais je ne savais pas quoi.”
Finalement, il se rendit à Calcutta pour prendre les dispositions nécessaires pour que sa banque lui envoie de l’argent. Un mois plus tard, l’argent n’était pas encore arrivé. Il n’aimait pas vraiment la grande ville; il aurait préféré être dans un endroit un peu plus tranquille et spirituel. Il décida donc de se rendre à Puri, un endroit paisible.
Les jours passaient et il se trouva à court d’argent. En dernier recours il alla dormir sur la plage et se mit à mendier pour sa nourriture auprès d’occidentaux. Peter Baba aborda un Américain qui l’invita au restaurant. Il se mit à parler d’un grand yogi réalisé qu’il connaissait et qui vivait à Puri. Ils décidèrent d’aller au Karar Ashram pour rencontrer le maître.
Lorsque Peter rencontra Baba, il lui expliqua qu’il n’avait pas d’argent, rien à manger et pas d’endroit pour dormir. Baba lui dit qu’il pouvait dormir à l’ashram et prendre part aux repas. Il demanda aussi à Peter Baba de venir le lendemain matin à 6 heures à la salle de méditation et Baba continua en disant: “Je vais vous initier.”
Peter Baba rapporta la scène:
“Je n’avais pas demandé à être initié. Il me l’ordonna. Je n’avais pas le choix. J’étais très heureux. Tout m’avait été donné. Je pense que c’était le destin!”
L’Heure des Bouchons
Baba était au cœur du centre ville de New York avec Don Baba. Ils traversaient la rue au milieu d’une circulation intense et Baba demanda: “Prêtez-vous attention à Dieu?”
Se faufilant entre les voitures, Don répondit: “Baba, je fais attention aux voitures.”
Baba répond: “Cela n’empêche pas que vous devriez prêter attention à Dieu.”
Le stylo introuvable
Lors d’une autre de ses visites à New York Baba demanda à Don de lui trouver un stylo bille bien précis avec plusieurs couleurs d’encre. Don se mit en quête dans tous les magasins possibles et imaginables mais sans succès.
Après s’être donné toutes les peines du monde, Don se retrouva finalement dans un magasin qui avait un stylo presque identique. Il pensa qu’il ne trouverait rien de mieux et l’acheta.
Don revint apporter sa trouvaille à Baba. Baba examina le stylo et dit à Don: “Retournez au même magasin, regardez juste sur la gauche, et là vous le trouverez.”
Don rétorque: “Baba, vous n’êtes pas allé dans ce magasin. J’ai regardé partout. Il n’y est pas.”
“Non, non, regardez bien, retournez-y, il est là, j’en suis sûr,”
Don retourna donc au magasin et le stylo était là, exactement à l’endroit que Baba lui avait indiqué.
Que Puis-je Faire Pour Vous aider?
Un jour Don demanda à Baba: “Avez-vous besoin de quoique ce soit?”
Baba répondit: “Oui, j’ai besoin que vous soyez réalisé, vous pourrez alors vraiment m’aider.”
Pose de La première pierre
Dimanche 26 Mai 2002
Le Dimanche 26 Mai au matin Baba fit une cérémonie du feu avec les moines pour bénir le nouveau bâtiment. Baba récita les prières de la cérémonie, le bois fut offert et le feu allumé. Il y eut des offrandes de ghee, de friandises et de fruits.
Puis Baba signa les documents et les plans d’exécution donnant l’autorisation de construire le nouveau bâtiment. Il bénit les premières briques et un trou fut creusé à l’un des angles du futur bâtiment où elles furent enterrées.
Arati fut exécuté et le feu sacré offert à tous les participants. Pour conclure la cérémonie, Baba invita tout le monde à venir partager les fruits et les friandises bénis. On s’exécuta au son de Jai Guruji. Tous les moines vinrent alors se prosterner devant Baba et lui payer leurs respects.
Retour au SommaireL’anniversaire – Lundi 27 Mai 2002
Tous les moines, les yogacharyas et les résidents se rassemblèrent pour s’incliner devant Baba juste avant qu’il prenne son petit déjeuner. Baba nous reçut en silence, puis des larmes inondèrent ses yeux et il dit: “Je vous lave les pieds dans mes larmes.”
Nous quittâmes tous la chambre de Baba et découvrîmes un triple arc en ciel juste au dessus de la maison.
Baba entra dans la salle de méditation pleine à craquer de kriyavans venus de loin pour passer cette journée toute spéciale avec leur Gourou bien-aimé. Baba prit place sur le siège qui lui avait été réservé sur l’estrade et une énorme guirlande de roses lui fut offerte et passée autour du cou.
Entouré de ses yogacharyas, de ses moines et de ses disciples, Baba posa un regard plein d’amour sur tous ses enfants rassemblés devant lui. Soudain Baba se mit à chanter comme il le fait généralement en ces occasions.
Il commença par les versets 38 à 40 du chapitre 11 de la Baghavad Gita et confirma avec précision la source de sa citation. Il chanta le dernier verset, le verset 40, pour le plus grand bien de tous:
namah purustad atha prishthatas te
namo stu te sarvata eva sarva
anantaviryamitavikramas tvam
sarvam samapnoshi tato ‘si sarvah
Puis Baba nous donna l’essence du verset:
“Dieu est présent devant vous
Dieu est présent derrière vous
Votre pouvoir est si grand… Dieu
Vous êtes présent partout.”
Ce verset est vraiment spécial pour Baba; le 14 Juin 1994 Baba chantait ce verset devant ses disciples à l’inauguration de l’Ashram de Boerne près de San Antonio au Texas. Devant toute l’assemblée, Baba devint si absorbé qu’il entra dans l’état de Nirvikalpa Samadhi. Ce verset est donc vraiment précieux.
Baba passa soigneusement la salle en revue, s’assurant qu’il pouvait voir clairement chaque participant, leur demandant de se pousser un peu si nécessaire. Le Gourou montre tant de considération. Baba déclara:
“Ne perdez de temps avec personne d’autre que Dieu et votre temps ne sera pas perdu.”
Puis Baba regarda dehors pour voir quel temps il faisait et comme il faisait beau il annonça: “Je vais faire un tour dehors.”
Instantanément Prajnananandaji dit: “non, non.”
Baba répondit: “Je n’y vais pas?”
Prajnananandaji sourit et rit: “Non.”
Puis un kriyavan demanda à Baba: “Que se passe-t’il dans l’état de Nirvikalpa Samadhi ?”
Baba répondit: “Rien que du désir. Si vous en avez le plus profond désir, alors vous atteindrez l’état sans forme. Le pouvoir sans forme de Dieu est partout, la pulsation, la sensation de mouvement dans le corps tout entier. Cela ne dépend que de votre désir.”
Baba guida la méditation puis différents groupes de disciples chantèrent pour Baba. La première chanson était une chanson bien connue composée par Yoganandaji: “Je suis la bulle, fais de moi l’océan.”
Baba déclara: “La vie, le souffle est la vie.” Puis il remercia le premier groupe de chanteurs. Un groupe de kriyavans locaux chanta alors une chanson composée spécialement pour Baba, suivi d’un autre kriyavan qui exécuta admirablement un Ave Maria.
La chanson traditionnelle“Incarnation de la vérité”, une chanson de Baba, fut ensuite chantée par tout le monde sous la direction de notre honorable secrétaire Karen Johnson. En cette occasion de Guru Purnima, les paroles de cette chanson étaient particulièrement poignantes:
“Vivant le Don
Vivant le Rêve
Purement pour nous
En suivant le Courant
Le canal est ouvert, plonge-y et vois
La lumière est abondante, simplement suis-moi
Le flot est sans fin, réveille-toi et sois
Le flot est sans fin, réveille-toi et sois
Heureux pour toujours, mon Maître et moi.”
Plusieurs bhajans Indiens bien connus s’enchaînèrent, créant un parfait mariage entre l’Orient et l’Occident en cette heureuse occasion.
Nouvelles publications.
Paramahamsa Prajnanananda présenta alors à Baba une sélection de ses livres les plus récents, comprenant les titres suivants:
A Successful Lifestyle (Un mode de vie pour réussir), conseils pratiques pour la vie quotidienne.
Prapanna Gita, prières des fidèles s’abandonnant à Dieu, tirées du Mahabharata.
Daily Prayers (Prières quotidiennes), prières issues des Écritures pour la récitation et la contemplation quotidiennes.
The Changing Nature of Relationships (La Nature Changeante des Relations), comment évoluer des relations normales à la relation avec Dieu.
Puis, il y eut l’annoncement officiel de l’ouverture du site Internet d’Histoires racontées par un Moine de Swami Sarveshwarananda (Welcome to the Storytelling Monk’s Garden of Wisdom www.storytellingmonk.org (plus en activité aujourd’hui) qui offre au chercheur la sagesse contenue dans des contes, des chants sacrés, des citations et photos de saints bien connus, des biographies, des jeux spirituels, un cours d’étude de soi et d’autres textes inspirateurs pour le chercheur spirituel.
La cassette de l’anniversaire des 94 ans de Baba fut publiée ainsi que de nouvelles très belles cartes postales de Baba avec des citations choisies, créées par un kriyavan plein de talent. Le physicien de Baba et sa famille étaient présents en tant qu’invités d’honneur. Lorsque ces articles furent présentés à Baba, il les donna immédiatement à ses invités d’honneur.
La cérémonie d’anniversaire se terminait. Pour conclure, Prajnananandaji accompagné de Swami Shuddhananda chantèrent une chanson sur les tablas. Puis tous ceux qui étaient présents furent invités à s’approcher de l’estrade pour s’incliner et prendre quelques friandises et une photo de Baba. Finalement les yogacharyas et les moines s’inclinèrent devant Baba marquant la fin des festivités de cette glorieuse occasion.
Retour au SommaireLettres adressées à Baba pour son 95ème anniversaire
Vu le caractère privé de ces extraits, l’anonymat des leurs auteurs a été préservée.
Très cher et divin Gurudev! Mille merci pour vos aimables soins et votre tendre présence parmi nous. Merci pour vos vies passées au service inlassable de toute l’humanité. Nous ne vivons que pour servir notre très aimable Baba avec l’amour et la dévotion les plus profonds, pour toujours. Nous nous inclinons avec humilité.
Gurudev, nous avons été gracieusement bénis d’avoir encore la fleur de votre compagnie. Son parfum nous enivre…
Cher Baba, merci pour cette divine opportunité en cette vie. Je vous suis reconnaissant pour toute l’aide que vous m‘avez apportée dans la vie. Merci de rester dans votre corps si longtemps pour nous tous! Je vous envoie autant de mon petit amour qu’il m’est possible.
Très cher Baba, nous vous souhaitons un joyeux 95ème anniversaire! Chaque jour où vous êtes vivant et chaque mot qui sort de votre bouche est pour nous la bénédiction la plus grande, Gurudev. Merci du fond du cœur pour nous aimer et nous bénir tous. Votre vie est l’inspiration la plus radiante de nos vies. Vous êtes Dieu sous forme Humaine et l’exemple le plus précieux que nous ayons de la vérité, de la béatitude, de la sagesse et de la joie omniprésentes et omnipotentes de Dieu. Nous vous aimons de tout notre coeur et à chaque souffle.
Pour Parampujya Gurudev. Vous êtes l’élément de notre vie qui nous donne un but pour demain et la confiance de l’atteindre. Marcher sur vos pas est la forme de respect la plus haute que nous puissions Vous donner. Joyeux
Anniversaire cher Baba.
Très cher saint Baba, en ce jour de votre 95ème anniversaire, avec mon plus profond amour, dévotion et gratitude de m’avoir acceptée comme une de vos filles. Je vous promets de travailler dur pour atteindre la libération et être un exemple de votre enseignement. Priez Baba pour que j’arrive à atteindre la joie d’être en votre compagnie pour toujours. Que Dieu, les Gourous et les Saints vous bénissent.
Très cher et divin Baba d’amour, Votre amour ouvre les pétales de ma vie, de mon coeur et de mon âme. Qu’ils soient toujours au service de Dieu et des Gourous. Dévotion Éternelle, Amour Éternel et Bénédictions.
Maître Bien-aimé, bien que vous soyez si près, vous me manquez tant! Je suis si imparfait, si faible, si ignorant. Mais permettez que je me prosterne à vos pieds, permettez-moi de vous offrir mon amour et mes remerciements en ce jour si spécial. Je m’incline dans la dévotion silencieuse.
Hariharanandaji Bien-aimé, en Pologne le 26 Mai nous avons la fête des mères. Le 27 Mai, nous avons votre anniversaire et le 25 Mai mon dernier bébé va recevoir le baptême. Avec Vous, chaque jour est un jour divin. Oh mon Gourou, vous êtes ma Mère, mon Père et je m’incline devant Vous avec la dévotion la plus profonde. Oh mon Gourou, en ce jour spécial de votre anniversaire, je m’incline devant vous avec ma plus profonde dévotion. Oh mon Gourou, en ce jour du baptême de ma fille, je m‘incline devant vous avec la dévotion la plus profonde, heureux que ce baptême vienne de vous. Oh mon Gourou, tout est à Vous et j’en suis très heureux. En cet anniversaire, puis-je avoir un souhait pour vous? Que chaque disciple soit comme Vous. Que votre mission s’accomplisse. Oh mon Gourou, je suis votre petit enfant. Que puis-je donner à ma Mère, à mon Père? Je vous aime encore plus et plus et plus et plus et plus à chaque souffle. Je suis très heureux d’avoir un tel Gourou. En ce jour spécial, votre anniversaire, et tous les autres jours je vous aime de plus en plus, en plus, en plus. Avec amour, votre moins que rien.
Bien-aimé Gurudeva Pranam, juste un autre message parmi tant d’autres messages d’Amour et de Gratitude. Je remercie Dieu d’avoir donné naissance en ce jour merveilleux, le 27 Mai, à une âme aussi grande que la vôtre. Bon anniversaire Baba! Nous avons tant de chance de vous avoir avec nous dans votre corps physique. Combien de fois me suis-je demandé: comment ai-je pu mériter un Gourou comme vous? Mais aucun mot ou poème, quelle que fut sa beauté, ne pourrait remplacer ou compenser mon état intérieur, mon relâchement. “Je me bats et je me bats… pas assez, mais j’essaye.” Nul besoin de décrire mon état avec des mots, vous le connaissez même lorsque je suis physiquement si loin de vous. Vous êtes toujours avec nous. Tous les jours, je prie, je remercie Dieu, j’ai besoin de Vous, tout le temps. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi je suis si attaché à la vie mondaine. Baba, guidez moi pour que je trouve la force d’aller sur la voie de la Vérité, pour que je mérite votre grâce. Je me sens si petit de ne pas pouvoir répondre à vos souhaits, d’être si aveugle. Merci pour tout, pour votre vie et votre travail, pour les moines et leur travail, pour tous ceux qui participent à votre travail, le travail de Dieu. Je me prosterne à vos pieds avec une dévotion et un amour profonds. Humblement.
Mon très cher Baba Hariharanandaji. Vous êtes ma lumière dans les ténèbres. Vous êtes mon amour dans la solitude. Vous êtes le navire grâce auquel je peux traverser l’océan du monde. Merci beaucoup, bien-aimé Baba, pour vos conseils divins! Un heureux et joyeux anniversaire! Tous mes souhaits, humblement…
Très cher Gurudev bien-aimé, Baba Hariharanandaji, dans quelques jours ce sera le jour anniversaire de votre naissance. Je voudrais vous donner toutes les fleurs de mon cœur par amour et gratitude pour tout ce que vous m’avez donné dans cette vie et dans de nombreuses autres. Bien que je ne puisse pas comprendre la grandeur de votre amour et de votre être, j’en entrevois parfois leur éclat. Vous m’avez aidé à intensifier ce feu resplendissant pour que je reste conscient de votre présence en tout et partout. Je ressens maintenant avec une plus grande intensité que vous êtes l’arbre solide et qui depuis longtemps porte les fruits et que je suis l’une des branches que vous avez greffée sur vous-même avec tant d’amour, de soin et de patience dans l’espoir que je devienne davantage comme vous. Combien de fois vous ai-je oublié, Baba. Je vous en prie pardonnez-moi et bénissez votre enfant distrait. Je vais essayer de faire de mon mieux plus souvent. Je sais que Dieu et vous ne faites qu’un et c’est l’état que je veux atteindre moi aussi. Baba, mon Gurudev bien-aimé, je me prosterne à vos pieds sacrés mille fois et même davantage. Je prie pour votre bonne santé et me réjouis d’avance de la prochaine fois où je serai en votre présence vivante. Tout mon amour vous appartient…
“Il est. Il est vos jambes et vos pieds, le progrès de votre course. Il travaille à travers vous et c’est lui qui gagne l’argent qu’il vous faut pour jouir du confort de Ses rêves. Il est la fontaine où le flot vital prend sa source. Il est votre nourriture et l’énergie qui brûle le combustible dans le feu. Il est votre santé, votre pain et l’eau de votre vie. Il est le battement de votre cœur pour suivre le rythme du temps et de l’espace, frappant à la porte pour qu’on lui ouvre. Il est vos épaules, vos bras, et vos doigts et vos mains qui touchent pour vous. Il est votre religion, votre philosophie de la vie. Il est votre bouche qui parle à travers vous. Il est votre nez et votre souffle qui sent et respire à travers vous. Il est vos oreilles qui entendent pour vous. Il est vos yeux qui voient pour vous. Il est l’incarnation bénie du Christ et de Krishna. Il imprègne tout, est omnipotent, omniprésent et omniscient. Il est votre force, votre tout, votre tout en tout. Il est votre méditation. Oh! Divin Maître, Baba Hariharananda, Vous êtes la Présence Vivante de Dieu qui demeure en moi. Je me prosterne à Vos Pieds Sacrés de Lotus mille cinquante fois. Joyeux anniversaire, avec tout mon amour.”
Très cher Gurudev bien-aimé, Baba Hariharanandaji, Dans quelques jours ce sera le jour anniversaire de votre naissance. Je voudrais vous donner toutes les fleurs de mon cœur par amour et gratitude pour tout ce que vous m’avez donné dans cette vie et dans de nombreuses autres. Bien que je ne puisse saisir le grandeur de votre amour et de votre être j’en entrevois parfois quelques éclats. Le plus cher et le plus divin Gurudev! Merci mille fois pour vos aimables soins et votre tendre présence au dedans de nous. Merci pour vos vies de service infini de l’humanité entière. Nous vivons pour servir notre Baba le plus doux avec la dévotion et l’amour les plus profonds. Je m’incline humblement.
Retour au SommaireMessage de Baba pour la Fête des Mères
11 Mai 2002
Mon aimable et divine Mère,
Sans mère l’enfant ne peut pas naître. La mère endure d’énormes épreuves pour le bien de l’enfant. La mère chérit le bébé dans ses bras au milieu des plus grandes difficultés. Prenez par exemple Marie. Elle fit tout ce qu’elle put pour son fils. Elle dût trouver un endroit pour lui donner naissance et elle alla à la crèche, y trouva de la paille et elle souffrit beaucoup avant la naissance de Jésus. C’est cela la fête des mères.
“Je ne sais pas comment le Bébé de Bethléem pouvait être Divin
Je sais seulement que l’enfant de la crèche m’apporta la vie Divine.”
Regardez Devaki qui donna naissance à Krishna au milieu d’épreuves extrêmes. Elle était en prison et, miraculeusement, son mari s’échappa avec le bébé et L’emmena dans un autre village où il fut élevé par Yashoda.
La vie d’une mère est une vie d’amour et de sacrifice extrêmes, uniquement pour le bien de l’enfant. Une mère souffre et se sacrifie tout en prenant soin de l’enfant et en faisant son éducation.
Vous devriez aimer la mère et l’enfant, à l’étable, dans la crèche, en prison ou au palais. L’enfant de Dieu est né. Marie donna naissance à Jésus, s‘occupa de lui, l’éleva et c’était un enfant brillant dans le monde.
Méditez donc, méditez, méditez. Aimez la Mère, Aimez Jésus, Krishna, Rama, Buddha. C’est cela la fête des Mères. Vous êtes tous Dieu sous forme humaine.
Fixez votre attention au sommet, cherchez au sommet, dans la crèche. Vous atteindrez la réalité. Avec un souffle humble et léger, offrez-le dans la crèche à la fontanelle et vous atteindrez la réalisation de Dieu.
Recevez tous mes bénédictions.
C’est la fête des Mères.
Humblement,
Hariharananda
Retour au SommaireL’arbre de Pipal
par Swami Hariharananda Giri
Extrait d’un discours à l’ashram de New York en Juillet 1978
Il y a trois écritures principales dans l’Hindouisme, les Vedas, le Brahma Sutra et la Baghavad Gita. Quiconque lit la Baghavad Gita et médite et suit ses instructions dans sa vie quotidienne, bien qu’étant toujours sous forme humaine, atteindra de façon certaine le salut constant. Vous pouvez vivre dans le monde et malgré tout demeurer constamment avec Dieu.
Ces trois écritures sont appelées prasthana trayi ce qui veut dire qu’ayant lu ces livres vous pouvez atteindre le salut constant. A chaque inspiration vous serez conscients et vous ressentirez en permanence Dieu dans l’univers entier, même dans votre corps grossier et le monde matériel.
La Baghavad Gita est la parole du Seigneur Krishna et contient tout ce dont on a besoin pour la réalisation du Soi: comment s’asseoir, manger, parler, lutter contre ses mauvaises tendances, comment les bonnes qualités demeurent dans notre corps et comment rechercher l’âme dans chaque activité.Vous n’avez pas besoin d’autre livre. Le Seigneur Lui-même apparut en s’incarnant sous la forme du Seigneur Krishna. Il apparut aussi en Occident sous la forme de Jésus. Il apparaît sous la forme d’un être suprême.
Le corps humain est un arbre
Ce corps humain est exactement comme un arbre. Les racines de l’arbre sont sous terre et l’arbre est au dessus de la terre; on peut le voir. Cet arbre-corps a une racine qui symbolise l’âme mais qui se dirige vers le haut et se cache à l’intérieur du crâne. L’âme est votre force psychologique et philosophique de connaissance, de conscience, de superconscience qui sont là, à l’intérieur.
La racine, c’est à dire l’âme, est la partie la plus importante de l’arbre. Mais l’arbre est aussi une partie vitale de la racine car l’arbre a un tronc avec beaucoup de branches et de feuilles. De même, dans l’arbre-corps, il y a un tronc avec des branches, les membres et les vaisseaux sanguins et des feuilles de peau.
On dit que la racine est dans la boîte crânienne, là où Dieu demeure sans forme, dans la glande pituitaire et la fontanelle. De là, l’arbre tout entier fonctionne. L’arbre humain est inversé par comparaison aux arbres qu’on voit pousser. Le tronc, les branches et les feuilles vont vers le bas. Nos impressions matérielles sont en dessous de la boîte crânienne où nous sommes absorbés dans le monde matériel de l’illusion, de l’imaginaire et de l’erreur. La vérité, la racine, qui permet au corps tout entier de fonctionner, est recouverte par le voile des splendeurs de la nature. Cet arbre s’appelle l’arbre de Pipal.
Cet arbre-corps peut, sans crier gare, avoir un accident dans la rue. Vous pouvez avoir des problèmes cardiaques, une thrombose, un empoisonnement alimentaire: vous pouvez mourir à tout moment. Cet arbre-corps est périssable. A tout moment votre corps peut être détruit. C’est pourquoi vous ne devriez rien remettre à demain. C’est maintenant que vous devez connaître Dieu, méditer et atteindre la super-sensation dans l’arbre-corps. Cette sensation se manifestera dans l’arbre-corps, mais si vous n’avez pas de corps vous ne l’éprouverez jamais.
L’âme est indestructible. De même qu’on change de vêtements, le corps périra et on revêtira un autre corps. L’âme est là, à l’intérieur du corps, à l’intérieur du crâne, mais le corps, une fois mort, fait toujours partie de l’arbre universel.
L’arbre tire sa nourriture de l’air grâce à ses feuilles. Si vous coupez les feuilles d’un cocotier ou d’un palmier, l’arbre ne survivra pas, bien que les racines soient toujours là. Cet arbre-corps est donc immergé dans le monde matériel. Nous trouvons notre énergie dans une nourriture de graines, de légumes, de fruits et de lait. Nous avons aussi un grand nombre de dispositions qui fonctionnent sous l’action de l’âme logée dans la boîte crânienne. Si la racine disparaît, si l’âme n’est pas présente dans le corps, vous ne pouvez pas jouir du monde matériel. En Sanscrit, l’arbre de Pipal se dit ashvatta. A veut dire non, sva veut dire future, tha veut dire existence. Ensemble, cela veut dire que personne ne sait si son existence durera jusqu’à demain.
Les Vedas agissent en vous
Nous sommes constamment à la recherche de l’âme impérissable. D’après les Védas, la vérité est là; de nombreux versets viennent de la bouche. Je dis toutes ces choses importantes avec ma bouche mais je ne peux pas parler si la racine n’est pas là, dans la boîte crânienne. C’est donc l’âme qui parle de l’intérieur. C’est donc la parole de Dieu.
Dans chacune de vos dispositions vous trouvez les quatre qualités des Védas: Rig Véda, Yajur Véda, Sama Véda et Artharva Véda. La Baghavad Gita, chapitre 15, verset 1, dit: chhandamsi yasya parnani ce qui veut dire que tandis que le corps ne durera pas jusqu’à demain (il est périssable), l’âme est impérissable. Le corps peut mourir mais l’âme ne peut pas mourir. Supposons que vous ayez soif. L’âme invisible murmure que vous avez soif: c’est le Rig Veda. Vous demandez de l’eau. La demande a été transmise au cerveau par l’âme, par la racine qui demeure invisible à l’intérieur de la boîte crânienne, forçant la bouche à demander un verre d’eau: c’est le Yagur Véda. L’eau est arrivée, vous l’avez bue: c’est le Sama Véda. Puis votre soif disparaît: c’est l’Atharva Véda. Ainsi, chaque pensée, la passion, la colère, l’avarice, la gourmandise, quel que soit ce qui vous vient à l’esprit, tout vient en quatre étapes, quatre Védas. Jour et nuit, vous obtenez satisfaction dans le monde matériel par l’action de l’âme invisible, Dieu. Le pouvoir de Dieu repose dans la boîte crânienne.
La racine est là, dans l’âme. La racine vous fait évoluer. Elle fait évoluer l’arbre, implanté dans le sol, absorbant l’eau et poussant peu à peu vers le haut, chaque jour, à chaque instant, chaque mois, chaque année. La racine principale pousse tout droit vers le bas, s’enfonçant plus profondément dans la terre: c’est la conscience spirituelle.
Mais d’autres racines s’étalent près de la surface tout autour de l’arbre. Elles sont comme notre conscience sociale, elles empêchent l’arbre de tomber par mauvais temps, elles protègent des tentations criminelles et du vice. Toutes ces racines sont en dessous de la surface du sol et ainsi participent à l’apport des connaissances.
Si l’on médite et demeure à l’intérieur de la boîte crânienne et ressent qu’Il murmure et parle de l’intérieur, Sa parole résonne comme les quatre Védas et nous donne satisfaction. Il est sage l’homme qui sait que nous sommes comme l’arbre de Pipal et que tout le corps fonctionne, reçoit la paix, la joie et la béatitude selon Ses directions venant de la racine. Tout ce que nous faisons, nous le faisons dans la joie. Cette joie est la joie de Dieu. Si vous la ressentez constamment, une pensée après l’autre, vous êtes satisfaits et vous évoluez. La pensée vous est donnée par Lui et c’est la pensée de Dieu, la parole de Dieu. Il fonctionne depuis l’âme invisible. Bien qu’étant dans une forme physique, vous percevrez l’état sans forme et éprouverez une extrême divinité dans toutes les propensions. Celui qui sait cela obtiendra le salut.
L’arbre-corps a deux aspects. En dessous de la boîte crânienne se trouvent les qualités négatives: orgueil, colère, avidité et cruauté. Mais si vous méditez et ressentez que vous pouvez mourir dans la minute qui suit, vous pouvez alors atteindre la conscience permanente du Soi et aimer Dieu parce qu‘Il inhale constamment. Graduellement, votre amour va grandir. L’âme est très gentille. Elle demeure en vous et avec Sa permission vous pouvez tout faire. Lorsque vous en serez conscients, votre mental s’équilibrera, vous vivrez dans la conscience constante du Soi, la concorde et l’affection. Vous percevez peut-être deux choses, le corps et l’âme, mais l’union du corps et de l’âme est yoga.
Les cinq ministres
Dans les écritures il est dit que nous sommes tous des rois aveugles. Le roi du corps tout entier est aveugle parce que nous ne recherchons pas l’âme. C’est le roi Dhritarashtra du Mahabharata. Dhrita veut dire conducteur, rashtra veut dire le royaume du corps. Le royaume du corps, Dhritarashtra, est donc plongé dans le monde matériel et c’est pourquoi on l’appelle le roi aveugle. Nous sommes constamment absorbés par l’acquisition d’un tas de choses, comment s’en emparer, vouloir être le monarque. Que tirerons-nous de toutes nos mauvaises tendances? Beaucoup de problèmes, d’angoisses et de maladies; tels sont les fruits du mal.
Il est aussi écrit que dans cet arbre-corps il y a également de bonnes qualités. Nous avons cinq centres dans l’épine dorsale. Le premier, formé de trois centres est le centre cervical, c’est à dire l’éducation, puis le dorsal qui contrôle l’administration par inhalation, le lombaire, le ministre de l’alimentation. On croit que la nourriture va dans l’estomac où elle se transforme en énergie mais en réalité la nourriture est digérée par l’âme à l’aide de l’inhalation et c’est de là qu’on tire l’énergie, la fermeté, la force vitale et tout le reste. Grâce à cette force vitale, si l’on va dans le sens de l’ordre ascendant, on peut alors lutter contre les mauvaises tendances. Les deux derniers centres sont le sacré, le ministre de l’irrigation qui aide à la création de la famille et le centre du coccyx, le ministre de l’agriculture qui cultive la force vitale et réveille le pouvoir qui remonte d’en bas et va directement dans le royaume du corps. L’âme est aussi dans le reste du corps. Elle est la reine du corps. Elle a cinq ministres, les cinq centres de l’épine dorsale. L’âme réside dans la boîte crânienne: c’est là qu’on peut trouver le Royaume Divin.
Dans le centre cervical se trouve le corps-connaissance, le ministre du Seigneur Krishna. Le ministre du Seigneur Krishna a une très haute éducation. Il dirige l’arbre-corps tout entier et l’arbre-corps tout entier perçoit le corps-connaissance, non pas l’illusion, l’imaginaire ou l’erreur, mais la perception de Dieu. En plus de la connaissance, la conscience et la super-conscience se trouvent aussi dans le centre cervical, jusqu’à la fontanelle. La spiritualité est là.
Arjuna livrait bataille depuis le centre ombilical. Si vous prenez de la nourriture, cela vous donnera des forces, vous aurez le pouvoir en vous. Vous pourrez combattre les mauvaises tendances comme Arjuna combattait les mauvaises gens. Arjuna est donc la force principale du corps et le maintient en bon état de marche.
Nous inhalons. C’est notre vie. Si vous sentez que l’air est vie et que vous êtes capables de contrôler votre centre du cœur, vous pourrez alors vous élever. Vous atteindrez la racine et saurez que le pouvoir de Dieu s’y trouve, que l’âme s’y trouve, à l’intérieur de la boîte crânienne.
Tous les êtres humains sont nés du plaisir sexuel mais sans l’ âme vous ne pouvez pas percevoir le plaisir sexuel ou la sensation sexuelle. Nous sommes des âmes vivantes. Si l’on médite, même lorsqu’on est dans le centre sacré, dans la sensation sexuelle, l’âme n’est pas attachée à la sensation sexuelle mais en reste compassionément détachée. L’âme, la racine, est au sommet, à l’intérieur de la boîte crânienne. Le royaume divin est là, Dieu est là. Vous connaîtrez votre corps physique et en même temps vous sentirez que, sans l’âme, le corps physique ne peut rien faire.
Le corps psychologique, le corps de la connaissance, est là pour que vous puissiez penser à Dieu et atteindre la paix, la béatitude et la joie tout en étant dans le monde matériel. Il est toujours avec vous dans votre corps matériel et votre âme. Ainsi, plus vous méditerez plus vous serez calme. Le calme est divin. Vous atteindrez l’isolement qui est le fondement de la réalisation du Soi et cela vous permettra de différencier le bien du mal. Alors, à chaque instant de votre vie, vous obtiendrez le salut, la libération et la réalisation du Soi.
C’est ce qui est écrit dans la Baghavad Gita au chapitre 15, verset 1: yas tam veda sa vedavit, “L’homme qui perçoit réellement cette vérité est le vrai connaisseur de Brahma ou l’âme.”
Retour au SommaireQuestions et réponses avec Swami Prajnananandaji
Vienne, le 26 Mars 2000
Dieu nous a donné une bouche pour parler. On peut parler avec amour, ou pour accroître nos connaissances et aider les autres, mais la parole peut aussi être utilisée pour se quereller ou créer des conflits. En Sanscrit il y a trois mots qui se ressemblent beaucoup correspondant à différentes utilisations du langage: vada, samvada et vivada. Vada est la racine de ces trois mots et veut dire converser, parler ou discuter. Samvada veut dire apprendre par questions et réponses. Vivada veut dire se quereller. Il faut faire attention lorsqu’on utilise ces mots. Il y a une prière Védique où il est dit “Satyam vada” dis la vérité, “Priyam vada” parle gentiment et aimablement, “Mavada satyam apriya”, ne dis pas l’amère vérité. Même si c’est la vérité, notre façon de l’exprimer peut créer la confusion ou le malaise chez les autres. Dites la vérité aimablement. A la fin de chaque chapitre de la Baghavad Gita il est écrit: shri Krishna Arjuna samvada. Krishna Arjuna samvada. La Gita est une conversation, des questions et des réponses, entre Krishna et Arjuna.
Lorsqu’on se masse les pieds, où sont les points méridiens?
Oubliez cela. Souvenez-vous seulement de votre souffle et de Dieu. On peut associer beaucoup de choses. Par exemple, si vous étudiez la réflexologie, vous y verrez qu’il y a de nombreux points de compression dans le pied. Mais il faut éviter d’essayer de comparer, de trouver des corrélations ou des associations. Sachez seulement que vous devez masser et que vous massez les pieds de Dieu. Massez avec amour. C’est suffisant.
Lorsque le corps meurt, où sont les chakras?
Lorsque quel corps meurt? Nous avons trois corps: le corps physique, le corps psychologique ou astral et le corps de la connaissance ou causal. Le corps physique a une mort normale et il meurt. Mais le corps astral et le corps causal ne meurent généralement pas. Les chakras sont davantage dans le corps astral que dans l’épine dorsale physique et ils sont donc toujours là. Cependant, dans le cas d’une personne réalisée qui quitte son corps, le corps astral meurt aussi.
Pourquoi mangez-vous et buvez-vous dans des assiettes et des verres métalliques?
Les moines orthodoxes en Inde mangent dans des assiettes en métal ou sur des feuilles ou avec leurs mains sans utiliser d’assiette. Si vous donnez à ces moines des assiettes et des tasses en faïence comme celles qu’on utilise ici, ils ne s’en serviront pas parce qu’ils les considèrent faites de terre. D’après les vieilles croyances de l’Inde, si elles sont en terre, vous les utilisez et vous les jetez. Si vous allez en Inde vous verrez que lorsqu’ils boivent le thé dans une tasse en faïence ils la jettent après usage. Les assiettes métalliques sont aussi moins chères en Inde. Elles ne cassent pas si elles vous échappent des mains et elles sont légères. Beaucoup de moines se déplacent avec leur propre verre et assiette et les utilisent pour manger. J’en ai une paire de secours dans ma chambre. Quelqu’un me l’a donnée pour que je l’ai toujours avec moi.
Pourriez-vous expliquer la respiration pendant la méditation avec les yeux ouverts. J’ai tendance à ne respirer qu’avec la poitrine et pas le ventre. Est-ce que c’est correct?
Comment respirons-nous? Le souffle passe par le nez et va dans les poumons et lorsque les poumons se gonflent, la poitrine a naturellement tendance à se gonfler aussi car elle contient les poumons. Simultanément, le ventre se gonfle aussi un peu. Il y a beaucoup de professeurs de yoga modernes et ils inventent beaucoup de choses. Ils parlent de respirer avec le ventre, de respirer avec la poitrine et ils compartimentent tout. Ne vous occupez pas de tout cela. Ne vous inquiétez pas de savoir si c’est votre poitrine qui se gonfle ou si c’est votre ventre qui se gonfle. Sentez si vos poumons sont assez gonflés ou pas. La respiration devrait être à pleins poumons. Lorsque vous pratiquez la méditation avec les yeux ouverts, vous devriez respirer normalement et consciemment.
Doit-on pratiquer toutes les techniques l’une après l’autre ou peut-on faire seulement le mahamudra?
La méditation telle qu’on la pratique en groupe est un modèle. C’est bon de pratiquer dans cet ordre. Parmi ces techniques, vous pouvez en pratiquer certaines davantage si vous avez le temps. Dans les méditations de groupe le professeur vous guide lentement mais lorsque vous pratiquez par vous-mêmes vous devez trouver votre propre rythme. Les trois étapes, le prosternement, le mahamudra et la respiration kriya peuvent être répétés encore et encore. Prosternez vous au minimum une fois et au maximum sept fois. Pour ce qui est du mahamudra, au début pratiquez au moins une fois et vous pouvez aller jusqu’à trois fois par séance de méditation. Pratiquez la respiration kriya au moins une fois (douze respirations) mais essayez de pratiquer davantage, par exemple douze fois si vous pouvez. Tout dépend du temps dont vous disposez.
On doit toujours concentrer son attention au sommet mais, parfois, je ne suis plus dans mon corps et je peux voir et observer de l’avant, de l’arrière ou de côté et je ne peux pas rester au sommet?
Méditation n’est pas imagination. Beaucoup de gens croient qu’ils ne sont pas dans leur corps et que ce n’est pas de l’imagination. En fait, vous allez ressentir qu’il n’y a pas de sommet, d’avant ni d’arrière lorsque ce n’est pas votre imagination. Faites très attention. Le mental adore l’imagination. La concentration a pour but de stopper l’imagination. De l’état de concentration passez à l’état de méditation. La méditation supprime le jeu du mental complètement. Je répète parce que c’est très important: le mental adore l’imagination. La concentration supprime l’imagination et la méditation supprime complètement le jeu du mental.
Lorsque vous vous concentrez au sommet, que se passe-t’il? Je vous en prie, fermez les yeux maintenant et lentement haussez les sourcils, regardez au dedans. C’est un espace vide, peut-être un peu de fumée lumineuse, de lumière brumeuse, immobile, ou peut-être un peu de lumière sombre. Maintenant, vous ouvrez les yeux. Qu’avez vous vu? Dites-le moi. Qu’avez-vous vu? Dites vous rapidement quelle a été votre expérience. Dans la concentration vous avez vu un endroit vide, un espace vide, peut-être une lumière de couleur différente, mais en dehors de cela, c’est complètement vide. Maintenant, en pratiquant de cette manière, vous vous rapprocherez de plus en plus de l’état sans forme. Même si vous avez une vision ou sortez de votre corps, vous continuerez à vous insinuer de plus en plus dans la nature sans forme, vers ce que vous êtes réellement. Au moment où vous avez fermé les yeux, haussé les sourcils et vous êtes tournés au dedans, étiez conscients de votre tête? Non. C’était ouvert et vide. A ce moment là, il n’y a pas de tête, pas de conscience de ce que vous avez. C’est une expérience complètement vide. Vous devriez donc diriger votre concentration et votre expérience méditative correctement. La lumière varie et le son varie, mais l’expérience de l’absence de forme est commune à tous. Dans la lumière vous pouvez parfois faire l’expérience d’une forme ou d’une autre. Des formes multicolores peuvent apparaître, non pas issues de votre imagination, mais comme lorsque vous voyez dans le ciel un nuage qui ressemble à un cheval ou à un éléphant. Ne vous attachez à rien, surtout pas à vos expériences.
Pendant paravastha j’ai tendance à voir de la lumière qui bouge en tous sens et ça semble gênant. Est-ce que je devrais me concentrer sur la lumière ou essayer de l’ignorer?
Merci pour cette question car elle va dans le sens de la précédente. Je le répète à nouveau: la lumière variera et le son variera, mais laissez les choses changeantes changer. L’état sans forme ne change pas. Restez ancrés dans l’état sans forme et non dans la lumière. La lumière va et vient. Laissez-la aller et venir. Je suis le témoin en conscience et j’éprouve tous ces phénomènes changeants. Je ne suis ni influencé ni concerné par ces choses. Je suis le sans forme.
Dans la vie pratique, la même chose se produira. De même que la lumière change, de nombreuses situations changeront. De nombreux problèmes et de nombreux événements changeront. Vous verrez la forme de la lumière changer et vous verrez les différentes formes des gens et des événements. Vous devriez rester détachés pendant votre méditation. Vous devriez également rester détachés dans la vie pratique.
Lorsque je me sens raide le matin est-ce que je peux interrompre les techniques de méditation pour faire quelques exercices d’étirement?
Pratiquez davantage le mahamudra. C’est naturel de se sentir raide le matin. On dort quelque chose comme six heures par nuit. Pendant les dix huit heures qui restent on fait travailler le corps, les joints, les muscles. Pendant dix huit heures tout est en mouvement et reste souple et pendant six heures ou plus notre corps reste allongé, presque figé dans la même position, avec très peu de mouvements. Les joints et les muscles deviennent donc un peu raide. Il est très courant dans la méditation Kriya de pouvoir pratiquer le prosternement et le mahamudra plus facilement dans l’après-midi ou le soir que le matin. Le matin vous pouvez donc étirer votre corps en pratiquant un peu plus le prosternement et le mahamudra. C’est peut-être un peu dur mais c’est bon. Il n’y a rien de mal à s’étirer entre deux. La méditation a pour but de vous rendre libre. Pratiquez librement.
Que doit-on faire lorsqu’on vit en groupe, par exemple pendant les vacances, avec des gens qui ne sont pas initiés et qu’on veut méditer?
Merci. C’est un problème que vous ne rencontrez que pendant les vacances? J’ai eu ce problème pendant des mois et même des années. Quand j’étais étudiant à l’université et que je reçus l‘initiation, je vivais dans un foyer. Je partageais ma chambre avec un ami. Il n’était pas initié. On ne doit pas pratiquer en présence d’une personne qui n’est pas initiée et je devais donc profiter des moments où j’étais seul pour pratiquer. Si vous voulez, vous pouvez vous asseoir et pratiquer le prosternement; ce n’est pas un problème. Vous pouvez aussi pratiquer le souffle conscient. Il faut trouver des solutions et faire une adaptation personnelle. Vous pouvez même faire le shambavi lorsque vous êtes aux toilettes.
Pouvez vous nous apprendre la façon correcte de dire Om namah ahivayah?
Savez-vous ce que vous essayez de dire lorsque vous répétez ce mantra? Savez-vous ce qu’il signifie?
En Inde les enfants jouent au mariage. Ils considèrent le mariage comme un jeu. Ils inventent une petite cérémonie qui va jusqu’à un certain point en s’inspirant de ce qu’ils ont vu ou lu quelque part, mais le garçon et la fille ne savent pas ce qui se passe après cela. Bien sûr, ils ont vu leur mère et leur père se quereller ou rire ensemble. Mais un garçon ou une fille de sept ou huit ans ne connaissent pas ces choses-là. Lorsqu’ils grandissent et atteignent l’âge de quinze ans ou dix-huit ou vingt ou vingt-cinq, ils savent. Ce que les deux enfants pensent du mariage ne correspond pas à une compréhension totale du mariage.
Pourquoi vous dis-je cela? Vous voulez en savoir plus sur ce mantra om namah shivaya. Vous voulez en savoir plus juste comme un jeune garçon qui pense au mariage. Merci. Lorsqu’il sera temps, vous comprendrez.
Est-ce qu’il est important lorsqu’on observe le souffle de le voir comme un flot continu sans interruption entre l’inspiration et l’expiration? Qu’est ce que cela veut dire interrompre le souffle pour une courte période entre l’inspiration et l’expiration? Est-ce que le souffle faible est simplement un souffle doux ou est-ce davantage un souffle calme et profond?
Observez votre souffle. Est-il continu ou y-a t’il une courte interruption? Il y a une courte interruption entre l’inspiration et l’expiration comme lorsque vous allez quelque part et que vous revenez. L’aller est continu et le retour est continu mais le demi-tour crée une petite pause. Si vous l’observez attentivement vous le verrez, peut-être une fraction de seconde. C’est naturel.
Mais nous voulons atteindre l’état supernaturel. Dans les écriture yogiques il est dit qu’il n’y a pas d’autre technique qui puisse vous donner plus de force que celle qui consiste à retenir le souffle. Dans la vie pratique, lorsque vous voulez soulever quelque chose de lourd, votre souffle stoppe au moment de l’effort. Lorsque vous bloquez le souffle, vous avez plus de force et vous pouvez soulever davantage de poids. Vous voulez avaler des aliments ou votre salive: le souffle s’arrête. Retenir le souffle donne de la force. Dans le Kriya Yoga, on apprend aux gens à retenir leur souffle mais pas plus qu’il n’est confortable. Inspirez lentement, doucement, profondément. Retenez le souffle. Expirez lentement, doucement, profondément. Retenez. Ainsi pendant le Kriya pranayama on retient un peu le souffle, deux trois, quatre secondes en fonction de ses capacités.
Maintenant, lorsque vous pratiquez la technique de respiration du Kriya un peu plus longtemps, le souffle change. Je vais vous donner un exemple matériel. Vous avez faim et la nourriture est sur la table. Pendant les quelques premières minutes, vous avez toujours faim et vous mangez un peu plus vite et lorsque votre estomac commence à se remplir, vous ralentissez. C’est la même chose avec le souffle. Lorsque vous pratiquez le souffle Kriya, c’est comme quand vous avez faim et après quelques moments de pratique du Kriya, vous verrez que votre souffle ralentira naturellement. Maintenant, qu’est ce que ce souffle lent? Le souffle lent est un souffle naturel léger. Vous ne savez pas si il entre ou si il sort. Il y a deux situations où ce souffle lent se produit. Il se produit naturellement lorsque vous pratiquez le Kriya pendant longtemps ou lorsque votre mental est très paisible en méditation profonde. Ce souffle faible n’est pas artificiel. Vous ne pouvez pas le forcer.
Merci à tous.
Retour au SommaireLa voie du bonheur passe par le service
Tiré d’une conférence de Swami Sarveshwarananda Giri
Un disciple vint me raconter sa vie. Il me dit: “Swamiji, depuis que je pratique le Kriya, tout va si bien. Les chose s’arrangent toutes seules. Et ce n’est pas que moi avec le Kriya. Je connais d’autres personnes qui suivent leur propre voie spirituelle et eux aussi se retrouvent au bon endroit, trouvent un boulot formidable, ont des bons contacts et l’opportunité rêvée leur tombe dessus comme par enchantement. Ça montre bien que lorsqu’on travaille vraiment sur soi-même, Dieu s’occupe de nous.”
Je lui dis: “Et cela montre que vous êtes toujours complètement victime de Maya. C’est de la naïveté “Ère Nouvelle”, de la spiritualité sentimentale. Ça n’a rien à voir avec la Réalité. Je vais vous faire redescendre sur terre, avec amour, parce qu’il le faut, sinon vous vous exposez vous-même à une grosse déception, un sentiment de trahison et la perte de votre foi.”
Tout vient de la Grâce de Dieu
Il est important de ne pas perdre de vue que dans le travail spirituel il n’y a jamais de garantie. Les bonnes choses ne vont pas se présenter à vous simplement parce-que vous ne faites que des bonnes choses. Simplement parce que vous baignez tout le monde de votre amour ne veut pas dire qu’un jour ils viendront vous aimer en retour. Vous vivez peut-être une vie très modeste, droite, humble et équilibrée, mais ça n’empêche pas que vous pouvez mourir d’une maladie terrible ou d’une façon violente. Même si vous pratiquez votre méditation avec une stricte discipline pendant toute votre vie, vous n’atteindrez peut-être pas la libération dans cette vie. Il n’y a pas de garantie. En fin de compte cela ne dépend que de la grâce de Dieu. Tant que nous pratiquons la charité, la pratique spirituelle, notre sadhana, ou quoique ce soit d’autre en gardant un désir à l’esprit (un désir d’améliorer notre vie ou un désir de libération ou de récompense) nous ne connaîtrons jamais Dieu.
Malgré tout, il est vrai que la pratique spirituelle produit des effets. Ne soyez pas tentés de penser “à quoi ça sert? Je vais reprendre mes mauvaises habitudes et, si tout vient de la grâce de Dieu, je serai libéré de toute façon.” Il est d’une importance vitale de faire tout notre possible en cette vie, dans ce corps, avec ce mental, et d’honorer les enseignements précieux qui nous ont été donnés. Plus nous travaillons sur nous-mêmes et essayons d’améliorer notre vie, de purifier notre mental, plus nous avons de chance de recevoir la grâce de Dieu. Mais, en fin de compte, il n’y a pas de garantie.
Pourquoi Celui qui Fait le Bien Peut-il Souffrir?
N’oubliez pas cela lorsque vous considérez la situation mondiale ou le destin de personnes que vous connaissez peut-être: il y a des gens très droits, vertueux et beaux qui souffrent toute leur vie. Vous ne pouvez pas en déduire qu’ils n’ont pas assez pratiqué. Ils ont peut-être même pratiqué plus n’importe qui. A l’opposé, il y a ceux qui mènent la vie la plus débauchée et pervertie qui soit: ils sont malhonnêtes, ivrognes, insensés, ils sont des dictateurs , torturent les autres et apparemment ils ne semblent qu’en être récompensés toute leur vie durant. Cette situation a mis à l’épreuve la foi en Dieu de beaucoup de gens parce qu’ils essayent de voir en Dieu le principe de cause à effet alors qu’il n’existe que dans la dualité du mental. Nous pensons que s’il y a une cause, elle doit produire un effet. Non. Ça ne s’applique pas au domaine divin. Ça s’applique au domaine de maya. En fin de compte, tout ne dépend que de Sa grâce.
Il est vrai que nos pratiques spirituelles contribuent à notre vie: plus nous courons après Dieu, plus Il se rapproche de nous. Mais vous ne pouvez pas dire que dans trois ans vous aurez atteint tel état ou qu’au cours de cette vie vous atteindrez la réalisation. Tout dépend de votre karma qui est lié à la grâce de Dieu.
Cela explique les grandes différences entre ce qui arrive aux gens au cours de leurs vies. Tout vient de leurs karmas. Lorsque nous naissons en ce monde, nous arrivons avec un énorme compte en banque spirituel et, comme l’explique Baba, au moment ou nous nous incarnons, lorsque nous inspirons pour la première fois, nous ouvrons une page de notre bilan. Notre premier souffle commence une nouvelle page avec en en-tête le total de la page précédente provenant de notre vie antérieure. Vous vous êtes peut-être créés un énorme karma positif dans certains aspects de votre vie et un énorme déficit dans d’autres aspects. Ce n’est pas uniforme. Par exemple certains peuvent hériter d’un corps extrêmement robuste. Ils tombent du septième étage et s’en sortent sans une égratignure. Ils mangent tout ce qu’il ne faut pas et ils ont l’air en pleine forme et vivent jusqu’à 110 ans en fumant le cigare. Ils ont hérité d’un karma très positif de leur vie antérieure. Mais ils peuvent avoir un manque très prononcé et vivre dans une pauvreté extrême. Malgré tous leurs efforts, ils passent leur temps à se débattre pour assurer leur subsistance bien qu’ayant hérité d’une santé physique merveilleuse.
Mais, comme dit Baba, faites très attention. Ne comptez jamais sur votre crédit. Vous ne connaissez pas la taille de votre ligne de crédit. N’allez pas croire qu’il y a un standard répétitif dans votre vie et que les événements tourneront toujours d’une manière favorable. La tirelire finira par se vider si vous ne le réalimentez pas par l’effort spirituel. Si, par exemple, nous sommes arrivés dans ce monde avec une santé de fer sur le plan physique, c’est pour l’utiliser dans un but divin. Ce n’est pas pour la négliger ou en abuser ou s’en servir contre nature. Dans notre incarnation précédente, nous avons préparé notre corps pour une vie sainte. Nous avons peut-être prié en disant: “Accorde-moi un corps solide et sain dans ma prochaine vie pour que je puisse accomplir l’œuvre de Dieu sans problème.” Mais dans cette incarnation nous avons oublié pourquoi nous nous sommes créé cette santé. C’est la même chose avec les ressources financières ou la sensibilité ou les talents artistiques. Si ce n’est pas dirigé vers Dieu, non seulement c’est du gâchis, mais c’est aussi un péché dont nous aurons à souffrir les conséquences. Un jour nous réaliserons que notre compte est à découvert et qu’on ne peut pas revenir en arrière, qu’il est trop tard.
Nous nous sommes préparés nous-mêmes pour le travail divin avec les attributs, les ressources et les qualités dont nous disposons.
Nos déficits ne sont pas des punitions mais peuvent nous donner des leçons précieuses. Nos souffrances peuvent nous donner de la compassion pour ceux qui souffrent. Nous remboursons aussi par notre souffrance du karma négatif. Nous devrions être heureux de souffrir car c’est un moyen de nous libérer nous-mêmes. Lorsque vous considérez la vie de quelqu’un d’autre, vous ne pouvez pas juger de la valeur de leur effort spirituel ou de leur bonté intrinsèque. Vous ne pouvez jamais juger sur les apparences extérieures.
Préférez vous le confort de Dieu ou de Ses dons?
Je rappelais aussi au disciple que l’entraînement spirituel ne consiste pas à s’installer confortablement dans un certain bonheur ou parmi les dons que Dieu nous accorde. Le bonheur, particulièrement en Amérique, mais aussi de plus en plus tout autour du monde, est perçu dans l’aspect physique des gens, leur beauté, leur richesse et les offres de carrières fantastiques qui leur sont faites. Il y a bien de temps en temps des incidents ou des accidents dans leur vie, mais ils s’en sortent toujours avec ce grand sourire Hollywoodien. En Amérique tout doit être grand. Il nous faut une plus grosse voiture, une plus grande maison, un plus grand sourire et de plus gros revenus. Lorsqu’on regarde la télé, on peut voir la mise en place de ce conditionnement inconscient et c’est particulièrement préjudiciable aux enfants et aux adolescents qui sont à la recherche de leur identité. Lorsqu’ils se demandent ce que c’est que d’être heureux, ils sont bombardés par ces messages tordus et ils se mettent à rechercher le bonheur dans la culture de consommation. Lorsque la vie ne se révèle pas à la hauteur de cette vision irréaliste, ils se révoltent, ils désespèrent, se suicident, s’auto-détruisent ou se droguent. Nous avons créé cette situation nous-mêmes; il n’y a personne d’autre à blâmer.
Le but de la vie est le bonheur mais il faut réaliser que la source du bonheur est Dieu seul et non pas ce qu’Il nous donne ou nous refuse. S’Il vous accorde d’avoir l’air bien, un bon boulot, de l’argent, des enfants comme il faut et de vivre dans un bon quartier, réjouissez-vous en. Sans aucun doute, un jour ou l’autre il vous reprendra tout cela. La jeunesse n’est pas pour toujours, la santé n’est pas pour toujours, la richesse n’est pas pour toujours. Apprenez à être heureux de façon stable. Le Seigneur donne, le Seigneur reprend. Nous devrions nourrir l’attitude qui consiste à être heureux dans les deux cas parce que nous savons que nous avons Dieu. Le but de l’exercice spirituel est d’arriver à cet état de contentement. Il n’est pas l’acquisition de pouvoirs supérieurs, de flotter au septième ciel pendant la méditation et de décoller de votre tapis de méditation. Il n’est que d’être un avec Dieu, quelque soit ce qui arrive. Être heureux en Dieu. Marcher avec le Christ. C’est le seul but de notre pratique. Pourquoi le bien ou le mal vous affecteraient-ils? Vous avez Dieu. Jésus mit l’accent sur ce message à maintes reprises: “Cherchez d’abord le royaume de Dieu et tout le reste vous sera donné par surcroît.” En fait, on retourne l’expression: “Donne-moi tout le surcroît maintenant et plus tard, comme la cerise sur la coupe glacée, je trouverai le royaume de Dieu.” Là se trouve la source de notre malaise.
Question: On nous encourage à penser qu’être avec Dieu est être grand en toutes choses. Est-ce que cela ne signifie pas qu’il n’est pas bon d’avoir des pensées étroites, comme faire des économies ou éviter de paraître extravagant? Certains enseignants “Ère Nouvelle” conseillent de voir grand parce que ce que l’on pense revient nous hanter.
SSG: Je n’ai jamais dit qu’il faut voir grand ou qu’il faut ou ne faut pas faire d’économies. Swami Vivekananda, le grand lion du Védanta, disait que la plus grande opportunité spirituelle est celle de faire la charité. Il fut le premier yogi à venir en Occident en 1893 et il était un orateur dynamique capable de réveiller les foules. D’après lui, la charité est la forme la plus élevée de sadhana et Dieu a créé nos mains pour donner, non pour recevoir. Il demandait à ses auditeurs de changer diamétralement leur façon de penser et de réaliser que lorsque vous vous trouvez temporairement dans la position de celui qui doit recevoir et quelqu’un d’autre est dans la position de celui qui peut donner, celui qui donne devrait ressentir que c’est lui qui reçoit davantage. Il devrait glorifier Dieu et remercier Dieu de pouvoir servir Dieu lui-même, de voir Dieu sous cette forme et d’avoir la chance de recevoir tant de bénédictions par cette action. Si ce n’est pas le cas, nous commettons un péché grave envers Dieu. Swami Vivekanandaji concluait souvent ses discours en disant: “Donnez donc et donnez et donnez. Donnez tout ce que vous avez. Même si vous mourrez de faim, continuez à donner.”
La vie est pour donner. Alors, vous ne vous demanderez plus si vous devez voir grand ou petit ou si vous devez économiser ou non. Dédiez simplement votre vie à donner. A votre avis, pourquoi dans chaque ashram , dans chaque communauté monastique ou environnement spirituel, la chose principale est seva, le service? C’est parce que c’est une bénédiction pour un disciple de pouvoir transcender sa sensation du moi en rendant service.
C’est un problème pour beaucoup de gens que Vivekanandaji ait dit: “Même si vous mourrez de faim, continuez à donner. Ne vous arrêtez jamais.” Ils pensent que c’est une brillante expression théorique Védantique mais que dans la pratique, c’est impossible. Il est possible de suivre cet enseignement. Beaucoup d’entre vous ont lu l’Autobiographie d’un Yogi et vous vous souvenez peut-être de la grande générosité de la mère de Mukunda. Sa mère s’adonnait à des actes de charité et de générosité extrêmes qui agaçaient son mari. Il était un homme très pieu, très respectable et honorable mais il n’aimait pas voir son argent jeté par les fenêtres. Il budgétisait une certaine somme qu’il donnait à sa femme pour nourrir et habiller la famille mais il découvrait plus tard que l’argent était allé aux mendiants. Il faisait des remontrances à sa femme et lui demandait de respecter le budget. Sa femme lui jetait un regard d’étonnement et disait: “Dieu est mon budget. Qu’est-ce que tu racontes?” Il admirait et respectait sa femme pour cette attitude mais il avait toujours en lui cette tendance à la mesquinerie. Yoganandaji se souvint qu’un jour ils étaient prêts à s’asseoir à table pour dîner lorsqu’un mendiant frappa à la porte et sa mère demanda immédiatement à son père dix roupies pour le mendiant. Le mari la prit à part et suggéra que le mendiant serait bien content avec une roupie et que de donner dix roupies était inutile et extravagant. Cela la contraria et elle lui rappela que lorsqu’elle était enfant elle était très pauvre et lorsqu’elle allait mendier elle n’espérait rien de plus qu’une roupie. Son mari n’étant toujours pas convaincu elle menaça de le quitter et de retourner chez ses parents en disant qu’elle ne voulait pas vivre avec quelqu’un d’aussi mesquin. Les enfants pleuraient, le mari était au désespoir et toute la famille s’effondrait. Humblement et modestement, elle se dirigea vers la sortie mais son mari la rattrapa et la supplia de lui pardonner. Elle accepta de revenir mais seulement s’il promettait de ne jamais plus la critiquer pour sa charité. Tout à son honneur, il se transforma complètement après cet incident et devint très généreux. Il paya le voyage de Yoganandaji en Amérique et le supporta financièrement pendant les dix premières années qu’il y passa, période pendant laquelle Yoganandaji ne gagnait pas sa vie. Envoyer de l’argent d’Inde en Amérique était, compte tenu de l’énorme différence du coût de la vie, un énorme sacrifice. C’est la remarque de sa femme et son attitude fervente au regard de la pratique du don, même lorsqu’on n’a pas d’argent, qui le transforma complètement et l’ouvrit à la vie divine.
De nombreuses histoires de saints et de sages montrent comment ils donnèrent jusqu’à leur dernière miette de pain, ou déchirèrent en deux leur dernière petite pièce de vêtement pour en donner la moitié à un mendiant qui en avait encore plus besoin qu’eux. Il y a par exemple l’histoire Zen bien connue d’un moine très pauvre qui vivait dans une misérable petite hutte au sommet d’une montagne. Il ne possédait absolument rien. Il avait une couverture rugueuse pour couvrir son corps et sa hutte était à moitié en ruines avec un gros trou dans le toit. Une nuit, un voleur se glissa dans la pièce mais ne trouva absolument rien à voler. Il n’en croyait pas ses yeux! Il vit le moine couvert de son petit morceau de couverture. Il s’empara donc de la couverture et s’enfuit en courant. Évidemment, le moine se réveilla et comprit ce qui se passait. Il sortit, s’assit devant la hutte et admirant la beauté de la pleine lune il pensa: “Oh Dieu, la seule chose que je pouvais lui donner c’est ce misérable petit morceau de couverture. Si j’avais pu lui donner la pleine lune, ma vie en aurait alors valu la peine.” C’est à dire, s’il avait pu tourner l’esprit du voleur vers Dieu et lui montrer que la beauté est Dieu et la richesse est partout, il n’aurait plus besoin de voler ni de convoiter quoique ce soit.
C’est le genre d’attitude que nous devrions essayer de développer dans notre vie. Ce n’est pas simplement une question d’argent et de donation financière. C’est une question de sourire. Un sourire est un beau cadeau. Vous pouvez changer la vie de quelqu’un en souriant. Une autre façon de donner consiste à être attentif. Nous souffrons tellement dans cette culture du manque d’attention. Lorsque quelqu’un vous parle, le regardez-vous dans les yeux? Est-ce que vous écoutez vraiment ce qu’il dit ou êtes vous déjà en train de préparer votre réponse ou regardez-vous la télé ou pensez-vous à un coup de téléphone que vous devez passer. L’inattention est une maladie très sérieuse. Être entièrement présent est un don. Accordez à la personne qui veut parler avec vous, quelqu’en soit le sujet, cent pour cent de votre attention (en dehors de l’attention que vous gardez à la fontanelle). Les gens s’y attendent si peu que ça pourrait les surprendre, surtout de la part de quelqu’un qui était généralement moins attentif.
Aimer Dieu, rendre service, être pieu ne fait pas de vous un tapis brosse. Il ne fait pas de vous quelqu’un que les autres peuvent exploiter. Si vous donnez parce que vous ressentez que c’est Dieu qui donne à travers vous, vous avez une réserve d’énergie inépuisable; vous ne serez jamais à court. Continuez à donner avec votre amour, votre attention et votre temps. Il y a une réserve inépuisable venant de cette source. Mais si c’est l’ego qui donne, vous serez démuni très rapidement et vous en arriverez à la conclusion que donner était une mauvaise idée dès le départ. Si c’est l’ego qui donne, vous diminuez la personne qui reçoit et vous vous démunissez.
Comment faire en sorte que le don vienne de cet endroit qui est le don lui-même? Restez à la fontanelle et sentez que c’est Dieu qui se donne à lui-même. Là, il n’y a jamais de pénurie. Si vous restez en permanence sensible à la volonté de Dieu vous saurez quand il est nécessaire de donner et quand il ne l’est pas. Vous pouvez être très divin en refusant de donner à celui qui en ferait mauvais usage ou vous faire perdre votre temps lorsque vous pourriez être plus productif en aidant quelqu’un d’autre. Vous saurez. Vous aurez ce genre de conscience. Mais vous devez la chercher dans la fontanelle. Si vous suivez votre cœur, vous serez toujours trompé par vos émotions. L’intuition ne s’explique pas. Vous comprendrez en pratiquant. Elle se présente en un éclair avec une clarté si incroyable que vous ne pouvez pas la confondre avec quoique ce soit d’autre. C’est cette pratique constante du souffle qui vous mettra dans cet état et très vite vous serez capable de prendre des décisions sans hésiter parce que vous ne penserez plus. Vous aurez remis votre faculté de penser entre les mains de Dieu. Laisse-Le faire. La pensée est un processus inférieur du mental. Elle réinterprète ce que Dieu a en tête pour vous, le refiltre, l’ajuste, cherche un compromis. C’est une perte de temps énorme, une hémorragie d’énergie, et vous vous exposez à la possibilité de faire d’énormes erreurs de jugement fondées sur des idées préconçues, des peurs et des désirs. La seule façon de donner sans ego est donc de suspendre la pensée.
Question: Lorsqu’on se sent coupable de ne pas avoir donné, est-ce que ça vient toujours de l’ego?
SSG: Pas toujours. Saint François d’Assise par exemple se sentait coupable de n’avoir pas assez donné. Ses derniers mots sur son lit de mort (plus exactement son sol de mort car il refusa de mourir dans son lit et s’allongea par terre pour mourir), ses derniers mots qu’il prononça en se tournant vers l’un de ses moines furent: “Nous ne nous sommes pas bien occupés de frère âne.” Il se souvint qu’il avait oublié de donner à l’âne son eau et sa paille ce matin là et ses derniers mots étaient l’expression de son regret de ne pas avoir pu aider suffisamment. La culpabilité peut donc également provenir d’une nature extrêmement divine et pieuse.
La culpabilité peut être saine ou malsaine. S’il s’agit d’une culpabilité paralysante qui s’exprime comme un genre d’exercice d’apitoiement sur soi-même, il s’agit de l’ego. Mais si c’est une culpabilité qui vous inspire constamment de vouloir davantage d’amour, davantage de pureté, de vouloir rendre service encore plus, quel est le problème?
Ne craignez jamais d’épuiser vos ressources, de ne pas pouvoir donner plus que ça et qu’il y ait une limite. Ça c’est à moi, ça c’est aux autres et ça s’arrête là. Vous vous encerclez vous-même dans des limites d’ego. Lancez- vous avec foi. Allez-y.
Question: Dans votre exemple, les gens disent constamment qu’il ne faut pas oublier de s’occuper de soi, c’est à dire de s’occuper de son corps, mais on dit aussi…
SSG: Vous avez à la fois raison et tort. Vous avez raison en ce sens que, oui, on nous rappelle constamment qu’on doit s’occuper de ces choses et on doit effectivement le faire. Mais il ne s’agit pas de s’occuper d’un ego mais d’un instrument de Dieu. C’est notre devoir. Dieu nous a donné un instrument et nous devons faire en sorte qu’il fonctionne correctement pour Sa gloire, pour Son service et non pas pour notre propre bien-être. Laissez Dieu s’occuper de votre bien-être. Souvenez-vous simplement que ce corps, ce mental, ces mains, ces yeux, ces oreilles, cette langue ne sont là que pour Le servir. Il s’occupe de notre bien-être. Il n’y a pas de raison d’avoir peur.
Il fut un temps où je travaillais et travaillais et travaillais, puis je tombais malade ou j’avais un accident et j’étais tout content parce que Dieu me donnait du congé. Je ne savais pas le demander. A l’époque j’étais professeur de massage et docteur en acupuncture. J’avais réservé un stand à un salon d’exposition à l’occasion d’une manifestation très importante pour y démontrer des techniques de massage et promouvoir la cause de l’acupuncture et de la médecine holistique. Une semaine avant l’ouverture, j’étais en train de grimper sur un mur pour faire le malin lorsque je tombais et me cassais un poignet et me foulais l’autre. Mes mains étaient mon seul gagne-pain. Je n’avais pas d’assurance ni d’économies. Je n’avais rien. Aux urgences de l’hôpital local ils me mirent des bandages partout. Je me retrouvais donc là, avec mes deux poignets hors d’usage, en pensant: “Bon, je dois aller à ce salon du massage et j’ai travaillé dur pour pouvoir y aller, mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir y faire? C’est sympa de se retrouver en vacances mais il faut que je fasse quelque chose. Je ne peux pas rester au lit et me laisser mourir de faim ou attendre que l’univers pourvoie à mes besoins. Il faut que je fasse quelque chose.” La pensée me vint à l’esprit de me rendre malgré tout à l’exposition. Je demandais donc à un ami de m’y emmener avec ma table de massage, de préparer le stand et de distribuer mes cartes de visite. Lorsque le jour de l’ouverture du salon arriva, je pouvais me servir un tout petit peu du côté de mon poignet foulé, rien que deux doigts. Le poignet cassé était toujours dans le plâtre.
J’étais donc là, au salon, assis dans mon coin, passant agréablement le temps à regarder passer les badauds. Quelqu’un se présenta à mon stand et sans même me regarder demanda: “Je suis dans un tel état de stress. Pourriez-vous faire quelque chose pour mon épaule, là?” Je décidais de voir ce que je pouvais faire. Je me mis donc à travailler avec mes coudes, mes avant-bras et le côté d’une épaule et il commençait à se sentir mieux. Des gens s’arrêtèrent pour regarder et faisaient des commentaires sur ma technique inhabituelle. Vous pouvez allez vraiment en profondeur avec les coudes et avec un peu de sensibilité, vous pouvez travailler des nœuds et être très précis. Bientôt une file d’attente commença à se former. Une heure plus tard j’entendis une annonce sur le haut parleur de l’exposition: “Il y a un kinésithérapeute manchot là-bas. Vous devriez allez le voir. Il est assez incroyable.” Je travaillais toute la journée et me créais une clientèle pour toute l’année. Jusqu’à ce jour, je me souviens toujours de cette technique que je dus improviser et que j’utilisais plus tard dans ma pratique quotidienne. Même lorsque mes poignets furent de nouveau en état de marche, je continuais à utiliser mes coudes.
J’aurais pu considérer la situation en me disant: “Pauvre de moi, pourquoi cela m’arrive-t’il juste une semaine avant mon grand démarrage dans la vie? C’est pas juste.” J’aurais pu me recroqueviller dans ma chambre et tout laisser tomber mais je suis allé au contraire voir ce qui ce qui arriverait. Vous n’avez pas de limite si vous avez la foi. Rien ne peut vous arrêter sauf votre mental.
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Discours de Swami Shuddhananda Giri à Miami, le 14 Octobre 2001.
Invocation:
Chira shashvata sundara premamayam paramananda ananda brahmanishtam trigunatia bhasvara chirantanam pranamani gurudevam barambaram pranamani gurudevam barambaram pranamani gurudevam barambaram. “Je m’incline encore et encore devant le gourou, depuis toujours beau, aimable, dans la béatitude du Suprême établie sur la Conscience Divine, au delà des trois modes de la nature, éclatant de lumière, éternel.”
arupo’si svarupo si’sarvarupam karunavataram sada shantirupam bhakta vatsala rakshaka snaharupam pranamani gurudevam barambaram pranamami gurudevam barambaram pranamani gurudevam barambaram. “Vous êtes sans forme, votre forme et toutes les formes, l’incarnation de la compassion et, dans la paix éternelle, l’amour maternel et le protecteur de tous vos adeptes avec une affection éternelle. Je m’incline devant le gourou, encore et encore.”
shuddha buddha svarupastvam nirantaram sadananda bhedahina muktanityam sakshi svarupo akara nirakaram pranamani burudevam barambaram pranamani gurudevam barambaram pranamani gurudevam barambaram. “ Je m’incline encore et encore devant le gourou pur, illuminé, demeurant constamment dans la conscience de l’âme, la béatitude éternelle au delà des dualités, constamment libre, témoin du Soi, forme sans forme.”
Je m’incline devant mon gourou encore et encore, constamment.
Pour réaliser la Réalité il faut se mettre en condition. Pour se déplacer en voiture, le moteur et les freins doivent être bien entretenus. De même, dans la vie spirituelle, nous devons nous préparer en vue de recevoir la grandeur de Dieu.
Pour réaliser Dieu, vous devez réaliser votre propre identité. Lorsque vous réalisez qui vous êtes et quel est le but de la vie, vous pouvez réaliser Dieu parce que c’est la même chose. La réalisation du Soi est la réalisation de Dieu. Lorsque vous l’éprouvez, vous commencez à éprouver la sérénité. Lorsque vous ressentez cette sérénité, vous vous sentez davantage relié et vous ne pouvez pas comprendre cette sérénité. La pratique régulière crée cette sensation. Ça ne s’explique pas avec des mots parce qu’il s’agit d’une perception personnelle.
L’Action Correcte
Notre périple nous apportera de la souffrance et du plaisir suivant notre karma passé. Ce n’est que dans notre tête que les choses sont bien ou mal. Les choses sont ce qu’elles sont et nous devons les accepter tel quel. Il y aura de la souffrance. Il y aura aussi du plaisir. Simplement, acceptez-les.
Le karma mental est plus fort que l’action physique. Tout ce que nous faisons sur le plan physique, nous l’avons déjà fait mentalement. Les actions mentales sèment leur graine dans le corps causal. Tout commence par l’activité mentale. Par exemple, vous avez faim d’abord et ce n’est qu’ensuite que vous pensez à prendre de la nourriture. Vos mains prennent la nourriture, vos dents mâchent et ainsi de suite, mais vous devez garder à l’esprit que vous ne faites rien et que c’est le corps physique qui fait tout. Si vous en êtes conscient, mentalement, tout change. Cette action mentale est votre karma.
Prenez la Baghavad Gita au chapitre 3, verset 27, et vous y verrez quel est le véritable auteur de toutes les actions. Ce n’est que l’inconscience créée par la présence de l’ego qui vous donne l’impression que vous faites quelque chose. Ce n’est que de l’ignorance. Le travail est en fait accompli par prakriti, la nature. La nature accomplit son travail à travers les trois gunas: sattva, rajas, tama. L’un domine les deux autres. Lorsque sattva est prédominant, on se sent calme et équilibré. La qualité rajastique rend actif et la tamasique inactif. La nature accomplit donc toutes les actions à travers ces trois gunas. Dieu ou l’Âme ne fait pas le travail. Celui qui est conscient, qui voit la nature faire le travail et voit le Soi, ne fait rien.
Baba cite souvent le Shvetashvatara Upanishad chapitre 6 verset 11:
eko devah sarva-bhuteshu gudhah, sarva-vyapi sarva-bhutantar-atma karmadhyakshah sarva-bhutadhivasah, sakshi cheta kevalo nirgunash cha.
“ La même Divinité se cache dans tous les êtres et imprègne tout et est le Soi demeurant dans tous les êtres. Elle supervise les actions, les vies, dans tous les êtres. Elle est le témoin, le pourvoyeur d’intelligence, l’Absolu dépourvu des trois qualités.”
Karmadhyakshah veut dire Il ne fait rien mais Il est la cause de tout. Supposez que votre équipe ou votre pays gagne la coupe du monde de football. Qui joue, gagne et reçoit le trophée? Les joueurs jouent et le pays gagne. C’est karmadhyakshah. Vous avez le pouvoir grâce au pouvoir du Soi et de Dieu. Ni l’âme ni Dieu n’agissent. Prakriti, la nature, accomplit les actions.
Les 3 gunas sont actifs dans ce corps. Vous voulez méditer et vous ressentez le calme. Vous n’avez pas encore commencé à pratiquer la technique, vous êtes simplement assis et vous méditez. C’est sattva guna. Puis, lorsque vous décidez d’utiliser une technique comme s’incliner ou pratiquer le mahamudra, rajas guna entre en jeu. Après vous être incliné en avant vous sentez que vous devriez vous incliner sur le côté ou vous relever. A ce moment-là, tamas guna est présent. Sattva-sattva, sattva-rajas, sattva-tamas. Bien que le processus de méditation soit dominé par sattva-guna, on peut le diviser en trois comme je viens de le décrire.
Prakriti et Maya
Dans le Shvetashvatara Upanishad au chapitre 4 verset 10 il est dit:
mayam tu prakritim vidyan mayinam cha maheshvaram
“ Il faut savoir que prakriti est maya (illusion), et que le grand Seigneur règne sur maya.”
Qu’est-ce que prakriti? Maya, l’illusion cosmique est prakriti. Mayinam est le maître de maya. Maya vient de mon Soi ou Dieu. Si vous demeurez dans un état légèrement supérieur, vous sentirez qu’il n’y a rien. Vous ne ressentirez pas d’ego. Dans le Kriya, on dit qu’il faut rester attentif. Grâce à cette vigilance, vous atteignez l’état de conscience et cette conscience est unité avec Dieu. C’est ça le yoga.
Dans la Baghavad Gita, chapitre 4, verset 6, il est écrit:
ajo ’pi sam avyayatma bhutanam ishvaro ’pi san
prakritim svam adhishthaya sambhavamy atmamayaya
“ Bien que je n’ai pas connu de naissance ni de mort et que je sois le Seigneur de tous les êtres, je me manifeste à travers le divin maya yoga, gardant ma nature transcendentale sous mon contrôle.”
Dieu explique comment, venant de Lui à travers le maya yoga, prakriti accomplit tout le travail à travers les trois gunas. Vous regardez avec les yeux. S’il n’y a pas de lumière vous ne pouvez pas voir. Les yeux sont reliés au cerveau par des nerfs. Le pouvoir de voir que possède le mental vient de la conscience.
Faites Attention à Vos Pensées
Au cours de votre vie, vous avez fait beaucoup de bonnes et de mauvaises choses qui sont imprimées dans le mésencéphale. Les pensées se présentent à votre mental et le mental veut faire l’expérience du bonheur, par exemple aller au restaurant. Dans la vie spirituelle, si vous restez vigilants et que vous observez d’où viennent vos pensées, vous ne concrétiserez pas ces mauvaises pensées. Vous ne choisirez et ne concrétiserez que les bonnes pensées. Par là, vous ne créez aucun karma. Le karma est créé par les mauvaises pensées. Je ne prête pas attention à cette pensée, quoique ces pensées continuent à venir. Laissez les faire; soyez plus vigilants. Pensez aux Maîtres, à Dieu. N’agissez pas en fonction de ces mauvaises pensées. Lorsque vous pensez vous créez du mauvais karma. Il est très difficile de ne pas agir conformément à ses pensées. Pour cela il faut avoir recours à la volonté.
Dans la vie spirituelle, faites attention à vos pensées et pensez toujours positivement. Cela vous affranchira de l’action mentale. Cela renforcera votre pensée. Vos actions physiques changeront aussi. Cette vigilance purifie tout. Les pensées se présenteront mais vous ne les concrétiserez pas. Même les plus grands sages doivent faire face à ces épreuves. Pratiquez donc avec un plus grand amour. Vous réussirez parfois et parfois vous échouerez. Reposez-vous sur Dieu et Sa grâce et Ses bénédictions.
Le Védanta enseigne qu’il faut d’abord savoir qu’on ne sait pas. La première chose consiste à garder votre attention sur votre propre conscience et à vous rendre compte que vous voulez savoir mais que vous ne savez pas encore. Vous voulez savoir mais vous ne pouvez pas. Cela vient de maya et de l’illusion cosmique. Bien que vous vouliez savoir, au départ, vous ne pouvez pas. Mais vous pouvez en rester conscients, chaitanya. Cet état de chaitanya doit être maintenu.
“Oh Seigneur, Tu as créé le monde de telle sorte que l’illusion, l’imaginaire et l’erreur se présentent à moi constamment. Libère-moi.” C’est la prière que Baba répète tout le temps.
Bien que je veuille Te connaître, je reste inconscient et je suis impuissant. Tu as créé le monde de telle sorte que l’imaginaire, l’illusion et l’erreur se présentent à moi constamment. La conscience de l’illusion vous libérera de l’illusion. Restez vigilants jusqu’à ce que vous atteignez l’état de réalisation. Plus vous en êtes conscients, moins votre vie sera affectée par l’imaginaire, l’illusion et l’erreur et lorsque vous n’en serez plus troublés vous serez complètement libres. Cette vigilance deviendra conscience ou réalisation divine.
Dans la vie spirituelle vous pouvez vous juger vous-mêmes. Vous pouvez mesurer le nombre de pensées négatives qui se présentent. Davantage de vigilance veut dire moins d’illusion. Moins d’illusion veut dire réduction des effets de maya. Pas de pensée négative veut dire tranquillité et réalisation de la vérité.
Silence et Liberté
Lorsqu’on aborde la vie spirituelle on a de nombreuses pensées. Plus on pratique, moins les pensées sont nombreuses. L’état supérieur sera la conscience sans pensée. Vous réaliserez que vous n’êtes pas le corps mais chaitanya purusha. Manomaya kosha, la couche mentale, doit être libérée. La pratique spirituelle est pour le mental et non pour le corps ou l’âme. Lorsque vous pratiquez le Kriya de plus en plus, vous atteignez l’état de yoga.
Il y a quatre types de silence. Celui où vous ne parlez pas physiquement mais où votre mental parle encore. Puis le silence intérieur qui est méditation. En méditation, il n’y a pas de pensée mais le souffle est présent. Le souffle est agité mais, dans l’état le plus profond de méditation, le souffle s’immobilise. C’est le troisième type de silence. Le quatrième type est le silence pratique. Bien que mon corps et mon mental soient actifs, je suis immobile. Il faut pratiquer cela dans la vie quotidienne. Nous observons mais ce n’est pas nous qui agissons. C’est la nature qui fait tout.
Lorsque vous ne vous associez pas avec vos actions, comment pourriez-vous avoir tort? Si vous réalisez cela profondément, alors vous êtes libres. Vous ne faites qu’observer la création toute entière. Lorsque vous êtes mentalement libres vous ne pouvez pas faire de mal sur le plan physique. Vous n’avez pas de karma. Tout ce que vous faites n’est que pour inspirer les autres. Votre vie est pour les autres. C’est ce qu’on appelle libération. Comme dit Baba: “Vous êtes le vrai vous” . Combien parmi nous réalisent vraiment cela? Vivez dans ce corps pour un certain temps mais vivez avec Dieu tout le temps. C’est l’état de conscience supérieur. Tant que vous vivez avec le mental, le karma est là.
Erreurs
Lorsque vous atteignez la conscience, l’effort disparaît de la pratique. Au départ vous faites des efforts pour pratiquer. A l’étape suivante, l’effort disparaît. C’est un état supérieur. Ce qui est important c’est de se préparer à cette façon de pratiquer. Comme le dit Baba, vous ne pouvez pas transporter du lait dans un pot percé , c’est à dire que vous pouvez pratiquer toute votre vie, mais ce sera inutile s’il y a des trous dans votre pot. Ne répétez pas vos erreurs.
Les erreurs sont faites pour le progrès. La répétition des erreurs est un péché. Ce n’est pas permis. Les erreurs sont faites pour être corrigées. Lorsque vous avez fait une erreur, ne recommencez pas. L’erreur c’est ce qui n’est pas bon pour vous ou pour les autres. Vous savez la reconnaître car vous êtes doué de discrimination. Votre conscience vous dira ce qu’il faut faire. Si vous sentez une réticence intérieure, ne le faites pas. Dans la plupart des cas vous vous en rendrez compte. Libérez vous-en et réparez les trous. La spiritualité suppose de prendre ses distances avec le négatif.
Faites plus attention à vos actions dans la vie. Tout ce que vous faites, faites-le pour le bien des autres. Vivez d’une façon morale et éthique. Ne pensez qu’à être quelqu’un de bien. Il est difficile de se concentrer pour atteindre le samadhi. Efforcez-vous donc en premier lieu d’être quelqu’un de bien.
La Méditation n’est pas Suffisante en soi
Lorsque nous agissons pour le plaisir du corps ou du mental, nous nous mettons nous-mêmes en esclavage. Ce corps nous a été donné pour une période donnée en vue de réaliser Dieu. Si l’on oublie ce but, l’asservissement s’en suivra. Il ne suffit pas de méditer pendant deux ou trois heures. Il faut changer votre vie. Nourrissez davantage d’amour et de compréhension. Le soir, examinez vos actions négatives et changez. Ne vous concentrez pas sur les positives. Jurez-vous de déraciner les négatives. Cela vous mènera au développement de la vie spirituelle. Ne compliquez pas: vous devez atteindre la liberté.
Faites particulièrement attention à ce que vous dites. Demandez-vous combien vous avez changé intérieurement. La seule personne que vous pouvez changer au cours de votre vie est vous-même.
Regardez avec le troisième oeil, l’oeil à travers lequel tout n’est qu’Un. Posez-vous la question fondamentale: Qui suis-je? Où vais-je? Pourquoi suis-je en ce monde? Restez dans un état de conscience supérieur. Faites attention à ce que vous faites et à ce que vous pensez. Libérez-vous de maya. Maya a tant de force. Priez Dieu qu’il vous guide. Demandez à Dieu qu’il vous bénisse pour que vous puissiez continuer à avancer. La vigilance intérieure et l’amour sont une prière. Davantage de prière et de vigilance réduiront l’effet de l’illusion et des pensées négatives. Utilisez le corps et le mental pour rester vigilant et pratiquer le Kriya. Soyez consciemment actif et activement conscients.
Vous êtes l’âme. Vous vivez dans ce corps. Ce corps et cette vie vous ont été donnés pour un certain temps, mais vivez avec Dieu pour toujours. Soyez conscients et divins.
Que Dieu vous bénisse.
Om. Amen.
La Bhagavad Gita
Interprétation Métaphorique par Paramahamsa Hariharananda
Chapitre 16, Versets 13 à 16
idam adya maya labdham
imam prapsye manoratham
idam asti ‘dam api me
bhavishyati punar dhanam
asau maya hatah shartur
hanishye cha ‘paran api
ishvaro ‘ham aham bhogi
siddho ‘ham balavan sukhi
adhyo ‘bhijanavan asmi
ko ‘nyo ‘sti sadrisho maya
yakshye dasyami modishya
ity ajnanavimohitah
anekachittavibhranta
mohajalasamavritah
prasaktah kamabhogeshu
patanti narake ‘shuchau
Traduction
“Aujourd’hui j’ai acquis cela et je satisferai mes ambitions. Ces richesses m’appartiennent et continueront à m’appartenir.
J’ai tué cet ennemi et vais tuer les autres aussi. Je règne sur tout, je jouis de tous les pouvoirs, je suis doté de tous les pouvoirs surnaturels, j’ai réussi et je suis heureux.
Je suis riche et issu d’une famille très respectable. Qui pourrait m’égaler? Je vais sacrifier à Dieu. Je vais faire la charité. Je vais faire la fête.”
Ainsi, ils se laissent bercer d’illusion par ignorance. Induits en erreur par leurs nombreuses lubies, pris au filet de leur imagination, attachés à la gratification de leurs désirs sensuels, ils tombent dans le plus horrible des enfers.
Interprétation Métaphorique
Dans ces versets, le Seigneur résume les paroles et les pensées de ceux dont la nature est tournée vers le mal. Dans la Bible (Luc, Chapitre 6, verset 45) Jésus dit: “L’homme de bien, du trésor de bien qui est en son coeur, tire du bien; celui qui est mauvais, de son mauvais fond, tire du mal, car sa bouche parle du trop-plein de son coeur.”
Le coeur de ceux qui sont démoniaques est plein de qualités négatives telles que l’égocentrisme, l’arrogance, l’hypocrisie, la passion, la colère, l’avidité. Ils disent: “Aujourd’hui je me suis fait plein d’argent pour satisfaire mes désirs. Je suis content. Je possède tout cet argent. Mais il m’en faut encore plus et je suis prêt à utiliser tous les moyens pour en gagner davantage.” Ce genre de personne n’hésite pas à amasser des richesses par des moyens malhonnêtes tel que la corruption. “J’ai tué de nombreux ennemis. Je suis très heureux. Personne ne peut m’avoir: je vais tuer tous ceux qui sont contre moi.” Vol, meurtre et immoralité ne sont pas étrangers à ces gens. Ils jouent avec la vie et le sang humains. Même s’ils ont atteint une position respectable dans la société, ils agissent par derrière d’une manière extrêmement corrompue et vicieuse. Ils se croient très intelligents et très sages et pensent que personne ne peut les égaler. Gentleman le jour, ils volent la nuit.
Ces gens pensent: “Je suis le roi, je suis le maître, je suis le seigneur, j’ai réussi mieux que quiconque, ma vie est comblée. Je suis issu d’une famille respectable de la haute société. Qui d’autre au monde pourrait-on me comparer?” Cette autoglorification est de l’arrogance. Leur égocentrisme, arrogance et entêtement extrêmes leur font croire qu’ils sont géniaux. On peut voir les gens remplis de ces qualités négatives se rendre au temple ou à l’église en grande pompe mais ce n’est que de l’hypocrisie et de l’ostentation.
Lorsque que ces gens vont au temple ou à l’église ce n’est que pour satisfaire à leurs besoins et à leur avidité et pour montrer aux autres qu’ils sont hautement spirituels. Ou ils entretiennent l’idée de prier pour leur prospérité et pour que ceux qui s’opposent à eux en souffrent: “Je vais faire de nombreux yajnas. Je suis pur. Je suis spirituel. En rendant un culte aux dieux je vais devenir encore plus prospère.” Ils font deux poids deux mesures: divins de l’extérieur, diaboliques à l’intérieur. Lorsqu’ils considèrent avoir atteint un niveau de prospérité matérielle suffisant, ils font la charité mais avec beaucoup d’ostentation et de vanité. Ils ne donnent que pour attirer l’attention et recevoir des remerciements. Ils recherchent constamment la gratification des sens. Bien que leurs paroles résonnent dans les sphères supérieures, leurs esprits errent vers le bas, comme les vautours qui volent haut dans le ciel les yeux fixés au sol à la recherche d’un cadavre. Ils parlent de moralité tout en étant immoraux. Prenez par exemple l’évangile de Matthieu au chapitre 15, verset 8: “Ce peuple m’honore des lèvres, mais son coeur est fort loin de moi.”
L’illusion résulte de l’ignorance. Dans l’obscurité, l’homme trébuche et commet des péchés et des erreurs. L’obscurité est l’ignorance; la lumière est la connaissance. Les gens démoniaques sont en permanence plongés dans l’imaginaire, l’illusion et l’erreur. Ils accomplissent un grand nombre de mauvaises actions et essayent de jouir le plus possible du monde. Ils ne voient pas à quel point leurs actions sont immorales parce qu’ils croient qu’ils ont toujours raison.
Celui qui pense: “J’ai tué beaucoup de gens et je vais en tuer encore plus. Quel est le problème? Où est le mal?” vit l’enfer en cette vie-même.
Les gens qui ont des tendances démoniaques mangent de grandes quantités de nourriture riche et vivent des vies irrégulières et indisciplinées. Souvent ils ne peuvent pas dormir la nuit à cause de leurs mauvaises actions. Leur mode de vie déséquilibré à l’extrême est la cause de maladies dont ils souffrent et entraîne le plus grand désarroi dans leur familles. Vivant dans l’illusion complète ils sont déconcertés par une multitude de pensées agitées et perturbantes. L’immoralité fait de la vie un véritable enfer et produit une après-vie de souffrance.
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Commentaires de Yogiraj Shri Shri Lahiri Mahasaya – Interprétation Métaphorique de Paramahamsa Prajnanananda
Sutra 23
ishvara pranidhanat va
Traduction
(Samadhi/concentration peut être atteint) par la dévotion pour Ishvara.
Commentaires de Shri Lahiri Mahasaya
Atteindre le Samadhi par la dévotion sincère, lorsqu’on est absorbé dans la conscience divine.
Interprétation Métaphorique
Le sage explique dans cette sutra le moyen infaillible d’atteindre le samadhi. Bien qu’en réalité le yoga ne soit pas qu’un simple moyen mais l’état d’union lui-même toujours présent et éternel, le sage, dans sa compassion, explique comment éliminer les obstacles sur la voie du yoga. On appelle ce processus d’élimination les moyens du yoga.
L’idée de séparation est la cause de la souffrance. Elle naît de l’ignorance. Éliminer cette fausse notion de séparation et se libérer de cette notion illusoire est le but principal de la voie du yoga. Cette voie est la plus efficace et la plus pratique.
Ishvarapranidharat va – par une pratique extrême de la présence de Dieu, le samadhi peut être atteint rapidement. Le mot “eva” à la fin de la sutra a une double signification.
Premièrement, sous la forme eva, il veut dire “bien sûr”, “sûrement” ou “certainement”. Il met l’accent sur le moyen, l’amour et la dévotion pour le Seigneur. C’est le moyen le plus sûr de réussir.
Sa seconde signification est différente sous la forme va qui est utilisée pour exprimer une alternative. Il peut être compris comme présentant un autre moyen que celui de la deuxième sutra du chapitre premier (yogashchittavritti nirodhah) mais ce n’est pas ce qui est important dans cette sutra.
Pranidhana est composé de pra + ni + dha + anat
pra = complètement
ni = sans aucun doute
dha = voir
anat (suffixe) suggère l’épanouissement
pranidhana veut donc dire voir complètement sans l’ombre d’un doute.
Pranidhana peut aussi être divisé en pra + nidhana
pra = ultime
nidhana = refuge
En ce sens, pranidhana est le refuge ou la demeure ultime.
Ishvara est composé de ish + vara
ish ou isha est le Maître ou le Seigneur (i = shakti ou énergie et sha = tolérance et bonheur)
vara = le suprême, le grand, l’adorable.
Donc Ishvara est le Seigneur Suprême, le grand maître qui règne à l’aide de shakti (la force inhérente), et le symbole de la tolérance et du bonheur.
Ainsi cette sutra introduit pour la première fois l’idée de Dieu (Ishvara). Abandonnez vous complètement au Seigneur, à Dieu, de tout votre coeur, de toute votre âme, de toutes vos forces, de tout votre esprit. Aimer Dieu complètement et vivre dans l’état de conscience divine est le vrai but. Il ne s’agit pas d’une acceptance verbale. Toute la pratique et toute la discipline ont pour but de développer cet état d’existence.
Tant que l’ego n’est pas éliminé, cet état ne peut pas être atteint. L’ego est le plus grand obstacle. Connais Celui en qui tu veux t’abandonner et te fondre. Arriver à la connaissance complète du Seigneur en qui tu veux être uni est la voie de l’abandonnement. Ce n’est pas en une journée de pratique qu’on peut atteindre cet état. Il faut pratiquer régulièrement (sutra 1:14).
Oh Chercheur! Si tu veux vraiment être un yogi, oublie quelle voie tu suis, accepte le Seigneur dans ta vie, abandonne-toi complètement. Que chaque action, chaque mot, chaque pensée, chaque souffle, chaque moment de ta vie sois dédié au Seigneur que tu aimes. Fais tout en présence du Seigneur et pour son plaisir. Alors le samadhi, la réalisation, l’émancipation, la connaissance de soi seront toujours dans ton emprise. Tu réussiras.
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