L’art du silence
par Paramahamsa Prajnanananda – Février 2002
La vie humaine est une opportunité. Le but de cette opportunité devrait être d’avoir un maximum de productivité. C’est à dire que notre vie devrait produire des résultats visibles. Dieu nous a donné un corps, des sens, un mental et un intellect. Prenant en compte tous ces dons et le temps écoulé, nous devrions analyser nos résultats. Nous devrions nous demander: Qu’ai-je accompli? Votre réponse déterminera la mesure de la réussite de votre vie, de votre véritable succès. Si vous rendez votre vie plus productive, vous atteindrez votre but plus rapidement.
Explorons l’analogie du tir à l’arc. Supposons qu’un archer tire cent flèches et rate la cible. De toute évidence, il manque de concentration. De même, pour atteindre notre but, nous devons discipliner nos vies. Il faut se concentrer sur le but. Cela commence par le contrôle de la parole. Souvent, les gens disent dix fois plus de choses qu’il n’en faut, sans cibler, sans but, comme cent flèches tirées dans toutes les directions. Cela n’a pas de sens et ne fait que blesser beaucoup de gens. En d’autres termes, le but ne sera pas atteint et, à cause de paroles et de bavardages inutiles beaucoup de gens vont être blessés. Si vous analysez votre vie quotidienne et ce que vous dites, vous verrez que vous passez la majeure partie de votre temps en bavardages inutiles. Cela se traduit par des critiques et des médisances sur les autres, et finalement ils se trouvent blessés par vos paroles irréfléchies.
Cela me rappelle une jeune femme qui raconte qu’un jour sa mère lui lava la langue avec du savon parce qu’elle avait dit quelque chose de mal. La langue a davantage de pouvoir qu’un revolver et est plus vénéneuse qu’un serpent. On dit qu’avec une balle on peut tuer une personne une fois, mais qu’avec des mots blessants on peut torturer quelqu’un tous les jours. La personne est blessée chaque fois qu’elle se souvient des mots blessants. Il est donc impératif de faire attention à la façon dont on se sert de sa langue. C’est l’art du silence.
Il y a deux types de silence, le silence externe et le silence interne. Il est facile de pratiquer le silence externe en ne disant rien. Il faut d’abord avoir la ferme détermination de ne rien dire. Dans la culture indienne, le silence est strictement observé et beaucoup considèrent inacceptable de parler en mangeant, pendant le puja ou le service au temple, lorsqu’on étudie, etc… Cette tradition est observée pendant l’enfance, mais à l’école et à l’université l’habitude se perd. Le mental est mieux concentré et plus réceptif lorsqu’on ne parle pas. On ne peut pas mettre tout son cœur dans son travail lorsqu’on parle en même temps. Efforcez-vous de moins parler.
Dans notre livre d’école, il y avait ce poème:
Une chouette vieille et sage vivait dans un chêne.
Plus elle voyait, moins elle parlait.
Moins elle parlait, plus elle entendait.
Pourquoi ne sommes nous pas capables d’être tous comme ce vieil oiseau?
Dieu nous a donné deux yeux pour voir davantage et voir clairement. Dieu nous a donné deux oreilles pour entendre davantage et comprendre davantage. Dieu nous a donné une bouche pour deux choses: manger et parler moins. On peut contrôler ses habitudes alimentaires en mangeant à des heures régulières et en s’abstenant de grignoter entre les repas. Il est nécessaire d’arriver à cette maîtrise de l’alimentation aussi bien que de la parole pour renforcer la discipline spirituelle. Nous devrions parler moins. Ceux qui parlent moins travaillent plus. Ceux qui parlent plus travaillent moins. Ceux qui aiment vraiment travailler n’ont pas le temps de parler. Ceux qui parlent n’ont pas le temps de travailler. Ceux dont le mental est un peu plus concentré travaillent efficacement et oublient le reste. Introduisez donc la maîtrise dans votre vie. Développez votre détermination: si je dois lire, je vais lire et non pas parler. Le Kriya Yoga enseigne comment garder sa langue dans une position particulière qui ne permet pas de parler. Lorsqu’on ne parle pas on devient sage.
Retour au SommaireLa lignée des Maîtres
Par Swami Shuddhananda
La lignée des maîtres est un processus continu. Elle part de Dieu seul et passant par les saints et les sages aboutit à l’âme. Dieu est votre premier maître et vous êtes le dernier maître. Entre les deux il y a d’autres maîtres.
Il y a trois maîtres:
Dieu
L’âme
Les saints, les sages et les gourous
Les saints, les sages et les gourous sont les maîtres qui vous enseignent. L’âme est le maître au dedans de vous qui vous permet d’apprendre. Dieu est le maître qui vous fait vous réaliser. A chaque instant vous devez apprendre. Le processus de l’enseignement commence lorsque l’enseignement est reçu des saints, des gourous et des maîtres. Puis l’enseignement est reçu du véritable maître intérieur, l’âme. Cette étape est le processus de l’enseignement. Dieu est le maître qui vous fait réaliser la vérité. C’est l’étape de la réalisation qu’il n’y a pas de différence entre Dieu, l’âme et les maîtres.
Ishwaro gururatmeti murtibhedo bibhagino
Dieu, les maîtres et l’âme ne sont qu’un. Dieu prend des formes différentes et vous enseigne par l’intermédiaire d’êtres différents. Par l’intermédiaire de votre âme Il vous fait apprendre et à travers Lui-même (Dieu) il vous révèle la vérité. Donc, il y a d’abord le processus de l’enseignement, puis le processus de l’apprentissage et finalement la révélation (réalisation). Tel est le système des maîtres. Pour être le meilleur étudiant possible, il faut être son propre maître. Il faut vous apprendre vous-même à vous souvenir de mettre en pratique les enseignements que vous avez reçus des maîtres.
Retour au SommaireÉléments de développement spirituel
Par Swami Shuddhananda Giri – 30 Mai 2003
Cinquième Partie
Lorsqu’on est établi dans le Soi, on n’attend plus rien de la vie parce qu’il n’y a plus rien à en attendre: tout est au-dedans. Vous êtes le centre de la création toute entière. Le pouvoir de Dieu demeure au-dedans de chacun d’entre nous. En conséquence le centre du bonheur est à l’intérieur. Nous sommes dans le noyau du bonheur. Bien que nous le sachions, cela n’apparaît pas aussi clairement. Les gens demandent souvent comment atteindre le bonheur au-dedans. En général, les gens ont essayé d’atteindre le bonheur par des moyens physiques ou émotionnels en s’engageant dans des activités ou avec d’autres personnes. Le véritable bonheur est au-delà de ces choses matérielles parce que la vie est à la source du bonheur et de la sérénité. Le pouvoir de Dieu, sat-cit-ananda (existence, conscience, sérénité), l’âme, est au-dedans de nous. La véritable ananda est la sérénité au plus haut degré, la source de tout bonheur, plaisir et joie. Il n’y a pas besoin de chercher cette joie parce qu’on est déjà cette ananda (sérénité). Ressentir cette ananda, ce bonheur, est la sérénité. Nous devons être conscients de cette existence éternelle de Dieu. L’existence éternelle de Dieu en nous est l’âme et le so’ham (je suis cela).
Dans le ham (corps), je suis sa (l’âme). Dans le ham mental, je suis le sa conscient. Nous devons donc retourner à la source. Notre véritable nature est d’être les enfants de Dieu. Et ce bonheur est le plus grand bonheur, sérénité, joie et plaisir que pouvez atteindre à partir de votre propre joie et sérénité infinies, au-delà de toute expression. Le mental ne peut pas penser la joie de l’âme ni la joie de Dieu parce que le mental est limité à la matière, au corps et au monde. Ce qui est au-delà du mental ne peut pas être pensé. Vous pouvez le réaliser par la grâce de Dieu et des maîtres lorsque vous savez que vous êtes un enfant de Dieu. Pour réaliser que vous êtes un enfant de Dieu, soyez un dévot de Dieu. Pour être un dévot de Dieu, soyez un disciple du maître et soyez sincère dans votre pratique.
Le progrès dans la vie spirituelle est évident lorsque la gaieté s’installe dans la vie. Ce qui est au-dedans ressort. Si vous êtes gai, vous serez toujours mentalement gai, dans vos expressions mentales, dans vos expression physiques. C’est la qualité du divin et de la nature. Les enfants envisagent généralement les choses avec gaieté et sont affectueux. Lorsqu’un enfant a besoin de quelque chose, il exprime son désir avec simplicité. Un enfant qui a faim se met à pleurer et la mère vient immédiatement lui donner à manger. La mère et l’enfant sont naturellement liés l’un à l’autre.
Le Seigneur Jésus aimait chanter: “Soyez comme un enfant”. Le royaume de Dieu tout entier est dû à l’enfant.
Nous avons vécu des millions de vies. Les écritures déclarent qu’il y a un processus de vie continu, d’une vie à l’autre. A chaque vie on fait un certain progrès. A chaque naissance on commence par être un enfant aimable qui grandit. Ce processus se poursuit jusqu’au moment où on réussit sa vie et où il n’y a plus de naissance ultérieure. Mais, pour la plupart des gens, on revient de nouveau à la vie sous la forme d’un enfant. Bien que nous grandissions physiquement, mentalement et intellectuellement, d’une certaine manière l’attitude enfantine persiste parce que l’enfant est plus près de la mère et de Dieu. Le véritable enfant est le dévot. La nature aimante du petit bébé est la même nature que celle qui est animée lorsque le véritable amour naît en nos cœurs. Dans cet état, on aime Dieu et les maîtres naturellement et ils nous aiment. Lorsque cet amour se développe dans le cœur, la personne devient un dévot et le dévot devient un enfant de Dieu. Le véritable amour se développe dans le cœur et la vie est remplie de dévotion. Un dévot de Dieu est l’enfant de Dieu. Un enfant est celui qui est proche de Dieu dans son cœur, qui aime Dieu et recherche l’amour de Dieu. Dieu aime tout le monde. Nous sommes tous Ses enfants. Mais en sommes-nous conscients? Lorsqu’on est conscient d’être un enfant de Dieu, l’amour grandit. Lorsque l’amour est dans le cœur, la vie devient dédiée à Dieu et aux maîtres et on devient l’enfant éternel de Dieu.
Donc, on ne fait que passer. Ce qui ne s’est pas encore produit pour nous s’est produit pour d’autres. Notre futur est déjà du passé pour Dieu et les maîtres. L’unité de temps en ce monde n’est pas la même que dans les autres mondes et plans d’existence. Les gens hautement spirituels et les maîtres réalisés demeurent en ce monde mais ils demeurent aussi dans d’autres plans d’existence. Par exemple, un jour j’avais mangé une mangue à l’ashram de Bhisindipur et quinze jour plus tôt Baba m’avait écrit une lettre où il parlait de cette délicieuse mangue que j’avais goûtée. Bien que je n’avais pas encore mangé la mangue, il avait déjà vu cette action se produire. Il avait traversé ces fuseaux horaires. Ce qui était le futur pour moi était déjà le passé pour Baba. Tout s’est déjà produit pour Dieu. La création tout entière est la pensée de Dieu pour Son plaisir et Sa jouissance. Rien n’est présent ou futur pour Lui. Tout est passé, parce que c’est déjà accompli. Il est dit dans les écritures qu’au moment où Dieu s’est mis à penser à devenir nombreux et à ressentir le plaisir de sa création, elle se produisit. De même, lorsqu’on rêve, on voit de belles choses, on mange des mets délicieux, on est riche, tout va bien et tout et tout. L’expérience est si vivante et vivide, mais lorsqu’on se réveille ces sensations n’existent plus.
Les écritures, les saints et les sages disent que cette création est aussi un rêve. Mais le mental limité ne permet pas de comprendre comment cette création pourrait être un rêve. Notre perception du monde est si jolie, si colorée, si belle. Comment pourrait-il s’agir d’une illusion? Tout semble si réel. Mais l’illusion nous fait croire que l’erreur est la vérité. Bien que les expériences du rêve semblent si vivantes, vous réalisez au réveil qu’il ne s’agissait que d’un rêve. L’expérience de la réalité est un état d’absence de rêve.
Il y a un niveau d’existence où nous sommes endormis et où nous rêvons. Lorsqu’on se réveille de l’intérieur, on se rend compte que nos vies sont aussi un rêve, une illusion. Notre mental limité ne peut pas le comprendre et aller au-delà de l’illusion. Il est difficile de comprendre que ce monde et la relation que nous avons avec lui sont illusoires et passagers. Cela vient de l’attachement au monde et au corps. Notre corps est un microcosme du cosmos tout entier. Ce qui est dans le cosmos tout entier est aussi dans le corps tout entier. Le corps est assujetti à la matière comme l’est le monde. Il y a une très forte relation entre le corps et le monde. Le corps veut jouer avec le monde, le monde veut jouer avec le corps. Mais qui suis-je? Où est mon corps lorsque je dors? Où étais-je avant ma naissance? Où allez-vous lorsque vous dormez? Tous les jours nous faisons l’expérience de cet état de sommeil et du bonheur qu’on y atteint. Nous pensons pouvoir retirer du bonheur du contact entre le corps et le monde ou entre le mental et le monde. Mais ce bonheur n’est rien. Le vrai bonheur vient du sommeil. Pendant le sommeil nous retournons à notre vraie nature. Après une journée de travail nous sommes fatigués et nous avons envie de nous reposer et d’aller dormir pour en retirer le vrai bonheur. Pour atteindre le vrai bonheur, vous voulez vous libérer du corps, du mental et du monde. Vous ne voulez pas toutes ces choses matérielles ni le corps. Vous voulez être totalement libre. C’est le sens de la spiritualité.
Retour au SommaireLa Bhagavad Gita – chapitre 17, versets 20 et 21
LA BHAGAVAD GITA – CHAPITRE 17, VERSETS 20 et 21
Verset 20
datavyam iti yad danam
diyate ‘nupakarine
dese kale ca patre ca
tad danam sattvikam smrtam
Traduction
Le don fait là et quand il convient, à la personne qui le mérite et dont on n’attend rien en retour (qui ne vous a fait aucune faveur), simplement avec l’idée qu’il fallait le faire, est spirituel (sattvique).
Interprétation Métaphorique
La charité, les dons, l’aumône et l’aide matérielle font partie des activités religieuses de toutes les religions du monde, mais dana (la charité) n’est pas seulement l’aide matérielle. Elle a une signification plus profonde.
Tout le monde doit faire la charité. “La charité commence à la maison” comme on dit. Beaucoup de gens donnent de l’argent pour le bien de l’humanité: pour supporter l’éducation, pour nourrir ceux qui ont faim, donner de l’eau à ceux qui ont soif, des médicaments aux malades, de l’aide à ceux qui sont dans la détresse, des secours lorsqu’il y a des catastrophes naturelles, etc… Beaucoup de gens ouvrent des auberges et des maisons d’accueil dans les lieux saints et les lieux de pèlerinage pour les religieux et les pèlerins. Les voyageurs peuvent y passer la nuit gratuitement et y bénéficier de nombreux services.
Il y a aussi beaucoup de moines d’un haut niveau d’études et d’avancement qui s’occupent des malades et des gens dans le besoin. Lorsqu’il y a une catastrophe naturelle comme des inondations, une sécheresse ou une épidémie, les moines aident, rendent service et soignent les gens. Les moines ne font pas cela pour être appréciés ou récompensés publiquement. Ils sentent qu’ils font partie de la création divine et considèrent qu’aider les autres est un devoir noble et divin lorsqu’on le fait à l’endroit et au moment qui conviennent, pour les gens qui en ont besoin. Ce genre de charité et de service sont sans aucun doute spirituels.
Ce verset a aussi une signification spirituelle très profonde. Le véritable don est celui de la connaissance spirituelle que le maître fait au disciple sans rien en attendre. Les dons matériels, peu importe combien généreux, ne sont que temporairement bénéfiques. La connaissance spirituelle donnée au disciple est un don véritablement éternel. Si ce don de la connaissance spirituelle est fait au disciple capable de le recevoir, au bon moment et au bon endroit, sa croissance n’a plus de fin.
Le soleil donne sa lumière et sa chaleur sans rien en attendre. L’arbre donne des fruits, des fleurs, de l’ombre et bien d’autres choses, même si on le torture en retour. Le fleuve distribue son eau constamment et sans prendre de repos. Le maître réalisé offre de tout son cœur et de toute son âme la connaissance divine à son disciple. C’est la charité spirituelle. C’est le véritable travail divin. Le maître aide d’une façon désintéressée au progrès spirituel rapide du disciple, la réalisation de son Soi.
Verset 21
yat tu pratyupakarartham
phalam uddisya va punah
diyate ca pariklistam
tad danam rajasam smrtam
Traduction
Mais le don fait à contre cœur, dans le but d’obtenir une faveur en retour ou dans l’espoir d’une récompense, est dit rajasique (passionné).
Interprétation Métaphorique
Ici, le Seigneur nous instruit sur les dons et la charité des gens de nature rajasique. Ces gens sont généralement aisés et travaillent dur pour la réussite matérielle, mais leur mental n’est pas aussi pur et large que celui des gens de nature sattvique (spirituelle). Le mental des gens de nature rajasique est constamment en train de calculer. Sans aucun doute, ils font la charité, mais ils la font avec beaucoup d’hésitation et après mûre réflexion. Ils décident ce qu’ils vont donner en fonction des avantages qu’ils en tireront et leurs actions charitables s’accompagnent toujours de beaucoup de publicité personnelle et de propagande.
Ils pensent: “J’ai gagné de l’argent avec beaucoup de difficulté, pourquoi le donnerai-je sans raison? Qu’en retirerai-je?” Ceux qui ont cette habitude sont de pauvres gens. Ils ne se rendent pas compte qu’ils sont arrivés sur terre les mains vides et qu’ils doivent le quitter les mains vides. Dans la Bible (Matthieu, chapitre 6, versets 19 et 20) il est dit: “Ne vous amassez pas de trésors sur la terre, où mites et rouille détruisent, où les voleurs percent les murs et dérobent. Amassez-vous des trésors dans le ciel, où ni mites ni rouille ne détruisent, où les voleurs ne percent ni ne dérobent. Car où est ton trésor, là aussi sera ton cœur.”
Les gens de nature rajasique qui font la charité ont trois caractéristiques communes: ils donnent à contre cœur, ils s’attendent à ce que leur travail engendre un profit et ils veulent être récompensés. Tout cela vient de l’égocentrisme de leurs motivations et de leur étroitesse d’esprit.
Retour au SommaireYoga Sutras de Patanjali
Commentaires de Yogiraj Shri Shri Lahiri Mahasaya – Interprétation Métaphorique de Paramahamsa Prajnanananda
Suite du numéro précédent de Soul Culture. Extrait du livre à paraître bientôt Les Yoga Sutras de Patanjali à la Lumière du Kriya Yoga (titre provisoire), par Lahiri Mahasaya, interprété par Paramahamsa Prajnanananda en consultation avec Paramahamsa Hariharananda.
Sutra 37
Vitaraga visayam va cittam
Signification Mot à Mot
vitaraga – celui qui est libre de tout désir, goût, attachement, passion etc…
visayam – objet (des sens)
va – ou, aussi
cittam – le mental (mémoire)
Traduction
Aussi, le mental de la personne (le yogi) est libre des désirs, des goûts, des attachements ou des passions envers le objets (des sens).
Commentaires de Sri Lahiri Mahasaya
Les yogis atteignent cet état d’affermissement (sthiti pada, réalisation) en devenant libres de l’attachement aux objets des sens.
Interprétation Métaphorique
Le mental de tout individu est contaminé par le virus des attirances et des aversions. L’attirance fait naître l’attachement et l’aversion, la haine. Le venin de l’attachement et de la haine bloque l’ascension mentale vers un niveau supérieur de réalisation. Lorsque le chercheur s’élève peu à peu sur la voie de la concentration et de la méditation, le mental est purifié et pacifié.
Bien que le Sutra ci-dessus parle de libération des désirs, des goûts, des attachements et des passions, son véritable sujet est l’attirance et l’aversion.
Un yogi est vraiment un vitaragi, c’est à dire qu’il ou elle est libre des oscillations du mental agité et des attractions et des aversions. La Bhagavad Gita parle souvent de cet état de vitaraga où le mental est neutralisé. Il s’agit d’un mental libéré des tendances à la partialité et à l’émotion. L’état non-duel est celui où l’on perçoit l’unité partout. Un véritable chercheur perçoit qu’il est le témoin de ce qui se passe dans le monde extérieur et dans cet état de détachement aucun de ces évènements ne le touche. Il est absorbé dans l’unité de la divinité. Ô chercheur! Elève-toi au dessus de la dualité. Ressens la présence de Dieu en tout. Sois libre de toute attraction et aversion, de l’attachement et de la haine. Vis une vie d’union et d’harmonie dans l’effort et l’autodiscipline.
Retour au Sommaire