Réalisation Divine vol 10.4

Paramahamsa Hariharananda fait un signe de salut de la main
Paramahamsa Hariharananda

Méditation guidée par téléphone par Baba pendant Guru Purnima 2000

C’est Paramahamsa Hariharananda qui dit toujours qu’il est Swami Hariharananda Giri. Si vous dites Swami Hariharananda vous devez ajouter Giri. Mais si vous dites Paramahamsa, alors c’est Paramahamsa Hariharananda.

Aujourd’hui c’est Purnima, le jour de la pleine lune, un jour spécial parce que c’est celui où Ramachandra, le roi, le seigneur Suprême, rendit pour la première fois un culte à son gourou, Vasistha. En cette occasion prometteuse quelqu’un rendit un culte à son gourou pour la première fois. Vous connaissez Hariharananda. Ce n’est pas un gourou limité par l’espace. C’est un gourou mondial. Il est allé partout, en Inde, en Amérique, en Europe, dans toute l’Amérique du Sud, partout, même en Russie et en Chine pour répandre le message du Kriya Yoga.

Dieu est unique mais les religions sont nombreuses. Les gens de toutes les religions veulent réaliser Dieu par les cinq organes des sens. Mais Dieu leur a donné ces organes des sens uniquement pour leur agitation. Il y a cinquante types de souffles dont quarante neuf pour l’agitation et un souffle court, le souffle le plus délicat, un souffle léger, celui qui va droit à la fontanelle lorsque vous inhalez. Avec ce souffle léger et court vous ne pouvez pas ressentir de colère, de fierté, de cruauté, d’envie sexuelle ni d’autres états d’agitation.

Dans le Hatha Yoga Pradipika 4:114 il est dit: yavat naiva pravishati charan maruta madhya marge – le souffle doit être très faible, léger et aller droit à la fontanelle où se trouve l’endroit le plus tendre chez le bébé, au sommet de la tête. Vous devez observer très attentivement cet endroit. Vous allez alors sentir une pulsation. Puis vous allez entendre un son divin. Puis vous allez voir une lumière divine et vous allez aussi ressentir de l’amour pour Dieu.

Dieu fit l’homme et la femme à son image et Il insuffla dans leurs corps le souffle de Sa vie et Il devint l’âme de l’univers entier. Le Seigneur Suprême et Tout Puissant réside donc dans chaque corps humain. Chaque corps humain est le corps du Seigneur Suprême et Tout Puissant et Il a donné son amour à ce corps. Si vous prenez votre souffle le plus court, vous atteindrez le calme qui est divinité. Mais au lieu de cela, la plupart de ceux qui donnent un enseignement sur Dieu le font en lisant des livres ou en chantant des chansons ou en dansant ou en tournant en rond ou par d’autres façons variées. Bien que je n’aime pas cela, je ne vais critiquer personne.

Supposez que vous êtes tous des étudiants et que vous allez à l’école, que vous écoutez vos professeurs et qu’ensuite vous rentrez à la maison et faites vos devoirs avec application. Vous allez réussir. Ici les gens vont à l’église mais seulement le dimanche (non pas sept jours par semaine). Le prêtre lit pendant seulement une heure et ils croient qu’ils vont atteindre la réalisation de Dieu? C’est impossible. Vous prenez votre nourriture tous les jours, régulièrement et sincèrement. C’est pourquoi votre corps se développe. Et grâce à cela vous avez tout. De même vous devriez garder votre attention au sommet de la tête et prendre un tout petit souffle. Cherchez Le au-dedans de la tête et vous verrez alors une lumière blanche comme le lait recouvrant le corps tout entier d’une lumière divine. Calmement cherchez Dieu dans la fontanelle, sûrement vous atteindrez la réalisation de Dieu. Pratiquez bien le Kriya.

Il est dit dans le même Hatha Yoga Pradipika 4:114 que si le souffle n’est pas très faible vous ne pouvez pas atteindre la réalisation de Dieu: yavat dhyana sahaja sadrisham jayate naiva tattwam. Si la technique de méditation n’est pas la plus facile et la plus simple, alors vous ne pouvez pas atteindre Dieu. Il respire et vous observez. C’est la technique la plus simple. Tout le monde, les gens de toutes religions, respirent. C’est pourquoi ils sont vivants. Le souffle est votre vie. Vous devriez donc tous observer et voir calmement, avec le souffle court, si vous sentez une pulsation au sommet de la tête et à côté de l’oreille, au-dessus de l’oreille, si vous entendez un son, un son continu. Si vous ne pratiquez que cela et voyez constamment la lumière dans le monde entier, alors, automatiquement vous atteindrez l’état de samadhi, l’état sans pouls, l’état sans souffle. Vous atteindrez la réalité, la vérité. C’est possible.

Hariharananda atteignit cet état sans pouls plusieurs fois, alors même qu’il donnait l’initiation entouré de 50 ou 60 personnes ou lorsqu’il donnait brahmacharya, sannyas. Un jour, alors que cela était justement en train de m’arriver, un disciple se mit immédiatement à hurler et poussa mon corps plusieurs fois en criant: “la réunion n’est pas encore finie, je vous en prie, continuez, hello, hello, hello!!” Je repris alors mes sens et me demandai pourquoi quelqu’un criait si fort. Je lui demandai: “Qui êtes-vous?” Il répondit: “Je suis assis ici et vous êtes en train de leur donner brahmacharya. Vous dirigez cette réunion. Si vous entrez en samadhi, on ne peut pas finir la réunion.” Ce à quoi je répondis: “Merci beaucoup.” Je me rassis et lentement, lentement je continuai la cérémonie. C’est arrivé comme cela plusieurs fois.

Tous les centres américains sont à l’écoute. Fixez donc votre attention avec l’amour le plus profond à l’intérieur de la fontanelle et vous allez sentir la présence et la sensation vivantes de la pulsation du Seigneur Suprême Tout Puissant. En même temps vous allez entendre le son divin et vous allez voir la lumière divine partout. Lorsque vous verrez cela vous atteindrez immédiatement l’état sans pouls, l’état de samadhi. Vous serez même libéré du sexe. J’ai atteint cet état et j’ai passé onze ans dans ma chambre dans l’isolement. J’y suis resté constamment pendant onze ans. Je ne devrais pas me vanter mais, si je ne dis rien vous ne pourrez pas comprendre. Puis ils me sortirent de ma chambre parce que j’étais constamment dans l’état de samadhi.

Un mois ou deux plus tard je décidai que sauf si Babaji venait me parler, je ne parlerais plus pour le reste de ma vie. Je retournai donc dans ma chambre et m’assis en attendant Babaji. Les portes et les fenêtres étaient fermées. Mais trois jours plus tard j’entendis du bruit et il y avait quelqu’un qui marchait dans ma chambre. J’ouvris alors les yeux et vit Babaji qui se tenait en face de moi, mais son corps était juste comme celui d’un être humain. Le corps de Babaji tel que vous le voyez sur les images est en partie artificiel, mais lorsque je le vis, il était si doux et si beau, comme celui d’un être humain. Je demandai: “Qui êtes-vous?” Puis il toucha mon corps et je vis aussitôt une illumination tout autour de la pièce.

Mon prédécesseur faisait un travail assis dehors en face de la pièce et il répétait: “Allez vous parler aujourd’hui?” Mais je ne parlais pas. Je ne faisais que pleurer et pleurer et pleurer parce que je n’avais pas touché le corps de Babaji. Je ne lui avais pas parlé mais après être allé aux toilettes je retournai à ma salle de méditation personnelle. Je m’y assis calmement et deux heures plus tard Babaji entra de nouveau dans cette même petite pièce. Je le sentis et immédiatement, je touchai ses pieds et me prosternai. Puis il me parla. Il dit: “Je suis très heureux. Tu dois aller tout autour du monde et répandre le message du Kriya Yoga. Tu parles de nombreuses langues, tu peux tout expliquer. C’est pourquoi je suis revenu te parler.” Puis il prit deux fruits et les mangea, après quoi il toucha mes cheveux avec sa tête en disant: “Ne te lève pas. Reste assis et médite. Je m’en vais. Mon discours est fini. Tu dois aller partout.”

Alors, après deux, trois, quatre minutes j’ouvris la porte. Il y avait beaucoup de gens dehors juste à côté et je leur demandai s’ils avaient vu passer quelqu’un. Mon prédécesseur était là à environ un mètre de la porte. Il dit: “J’ai entendu la conversation. J’ai de la chance et j’ai aussi vu la porte s’ouvrir mais je ne l’ai pas vu. Il vous a dit de ne pas sortir, de rester assis et de méditer puis il est parti. J’ai entendu exactement ces mots.” J’étais si heureux et je me rassis et méditai encore sur Babaji. Puis, en 1974, je me rendis partout et répandit le message du Kriya Yoga. Je quittai l’ashram de Puri et je passai la plupart de mon temps dans des pays étrangers tout en retournant parfois en Inde pour une courte période pour y répandre le Kriya Yoga.

C’est si simple. C’est la technique la plus rapide, la plus sûre, la plus facile. Cherchez-le avec le souffle le plus court, dans chaque souffle, avant, après et pendant l’accomplissement de toute action. Observez le dans votre souffle. Observez tout ce que vous faites, sachez que c’est Lui qui le fait. Avec gentillesse il demeure dans votre corps. C’est le corps de Dieu.

(Baba chante): Mandir, mandir, murat teri, phir bhi na dekhe surat teri.

Dans tous les temples de l’Inde il y a de nombreuses déités, mais aucune ne parle. La déité vivante, le Seigneur Suprême Tout Puissant demeure donc dans la tête de chaque être humain. Je ne parle pas, c’est Babaji qui parle par ma bouche, c’est le Seigneur Suprême Tout Puissant qui se cache dans ma fontanelle. Les gens du monde entier, même ceux qui sont les guides, les dirigeants, les prêtres, ils devraient tous embrasser la plus courte et la plus simple technique du Kriya Yoga et la pratiquer pour atteindre le calme. Le calme est divinité. Avec le souffle court vous n’aurez jamais de sensation corporelle, ni de mental, ni de parole, rien: vous atteindrez l’état de samadhi, automatiquement. Donc, si vous avez tous le désir de la réalisation de Dieu, tous les gens de tous cultes, sectes et religions devraient apprendre la technique du Kriya Yoga de mes disciples, aussi bien ceux qui sont ici que ceux qui sont en Inde. Il serait alors très facile pour eux d’atteindre la divinité. Le Kriya Yoga donne la compétence. J’ai quatre vingt treize ans et suis très vieux mais vous pouvez voir ma compétence et mon tact dans la vie pratique, mon succès dans le monde. Je suis vieux mais je parle toujours et vous pouvez voir mon pouvoir mental, bien que je fasse quand même quelques erreurs à cause de l’âge.

Si vous pratiquez tous sincèrement la technique du Kriya Yoga, pas seulement à travers la lecture, si vous apprenez vos leçons et que vous Le cherchez calmement nuit et jour dans la fontanelle, vous obtiendrez alors l’état suprême. Pratiquez bien votre Kriya. Le Kriya Yoga est si précieux, si rare, au-delà de ce qu’on imagine, au-delà de ce qu’on pourrait espérer. C’est le cadeau de Dieu. Babaji l’enseigna à Lahiri Baba, Lahiri Baba l’enseigna à Shriyukteswarji, je fus initié par lui et aussi par Paramahamsa Yoganandaji, et après j’ai répandu le message. Je vais partout répandant le message du Kriya Yoga. Maintenant, je n’en dirai pas plus. Que Dieu vous bénisse tous. Je donne mon amour, égard et respect à chaque être humain dans l’univers entier.

Merci, que Dieu vous bénisse, au revoir.

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Échange Divin: lettre adressée à Baba et sa réponse

Notre Gouroudev bien-aimé,
Om Vande Shri Ganesh
Sharada Gurubhyo Namah!
Om Vande Shri Matruswarupaya Namah!
Om Vande Shri Pitruswarupaya Namah!

Je m’incline devant vous avec amour mon Seigneur en ce jour prometteur de Guru Purnima. Aujourd’hui c’est le jour de célébrer l’aimable exemple de votre vie que vous avez héritée de votre Gouroudev et de tous les Gourous du Kriya Yoga et que vous nous transmettez avec Amour. Vous bénissez non seulement vos disciples, votre famille, mais aussi tous ceux qui ont le privilège de vous connaître. Vous êtes mon père, ma mère, mon frère et mon aimable Gouroudev. Je vous remercie pour vous occuper de moi comme un père, une mère, un mentor, pour me guider et veiller à mon développement, non seulement pour moi mais tous ceux dont vous croisez le chemin.

Bien que vous soyez toujours avec moi à “Shivam”, notre humble demeure de Cincinnati, chaque soir je sens que les jours passent trop vite et je réalise qu’un autre jour s’est écoulé loin de vous et de votre divine présence. J’ai besoin d’accumuler encore plus de trésors sans prix en votre présence divine. Avec pranam à votre saint charan, Amulsmruti.

Réponse de Gouroudev:

Mon Affectueux et Divin Amulsmruti, je suis très heureux d’avoir reçu votre lettre.

Dans la Bible il est écrit dans le livre de la Genèse (1:26 et 2:7) que Dieu a fait l’homme et la femme à Sa propre image et insuffla le souffle de Sa vie dans leurs narines et Il devint l’âme vivante de l’Univers entier. Tout le monde, dans tout l’univers est donc le pouvoir de Dieu. Si le Seigneur Suprême et Tout Puissant ne se cache pas dans la fontanelle et n’inspire pas, nous sommes juste des cadavres. Nous sommes nés pour la réalisation de Dieu. Dieu nous a donné 50 types de souffles dont 49 pour l’agitation et les qualités négatives, pour le mal, les erreurs le sexe immoral et la débauche. Vous pouvez donc le chercher par la pratique du Kriya Yoga et avec le souffle le plus court à l’intérieur de la tête et obtenir le calme qui est divinité. Tel est l’aspect sous lequel se présente le Seigneur Suprême et Tout Puissant. Il est toujours avec vous. L’isolement est le prix de la grandeur. Méfiez-vous de distractions trop nombreuses. Ne perdez votre temps avec personne d’autre que Dieu et votre temps ne sera pas perdu. Avec le souffle le plus court, essayez de réaliser cela. Vous devriez tous essayer cela.

Encadrez cette lettre et lisez cette lettre tous les jours. Lisez la et asseyez-vous pour méditer et alors vous atteindrez la réalité car vous êtes tout le temps dans la négativité et la diversité.

Recevez tous mon affection la plus profonde et jouissez de la bénédiction de Dieu et des Gourous.

Humblement, Hariharananda

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Méditation

Par Paramahamsa Prajnanananda

La vie est si pleine de tensions et de détresse. Il y a peu d’occasions pour la détente et la vraie joie. Tout le monde est très occupé, courant en tous sens sans but réel, pour ne ressentir en fin de journée que la fatigue, l’ennui et l’absence de bonheur. Vivre sa vie dans la paix, la détente et l’harmonie est un art. La méditation apporte une réponse à tous ces problèmes. La méditation est un art de vivre basé sur la science du contrôle du souffle.

Votre cœur, vos poumons et autres organes internes souffrent des tensions du travail et de l’angoisse. Si vous apprenez à les relaxer, vous pourrez très rapidement vivre une vie paisible et harmonieuse.

L’homme moyen engagé dans des activités normales respire environ 21 600 fois par jour, mais par la pratique de la méditation, la respiration se ralentit naturellement et devient plus rythmée. Cela régénère le cerveau et le mental et libère de la fatigue, de la maladie, de la tension. Le stress disparaît de la vie.

Nos abusons des instruments de notre corps et de notre mental par manque de compréhension. Notre mode de vie est déséquilibré et nous en souffrons dans la vie quotidienne. La méditation apporte une compréhension correcte et donne un but positif à notre vie en ce monde.

Les êtres humains se sont rempli le cerveau d’idées et d’émotions grossières. La méditation est la clé d’un cerveau libre de toute pensée négative et nuisible et d’un mental concentré et déterminé.

La méditation n’est pas de l’imagination, de la spéculation, de l’hallucination ni de la visualisation: grâce à ce moyen scientifique de contrôle du souffle et de concentration, on atteint un état de tranquillité et de paix complètes. C’est un éveil intérieur.

Il y a beaucoup de voies et de moyens. Le Kriya Yoga est un moyen facile de méditer, ne présente pas d’inconvénient et permet une évolution spirituelle rapide. Une science du souffle et de méditation vieille comme le monde qui aide à atteindre la paix intérieure, la sérénité et la joie, le Kriya yoga est pratiqué par des millions de gens tout autour du globe. En suivant les étapes de la pratique du Kriya sous la supervision directe d’un précepteur avancé, on peut transformer sa vie vers une santé meilleure, un plus grand calme mental, davantage de paix intérieure, d’agilité et d’activité.

Dénué de toute croyance dogmatique, le Kriya Yoga enseigne la méditation d’une manière scientifique par la transformation intérieure et l’atteinte de sa propre émancipation. En peu de temps la pratique du Kriya engendre l’expérience ininterrompue de la paix et de la sérénité divine et rend possible la jouissance de l’effet à long terme de la méditation.

Le Kriya Yoga, étant la racine de tous les yogas, enseigne l’essence de la religion. Sa pratique produit des bénéfices spirituels, intellectuels, mentaux et physiques immédiats. De plus, le chercheur est assuré de la perception de trois qualités divines: lumière divine, son divin et sensation du mouvement divin. Par l’intermédiaire du maître réalisé (jivanmukta) Paramahamsa Hariharanandaji, le Kriya Yoga offre cette rare opportunité à tout chercheur spirituel intéressé par le progrès spirituel. Le saint maître occupe une place prépondérante parmi les yogis indiens de ce siècle. Il a atteint l’état yogique suprême du nirvikalpa samadhi (l’état de cessation du pouls et du souffle).

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Maîtrise de soi

Par Paramahamsa Prajnanananda

Il était une fois un sculpteur qui alla acheter de la pierre. Lorsqu’il arriva chez le marchand, il trouva dans un coin une pierre en mauvais état. Il demanda au marchand combien il en voulait. Le marchand lui répondit: “Si elle vous plaît je vous la donne.”

L’artiste fut surpris: “Pourquoi m’en faites-vous cadeau?”

“Elle n’est bonne à rien,” répondit le marchand. “A cause de sa forme, personne n’en veut. Elle est là dans ce coin depuis longtemps. Prenez-la.”

Plusieurs mois plus tard, l’artiste revint chez le marchand et lui donna un paquet. Le marchand l’ouvrit et trouva à l’intérieur une belle statue représentant un ange. Il fut surpris et demanda: “C’est une très belle statue et sans aucun doute d’une grande valeur. Pourquoi l’avez vous apportée ici?”

“Je vous en fait cadeau,” répondit l’artiste.

“Vous m’en faites cadeau?” s’exclama le marchand.

“Vous souvenez-vous du morceau de pierre qui traînait dans un coin de votre magasin et que vous m’avez donné?”

“Ah! Oui, je m’en souviens,” répondit le marchand.

“La statue que je vous donne a été sculptée dans cette pierre.”

“Vraiment? Une si belle statue faites avec cette pierre inutile!” S’exclama le marchand émerveillé.

Telle est la vie. On peut en faire une pierre inutile et abandonnée, sans aucune forme digne d’attirer l’attention des gens, ou on peut la rendre semblable à un ange merveilleux. Le choix nous appartient. On peut ou non faire quelque chose de notre vie. Dieu nous a donné la possibilité de rendre nos vies merveilleuses.

Comment pouvons embellir nos vies? Comment pouvons nous transformer nos vies en vie divine, en vie angélique? La réponse est par la maîtrise de soi. Par la maîtrise de soi, nous pouvons transformer notre vie.

Dieu nous a fait cinq cadeaux que nous pouvons utiliser pour transformer nos vies. Le premier cadeau de Dieu est le temps. Le second est un corps humain – non pas un corps d’animal mais un corps humain. Le troisième cadeau est un mental. Le quatrième est un bon cerveau doué d’intelligence. Le cinquième est l’environnement. Nous pouvons utiliser ces cinq présents d’une manière positive, dans la conscience divine, pour transformer nos vies. En d’autres termes, nous devons exercer la maîtrise de soi.

Si vous suivez un entraînement militaire, vous êtes soumis à une stricte discipline. Vous devez obéir sans poser de question, quoiqu’on vous ordonne. Vous ne pouvez pas demander pourquoi. La discipline militaire punit ceux qui n’exécutent pas les ordres. Mais nous n’avons pas besoin d’une discipline militaire. Nous devons suivre une discipline mais une discipline baignée d’amour. Comment peut-on discipliner notre vie avec amour? La réponse est par la maîtrise de soi. C’est une discipline qui n’est pas imposée par les autres comme la discipline militaire mais que nous acceptons nous-mêmes. Pour transformer nos vies il nous faut user de la maîtrise de soi dans le domaine des quatre présents divins: le temps, le corps, le mental et l’intellect.

Maîtrisez votre temps

Tout d’abord nous devrions maîtriser notre temps c’est à dire que nous devrions l’utiliser d’une façon productive et divine. La vie humaine est très courte et pleine de problèmes. On peut tomber malade ou se sentir faible et incapable d’accomplir notre tâche. D’autres problèmes peuvent se présenter comme la mort d’un proche parent ou des problèmes de travail. Le temps est court et les problèmes nombreux. Le temps ne nous attend pas. Nous devrions donc l’utiliser d’une manière productive.

Une journée n’aura jamais 25 heures. Les semaines ne seront jamais de 8 jours. Il n’y aura jamais 400 jours dans une année. Leur durée est fixe.

Pour ceux qui s’engagent dans la vie spirituelle il est bon de suivre une routine. Vous devriez planifier vos 24 heures. Par exemple, une partie de la journée devrait être réservée à la méditation, une partie à la lecture des écritures, une partie au travail, une partie aux soins du corps et au sommeil. Ajustez en fonction des besoins. C’est le premier pas vers la maîtrise de soi. Chaque jour avant d’aller vous coucher asseyez-vous cinq minutes et analysez ce que vous avez fait pendant la journée. Avez vous utilisé votre temps d’une manière productive ou y a-t-il eu des temps morts, des discussions déplacées, des pensées inutiles? Analysez et réfléchissez à la journée qui vient de s’écouler mais ne vous en affligez pas. Quel que soit ce que vous avez fait, priez Dieu: “Ô Dieu, voilà ce que j’ai fait aujourd’hui! Je T’en prie, accorde-moi du repos et aide moi à faire de demain une meilleure journée et à utiliser mon temps d’une meilleure façon.”

Se lever le matin de bonne heure est une bonne habitude qui mérite d’être cultivée et que toutes les pratiques religieuses reconnaissent. Dans la Bible vous pouvez voir que Jésus se levait très tôt le matin pour méditer et prier dans l’isolement pendant que tout le monde dormait encore. Les Musulmans prient cinq fois par jour et commencent très tôt le matin. Chez les Hindous, ceux qui sont très spirituels se lèvent très tôt le matin. Ils pensent que la période de deux heures précédant le lever du soleil est le meilleur moment pour la méditation et la pratique spirituelle. Cette période est appelée brahma muhurta ou la période divine. Avant de vous coucher vous pouvez prier Dieu: “Ô Dieu, je vais me coucher maintenant – Je veux me réveiller à telle heure.” Faites-vous une habitude de vous lever de bonne heure. Au début vous aurez peut-être besoin d’un réveil, mais si vous vous levez à la même heure régulièrement, vous verrez que vous n’aurez plus besoin de réveil; vous vous réveillerez automatiquement en temps voulu. C’est une bonne façon d’organiser son temps.

Comme dit Baba: “Ne perdez de temps avec personne d’autre que Dieu et votre temps ne sera pas perdu.” La meilleure utilisation du temps consiste à passer chaque souffle dans la conscience divine, avec amour, tout en faisant notre travail. Quel que soit ce que nous faisons, nous devrions passer chaque souffle dans la conscience divine. C’est la maîtrise du temps c’est à dire le premier pas vers la maîtrise de soi.

Maîtrise Du Corps

Le deuxième pas vers la maîtrise de soi est la maîtrise du corps. Le corps a besoin de vêtements. Il faut donc avoir de la discipline au sujet des vêtements que je porte. Lorsque nous sommes à l’ashram, nous devrions faire très attention aux vêtements que nous portons. Même au cours de notre vie normale nous devons être propres et bien habillés. Nous devons également maîtriser notre corps en contrôlant nos habitudes alimentaires.
De quel genre de nourriture avons-nous besoin? A quelle heure devrions nous prendre nos repas? Quelle quantité devrions-nous manger? Comment devrions nous prendre nos repas? Il faut répondre à toutes ces questions pour maîtriser nos habitudes alimentaires.

Un jour, en Inde, j’avais pris le bus pour revenir d’une visite que j’avais faite à un moine réputé. Il y avait un homme qui mangeait assis à côté de moi. Au départ je remarquai qu’il mangeait du chocolat: il se mettait les morceaux dans la bouche l’un après l’autre sans s’arrêter. Il mangeait sans reprendre son souffle et mâchait continuellement. Lorsqu’il eut fini le chocolat il se mit à mâcher des noix de bétel: une noix… il mâche, deuxième noix, il mâche, troisième noix, il mâche. Il continua ainsi pendant toute la durée du trajet d’une heure et demi. Cet homme était incapable de rester assis en silence; sa bouche était constamment en action. Je trouvais cela très intéressant de l’observer et pouvoir aimer cette particulière création de Dieu. Si nous ne sommes pas conscients de l’interaction de notre bouche et de notre langue avec la nourriture, nous ne pouvons pas évoluer rapidement sur la voie spirituelle. Il faut donc contrôler nos habitudes en matière de nourriture et de boisson. La maîtrise du temps et de la nourriture vont de pair. Il est possible de manger à une certaine heure, prendre une douche à une certaine heure et aller aux toilettes à une certaine heure.

En dehors du vêtement et de la nourriture une autre façon de maîtriser le corps est de se tenir immobile lorsqu’on est assis. Que nous nous asseyons au bureau ou pour méditer ou pour manger, quel que soit l’endroit, gardons le contrôle de notre corps. Vous avez sans doute remarqué qu’il y a des gens qui agitent un membre ou l’autre de leur corps lorsqu’ils sont assis. Ces mouvements indiquent que le mental est agité. Lorsque quelqu’un est assis sur une chaise et remue les jambes, une agitation mentale s’exprime subtilement par ce mouvement du corps. Nous devrions donc essayer de rester immobiles lorsque nous sommes assis pour méditer, pour travailler sur ordinateur ou même en conduisant une voiture.

Une autre façon de maîtriser le corps est de garder le regard fixe. Si vous observez Baba vous remarquerez que ses yeux ne bougent ni ne clignent jamais rapidement. Nous devrions garder le regard le plus immobile possible, sans forcer les yeux.

Maîtrise Du Mental

Le troisième pas vers la maîtrise de soi est la maîtrise du mental par la pratique régulière de la méditation. La pratique régulière de la méditation de même que le suivi à la lettre de l’emploi du temps que nous nous créons nous-mêmes, aide à la maîtrise du mental. Si vous avez décidé d’aller vous coucher à une certaine heure, allez-y à cette heure-là. Si vous avez décidé de vous lever à une certaine heure, levez-vous à cette heure-là. Le mental essayera de vous tenter en disant: “Je me sens un peu fatigué aujourd’hui. Je vais m’allonger.” Le mental essayera de vous tenter de ne pas suivre votre emploi du temps, parce que le mental est la source de tous les problèmes. Si nous voulons atteindre la maîtrise de soi, il faut discipliner notre mental de façon très stricte. Cette rigueur ne nous est pas imposée par les autres; nous devons choisir la rigueur que nous voulons nous imposer à nous-mêmes pour mieux contrôler notre vie.

Il faut également faire attention lorsqu’on parle. Le Kriya Yoga enseigne à garder la langue dans la bonne position en sorte d’éviter le besoin de parler à tout moment. Pratiquer régulièrement la méditation, contrôler sa langue, s’en tenir à son propre emploi du temps, à ses propres valeurs et au but qu’on s’est fixé dans la vie sont des procédés pour contrôler le mental.

Maîtrise De l’Intellect

Le quatrième pas vers la maîtrise de soi est la maîtrise de l’intellect. Cela peut s’accomplir par l’étude de soi-même ou svadhyaya. Ne lisez pas tout un tas de livres. Au contraire, choisissez un livre, tel que la Bible ou la Baghavad Gita ou n’importe quel livre qui vous inspire, et prenez l’habitude de le lire tous les jours. Même si vous ne comprenez pas, continuez à lire. Prenez l’habitude de lire un verset par jour. Lahiri Mahasaya disait: “Lisez la Bhagavad Gita chaque jour.” Il enseignait en Inde, d’où son choix de la Bhagavad Gita, mais vous pouvez choisir votre propre livre. Si vous lisez chaque jour un verset de la Bhagavad Gita par exemple, il vous faudra presque deux ans (23 mois) pour finir. Si vous voulez lire la Bible, lisez-la avec dévotion tous les jours comme partie intégrante de votre étude. Si vous lisez la Bhagavad Gita, aimez Krishna, aimez Arjuna et aimez les Gourous pendant votre lecture. Si vous lisez la Bible, aimez Jésus, aimez Matthieu (lorsque vous lisez Matthieu), aimez Jean (lorsque vous lisez Jean) et aimez Marie. Vous pouvez lire un épisode ou un demi chapitre ou 5 lignes. Quelle que soit votre préférence, appliquez-vous à la suivre tous les jours d’une façon identique. Cela sera peut-être long pour arriver à la fin. Au départ il ne sera peut-être pas facile de comprendre en quoi cela vous aide, mais au bout du compte vous réaliserez à quel point cette méthode peut être belle à long terme.

Observez votre souffle. Observez vos pensées. Si vous analysez vos pensées vous saurez facilement ce qui se passe en vous et grâce à cela vous pourrez contrôler votre vie. Si nous pratiquons cette maîtrise de soi quotidiennement, notre vie sera celle d’un ange. Comme je l’ai illustré au début par une histoire, nous pouvons faire de nos vies une pierre inutile, abandonnée, sans forme, ou nous pouvons faire que nos vies soient belles, angéliques et divines. Le choix nous appartient. Une vie belle, angélique et divine n’est possible que par la maîtrise de soi; il n’y a pas d’autre solution. Il vous faut contrôler votre propre vie et celle de personne d’autre, avec Dieu comme seul témoin. Grâce à la maîtrise de soi vous ferez sans aucun doute des progrès spirituels. La maîtrise de soi est une discipline qui se pratique avec amour: restriction, contrôle et discipline imposées par soi-même. Ce n’est pas la discipline militaire ordonnée par les autres.

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Le Mahabharata à la lumière du kriya yoga livre 5: La fuite de la maison en feu

Par Swami Sarveshwarananda Giri

Extrait de séries de conférences enregistrées: ‘The Mahabharata in the light of Kriya Yoga’. L’ensemble complet de quatre cassettes est disponible au Kriya Yoga Institute. L’article précédent (Soul Culture Vol. 10.2) expose la vie et le rôle symbolique de Krishna.
Dans les articles précédents tous les caractères principaux ont étés introduits. Passons en revue la signification de leurs noms en Sanscrit ce qui donne toujours une compréhension plus profonde de leur fonction spirituelle dans notre conscience.

Nous avons entendu l’histoire de Karna (“Oreilles”), le fils aîné de Kunti (“Qui prie et aime Dieu”), né avec une armure sur la poitrine et orné de boucles d’oreilles mystiques dans l’anonymat complet. Comme il était né d’une union mystique entre le dieu soleil Surya et sa mère encore jeune fille à l’époque, la Princesse Kunti, il fut abandonné par sa mère dans un panier d’osier au gré du courant d’une rivière. Nous avons ensuite entendu parler des cinq frères Pandava nés de la Reine Kunti et de différentes déités par les pouvoirs mystiques d’un mantra qui avait été donné à la reine. Les noms sanscrits de ces cinq fils valeureux sont: Yudhisthira (“Calme au cœur de la bataille”), Bhima (“Féroce et puissant”), Arjuna (“Qui se croit asservi alors qu’il ne l’est pas”), Nakula (“L’eau qui s’écoule sans fin”), et Sahadeva (“au-dedans du vide”). Nous avons également fait connaissance avec les cent fils de Dhritarashtra (“Qui veut régner sur le royaume”) et avec Bhishma (“Ferme détermination du mental”), qui fit le terrible vœu de ne jamais se marier pour que la dynastie royale soit maintenue. Nous avons également vu comment le roi aveugle Dhritarashtra épousa sa femme Gandhari qui portait toujours un bandeau sur les yeux par déférence pour l’infirmité de son mari. Nous avons fait la connaissance de Krishna (“Champ cultivé par le pouvoir de Dieu”), l’incarnation de Dieu; Dronacharya (“Roulant de ci, de là”), le maître précepteur aussi bien des Kaurava que des Pandava; et Ashvatthama (“Eternel”), le fils immortel et puissant de Drona qui va jouer un rôle très important à la fin de l’histoire. Nous avons rencontré Duryodhana (“Qui est difficile à maîtriser”), le fils aîné et meneur naturel des cent fils de Dhritarashtra, les Kaurava.

Depuis le début l’inimitié entre les cent frères Kaurava et les cinq frères Pandava avait été féroce. Duryodhana était le fils aîné du roi aveugle Dhritarashtra. Bien que Dhritarashtra essayât de régner avec justice et d’élever les Kaurava et les Pandava avec un amour impartial, il avait une faiblesse pour son fils cruel Duryodhana. Quel que soit ce que Duryodhana demandait, il le lui accordait même s’il savait que c’était un plan maléfique. Cet amour aveugle pour Duryodhana et ce mental vacillant vont créer toutes les conditions de la future guerre.

Les cinq frères Pandavas réalisèrent que tant qu’ils vivraient dans le même palais que leurs cent cousins, les Kaurava, ils seraient perpétuellement en danger. Les Kaurava avaient déjà essayé de tuer Bhima en lui donnant du poison puis en le noyant, mais Bhima avait miraculeusement survécu. Les Pandava savaient qu’ils devraient rester constamment sur leurs gardes.

Duryodhana, avec l’aide de son oncle, Shakuni, était en effet constamment en train de conspirer pour les détruire. Ce n’était pas qu’une question de jalousie, mais aussi de politique car, Yudhishthira étant l’aîné, devait légalement hériter du trône. Ceci était évidemment en conflit direct avec l’énorme ambition de Duryodhana. Duryodhana était l’incarnation de l’ambition qui veut se réaliser à n’importe quel prix, c’est à dire l’ego. Duryodhana conspirait donc constamment en vue de l’élimination et de la destruction des Pandava. Parmi ses essais manqués, celui de l’incendie du palais fut l’un des plus notables.

L’énigme De L’Incendie De La Maison

Un jour Duryodhana réussit à convaincre son père que les cinq frères Pandava devraient aller à Varanavata, une ville voisine, pour assister au grand festival Pashupati (une joyeuse célébration du Seigneur Shiva) et y être honorés par tous les habitants. Le Roi Dhritarashtra accepta, sachant trop bien qu’il allait y avoir quelques problèmes. Duryodhana fait donc toutes les préparations pour la visite de ses cousins. Il fait construire un énorme palais de matériaux hautement inflammables et recouvert de laque. Ce qu’il mijotait c’est que, lorsque les frères Pandava y seraient hébergés, un ‘accident’ se produirait, un incendie détruirait le palais ce qui entraînerait la mort de tous. Mais Vidura, le premier ministre, entend parler du complot. Vidura est en partie une incarnation de Dharma, le dieu de la vérité et est le demi-frère de Dhritarashtra, jouant le rôle de son conseiller avisé. Lorsque les frères Pandava et leur mère la Reine Kunti font leurs adieux à la cour royale, il leur fait dans la langue des mlecchas (barbares), que comme il le sait, seul le Prince Yudhisthira comprend, cette remarque très énigmatique:

“Celui qui connaît les plans manigancés par ses ennemis selon les impératifs de la science politicienne devrait, les connaissant, agir de façon à éviter tout danger. Celui qui sait qu’il y a des armes acérées capables de lacérer le corps bien que n’étant pas d’acier et qui comprend également comment s’en protéger, ne sera jamais blessé par ses ennemis. Il vivra celui qui se protège par la connaissance que ni ce qui consume la paille ou le bois, ni ce qui sèche la rosée ne brûle les prisonniers d’un trou dans la profondeur des bois. L’aveugle ne voit pas ainsi: l’aveugle ne connaît pas la direction. Celui qui n’a pas de fermeté n’acquiert jamais la prospérité. Souvenez-vous de cela et soyez sur vos gardes. L’homme qui prend une arme qui n’est pas faite d’acier et qui lui a été donnée par ses ennemis peut échapper au feu en rendant sa demeure semblable à celle d’un chacal. En errant un homme peut acquérir la connaissance des chemins et grâce aux étoiles il peut établir la direction, et celui qui garde le contrôle de ses cinq sens ne sera jamais opprimé par ses ennemis.” (Mahabharata, Adi Parva, Jatugriha Parva, section 147)

Le Prince Yudhisthira pesa soigneusement ces paroles mystérieuses car il savait que le sage Vidura ne parlait jamais en l’air et que ses paroles d’adieu devaient contenir un message d’importance vitale. Plus tard, lorsque sa mère lui demanda ce que Vidura lui avait dit dans cette langue étrangère, il en donna la signification: “Il va y avoir une tentative d’assassinat par le feu (‘armes acérées capables de lacérer le corps bien que n’étant pas faites d’acier’) perpétrée par nos ennemis politiques. La façon d’échapper à ce complot est de passer dans la clandestinité (‘ni ce qui consume la paille et le bois ou ce qui sèche la rosée ne peut brûler les prisonniers d’un trou dans la profondeur des bois’). Pour tromper nos ennemis, nous devons rester un certain temps dans ce palais/piège (‘l’homme qui prend une arme qui n’est pas faite d’acier et qui lui a été donnée par ses ennemis’), mais rester vigilant (‘restez sur vos gardes’). Nous ne dormirons pas tous en même temps et il y aura toujours quelqu’un en éveil. Et au bon moment, nous nous échapperons par un tunnel (‘échapper au feu en rendant sa demeure semblable à celle d’un chacal.’) Nous nous déguiserons alors en brahmanes errants et nous nous mettrons à voyager à travers le pays dans le but d’apprendre (‘En errant un homme peut acquérir la connaissance des chemins’) et de planifier notre retour en toute sécurité (‘celui qui garde le contrôle de ses cinq sens ne sera jamais opprimé par ses ennemis’). Faisons confiance à Vidura, il nous montrera certainement comment faire ce tunnel.”

Le fait que le Prince Yudhisthira réussisse à résoudre cette énigme les aida à sauver leur vie et à atteindre la liberté et la connaissance. Cette même énigme a aussi une signification plus profonde pour le chercheur spirituel. C’est au royaume de Dieu qu’on peut trouver la liberté et la connaissance que nous recherchons tous. Les ennemis contre lesquels nous luttons sont notre mental aveugle (le Roi Dhritarashtra), notre ego (le Prince Duryodhana) et nos organes des sens illusionnés, les deux plus dangereux étant les yeux concupiscents (Duhshasana) et les oreilles crédules (Karna).

Le mot “corps” se dit deha en Sanscrit qui vient de dahyati, “ce qui brûle constamment”. Le corps est comme un feu qui brûle constamment alimenté par nos passions et nos désirs qui sont entretenus par les quarante neuf souffles du matérialisme décrits par les yogis. Comme les frères Pandava nous devons rester conscients que nous sommes dans la maison de l’ennemi, exposés en permanence au danger mortel de succomber aux attachements matériels et par là même d’oublier notre vrai royaume, c’est à dire Dieu. Comme eux nous devrions rester vigilants et ne jamais “nous endormir”, ne jamais nous laisser encore illusionner par le monde.

La solution consistait à échapper par un tunnel. Les yogis ont utilisé ce tunnel reçu de Dieu depuis des millénaires: il démarre au bout du nez, pénètre dans la glande pituitaire (c’est à dire le centre de l’âme) et ressort au sommet de la tête. C’est la voie secrète du plus subtil des souffles subtils, le cinquantième souffle de la réalisation divine tel qu’il est enseigné par la technique authentique du Kriya Yoga. Nous sommes appelés à nous échapper par ce tunnel de ce corps de misère vers la sécurité, la liberté et la paix.

Un aspect supplémentaire de l’interprétation de cette énigme nous est indiqué par notre maître Paramahamsa Baba Hariharananda. Il établit une relation entre la pratique du Kriya pranayama, le souffle spécial de purification des sept chakras et “l’incendie de la maison d’illusion, de tromperie et d’erreur.” Chaque souffle descend du sommet de la tête puis purifie ou “brûle” l’un après l’autre les étages inférieurs de notre “bâtiment de sept étages”, en partant du bas de l’épine dorsale et en remontant progressivement. Après avoir brûlé tous les étages, l’aspirant s’échappe par la trappe vers le samadhi, l’union avec Dieu. Le “corps a brûlé” signifie que celui qui médite a perdu toute sensation corporelle et toute conscience matérielle.

Ce feu a donc deux aspects: c’est à la fois le feu de l’ego faisant un effort désespéré de nous retenir dans le monde et le feu de l’âme nous délivrant de notre existence limitée en nous débarrassant de toutes nos qualités négatives accumulées d’une vie à l’autre. On retrouvera cette double métaphore dans un autre épisode du Mahabharata, “l’incendie de la forêt de Khandava”, que nous explorerons dans un prochain article.

Éprouvez constamment que votre corps est encapsulé dans la lumière de Dieu. Ce feu nous guide et nous sauve en permanence. Mais si nous vivons simplement dans la chaire et nous plions aux différentes demandes et caprices de l’ego et de la chaire, nous sommes alors dans la maison de l’ennemi. Nous avons le choix de la façon dont nous voulons opérer dans ce corps. Nous le maîtrisons ou il nous maîtrise.

La Fuite Dans L’Anonymat

Bien sûr, tel que l’avait pressenti Yudhisthira, Vidura envoya bientôt un mineur professionnel. En quelques jours il construisit un tunnel allant du palais à la forêt voisine.

Un jour un des messagers de Vidura vint les avertir que, à la prochaine nuit de pleine lune, le maléfique Duryodhana enverrait son homme de main Purochana pour mettre le feu au palais. En cette nuit fatidique, les Pandava mirent le feu eux-mêmes au palais et s’enfuirent immédiatement avec leur mère par le tunnel. Par chance, une famille tribale d’une mère et de ses cinq fils logeait cette nuit là dans les appartements des serviteurs. Tous les efforts des gens de la localité pour contrôler le feu furent vains et ils périrent dans l’incendie. Le lendemain, les corps de Purochana, d’une femme et de ses cinq fils furent découverts. La nouvelle tragique de la mort présumée de la Reine Kunti et des cinq frères Pandava fut immédiatement rapportée au roi. Dhritarashtra était réellement anéanti par la nouvelle tandis que ses fils exultaient secrètement. Tout le pays pleura la perte tragique des cinq vertueux frères Pandava et de la bien-aimée Reine Kunti.

Les frères Pandava et leur mère, s’étant échappés à travers la forêt, décidèrent de rester dans l’anonymat la plus complète, le seul moyen de garantir leur sécurité en face des complots meurtriers. Déguisés en ermites, ils allèrent de place en place, visitant de nombreux sages et lieux sacrés et affrontant de nombreuses épreuves.

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La Bhagavad Gita a la lumière du Kriya Yoga: troisième volume

Interprétation Métaphorique par Paramahamsa Hariharananda

Suite du numéro précédent de Soul Culture, tiré de La Bhagavad Gita à la Lumière du Kriya Yoga: troisième volume
par Paramahamsa Hariharananda, disponible au Kriya Yoga Institute.

Chapitre 16 Verset 1

shribhagavan uvacha
jnanayogavyasthitih
danam damash cha yajnash cha
svadyayas tapa arjavam

Traduction

Le seigneur dit: Intrépidité absolue, parfaite pureté mentale, constante fixation dans le Yoga de méditation pour atteindre la réalisation du Soi, charité, maîtrise de soi, sacrifice, étude et enseignement des écritures, austérité, droiture.

Interprétation Métaphorique

Au chapitre 13, le Seigneur a décrit vingt qualités spirituelles tout en expliquant la connaissance. Ici, le Seigneur liste vingt six qualités spirituelles qui sont le don de Dieu. L’homme est Dieu en puissance. Chacun a une multitude de qualités divines mais elles restent dormantes. Par la pratique d’une vie divine, elles se révèlent. La réalisation de Dieu est possible lorsqu’on a acquis de bonnes habitudes, des habitudes spirituelles. Tout chercheur spirituel doit essayer de cultiver ces qualités divines dans la vie quotidienne. Les qualités divines sont les paramètres et l’indicateur de la nature spirituelle de chacun.

Abhayam: intrépidité
– La peur est la pire ennemie de la vie spirituelle. L’homme a peur de perdre le bonheur et d’affronter la mort. Ces deux peurs fondamentales engendrent la tristesse chez l’homme. Lorsque quelqu’un réalise qu’il est l’âme, le pouvoir de Dieu qui ne naît ni ne meurt et que l’âme est la source de tout et est toujours libre, alors toute peur disparaît. Les Upanishads nous exhortent: ma bhai, “ne vous laissez pas illusionner par la peur.”
– Lorsque, rempli de peur, quelqu’un s’approche du maître réalisé, celui-ci lui redonne courage et le console. Il lui dit: “Mon fils, lorsqu’on s’adonne trop au plaisir sexuel, on a constamment peur de la maladie. Lorsque quelqu’un est riche, il a peur des voleurs ou des impôts. Lorsqu’on possède la beauté physique, on a peur de la vieillesse. Lorsque quelqu’un a la force physique, il a peur de ses rivaux. Un érudit a peur de ceux qui en savent davantage. Celui qui vit dans la conscience du corps a toujours peur de la mort, mais celui qui a réalisé Dieu, doté du pouvoir de discrimination, de détachement et d’objectivité ne connaît pas la peur. Mon enfant, sois intrépide!” Lorsque le disciple suit un maître et approche le but de la réalisation, il abandonne progressivement toute peur. Un chercheur spirituel est un guerrier courageux dans la bataille de la vie.

Sattvasamshuddis: extrêmement spirituel (parfaite pureté mentale)
— Toute personne est un mélange des trois qualités de la nature: sattvique (spirituelle), rajasique (matérielle), et tamasique (paresseuse). Ces trois qualités dominent tous les centres jusqu’à et y compris la glande pituitaire. Chez celui qui est vraiment pur, le mental, les pensées et les actions sont purs.

Jnanayogavyavasthitis: bien établi dans le yoga et la connaissance.
– Le yoga est la perception de l’unité constante avec le Père Tout Puissant pendant chaque souffle et chaque activité. Pour atteindre cet état, il faut pratiquer la méditation et mener une vie spirituelle sous la direction directe d’un maître réalisé; on ne peut pas s’éloigner de cette pratique à cause de tentations ou pour des plaisirs triviaux. Celui qui à tout moment perçoit hamsa (c’est à dire ham le corps périssable et sa l’âme impérissable qui y vit), atteindra jnana (connaissance) et demeurera dans l’illumination, et non dans l’ignorance et l’obscurité.

Danam: charité.
– Aider ceux qui sont dans le besoin est une grande vertu. Un fleuve coule pour les autres. Un arbre donne des fruits, des fleurs, un abri et même son corps tout entier pour les autres. Se sacrifier est charité, mais la charité doit être exempte d’ego. Donner de la nourriture aux pauvres, des médicaments à ceux qui sont atteints par la maladie, de l’argent pour leur éducation aux étudiants sans moyens, du courage à ceux qui ont le cœur brisé et par-dessus tout donner son argent, son temps et son énergie pour un travail noble et spirituel est charité. La charité purifie les mauvaises actions. La charité ouvre l’esprit. C’est le véritable ornement de la main. La main de l’homme charitable est toujours plus haute que celle de celui qui reçoit. Donner une éducation spirituelle aux autres est la plus belle forme de charité.

Damas: maîtrise de soi
– D’après les textes spirituels classiques, la maîtrise de soi est le contrôle des organes des sens. L’homme a dix organes des sens, cinq organes d’action (karmendriyas): parole, pieds, mains, rectum et organes génitaux, et cinq instruments de perception (jnanendriyas): yeux, oreilles, bouche, peau et nez. Ces organes des sens sont extrovertis et agités; ils empêchent le mental d’évoluer dans le domaine plus élevé de l’expérience spirituelle.
– Lorsque l’on suit le maître et pratique une technique scientifique telle que le Kriya Yoga quotidiennement, régulièrement et sincèrement, le contrôle complet des organes des sens est graduellement atteint. Ces organes des sens sont donnés à l’homme par Dieu pour l’évolution spirituelle de l’homme et non pour sa destruction. Des sens inexercés et incontrôlés créent des problèmes, mais des sens tournés vers Dieu accroissent le progrès spirituel, permettant à toutes les perceptions des sens de créer une plus grande conscience de l’âme. Par la pratique du contrôle du souffle, on peut purifier le mental et le corps.

Yajna: sacrifice.
– Ordinairement parlant yajna est un rite religieux ou l’on fait une oblation de beurre clarifié dans un feu cérémoniel, mais il y a de nombreux types de yajnas (sacrifices) décrits dans la Bhagavad Gita (4:28). Les smritis (écritures des droits moraux) décrit les pancha yajnas, les cinq types d’oblations: rishi yajna (étude des écritures), deva yajna (méditation et prière), nriyajna (servir les autres), bhuta yajna (prendre soin de plantes, animaux, etc..), et pitri yajna (prier pour la libération des âmes des malades ou de ceux qui sont décédés, en particulier ses parents).
– La signification réelle et métaphorique de yajna est connaître le soi qui demeure au-dedans et offrir chaque souffle en oblation au feu divin des sept centres de l’épine dorsale. Observer l’âme à chaque souffle est la véritable oblation.

Svadhyaya: étude des écritures.
– La signification la plus simple de svadhyaya est l’étude des écritures authentiques de la bouche du maître réalisé. Dans la culture indienne, les écritures les plus authentiques pour la réalisation de Dieu sont regroupées sous le nom de prasthana trayi, les trois grands textes spirituels pour la réalisation ou l’envol final: les Upanishads, la Bhagavad Gita et les Brahma Sutras. Parallèlement, il faut également lire les écritures de toutes les religions: la Torah, la Bible, le Tripitaka, le Guru Granth Sahib, le Coran et ainsi de suite. Ces écritures sont toutes authentiques, mais la signification des écritures ne peut être comprise qu’avec l’aide du maître réalisé et de la méditation.
— La signification métaphorique de svadhyaya est sva (âme) plus adhyaya (culture ou étude). Étudier son propre soi est culture de l’âme. Observer Dieu dans chaque pensée, dans chaque disposition, même dans la jouissance de l’argent, du sexe, de la nourriture, des activités émotionnelles, des sentiments religieux, et même au-dessus de la glande pituitaire est culture de l’âme et svadhyaya.

Tapas: austérité et pénitence.
Tapasya veut dire méditer sincèrement et se mouvoir au niveau de la tapaloka (glande pituitaire). Le gayatri mantra mentionne les sapta loka, les sept plans: bhuloka le centre de l’argent, bhuvaloka, le centre du sexe, svarloka, le centre de la nourriture, mahaloka, le centre des émotions, janaloka, le centre de la religion, tapaloka, le centre de l’âme (la glande pituitaire) et satyaloka, le sans forme (fontanelle). Tapaloka est le lieu de l’austérité dans la glande pituitaire. Tapasaya c’est chercher avec chaque souffle le feu de l’âme dans la glande pituitaire et prier le Seigneur: “Je T’en prie conduis-moi à la réalisation et non pas dans la voie de l’illusion et de la tentation; libère-moi du mal.” Maintenir la conscience dans la glande pituitaire est réellement tapasya. La chaleur du corps (tapa) est entretenue par le souffle de Dieu. Aimer Dieu dans chaque souffle est tapas, austérité.

Arjavam: droiture
– Une personne spirituelle est complètement libre de toute fourberie, de toute astuce. Son soi intérieur et son soi extérieur ne font qu’un. Il est comme un enfant, libre de toute hypocrisie. Lorsque l’on ressent que Dieu imprègne tout, sarvambrahmamayam jagat, que Dieu seul vit dans l’univers entier, il n’y a pas de dualité, seulement l’unité. Alors on sera constamment dans l’état de ayamatma brahma: ‘mon âme est Dieu.’

A suivre au prochain numéro de Soul Culture.

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Le But de la Vie

Par Swami Shuddhananda Giri

Tout a un but. Rien n’y échappe. Vous êtes allés sur ce site internet avec une idée en tête: lire; mais il y a une raison derrière ce désir de lire, c’est de comprendre. Au-delà de ce désir de comprendre il y a un autre but: entendre quelque chose au-dedans, réaliser cet autre but. Ce but est la divinité. C’est le but de la vie.

Lorsque vous allez à une conférence, vous partez de chez vous, puis vous y retournez. Vous savez que moi aussi je viens de chez moi et qu’à un moment donné j’y retournerai. Vous savez aussi très bien que vous vous ne vous êtes pas connectés au site du Kriya pour toujours. Vous êtes conscients que vous n’y êtes que pour une courte période. De la même façon que nous nous rendons à une conférence, nous venons dans le monde. Un jour nous devrons quitter ce monde. C’est la vie. Nous venons dans le monde pour quelque temps et personne ne sait quand le souffle peut s’arrêter. Nous pourrions devoir repartir à tout moment. Il n’y a rien d’immortel en ce monde. Nous avons oublié le but qui se cache derrière nos vies.

Nous venons à une conférence pour écouter et nous venons dans un corps humain pour vivre. Nous sommes saturés par ce but. Consciemment ou inconsciemment nous sommes tous divins mais la plupart n’en sont pas conscients. Seul un petit nombre de gens sont conscients de leur divinité. Ce sont les maîtres réalisés. Ils sont divins.

Dieu est conscience. Il y a très peu de gens qui sont nés conscients. Ce sont des incarnations. La plupart d’entre nous sont inconscients de leur divinité. Le but de la vie est de réaliser notre divinité consciemment, de dévoiler notre propre soi, notre véracité. Dans la création tout est divin. Si réaliser notre divinité est le but de la vie, alors qu’est-ce que cette vie? On se retrouve avec un corps, des organes des sens et le souffle. Si c’est cela la vie, alors tous les animaux ont la vie, mais quelle est la différence entre un animal et un être humain? Dieu nous a fait cadeau de la conscience et du libre arbitre. Dieu ne les a donnés à aucune autre créature, seulement aux êtres humains. Le but de la vie est d’utiliser cette conscience pour dévoiler notre propre soi. Nous devons être conscients à tout moment. Maintenant, à ce moment précis, nous devons être conscients de notre vraie divinité. Tel est le but de la vie.

La Genèse dit que Dieu fit les êtres humains à sa propre image. Ce n’est pas tout. Dieu a non seulement fait notre corps et lui donne vie continuellement grâce au souffle, Il nous a aussi donné Ses qualités. Nous sommes conscients de notre corps et de notre mental mais nous ne le sommes pas des qualités divines qu’Il nous a également données. Nous sommes conscients de ce corps et de cette vie mais nous ne le sommes pas de la divinité qui se trouve dans notre inconscient.

Tout le monde veut vivre longtemps. Personne ne veut mourir jeune. Les êtres humains veulent vivre pour toujours. Certains disent qu’ils ne veulent pas vivre si longtemps mais ils le disent à cause de la vie qu’ils mènent, de leur souffrance et des circonstances dans lesquelles ils se trouvent, mais intérieurement ils veulent vivre sans fin. Quelle est cette nature intérieure qui nous dit que nous devrions vivre longtemps? Dieu est immortel. Dieu nous a donné cette qualité d’immortalité qui se trouve dans notre inconscient.

Dieu est partout. Cette qualité est également en nous inconsciemment. Nous voulons voir plein d’endroits et nous en sommes toujours insatisfaits. Ceci n’est pas simplement un désir. Dieu est partout. Cette qualité est ancrée dans notre inconscient et c’est pourquoi nous voulons aller partout et tout voir.

De même, Dieu est très important, le plus puissant, omnipotent. Dieu nous a aussi donné cette qualité. Elle est dans notre inconscient, poussant les humains à vouloir être plus importants. Personne ne veut servir comme un serviteur. Tout le monde veut vivre comme un maître.

Tout le monde veut être heureux. Pourquoi? Dieu est l’état de béatitude éternelle. Cette qualité se trouve dans notre inconscient. Notre mental erre donc continuellement dans le monde pour trouver du bonheur. Il y a un nombre infini de choses finies dans le monde. Le mental est limité. La vie dans ce corps est limitée. Pendant cette courte vie nous ne pouvons pas tout avoir alors que le mental veut avoir ce nombre infini de choses finies. Le mental ne veut jamais n’avoir que la seule chose qui soit infinie. Nous avons tant de désirs inassouvis. Nous voulons… tout le temps. Il n’y a pas de fin au désir. Dieu a tout et nous voulons donc avoir toutes choses.

Dieu sait tout. Cette qualité est également logée dans notre inconscient nous donnant le désir de savoir beaucoup de choses. Toutes ces qualités que Dieu nous a données sont dans notre inconscient. Réaliser consciemment cet inconscient est le but de la vie.

Dieu est amour. Nous voulons donc l’amour et nous voulons être aimés de tous. Personne ne veut être haï. Nous voulons recevoir l’amour de tout le monde mais nous ne voulons pas aimer tout le monde en retour. C’est un déséquilibre qui entraîne la souffrance. Nous attendons des autres ce que nous ne voulons pas leur donner. Les gens disent souvent qu’ils s’aiment les uns les autres, mais combien s’aiment-ils les uns les autres?

Ce déséquilibre est illustré dans l’histoire suivante. Un hôtel était très renommé pour sa préparation du lapin. Beaucoup de gens y allaient pour goûter son excellente cuisine. Un client habituel arriva pour déguster son plat de lapin favori mais il avait un drôle de goût. Il appela donc la police. La police inspecta la cuisine et demanda au propriétaire ce qui était arrivé au goût du lapin. Le propriétaire répondit que le lapin se faisait rare, cher et difficile à trouver. “Je prends de la viande de cheval, la mélange avec le lapin et la sers aux clients.” La police demanda dans quelle proportion les deux viandes étaient mélangées. “Moitié moitié” répondit l’hôtelier. La police était soupçonneuse. “Expliquez-nous comment vous arrivez à cette proportion de moitié moitié”. “Un lapin” répondit l’homme “et un cheval. Moitié moitié.”

Si l’on compare notre amour à la viande de l’hôtelier, l’amour que nous donnons équivaut au lapin et nous nous attendons à ce que l’amour des autres soit de la taille du cheval. Nous appelons cela moitié moitié. Nous espérons recevoir de tout le monde mais personne ne veut donner.

L’amour est mal compris. On ne peut pas vraiment l’exprimer car lorsque vous dites ‘Je t’aime’, c’est de l’affection, pas de l’amour. Les gens essayent d’exprimer leur amour de deux façons: l’une matérielle et l’autre spirituelle. Lorsque vous exprimez vote amour d’une façon matérielle, cela devient de l’affection. Cette affection entraîne l’asservissement. Lorsque les choses ne se passent pas comme vous voulez, vous en souffrez.

Imaginez que vous entendez parler d’un accident. Il y a beaucoup d’accidents tous les jours et vous n’y prêtez aucune attention, mais imaginez que vous entendez dire que votre fils était l’une des victimes de cet accident. Vous commencez maintenant à ressentir quelque chose. Il y a beaucoup d’accidents tous les jours et cela ne vous choque pas, mais dès que vous entendez dire que votre fils a eu un accident et a été hospitalisé, vous ressentez un choc. Tout naturellement cela vous affecte et vous en souffrez. Ainsi l’amour, lorsqu’il s’exprime matériellement devient de l’affection et lorsque le même amour s’exprime spirituellement, il devient de la dévotion. Le summum de la dévotion est l’abandon.

On peut changer notre façon d’aimer. Nous pouvons l’exprimer matériellement et cela entraîne l’asservissement ou nous pouvons l’exprimer spirituellement et cette dévotion est l’abandon. Nous devrions donner aux autres l’amour que nous attendons d’eux. Plus vous donnez, plus vous recevez. Pour remplir notre vie d’amour, nous devrions donner davantage d’amour. Cela devient alors un service rendu à Dieu. Ce n’est qu’alors que nous réaliserons ce que veut dire amour. Avec l’amour il n’y a pas d’attachement: c’est la liberté.

Dieu est amour. L’amour est Dieu. Cette qualité est dans notre inconscient. Même ceux qui sont spirituels veulent être aimés par tout le monde. Ils n’ont pas de désirs matériels mais inconsciemment ils veulent l’amour de tout le monde. C’est le désir le plus courant chez ceux qui sont spirituels. C’est un désir subtil et très dangereux.

Tous les maîtres spirituels disent qu’il faut transformer son mental. Mais comment peut-on changer son mental? On peut le changer. Sachez que le mental n’est pas mauvais mais bon. “Mental” en Sanscrit se dit manah et sa tendance naturelle est d’être extroverti. Lorsqu’il se trouve en dessous du centre de l’âme, vous êtes extrovertis et toutes vos activités sont matérielles et conduisent à l’asservissement. C’est ainsi qu’opère manah. La vie spirituelle consiste à changer légèrement d’attitude. Nous devons introvertir notre mental, le faire passer au-dessus du centre de l’âme. C’est un petit saut, comme d’intervertir les lettres de manah pour en faire nama. Nama veut dire être humble, s’incliner, respecter. L’affection devient alors de la dévotion. Lorsque le mental est plus humble, dénué d’ego, vous êtes de plus en plus attiré vers le but divin. Changer manah en nama est le but de la vie. Tout est dans le mental. Changez votre mental. Lorsque le mental est transformé, tout est transformé.

Il n’y a rien dans le monde; tout est dans le mental. La façon dont vous voyez le monde dépend de vous. Supposons qu’il y a de l’eau dans un verre. Certains diront: “La moitié du verre est rempli d’eau.” D’autres diront: “La moitié du verre est vide.” Il s’agit de deux types de visions, l’une positive et l’autre négative. La vraie vision est celle de celui qui dirait: “Une moitié du verre est pleine d’eau et l’autre moitié est vide.” Transformez votre mental de manah en nama. Vous verrez alors que votre vie, le monde et tout le reste seront transformés. Il n’y a plus d’asservissement. Vous vous sentez libres. Il est dit dans la Bible que vous pouvez acquérir beaucoup de choses dans le monde, mais si vous perdez votre âme, à quoi peuvent-elles servir?

Nous recherchons perpétuellement la satisfaction dans le monde extérieur. Nous voulons trouver l’amour et nous voulons tout savoir. Connais-toi plutôt toi-même. La vie consciente est vie. La vie consciente est vie spirituelle. La plupart du temps on oublie. On mémorise des tas de choses mais on oublie la réalité. Lorsqu’on oublie la réalité et qu’on reste dans l’irréel, la vie est pleine de souffrance.

Le plaisir, quel qu’il soit, s’éprouve à travers les organes des sens et nous ressentons le bonheur à travers le mental, mais l’âme au-dedans veut l’état de bonheur et de béatitude suprêmes. Le plaisir et le bonheur viennent du monde fini et ne produisent jamais le vrai bonheur. Le bonheur limité n’est pas le bonheur. Votre bouche par exemple veut manger quelque chose de bon. Vous mangez. Le mental en veut davantage mais l’estomac est plein. Quel que soit ce dont votre estomac a besoin, les organes des sens en veulent davantage et le mental en veut davantage. On mange donc davantage et on attrape une indigestion ce qui, à longue échéance, peut créer des problèmes.

Dans la vie il y a une différence entre ce que l’on veut et ce dont on a besoin. Pour entretenir le corps il nous faut de la nourriture et des vêtements pour le couvrir. Les désirs sont nombreux, infinis. Les besoins sont limités, en nombre fini. On peut couvrir les besoins du corps mais pas ses désirs. Votre corps veut de la nourriture. Donnez-lui de la nourriture. Si en plus vos organes des sens et votre mental veulent de la nourriture, cela devient difficile. L’insatisfaction a pour résultat la souffrance. La difficulté est de distinguer entre les désirs et les nécessités de la vie. On peut couvrir les besoins de la vie mais on ne peut jamais assouvir ses désirs. Vous ne pouvez pas les satisfaire en cette courte vie. Si vous vous contentez de couvrir les besoins de la vie, vous avez davantage de temps pour votre pratique spirituelle. Essayez donc de transformer votre mental et de faire la distinction entre les nécessités vitales et les désirs. Votre mental veut le bonheur et il a besoin du bonheur. Ne torturez pas votre mental. Donnez-lui du bonheur. Mais ce désir de bonheur du mental crée une situation difficile: il ne peut être satisfait.

Le besoin le plus important dans la vie est celui du Soi intérieur. Le besoin du Soi est d’être libéré mais nous le retenons prisonnier. Bien que le Soi soit libre, notre ignorance ne nous permet pas de le réaliser. Ainsi, de même que le corps a ses besoins et que le mental a ses besoins, le Soi a besoin de libération. Dans la vie, nous cherchons à satisfaire les désirs et les besoins de la vie, du corps et du mental mais nous avons oublié les besoins du Soi. C’est très important dans la vie. Les besoins du Soi doivent être satisfaits. Alors que nous disons que nous sommes libres, nous vivons en fait dans une prison. Nous sommes asservis par nos sens et notre mental. Nous pouvons repousser nos limites de mille kilomètres, nous serons toujours en prison. Tant que le Soi n’est pas libre, tant que nous vivons par les sens et le mental, nous sommes en prison. Dieu est libre, liberté, liberté complète. Cette qualité de liberté est dans notre inconscient. Nous voulons nous libérer, mais ne faisons pas l’effort nécessaire parce que nous restons dans notre mental et nos sens. Le vrai besoin de la vie est oublié, oublié en connaissance de cause. Dieu est tout mais nous avons oublié la vérité.

Il y a de nombreux villages en Inde qui n’ont pas d’électricité ou seulement le long des rues. Dans un de ces villages vivait une mère de famille très pauvre. Elle n’avait pas assez d’argent pour avoir l’électricité chez elle. C’était le soir, elle raccommodait ses vêtements dont beaucoup étaient déchirés. Il y avait très peu de lumière et en cousant elle laissa tomber son aiguille. Elle se mit à la chercher car elle avait encore beaucoup à faire et l’obscurité arrivait (en Inde le crépuscule est très court). La vieille mère ne pouvait voir où se trouvait l’aiguille. Voyant les réverbères éclairant la rue, elle sortit et se mit à chercher dehors. Quelqu’un lui demanda: “Ma chère mère que cherchez-vous?” “Je cherche mon aiguille.” “Quand l’avez vous perdue?” “Il y a quelques minutes” “Où l’avez vous perdue?” “Chez moi.” “Alors pourquoi cherchez-vous ici si vous l’avez perdue chez vous?” “Je ne peux pas chercher chez moi, il n’y a pas de lumière. Mais je peux chercher ici où c’est éclairé.”

C’est la même chose dans la vie spirituelle: nous avons oublié le but de la vie. Mais vous chercherez à découvrir la vérité de la vie lorsque vous réaliserez que vous êtes venus au monde pour peu de temps et que vous y êtes venus avec un but. Notre inconscient est divin. Le trésor est au-dedans mais nous ne le savons pas. Tous nos désirs sont emmagasinés dans le subconscient mais l’inconscient est Dieu. Le subconscient est l’homme et manah. L’inconscient est nama. Nous avons de nombreux désirs et ne les avons pas tous assouvis. Tous les désirs inassouvis emmagasinés dans le subconscient influencent le conscient et le rendent plus agité. Le mental veut satisfaire les désirs du mental subconscient mais oublie les désirs du mental divin.

Ceux qui pratiquent la spiritualité disent que nous ne devrions pas avoir de désirs. Cela est-il possible? Sans désir nous ne pouvons pas vivre. Celui qui n’a de désir que pour le Soi, dont tous les autres désirs ont étés assouvis, est sans désir.

Tous les souhaits en rapport avec le monde limité sont des désirs. Le désir de la réalisation du Soi ou de Dieu n’est pas un désir parce que c’est le dernier désir. Nous devrions canaliser tous nos souhaits et les diriger vers le but suprême. Utilisez le monde. Utilisez ce corps. Utilisez ce mental. Satisfaites les besoins du corps, les besoins du mental, les besoins du monde, mais restez en même temps conscients du désir le plus élevé: le désir de l’infini. Lorsque vos désirs ne feront qu’un avec le plus élevé, vous n’aurez plus de désirs inférieurs; votre vie sera pure et parfaite. Alors vous n’aurez plus en vous ne serait-ce que la plus petite trace d’orgueil. Vos qualités négatives se seront évaporées. Toutes les qualités négatives apparaissent lorsque nous vivons dans le monde inférieur. Nos qualités négatives seront supprimées lorsque nous vivrons pour un monde supérieur, pour un but supérieur. Dans la vie spirituelle on essaye de diminuer les attitudes négatives.

Dieu nous a donné la liberté et nous devrions l’utiliser positivement. Tout le monde sait comment l’utiliser. Lorsque nous voulons faire quelque chose en sachant que c’est mal, notre conscience qui nous vient de Dieu nous dit de ne pas le faire, mais nous n’avons souvent pas la force ni la volonté de résister. Nous commettons l’erreur en connaissance de cause. Demandez une forte volonté. Vous pourrez alors décider de ce qu’il faut faire et de ce qu’il ne faut pas faire.

Même un soupçon de négativité est dangereux comme le découvrit le sculpteur de l’histoire suivante: Narada avait le don particulier de pouvoir se rendre n’importe où dans l’univers. Un jour où il visitait le monde il rencontra un sculpteur et vit chez lui un grand nombre de belles statues. Narada le complimenta pour son talent et l’artiste rempli d’orgueil demanda à Narada de lui lire les lignes de la main.

Narada vit que l’homme devait mourir dans juste un peu plus d’un mois ce qui attrista profondément le sculpteur qui demanda à Narada de l’aider.

“Vous avez créé de nombreuses sculptures magnifiques” répondit Narada. “Maintenant sculptez votre propre image, exactement semblable à vous-mêmes. Essayez d’en faire six pendant le mois.” Le sculpteur était confus d’entendre cet avis et il se demandait comment cela pourrait l’aider à échapper à la mort. Narada continua: “Au moment de la mort, mettez trois sculptures sur votre gauche, trois sur votre droite et vous restez assis au milieu. Quel que soit ce qui se passe, ne bougez pas.”

Le sculpteur fit donc ces sculptures qui lui ressemblaient comme une goutte d’eau. Au moment désigné pour sa mort, Yama, le dieu Hindou de la mort, envoya ses assistants chercher cet homme. Lorsqu’ils virent les sept personnes ils furent confus et ne savaient pas laquelle prendre. S’ils se trompaient de personne, ils seraient punis. Ils retournèrent donc voir Yama et lui expliquèrent le problème. Yama se rendit donc sur place pour en juger par lui-même. Il vit la même chose: sept personnes exactement semblables. Il s’en trouva également confus.

En fait, Yama se mit en colère. Le dieu responsable de la création, Brahmâ, avait clairement enfreint les lois. Yama alla s’en prendre à lui en disant: “Selon les coutumes établies, vous ne devez pas créer deux choses identiques. Pourquoi en avez-vous fait sept?”

“Jamais, ce n’est pas possible. Non. Je n’ai pas créé deux choses identiques.”

“Venez voir avec moi” répondit Yama.

Lorsque Brahmâ vit les sept personnes, lui aussi en fut confus. Pour résoudre le problème, les deux dieux décidèrent donc d’aller chercher Vishnu qui était bien connu pour sa ruse et son intelligence. Beaucoup de gens avaient entendu parler du dilemme de Yama et étaient venus examiner les sept personnages identiques. Vishnu vit la foule et demanda: “Qui a pu faire ces sculptures aussi parfaites? Il est plus fort que Brahma.” Le sculpteur était assis au milieu et tout le monde le flattait. La fierté commença à l’envahir et il se mit à sourire. A cet instant, il était mort.

La morale de l’histoire est que même si votre spiritualité est parfaite, dès que vous en éprouvez un tant soit peu de fierté, vous êtes en danger. Nous devrions faire davantage attention au cours de la vie spirituelle, et garder à l’esprit que ce n’est pas une compétition. On ne peut pas dire que parce qu’on pratique un certain nombre de Kriyas et que quelqu’un en pratique moins il est moins avancé spirituellement.

En Inde il y a un jeu qui s’appelle Serpents et Échelles. Cent cases sont disposées sur un tapis de jeu formant dix rangées et dix colonnes. Dans la case en bas à gauche il y a le chiffre un et la rangée continue avec deux, trois, quatre et ainsi de suite jusqu’à cent. Il y a des serpents et des échelles en travers du tapis. On peut jouer à deux ou plus. Le but est d’atteindre la case cent. Il y a un dé à six faces et des pions (ou des boutons) pour marquer la position des joueurs sur le tapis. Quand le pion arrive sur une case située au pied d’une échelle, le joueur saute immédiatement à la case située en haut de l’échelle et enjambe trois ou quatre rangées (passant par exemple de 5 à 37 d’un seul coup de dé.) Lorsqu’un pion arrive à la tête d’un serpent, il rétrograde à sa queue (tombant de 78 à 45 par exemple.) Ainsi, tant que vous n’avez pas atteint la case cent, il est toujours possible de se faire mordre par un serpent. Plus vous êtes avancés, plus grandes sont vos chances d’une grosse morsure et d’une grosse chute. C’est également le cas dans la vie spirituelle.

Dans la vie, une erreur, une chute le long du serpent ne sont pas mauvaises. Baba Hariharananda dit que l’erreur n’est pas pour l’erreur mais pour sa correction. Un proverbe anglais dit que vous pouvez faire autant d’erreur que vous voulez à condition de ne pas répéter deux fois la même. Les erreurs sont inévitables dans la vie. Elles sont de deux types: nous faisons certaines erreurs sciemment et d’autres sans le savoir. On souffre un peu des erreurs inconscientes, puis elle sont excusées. Mais lorsqu’on fait une erreur consciemment, il n’y a pas d’excuse. Il faut payer le prix fort. Ne répétez pas vos erreurs. Si vous pratiquez cela devient possible. Lorsqu’on fait une erreur notre conscience intérieure nous dit de ne pas la faire mais on la fait quand même par manque de maîtrise de soi. Nous avons oublié le Soi intérieur. Nous fonctionnons au niveau du mental et des organes corporels des sens. Lorsque vous êtes conscients du Soi, vous pouvez contrôler la négativité. Soyez forts au-dedans. Soyez intrépides. Rien n’est impossible. Au début il faut travailler très dur jusqu’à ce que l’apprentissage des leçons devienne une habitude de vie. Lentement un changement se produira au niveau des erreurs. Tout le monde connaît ses erreurs mais les connaître n’est pas suffisant. Il ne faut pas les répéter. Demeurez constamment au-dedans. Dès que vous vous tournez vers l’extérieur, vous faites des erreurs.

Dans la vie spirituelle, la seule note qui compte est cent sur cent. Peu importe que vous ayez zéro ou quatre vingt dix neuf. Si vous n’avez pas atteint la case cent, vous ne pouvez pas dire: je suis à quatre vingt dix, je suis un peu plus avancé qu’à quatre vingt huit. Vous pouvez très bien atteindre quatre vingt onze, y trouver un gros serpent et retomber. Il n’y a par conséquent pas de zéro dans la vie spirituelle. A l’instant où vous décidez de changer votre vie, à l’instant même vous pouvez la changer. Tout est dans l’inconscient. Nous n’avons rien oublié. Découvrir consciemment notre divinité est le but de la vie. Inconsciemment nous sommes tous divins. Simplifiez-vous la vie en changeant de point de vue: manah doit devenir nama. Créez-vous une vie simple, une vie humble, une vie plus tendre. Donnez davantage d’amour. Quel que soit ce que vous espérez recevoir, donnez davantage. Que votre idéal soit le plus élevé ! Découvrez la vérité. Découvrez votre divinité.

Dites-vous que si vous voulez changer vous pouvez. Personne ne peut vous aider. Changez vous vous-mêmes au bon moment. Vivez pour l’ultime but de la vie. Alors, mais seulement alors vous pourrez être sans désir. C’est le but de la vie. Tout est à l’intérieur. Nous savons tous que nous ne sommes pas intellectuellement avisés, comme la vieille mère cherchant son aiguille dans la rue parce qu’il n’y avait pas de lumière chez elle. Nous devons devenir plus conscients et changer notre mode de vie. La conscience est lumière. Si nous restons conscients dans toutes nos activités, elles seront bonnes et divines. Nos activités deviennent mauvaises lorsqu’on est inconscient. Lorsqu’on est conscient, tout est bon. Lorsque nous sommes inconscients nos actions sont à la fois bonnes et mauvaises. Mais bon et mauvais à la fois n’est pas bon. Vous ne pouvez pas dire qu’une personne est bonne parce qu’elle est fondamentalement bonne. Bon plus mauvais égale mauvais. C’est la case quatre vingt dix neuf au lieu de cent. Il n’y a que bon plus bon qui soit égal à bon. Tout devrait être bon. Nous devrions utiliser nos sens pour la bonne cause. Nous devrions utiliser notre mental pour la bonne cause. Ne cherchez pas à savoir plein de choses, votre savoir diminuerait. Tout est à l’intérieur. Simplement restez conscients. Réalisez tout au-dedans. C’est le but de la vie.

Les êtres humains sont la création spéciale du Créateur. Dieu ne nous a pas seulement faits, Dieu ne nous a pas seulement donné la vie, Dieu nous a donné Ses qualités, toutes les qualités divines présentes dans l’inconscient. Soyez simple, satisfaites les besoin vitaux, n’essayez pas de satisfaire les désirs de la vie. Que vos désirs soient les plus élevés ! Le désir pour le suprême n’est pas un désir. Soyez sans désir, vous pourrez alors découvrir la vérité au-dedans. Inconsciemment nous sommes tous divins. Consciemment, il faut découvrir cette divinité. C’est le but de la vie. Atteignez ce but. Soyez conscients et découvrez votre divinité. Que la paix soit sur tous ! Que tous vivent dans le bonheur, la joie et la paix. Qu’il y ait de plus en plus d’amour au-dedans de nous!

Essayez tout le temps de vous souvenir encore et encore que Dieu est en vous. Souvenez vous-en tout le temps, jusqu’à ce que cela devienne une habitude de vie. Au début c’est peut être trop difficile, mais il vaut mieux garder continuellement à l’esprit un concept de vie plus grandiose. Il faut d’abord essayer de vous souvenir, et lorsque c’est devenu une habitude de vie, vous ne pouvez plus l’oublier. Comment pourriez vous oublier celui qui est présent dans votre vie, dans votre souffle et votre mental?

Atteignez le but de la vie. Soyez conscients et divins.

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Yoga Sutras de Patanjali


Commentaires de Shri Shri Lahiri Mahasaya.
Interprétation métaphorique par Paramahamsa Prajnanananda

(Suite du numéro précédent de Soul Culture et extrait de l’ouvrage à paraître prochainement intitulé Yoga Sutras of Patanjali (titre provisoire)
par Lahiri Mahasaya interprété par Paramahamsa Prajnanananda en consultation avec Paramahamsa Hariharananda.)

16ème Sutra

tat param purushakhyateh gunavaitrishnyam

Traduction

Lorsque, grâce à la connaissance du Soi intérieur, on est libéré du désir de toute manifestation de la nature, on a alors atteint le plus haut degré de non-attachement.

Commentaires de Shri Lahiri Mahasaya

Étant alors complètement absorbé dans l’expérience du Soi suprême (uttampurusha), on atteint l’état de libération des désirs des qualités de la nature.


Interprétation Métaphysique

tat cela (vairagyam – non-attachement, objectivité)

param au-delà (le plus haut)

purushakhyate la connaissance de prakriti et purusha, ou du Soi intérieur.

(guna – les trois qualités de la nature,
gunavaitrishnyam vaitrishnyam – la cessation du désir): être libéré du désir pour les trois qualités.


De la naissance à la vieillesse, la plupart des gens sont attachés à une chose ou à une autre. L’attachement est un asservissement et un obstacle à la croissance et au progrès. Le non-attachement ou objectivité est la clé du progrès dans le processus évolutionniste du réveil spirituel.

Tout en décrivant la beauté de vairagyam (non-attachement, objectivité), Maharsi Patanjali en présente les deux aspects: apara-vairagya et para-vairagya.

Apara-vairagya, ou l’état préliminaire, est l’attitude de non-attachement telle qu’elle est décrite dans les sutras précédents, lorsqu’on pratique les disciplines spirituelles dans la perspective du non-attachement, suivant pas à pas le Gourou-précepteur, le guide spirituel (abhyasa). La pratique spirituelle est le voyage dans l’univers interne. Le corps humain est connu comme “vahu dwara puri”, une maison ou une ville aux portes multiples. Le soi intérieur qui demeure dans ce “corps-maison” est appelé “purusha”, littéralement – puryam shete iti – “qui dort dans le corps-palais”. Les sens, le mental et tous les autres membres sont actifs et accomplissent leur travail respectif uniquement à cause de la présence de l’âme.

Le corps des sens et du mental est appelé prakriti, la nature. Prakriti a trois aspects: tamasique (inertie, oisiveté, perte d’entrain ou somnolence), rajasique (activité, agitation, ego et tentation), sattvique (pureté, calme, amour et simplicité). La nature d’un individu est guidée par ses tendances inhérentes et ses expériences du passé.

Tout individu travaille dans le monde sous l’influence des trois qualités de la nature, la force directrice inhérente. Lorsque quelqu’un, par la grâce du gourou et du Soi, suit la voie de la maîtrise de soi en intervertissant les sens et en éliminant les tendances inférieures, il éprouve graduellement les splendeurs de l’âme. Il fait alors l’expérience du détachement intérieur. Le détachement intérieur est le signe du développement de soi et de l’évolution spirituelle.

Para-vairagya est l’état supérieur de non-attachement rendu possible lorsqu’on est réellement établi dans le Soi.

Le tableau ci-dessous illustre la correspondance entre les chakras et les gunas (qualités de la nature).

Chakras Facteur prédominant Gunas (Qualités)


Sahasrara : Soi Suprême au-delà des qualités
Ajna : Soi pure sattva
Vishuddha Ciel sattva + rajas dominants
Anahata Air sattva + rajas en équilibre
Manipura Feu rajas + sattva dominants
Swadisthana Eau tamas + rajas dominants
Muladhara Terre tamas

Lorsqu’on atteint sahasrara et qu’on y demeure compassionément détaché, on a atteint l’état suprême de tranquillité et de paix. Il n’y a plus aucune pression ni aucun attrait turbulent des trois qualités de la nature influençant le mental et les activités.

Dans cet état, les tendances naturelles internes sont pures. Le mental est paisible et la paix, la joie et le bonheur continuels dominent. Les écritures décrivent ainsi cet état: jivanneva vidan mukto bhavati, “on éprouve l’état de libération de son vivant.”

Celui qui est établi dans paravairagya vit une vie indépendante et indifférente. Il n’y a pas un signe d’ego, plus d’attraction ni d’attachement.

“Oh chercheur! Suis les disciplines spirituelles strictement et sincèrement. A coup sûr tu atteindras l’état de tranquillité intérieure et la vraie joie de la vie!”

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